Avec un seul petit point acquis le premier jour (face à la Lettonie), la Pologne est en danger de relégation. Affronter la sélection américaine ne s’annonce pas de la tarte pour une défense qui a systématiquement encaissé 4 ou 5 buts à chaque match. Leur espoir, c’est que le soutien de leur public venu en nombre et leur énergie habituelle leur permettront de surmonter le gouffre de vitesse, technique et talent…
Côté américain, la blessure d’Alex Lyon change la donne au niveau des gardiens. Nedeljkovic ayant joué la veille contre la France (succès 4-0 avec seulement 10 tirs subis), le staff lance Trey Augustine, 19 ans. Champion du monde U18 et U20, auteur d’une grosse saison avec Michigan State en NCAA, il devra résister au chaudron bouillant de l’Ostravar Arena. En face, John Murray, natif de Pennsylvanie, est choisi dans le but polonais, en espérant un rebond suite à sa prestation médiocre contre la France. Excellent mais sorti peu avant la fin du match face aux Slovaques, son collègue gardien Fucik n’a pas de blessure musculaire mais souffre en fait de crampes et de déshydratation. Il n’est pas encore apte à rejouer.
Le début américain est poussif. Les passes n’arrivent pas, les tirs non plus. Pire, une action polonaise sur la droite libère Wronka, qui, patient, attend que Jones soit au sol, puis décoche au bon moment pour tromper Augustine. L’Ostravar aréna explose – y compris en tribunes presse – et chante pendant un bon moment… avant d’entendre les officiels annoncer une demande de révision vidéo pour hors-jeu ! Le verdict annule le but sous la bronca du public, mais Fraszko était bien entré en zone avant son coéquipier.
Derrière, Bryk concède deux minutes. Le jeu de puissance souffre physiquement – Tkachuk écrasé sur la bande – puis manque de précision, dans ses passes vers Caufield dans le slot, ou dans ses tirs, comme Gaudreau hors cadre. Les Bleus confisquent le palet au retour à cinq jusqu’à une faute de Tkachuk.
Augustine doit donc assurer sur le jeu de puissance polonais. Un premier tir, puis un coup de pression de Lyszczarczyk à bout portant… et surtout Walega, qui cherche à gratter un rebond inexistant. Cela n’est pas du goût de Pinto, qui fait le ménage et sort à son tour, laissant à peine trois secondes de 5 contre 3.
La Pologne s’installe mais n’obtient finalement qu’un tir à la toute fin de l’avantage. Pas timorés pour deux sous, les Polonais insistent, mais se découvrent. Boldy sert Jones pour un premier tir, puis s’en charge lui-même et Murray sauve, avant de sortir un troisième tir de suite de Boldy, servi par Zegras.
Un temps fort qui se poursuit avec la ligne suivante, mais Eyssimont ne cadre pas. Nouvelles chances de Leonard, puis Hayes, Jones… la machine américaine tente d’accélérer. Caufield enchaine sur un revirement et centre fort vers la cage… Tkachuk surgit et passe par dessus le gardien !
Une minute plus tard, Werenski sort pour faire trébucher. La Pologne ne fait pas grand chose de son avantage numérique, et manque même de se faire punir lorsque Kunin récupère et démarre sur l’aile droite. Murray bloque le tir de l’attaquant des Sharks.
Dès le retour au complet, Boldy remet devant la cage vers Jones, qui dévie du bout de la crosse. Murray résiste bien, et permet à la Pologne de rentrer au vestiaire à 0-0 à l’issue d’une très belle prestation.
L’équipe américaine a déçu dans ce premier tiers, faisant montre d’une grande inconstance depuis le début du tournoi. Elle essaie de faire la différence plus vite dans ce tiers et Nelson slalome, déportant Murray sur le côté. Mais le gardien parvient à geler le disque. Puis, Hughes se met à la baguette : il virevolte et attaque la cage, puis sert Caufield. Pinto enchaine, avant que la défense ne dégage. Après quatre minutes, on compte six tirs à zéro, et le premier lancer vient de Pasiut, capté de la mitaine par Augustine.
La pression monte sur le but polonais avec quelques situations de recherche de rebond dans l’enclave. On trouve ensuite une percée de Hayes avec essai de tour de cage, quelques tirs-centres de Werenski et Jones, et globalement un palet qui quitte peu la zone polonaise. Puis, une longue passe envoie Gaudreau en échappée : seul devant Murray, il perd son duel !
