Le classement final sera important dans ce groupe A, notamment pour éviter l’impressionnante Suède en quart de finale. Si le début de tournoi se passe bien pour la Suisse (6 points) et la Tchéquie (5 points), leur affrontement s’annonce crucial. Les attentes de tout un pays sont grandes, avec une foule impressionnante devant les écrans géants et la visite du Président de la République, Petr Pavel, dans le vestiaire tchèque avant le match.
C’est le genre de match où l’enjeu prime sur le jeu. Les deux équipes se découvrent peu et sont très regroupées en zone neutre puis devant le but. Chaque faute est donc capitale. La première, une rudesse assez vénielle, est sifflée contre Červenka qui a touché Bertschy de la crosse en se retournant. Kevin Fiala, papa d’une petite Masie-Mae depuis hier et arrivé dans l’après-midi à l’aéroport, s’illustre contre son pays d’origine. Fiala fait croire à tout le monde qu’il va centrer : Gudas lui laisse la voie libre et le gardien Dostal laisse de l’espace à son poteau au-dessus de son épaule (1-0). Ce but donne le momentum aux Suisses. Le deuxième bloc tchèque (Kempný-Rutta-Palát-Tomášek-Kubalík) connaît une présence compliquée de 1’20 qui débute par une mise au jeu en zone offensive et finit en dégagemen interdit après avoir subi le jeu. Heureusement que David Tomášek gagne l’engagement pour dégager et aller au banc.
La première attaque en surnombre arrive en deuxième période, une contre-attaque suisse à 2 contre 1 : passe idéale de Roman Josi pour Nico Hischier qui est déjà en train de tirer… quand il voit alors Roman Červenka tendre sa crosse pour revenir contrer le palet in extremis. Le duel de capitaines se poursuit sur le premier avantage numérique tchèque, Josi bloque le lancer de Červenka. Promu en première ligne ce soir avec le nouveau venu Fiala (à la place de Kurashev et Thürkauf relégués en quatrième ligne), Christoph Bertschy continue de provoquer des pénalités bien légères, Stránský l’a un peu fait trébucher. Mais le gardien tchèque Dostal est aussi un peu filou : il demande à l’arbitre d’arrêter le jeu sans que le palet ou une crosse l’ait touché, les Tchèques gagnent l’engagement et se dégagent.
La pénalité se termine sur deux bagarres simultanées Kurashev/Beranek et Niederreiter/Rutta. Sur la mise au jeu en zone neutre, Jonas Siegenthaler laisse traîner la jambe devant Kaše. La supériorité numérique est convertie du haut du cercle gauche par Matěj Stránský, l’attaquant de Davos qui retrouve son efficacité avec deux buts en deux rencontres après une préparation difficile (1-1).
Un but en powerplay de chaque côté, mais les fautes suivantes sont sans conséquences. Kempný fait trébucher Ambühl à huit secondes de la pause mais les Tchèques tuent très bien la pénalité. Avec Ambühl en prison, la meilleure action est pour Herzog en infériorité.
Et à 5 contre 5 ? Il y a juste les trois occasions de Dominik Kubalík sur la même présence. En contre-attaque, il lance d’abord Palat qui se présente en un contre un contre Leonardo Genoni mais perd son duel, puis Kubalík a encore deux lancers qui finissent hors cadre (le second peut-être contré par Hischier). Le moment le plus spectaculaire à huit minutes de la fin : sorti de sa cage vers la bande, Genoni se rend compte que son dégagement est manqué et plonge pour intercepter la rondelle lancée en cage vide par Flek. Coupé, Hischier saigne mais revient vite au jeu avec un nouveau maillot.
Autant on aurait bien voulu prolonger le plaisir hier soir dans le sensationnel Suisse-Autriche, aujourd’hui le spectacle proposé ne donne pas envie de plus. Cinq minutes de prolongation à 3 contre 3 peuvent tout de même ouvrir le jeu. Le joueur excitant à voir quand il entre en jeu (c’est-à-dire très souvent), c’est Roman Josi. Il se procure un bon tir dans l’épaule de Dostal. Quand il n’a pas d’ouverture, Josi sait reculer, et quand il perd le palet en essayant de franchir les lignes, il se replie aussi sec pour contrer le palet et arrêter la contre-attaque. Côté tchèque, il n’y a pas de défenseur au talent si évident qui sorte du lot. C’est Michal Kempný qui a le plus grand temps de jeu, et on le verra partout dans cette prolongation : un tir en bonne position (bloqué par Fiala), une excellente relance depuis sa cage vers Palat (que bloque Kukan), et aussi… une faute grossière en zone offensive quand il charge Kukan dans la bande. À 4 contre 3, un lancer contré de Romain Loeffel ricoche sur le dessus de l’épaule de Dostal ! Ce fut juste.
Les tirs au but avaient souri aux Tchèques le premier jour. Dostal arrête le lancer d’Andrighetto mais la feinte de Kaše ne passe pas ce coup-ci. C’est Kevin Fiala qui fait le spectacle avec une géniale feinte pleine de technicité tchèque droite-gauche-droite-revers, puis une main ouverte près de l’oreille pour provoquer un peu le public de Prague. C’est encore Stránský qui lui répond, en décochant un puissant tir sous la mitaine du gardien, mais Kurashev en fait autant.
