La tant attendue opposition entre Grenoblois et Angevins avait donc lieu ce mardi soir à l’Iceparc. Un match capital pour les deux formations qui se disputent la deuxième place du championnat à distance depuis de longues semaines. Avant que le palet ne soit lâché, les Ducs célèbrent leur capitaine, Robin Gaborit, devenu le 23 février dernier le meilleur buteur de l’histoire du club en saison régulière. Après ce quart d’heure de célébrations, le jeu reprend ses droits.
Comme il était attendu, les deux équipes se livrent une guerre physique. Des mises en échec appuyées, un peu de trashtalking et la rencontre était d’ores et déjà sous tension. Damien Fleury et Robin Gaborit s’offrent une danse, Pierre Crinon et Philippe Halley se joignent à eux et les quatre protagonistes filent sur le banc des pénalités pour dureté (08’37). Le jeu se poursuit à cinq contre cinq et la lutte continue. Les Grenoblois mettent la pression sur Cowley. Ce dernier repousse une tentative de Deschamps et le palet décolle. Lyubimov se saisit de ce palet à la main et le propulse dans le fond du filet d’un lancer digne d’Elohim Prandi. Le but est refusé par les arbitres (07’07).
Les deux équipes s’observent, posent le jeu et cherchent la faille dans le bloc adverse. Dans un tiers statistiquement dominé par les Ducs (19 tirs à 9), Jakub Stepanek répond présent et repousse les tentatives d’Angevins bien déterminés à garder la place qu’ils occupent depuis le début de saison. Sur une sortie de zone, Jere Rouhiainen manque sa passe et Philippe Halley intercepte le palet à la bleue. Il trouve en retrait Cédric Di Dio Balsamo qui lui redonne dans l’enclave. Il attaque la peinture, profite du plongeon de Stepanek pour passer sur le revers et tirer au ras du poteau (1-0 à 15’14). Si les locaux prennent l’avantage au tableau d’affichage, ils sont désormais privés de Di Dio Balsamo, touché aux adducteurs sur cette action et qui ne rejouera pas ce soir. Le ton monte de nouveau, les charges se font plus appuyées et Nikita Shcherbak est sanctionné pour charge avec la crosse (17’15). Bien qu’installés en zone offensive, les Isérois ne parviennent pas à tromper le cerbère angevin.
C’était un secret de polichinelle, ce match allait se jouer sur des détails. Grenoble, qui reste sur onze matchs sans défaite, entend bien profiter de ce tiers médian si préjudiciable aux Ducs. Un tiers qui avait été crucial dans les deux oppositions entre les deux équipes à Pôlesud. Un tiers dominé au chapitre des lancers par les Grenoblois (18 à 6) et marqué par des supériorités numériques successives et infructueuses. Robin Gaborit (25’42) et Alexandre Lavoie (28’02) pour deux crosses hautes puis Antonin Manavian pour retenir la crosse (30’52) viennent chacun leur tour garnir les bancs des pénalités, sans que les unités spéciales ne fassent la différence.
Le duel de cerbères tient ses promesses et les deux équipes se neutralisent. Martin Latal fait parler sa vitesse mais Cowley veille au grain et s’impose par deux fois face au Tchèque. Les plus grosses occasions sont à mettre au compteur des Brûleurs de Loups mais les coéquipiers de Brent Aubin manquent de justesse dans le dernier geste et regagnent les vestiaires sur ce déficit d’un but.
Un déficit très vite effacé au retour des vestiaires. Après un temps de glace en zone offensive, les Isérois sont dépossédés du palet et Philippe Halley s’élance pour relancer les siens. S’il efface un premier attaquant, il s’enferme dans le pressing haut des Grenoblois et perd le palet. Nicolas Deschamps en hérite, se dirige dans l’enclave et crucifie Cowley entre les jambières (1-1 à 40’54). Un but qui jette un froid dans l’Iceparc et pique au vif des Angevins qui livraient jusqu’ici une bonne partie défensive. Le suspense est relancé. Cependant, pas pour très longtemps.