C’est finalement à la mi-tiers que les États-Unis ouvrent le score. Alors qu’un duel gagné par Vlasic dans le camp américain fait réagir le public polonais, le palet est déjà parti vers Tkachuk en deux-contre-un avec Caufield. Le joueur d’Ottawa fixe, mais sert en retrait Kesselring, pour un tir précis (0-1).
La Pologne réagit avec un tir de Gorny sur un face-off, rejeté de la botte par Augustine. L’espoir des Red Wings intervient ensuite de la mitaine sur une action chaude.
Ce micro-temps fort ne dure pas et les États-Unis confisquent à nouveau le palet. Murray sort un arrêt exceptionnel, une mitaine ferme devant Nelson après un slalom de Boldy. Puis, un palet dégagé permet à Wronka d’arriver le premier et servir en retrait Fraszko, qui ne cadre pas. Dans la foulée, Hayes est sanctionné pour faire trébucher. Aucun tir n’arrive sur Augustine, et les joueurs de John Hynes reviennent au complet.
Il reste 42 secondes lorsque les Américains se créent un 2 contre 1. Pinto lance en force et Tkachuk attaque la cage, poussé par Kostek. Déséquilibré, il embarque le but, avec le palet dans les jambes. Les joueurs célèbrent, et les arbitres annoncent un but et une révision vidéo. Celle-ci confirme que le palet a franchi la ligne avant le déplacement du filet (0-2).
https://x.com/usahockey/status/1791558899176231386
Les États-Unis sont donc récompensés avec deux buts sur pas moins de 25 tirs dans ce tiers, pour un total de 37. La Pologne n’a trouvé le cadre que cinq fois dans cette période.
Il faut moins de temps pour marquer un nouveau but. Après un peu plus d’une minute, Caufield harcèle la défense et récupère, contourne le but où il trouve Tkachuk. Le capitaine s’avance et fixe tout le monde, renversant vers Caufield au poteau, cage ouverte (0-3).
L’ambiance est bien retombée, le public étant un peu sonnée par cette entrée en matière. En plus, Augustine montre de la sérénité, avec une mitaine puis un arrêt sur un tir de la bleue, sans laisser de rebond. Murray, lui, a encore du travail. Arrêt sur Caufield servi en retrait, sur Zegras lancé en tête de cercle, avec un palet dégagé derrière lui par son défenseur…
Et c’est au moment où on l’attendait le moins que la Pologne va réveiller son public groggy. Une montée de palet de Wronka embarque la défense et sa passe-abandon ouvre la porte à Pasiut, plein axe. Il lance un tir puissant, sans opposition, derrière Augustine (1-3).
La foule chante à nouveau, et retient son souffle sur un nouvel arrêt de Murray face à Hayes à bout portant. Et le soufflé retombe tout de suite lorsque Caufield bonifie un rebond sous le nez de Murray (1-4). C’est le quatrième point de Tkachuk, auteur du tir sur la mise au jeu.
La barre des 50 tirs est passée juste après la 50e minute, avec des lancers de Boldy et Jones sur lesquels Murray laisse de gros rebonds, dégagés par sa défense. La fin de match n’a plus trop d’enjeux. Les États-Unis gèrent, avec quelques tirs à l’occasion, pendant qu’une Pologne épuisée résiste du mieux possible.
Le score final de 4-1 est très honorable pour une équipe polonaise valeureuse, mais qui, après le premier tiers, n’a plus beaucoup existé offensivement et doit à la prestation de Murray un score raisonnable. Pour les États-Unis, il y a encore beaucoup de déchet. Le comportement de la ligne Tkachuk-Pinto-Caufield reste un gros point positif, car elle offre une alternative à la ligne Boldy-Nelson-Gaudreau qui portait jusque là l’équipe. Mention aussi au jeune Augustine, solide sous la pression du début de match avant d’avoir bien moins de travail (cinq tirs au deuxième et cinq tirs au troisième tiers).
