Battue par la Lettonie en prolongation, la Pologne a laissé beaucoup d’énergie sur la glace et on peut se demander dans quel état physique le promu se présentera face à l’ogre suédois. La Tre Kronor a bien entamé de son côté en battant les États-Unis. Il s’agit donc simplement de récolter trois points « faciles » de plus, pour assurer la première place de la poule.
La Suède prend rapidement le jeu à son compte. Le talent des arrières dans le jeu de transition s’illustre vite, lorsque Victor Hedman lance Fabian Zetterlund sur l’aile droite. L’ailier des Sharks remise intelligemment sur Isac Lundeström, qui feinte le gardien mais n’arrive pas à recentrer son palet.
Trop confiante, la Tre Kronor laisse des espaces, dans lesquels les contres polonais font rage. Dominik Pas déborde sur l’aile gauche et Filip Gustavsson reste solide. Un arrêt important, car ses coéquipiers vont ouvrir le score dans la foulée, lorsqu’un centre de Marcus Johansson est dévié dans le but par le défenseur polonais Kruczek (1-0).
Un but malheureux – mais après tout, la Pologne a marqué quatre fois la veille avec des déviations lettones – qui ne change pas le scénario du match. Gourmande, la Suède lâche des opportunités de contre-attaque. Gustavsson sauve encore son camp, et la Pologne est une deuxième fois punie de son manque de réalisme. Cette fois, le travail dans le coin permet à Adrian Kempe de dénicher Lucas Raymond dans l’enclave (2-0, photo ci-dessous). Lundeström, intenable, obtient lui aussi une chance dans le slot que Zabolotny sauve de justesse. Le portier stoppe ensuite une volée de Tim Heed. La dernière chance du tiers reviendra au promu, avec une action de Krezolek de près, sans réussite.
La Pologne n’a pas eu beaucoup de tirs (4) mais ses occasions valaient de l’or. Et le deuxième tiers est du même tonneau ! Le capitaine Dziubinski intercepte et accélère à travers la neutre. Il résiste au retour de la défense et croise un tir ras glace, sorti par Gustavsson. Cela fait beaucoup d’occasions de contre-attaques concédées par la Suède depuis le début du match, mais le portier de Minnesota ne lâche rien.
Et il le faut, car ses équipiers perdent des palets bêtement en entrée de zone offensive, et doivent galoper derrière les Polonais… Gustavsson sauve ainsi devant le défenseur Bryk monté au cercle gauche, puis devant Zygmunt servi au deuxième poteau. Le cerbère suédois tient son équipe. L’attaque, elle, reçoit une chance après huit minutes pour une faute de Urbanowicz. Le jeu de puissance ne cadre pas ses volées et le jeu revient à 5 contre 5.
La Suède cafouille son jeu, pas très concernée ni appliquée. Du coup, une perte de palet pousse Linus Johansson à l’accrochage : deux minutes. Le jeu de puissance est incapable de s’installer, une fois le premier tir lancé, et chasse dans sa propre zone le pressing suédois. Joel Eriksson Ek, notamment, décoche un tir dangereux en infériorité numérique.
Rien en attaque donc, et la Pologne patine dans le vide. L’occasion suédoise ne tarde pas à arriver : Erik Karlsson reçoit le palet dans l’axe, et expédie un palet surpuissant en pleine lucarne (3-0).
Le palet ne quitte plus la zone du promu et le « carré magique » d’arrières lamine les bottes du gardien : Hedman, puis Dahlin – qui cherchait Zetterlund en déviation – portent le danger et Zabolotny intervient. Les séquences de possession sont interminables, quoique stériles. La Suède ne lâche plus le palet, épuisant la défense adverse pendant deux, trois minutes de suite. Walega finit par céder (faire trébucher). Cette fois, le jeu de puissance est à cinq contre quatre, et non cinq contre cinq… Pas mieux pourtant, un long cycling le long des bandes totalement inefficace. La Suède mène sans vraiment forcer son talent.
