On l’a évoqué lorsque l’Allemagne a atteint la finale du dernier championnat du monde, c’était sa première médaille depuis 1953. Mais cette année a été très particulière dans l’histoire des Mondiaux. Toutes les nations qui ont fini le tournoi sont en effet montées sur le podium ! Une compétition sans intérêt ? Au contraire elle a posé des jalons décisifs dans l’histoire du hockey. Elle a notamment commencé à consacrer une future superstar alors âgée de 21 ans, Sven Johansson, que tout le monde connaîtra sous le nom de sa ville natale « Tumba ».
Hockey Archives ouvre un nouveau pan d’histoire en détaillant comme jamais ce tournoi très spécial.
Absents, les Nord-Américains, agacés des critiques formulées l’année précédente aux Jeux olympiques envers leur jeu dur. Toujours pas présente, l’Union soviétique, qui écrase tout le monde en match amical mais veut être vraiment sûre et certaine de réussir ses débuts officiels et les retarde encore.
La Suisse vivait encore dans l’illusion de pouvoir rivaliser avec les grandes équipes européennes. Les spécialistes du hockey savaient que ce n’était plus le cas, mais le grand public l’ignorait encore. Il vivait dans le passé, dans les grands matches internationaux de la décennie précédente avec la fameuse Ni-Sturm. Le coaching aussi était-il dépassé ? Il tournait à deux en lignes en prétendant qu’il fallait surutiliser une ligne vedette, désormais celle (déjà vieillissante) d’Arosa avec une argumentation… jetée à la poubelle dès le milieu du premier match !
Sifflés à Zurich, les hockeyeurs suisses s’estimaient alors mieux accueillis à Bâle le lendemain. Le public bâlois recevait des éloges y compris de la presse zurichoise, il était nombreux même sous la pluie.
C’est en effet la particularité de ce Mondial : il mélangeait matches en salle et matches en plein air ! Le vainqueur saurait ainsi s’adapter à toutes les conditions. Les organisateurs avaient tout prévu, y compris la méthode de repli au dernier moment en cas de neige avec des billets valables sur deux sites.
Même les supporters suisses les plus optimistes l’avaient compris, la suprématie se jouait entre la Tchécoslovaquie et la Suède. leur première confrontation donnait lieu à l’opposition de styles prévue, on se régalait d’avance de la revanche… qui n’eut jamais lieu.
La Tchécoslovaquie communiste avait fait mettre son drapeau en Berne le premier jour pour porter le deuil de Staline. Mais lors de l’enterrement de celui-ci, le dirigeant tchécoslovaque Klement Gottwald attrapa une pneumonie… et mourut à son tour deux semaines plus tard. Les autorités communistes rappelèrent alors leur équipe malgré les efforts des organisateurs suisses pour « sauver » leur Mondial. Lire aujourd’hui dans notre récapitulatif du tournoi les propos officiels du chef de délégation Václav Pleskot (un futur ambassadeur de Tchécoslovaquie en France) donne une idée de ce qu’était le communisme stalinien, avec cette émotion forcée envers le dirigeant bien-aimé.
Heureusement que l’Allemagne n’a pas écouté le Tagesspiegel qui lui proposait de s’inscrire au tournoi B vu son niveau. Voilà que le dernier match Suisse-Allemagne n’attribuait pas seulement la médaille de bronze, mais aussi la médaille d’argent. Paradoxalement, ce Mondial suisse n’a donc attribué… aucune médaille en chocolat !