Désignés joueurs du match : Grzegorz Pasiut (Pologne) et Cole Caufield (États-Unis)
Commentaires d’après-match :
Maciej Urbanowicz (attaquant de la Pologne) : « Les fans ont été absolument fantastiques. Cet hymne à la fin était merveilleux. Dommage de ne pas avoir pu tirer plus de ce match, car il y a eu beaucoup d’occasions en première période. Si seulement nous jouions ces dernières passes avec plus de précision, sur la crosse, pas sur les patins… En élite, tout est plus rapide, tout le monde va plus vite, joue le palet plus vite, ils sont plus précis. Nous jouons les avantages numériques trop lentement, trop statiquement, les passes sont trop légères et tous les cinq ne sont pas dans le manège, seulement un ou deux tandis que les autres regardent et c’est le principal problème. Il reste deux matchs et j’espère que le dernier sera le plus important [pour le maintien contre le Kazakhstan], mais j’aimerais que nous gagnions, pas que nous allions de défaite en défaite. Nous jouons contre l’Allemagne demain, et pour nous Polonais, le match contre l’Allemagne est probablement quelque chose de spécial et j’aimerais vraiment leur prouver quelque chose.
Michael Kesselring (défenseur des États-Unis) : « Avec un jeu compact, ils sont entrés très fort dans ce match. Pour être honnête, les Polonais ont dominé la première période. Au deuxième tiers nous nous sommes regroupés pour revenir à notre jeu. Les Polonais ont continué à jouer dur. Ils ont pu rester dans le match. Pour être honnête, je n’ai senti qu’à la toute fin que le sort du match était entièrement décidé. Tous nos adversaires nous ont tenu tête fortement. La distance entre les équipes a considérablement diminué, plus que ce à quoi nous aurions pu nous attendre en Amérique. Le hockey international est légèrement différent. Chacun d’entre nous a un rôle légèrement différent ici que dans nos équipes, nous devons donc tout mettre en place et y travailler ensemble. Personnellement, je suis un grand fan de la grande glace. J’espère qu’en NHL nous commencerons également à jouer dessus. Je dis cela très franchement, parce que c’est génial de jouer sur une glace de cette taille. »
Pologne – États-Unis 1-4 (0-0, 0-2, 1-2)
Vendredi 17 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 8935 spectateurs.
Arbitrage de Riku Brander (FIN) et Christoffer Holm (SUE) assistés de Oto Durmis (SVQ) et Jiri Ondracek (TCH)
Pénalités : Pologne 2′ (2′, 0′, 0′), États-Unis 8′ (6′, 2′, 0′)
Tirs : Pologne 21 (11, 5, 5), États-Unis 57 (12, 25, 20)
Récapitulatif du score
0-1 à 30′11′′ : Kesselring assisté de Tkachuk et Vlasic
0-2 à 39′17′′ : Tkachuk assisté de Pinto et Sanderson
0-3 à 41′11′′ : Caufield assisté de Tkachuk
1-3 à 46′22′′ : Pasiut assisté de Wronka et Kolusz
1-4 à 49′15′′ : Caufield assisté de Tkachuk et Pinto
Pologne
Attaquants :
Patryk Wronka – Grzegorz Pasiut (A) – Bartosz Fraszko (-1)
Maciej Urbanowicz (-2) – Krystian Dziubinski (C, -1) – Mateusz Michalski (-1)
Pawel Zygmunt – Dominik Pas (-1) – Krzysztof Macias (-1)
Patryk Krezolek (-1) – Kamil Walega (-1) – Alan Lyszczarczyk
Défenseurs :
Jakub Wanacki (-1) – Marcin Kolusz (A)
Patryk Wajda (-2) – Maciej Kruczek (-1)
Kamil Gorny – Pawel Dronia
Arkadiusz Kostek (-2) – Mateusz Bryk (2′)
Gardien :
John Murray
Remplaçant : David Zabolotny (G). Réservistes : Tomas Fucik (G), Filip Komorski (A), Kasper Macias (D)
États-Unis
Attaquants :
Matt Boldy (-1) – Brock Nelson (A, -1) – Johnny Gaudreau (-1)
Brady Tkachuk (C, +4) – Shane Pinto (2′, +4) – Cole Caufield (+3)
Trevor Zegras (+1) – Kevin Hayes (2′) – Joel Farabee
Ryan Leonard – Luke Kunin – Michael Eyssimont
Gavin Brindley
Défenseurs :
Seth Jones (A, +1) – Zach Werenski (A, 2′, +1)
Luke Hughes (+1) – Jake Sanderson (+1)
Jeff Petry (+1) – Alex Vlasic
Michael Kesselring (+1)
Gardien :
Trey Augustine
Remplaçant : Alex Nedeljkovic (G). Réservistes : Alex Lyon (G, rentré au pays, blessé), Matthew Kessel (D), Will Smith (A)