Les Scandinaves baissent de pied dès la reprise. Ils ont de la marge, mènent 3-0, bref, pas vraiment concernés, ils multiplient les revirements et passes ratées, à un rythme de sénateur. C’est comme cela que Pettersson se casse la figure en entrée de zone et laisse Lyszczarczyk tout seul devant le gardien. Gustafsson couvre son poteau, mais le Polonais récupère et lance de derrière le but. On ne sait pas trop où passe le disque, mais cela fait 3-1…
Cela ne corrige pas les travers des joueurs de Sam Hallam. Dziubinski s’arrache et tente un lancer du cercle droit, après un énième cafouillage suédois. Par chance, il ne faut pas grand chose aux Nordiques. Une simple accélération et Dominik Pas commet un cinglage. Le jeu de puissance sert Olofsson pour une volée dans la mitaine de Zabolotny. Kempe, du même endroit, connaît le même sort.
Les minutes défilent sans grandes occasions. La Suède manque terriblement de précision, accumulant les mauvaises passes et cherchant trop des solutions individuelles. La Pologne espère des contres, incapable de tenir le palet longtemps. Sur une incursion offensive, Gorny est sanctionné pour crosse haute : double mineure, soit quatre minutes d’infériorité, alors qu’il ne reste que 6’48 dans ce match.
Kempe tente le premier tir et son lancer percute la barre. Puis, Karlsson rate le cadre, et le deuxième groupe entre en piste. Burakovsky est bien servi en tête de cercle et n’est pas attaqué : son tir précis côté mitaine accentue l’écart (4-1). Comme le but intervient dans les deux premières minutes, le jeu de puissance continue.
Victor Hedman décide de faire le boulot. M’arrière de Tampa Bay s’avance depuis son camp, prend une brèche laissée devant lui et fixe trois joueurs… mais il ne tire pas : il trouve Erik Karlsson sur sa gauche, dont la volée nettoie la toile d’araignée au premier poteau (5-1, photo ci-dessous). Sans forcer, voila la Suède nantie d’une belle avance. Frödén concède deux minutes pour cinglage juste après, plaçant la Pologne en supériorité, pour rien.
La Suède s’impose donc logiquement, sans avoir mis beaucoup d’intensité ni d’application. Mais avec un tel top-4 en défense et leurs capacités offensives, le talent a fait la différence. La Pologne pourra longtemps regretter son manque d’opportunisme : obtenir autant d’échappées sans conclure, c’est rageant…
Désignés joueurs du match : Mateusz Bryk (Pologne) et Andre Burakovsky (Suède)
Commentaires d’après-match :
Krystian Dziubiński (capitaine de la Pologne) : « Le résultat n’est pas mauvais, mais je n’aime pas quand on dit qu’on ne peut s’attendre à gagner. Nous allons sur la glace pour la victoire à chaque match. Changez ce narratif. Bien sûr qu’ils ont eu plus d’occasions, mais nous ne voyons pas les choses de cette façon. C’est vrai, parfois il y avait un manque de finition. Ce sont des problèmes techniques, parfois de force. Les adversaires nous ont également surpris sur de longues présences, lorsque nous voulions aller de l’avant il n’y avait rien à faire car nous devions changer. Pour bien entrer dans l’action, il faut aussi être frais. Les statistiques montrent que le plus grand nombre de buts sont marqués de 15 à 25 secondes après le changement de lignes. Nous avons beaucoup travaillé l’infériorité numérique dessus avant le tournoi, car nous savons que cela peut être un élément clé du match contre la France. Nous voulons gagner contre eux, nous savons ce que nous sommes venus chercher. Notre survie, c’est notre objectif. Les matchs les plus importants sont devant nous. »