Les locaux, poussés par leur public, repartent de l’avant. Robin Gaborit tente sa chance mais sa tentative manque le cadre. Peter Valier, qui cherchait à masquer Stepanek, hérite du palet et trouve Shcherbak derrière la cage. Le top scorer angevin lève la tête et décale Vincent Llorca lancé. L’international français tente sa chance et trompe Stepanek côté fermé (2-1 à 43’43). Le but sonne les Grenoblois qui concèdent un temps faible. Temps faible que Nick Moutrey pense convertir en ajoutant un troisième but, refusé par les arbitres pour une crosse haute – ou une obstruction sur le gardien- puisque Stepanek, sorti de sa peinture et en papillon, a pris un coup de crosse – non intentionnel – alors que les deux joueurs tentaient de jouer le palet. Y avait-il faute, c’est à l’appréciation des arbitres d’en décider tant il est difficile de s’en remettre aux règles (articles 69.4 et 72.3 du règlement de l’IIHF). Le but est annulé et l’attaquant angevin est envoyé sur le banc des pénalités (47’37). Le temps fort angevin se transforme en temps fort pour les Brûleurs de Loups et cette partie prend des airs de chaos. Les coéquipiers de Sacha Treille sont proches de l’égalisation mais butent sur un Evan Cowley insubmersible (97,3% d’arrêts).
Grenoble pousse encore et toujours mais rien n’y fait. Les lancers se multiplient sur la cage angevine (11 dans ce tiers), la pression monte mais le score reste le même. Le chronomètre défile et les champions de France 2022, obligés de l’emporter, s’ils veulent encore espérer voler la deuxième place, doivent tenter le tout pour le tout. Jakub Stepanek déserte sa cage, ils profitent de leur temps fort et font tourner le palet en zone offensive (58’36). Le public du soir retient son souffle pour regarder les derniers instants d’une bataille féroce. Sur une passe en retrait mal assurée, le palet sort de la zone offensive et Nikita Shcherbak s’en saisit. Il a alors le but vide devant lui mais préfère servir Peter « Jupiter » Valier – comme certains supporters aiment à l’appeler – dans un fauteuil pour inscrire le but qui scelle définitivement l’issue de cette rencontre (3-1 à 59’12). Avec ce succès, Angers confirme sa deuxième place et aura donc l’avantage de la glace en cas de qualification en demi-finale.
Désignés hommes du match : Evan Cowley (Angers) et Brent Aubin (Grenoble).
Illustrations d’Anthony Mangeard
Angers – Grenoble 3-1 (1-0, 0-0, 2-1)
Mardi 27 février 2024 à l’IceParc. 3586 spectateurs.
Arbitres : Geoffrey Barcelo et Jérémy Métais assistés de Joffrey Yssembourg et Cyril Debuche.
Pénalités : Angers 12′ (6′, 4′, 2′) ; Grenoble 6′ (4′, 2′, 0′)
Tirs : Angers 32 (19, 6, 7) ; Grenoble 38 (9, 18, 11)
Évolution du score :
1-0 à 15’14 : Halley assisté de Di Dio Balsamo
1-1 à 40’54 : Deschamps
2-1 à 43’43 : Llorca assisté de Shcherbak et Valier
3-1 à 59’12 : Valier assisté de Shcherbak (cage vide)
Angers
Attaquants :
Nikita Shcherbak (2′) – Peter Valier – Robin Gaborit (C, 4′)
Cédric Di Dio Balsamo [puis Shaw à 15’14] – Philippe Halley (2′) – Brodie Reid
Brady Shaw – Nick Moutrey (2′) – Téo Sarliève
Maxime Orlov – Marius Serer – Zack Torquato
Hugo Proux
Défenseurs :
Nick Ross – Vincent Llorca (A)
Neil Manning (A) – Antonin Manavian (2′)
Gabriel Lehmann – Olivier Leblanc
Gardien :
Evan Cowley
Remplaçant : Juliàn Barrier (G). Absents : Nicolas Ritz, Matt Prapavessis (reprise), Anthony Bardaro (blessé), Kylian Fauvel, Baptiste Couturier (choix)
Grenoble
Attaquants :
Sacha Treille (C) – Adel Koudri – Aurélien Dair
Damien Fleury (A, 2′) – Nicolas Deschamps (A) – Roman Lyubimov
Loïc Farnier – Alexandre Lavoie (2′) – Matias Bachelet
Martin Latal – Aurélien Dair – Brent Aubin
Défenseurs :
Kyle Hardy – Maxim Lamarche
Pierre Crinon (2′) – Charles Schmitt
Timothé Quattrone – Nikita Pivtsakin
Jere Rouhiainen
Gardien :
Jakub Stepanek [sorti de 58’36 à 59’12]
Remplaçant : Raphaël Garnier (G).