La Suisse mène, Tomášek et Červenka essaient vainement de tirer entre les jambes de Genoni. Loeffel, lui, réussit à faire passer le palet entre les bottes de Dostal… mais il touche le poteau. Josi peut en finir mais rate carrément son tir du revers. Flek est le dernier tireur tchèque, rapide mais réputé piètre finisseur même s’il a tiré avec succès les pénaltys en Extraliga cette saison. Sa tentative est détournée par la plaque de Genoni. La Suisse remporte ce premier grand test.
Désignés joueurs du match : Roman Josi pour la Suisse et Matěj Stránský pour la Tchéquie.
Commentaires d’après-match :
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie) : « Au début, nos jambes ne fonctionnaient pas comme on l’aurait voulu, les Suisses en on profité. On a eu un problème à les attaquer, on a eu besoin d’entrer dedans. Nous sommes très heureux d’avoir marqué en powerplay parce que nous n’avons pas marqué à 5 contre 5. On s’y même entraîné à l’échauffement, et on continuera à le travailler. C’est très difficile de défendre face aux meilleures équipes de notre groupe, et si on marque en powerpay, cela nous aidera énormément. Notre performance a été de plus en plus combative au cours du match. Et Lukáš Dostál a été excellent. Surtout en troisième période, quand les Suisses ont pris plus de risques. Ils ont des joueurs très talentueux ainsi que des défenseurs offensifs. En prolongation, nous avons eu plus d’occasions. Dommage que ça se soit fini aux pénaltys. »
Kevin Fiala (attaquant de la Suisse) : « Le plus beau était la naissance de ma fille. Ma femme m’a aussi poussé car elle sait combien le Mondial est important pour moi. Cela ne va pas de soi pour moi, je pense encore à elle. Ma grand-mère m’a accueilli à l’aéroport, c’était un beau sentiment car je ne la rencontre pas souvent. Je vis aux États-Unis, elle vit à Prague. Je venais assez souvent enfant, j’étais au championnat du monde ici il y a neuf ans. Je n’ai pas planifié [le geste de la main à son oreille], c’est venu dans la situation. Beaucoup d’émotions, les fans étaient bruyants tout le match, ce que j’ai apprécié, mais je voulais les calmer un peu. »
Jonas Siegenthaler (défenseur de la Suisse) : « Regardez-le, il vient d’avoir un bébé mais est venu quand même. Cela en dit long sur sa relation avec l’équipe nationale. C’est super de l’avoir dans l’équipe, c’est un joueur de classe mondiale. Un des meilleurs en NHL. Nous avons concédé des buts bizarres hier. Mais nous devions oublier ce match, nous étions solides défensivement. Les Tchèques nous ont poussés, ils n’ont pas lâché, mais on a réussi. »
photos : Český hokej
Suisse – Tchéquie 1-1 (0-0, 1-0, 0-1, 0-0) / 2-1 aux tirs au but
Lundi 13 mai 2024 à 20h20 à la O2 Arena de Prague. 17 413 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Andre Schrader (ALL) assistés d’Oto Durmis (SVK) et Anders Nyqvist (SUE).
Pénalités : Suisse 10′ (0′, 8′, 2′, 0′) ; Tchéquie 10′ (2′, 8′, 0′, 2′).
Tirs : Suisse 26 (5, 8, 12, 1) ; Tchéquie 24 (5, 8, 8, 3).
Évolution du score :
1-0 à 13’36’’ : Fiala assisté de Hischier et Josi (sup. num.)
1-1 à 35’57’’ : Stránský assisté de Špaček et Červenka (sup. num.)
Tirs au but :
Suisse : Andrighetto (arrêté), Fiala (réussi), Kurashev (réussi), Loeffel (poteau), Josi (arrêté).
Tchéquie : Kaše (arrêté), Stránský (réussi), Tomášek (arrêté), Červenka (arrêté), Flek (arrêté).
Suisse
Attaquants :
Kevin Fiala (2′) – Nico Hischier (A) – Christoph Bertschy
Sven Andrighetto – Ken Jäger – Nino Niederreiter (A, 2′)
Fabrice Herzog – Sven Senteler – Dario Simion
Philipp Kurashev (2′) – Calvin Thürkauf – Anders Ambühl (2′)
Défenseurs :
Roman Josi (C) – Andrea Glauser
Jonas Siegenthaler (2′) – Dean Kukan
Christian Marti – Romain Loeffel
Michael Fora
Gardien :
Leonardo Genoni
Remplaçants : Akira Schmid (G), Sven Jung (D). En réserve : Reto Berra (G), Gaëtan Haas (A), Tristan Scherwey (A).
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (C, 2′) – Lukáš Sedlák – Ondřej Kaše
Ondřej Palát (A) – David Tomášek – Dominik Kubalík
Daniel Voženílek – David Kämpf – Matěj Stránský (2′)
Ondřej Beránek (2′) – Jáchym Kondelík – Jakub Flek
Défenseurs :
Jakub Krejčík – Radko Gudas (A)
Michal Kempný (4′) – Jan Rutta (2′)
Libor Hájek – Tomáš Kundrátek
David Špaček
Gardien :
Lukáš Dostál
Remplaçant : Petr Mrázek (G). En réserve : Karel Vejmelka (G).