Róbert Kaláber (entraîneur de la Pologne) : « J’évalue positivement ce match contre la Suède. Nous avions un peu peur au début. Nous avons commis deux erreurs en zone défensive lorsque nous avions le palet dans la crosse, nous cherchions inutilement une bonne solution au lieu de jouer du hockey plus simple. Puis nous nous sommes calmés un peu, nous avons appris à connaître la force des Suédois. À la fin, nous nous demandions s’il fallait sortir le gardien, mais nous avons pris une pénalité malheureuse. Les gars se sont battus, ont très bien joué en équipe et étaient organisés. Nous devons les remercier pour leur attitude dans ce match. Lundi, nous ferons un entraînement régénérateur. Nous voudrons certainement travailler les avantages numériques. Nous avons la plus grande marge de progrès dans ce secteur et nous devons changer des choses pour entrer plus facilement dans la zone adverse. J’ai déjà dit que nous voulions faire tourner les trois gardiens. Johny a eu une chance, il y a eu Zabol, et il est possible que Tomáš Fučík joue contre la France, ou à nouveau Murray. Nus allons d’abord nous asseoir pour parler et ensuite une décision sera prise. »
Suède – Pologne 5-1 (2-0, 1-0, 2-1)
Dimanche 12 mai 2024, 20h20. Ostrava Arena, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Michael Tscherrig (SUI) assistés de Lauri Nikulainen (FIN) et Tarrington Wyonzek (CAN)
Pénalités : Suède 4′ (0′, 2′, 2′), Pologne 10′ (0′, 4′, 6′)
Tirs : Suède 38 (12, 15, 11), Pologne 15 (4, 6, 5)
Récapitulatif du score
1-0 à 03′34′′ : M. Johansson assisté de Hedman et Karlsson
2-0 à 06′17′′ : Raymond assisté de Kempe
3-0 à 32′31′′ : Karlsson assisté de Burakovsky et M. Johansson
3-1 à 42′18′′ : Lyszczarczyk
4-1 à 54′27′′ : Burakovsky assisté de Dahlin et Olofsson (sup. num.)
5-1 à 55′25′′ : Karlsson assisté de Hedman et Gustavsson (sup. num.)
Suède
Attaquants :
Adrian Kempe (+1) – Joel Eriksson Ek (+2) – Lucas Raymond (A, +1)
André Burakovsky (+2) – Pontus Holmberg (+1) – Marcus Johansson (+2)
Fabian Zetterlund (-1) – Isac Lundeström (-1) – Victor Olofsson (-1)
Jesper Frödén (2′) – Linus Johansson (2′) – Carl Grundström
Max Friberg [1 présence]
Défenseurs :
Erik Karlsson (C, +2) – Victor Hedman (A, +2)
Jonas Brodin – Rasmus Dahlin (+2)
Marcus Pettersson (-1) – Tim Heed (-1)
Gardien :
Filip Gustavsson
Remplaçants : Samuel Ersson (G), Lukas Bengtsson (D). Réservistes : Jesper Wallstedt (G), Marcus Sörensen, Felix Unger Sörum (A).
Pologne
Attaquants
Patryk Wronka (-2) – Grzegorz Pasiut (A, -2) – Pawel Zygmunt (-2)
Mateusz Michalski – Krystian Dziubinski (C) – Krzysztof Macias
Bartosz Fraszko (+1) – Dominik Pas (2′) – Alan Lyszczarczyk (+1)
Patryk Krezolek (-1) – Kamil Walega (2′) – Maciej Urbanowicz (-1, 2′)
Défenseurs
Jakub Wanacki (-1) – Marcin Kolusz (A, -2)
Patryk Wajda (-1) – Maciej Kruczek (-1)
Kamil Gorny (4′, +1) – Mateusz Bryk (+1)
Arkadiusz Kostek – Pawel Dronia (-1)
Gardien :
David Zabolotny
Remplaçant : Tomáš Fučík (G). Réservistes : John Murray (G), Filip Komorski (A). Blessé : Bartosz Ciura (D, doigt cassé, substitué par Kacper Macias).