Ce match n’a d’impact que pour les Suisses, qui peuvent encore aller chercher la deuxième place de ce groupe A et ainsi éviter les États-Unis en quart de finale (et la Suède dans une possible demi-finale). La Finlande a été qualifiée quelques heures plus tôt par la défaite inattendue de l’Autriche par les Britanniques, et elle sait qu’elle rencontrera la Suède quoi qu’il arrive.
Ce match – qui n’a donc que très peu d’enjeu – démarre sur un rythme lent, les deux formations s’adonnant à un round d’observation. Les Leijonat sont les plus entreprenants et poussent Akira Schmid à sortir plusieurs parades pour maintenir les siens dans la partie. Les Helvètes affichent un visage bien pâle, est-ce déjà un signe de la fébrilité qui les habite à l’approche des matchs à élimination direct ? Une chose est sûre, ce match n’est, pour le moment, pas près de marquer l’histoire des Mondiaux. Suisses et Finlandais se livrent une bataille tactique peu séduisante. Le public, qui n’a pas manqué de se faire entendre depuis le début du tournoi, semble d’un coup bien calme, voire endormi.
Ce match s’agite quand Oliver Kapanen est chassé pour accrocher (12’17). Peu inspirés, les Helvètes ne se créent que peu d’occasions et Harri Säteri repousse le danger sans difficulté. La lutte entre les deux équipes reprend de plus belle et la bataille en zone neutre voit la Nati prendre le dessus. Ce tiers passe relativement vite, bien qu’il n’y ait que peu de choses à se mettre sous la dent. En fin de tiers, Mikael Granlund écope de deux minutes pour un cinglage – dont l’existence est plus que discutable (19’57).
Le deuxième tiers débute sur un rythme un tout petit peu plus élevé. La Suisse peine à s’installer en zone offensive mais parvient à mettre Harri Säteri à contribution. Le portier finlandais repousse et Granlund retrouve le glaçon (21’57). Les Suisses sont plus conquérants et la pression s’accentue en défense. Les duels, plus appuyés, tournent à l’avantage des Helvètes. La domination se fait plus insistante et le mur finit par céder : Romain Loeffel allume la mèche de la bleue face à une défense décimée. Le rebond, mal contrôlé par Säteri, revient sur la crosse de Fiala qui attaque la cage, déshabille le gardien et brise la glace (0-1 à 25’14). Le verrou a sauté et la Nati retrouve de sa superbe. La Finlande n’y est plus et subit les vagues successives. Kévin Fiala et Nino Niederreiter combinent, trouvent Andrea Glauser à la bleue qui allume la mèche et fusille – d’un tir à 161km/h – Säteri (0-2 à 27’26). Alors que son équipe semble au bord du KO, Mikael Granlund prend le jeu à son compte, accélère, efface la défense et dresse le gardien, réduisant l’écart… avant que le but ne soit annulé après challenge suisse pour hors-jeu (29’00).
Un coup dur pour les coéquipiers de Jere Innala, qui repartent de l’avant. Leurs velléités offensives, combinées à des erreurs techniques, coûtent cher et les voilà qui subissent de nouveau. De retour sur la glace après avoir été éloigné pour une commotion, Gaëtan Haas se montre particulièrement à l’aise. Il fait tourner les têtes des défenseurs adverses et libère des lignes de tir pour ses coéquipiers (33’00). Ce match retrouve les traits du premier tiers et, après plusieurs minutes de bataille dans la zone neutre et des Finlandais qui retrouvent la zone offensive, Andres Ambühl est pénalisé pour une obstruction sur Mikael Granlund (36’36). Les Suomi peuvent-ils en profiter pour relancer cette partie ? La réponse est oui. Installés en zone offensive, ils travaillent leur circuit de passe et libèrent Jere Innala dans le cercle gauche. L’attaquant de Frölunda n’hésite pas une seule seconde et reprend la passe de Granlund en première intention, trompant par la même occasion la vigilance d’Akira Schmid (1-2 à 37’51, photo ci-dessous). Le but donne un nouveau souffle aux nordiques qui retrouvent des couleurs. Oliver Kawski allume la mèche à son tour et profite d’une déviation inattendue pour perturber Schmid, qui parvient tout de même à geler le palet (39’05). Granlund tente de faire parler sa vitesse mais bute lui aussi sur le cerbère suisse (39’25).
Le dernier tiers n’échappe pas à la physionomie des deux tiers précédents. Les deux formations se livrent une bataille avec pour tranchée, la zone neutre. Les deux formations se refusent à céder du terrain et l’on prend tout son temps pour construire un système de sortie de zone. La patinoire est toujours aussi muette, sans doute peu convaincue par le spectacle proposé ce soir. Les dix premières minutes du tiers sont passées et le rythme s’accélère enfin : Andres Ambühl est chassé pour faire trébucher et la Finlande à une munition pour égaliser (50’50). Peu convaincants depuis le début de la partie, les Leijonat peinent à s’installer en zone offensive. Après plus d’une minute à tenter d’entrer en zone, les voilà installés. Les lignes de tirs se refusent à eux et Ambühl sort de la boîte.
Le jeu se concentre toujours dans la zone suisse. Après un arrêt d’Akira Schmid, une brasse s’inaugure mais les arbitres séparent les belligérants (54’48). À vouloir trop se porter à l’attaque, les Finlandais laissent des espaces dans leur défense. Il n’en faut pas plus à Nino Niederreiter et Kevin Fiala pour en profiter. Le premier s’échappe et sert dans la profondeur Fiala qui attaque l’enclave, dribble Säteri et marque côté mitaine (1-3 à 56’33). Les duels se font plus âpres encore : Mikael Granlund donne une charge avec la crosse vengeresse à Glauser. L’arbitrage vidéo est consulté, le capitaine finlandais écope de 5’+20′ et quitte donc ses coéquipiers avec l’épée de Damoclès d’une possible suspension au-dessus de la tête (58’09). Fiala bute une dernière fois sur Säteri, un dernier dégagement refusé est signalé et cette phase de poule se termine sur cette victoire de la Suisse.
Commentaires d’après-match :
Nino Niederreiter (attaquant de la Suisse) : « Ce foutu match [contre l’Allemagne] est surtout construit par les médias. Ce sont deux bonnes équipes qui s’affrontent. Les Allemands ont fait un énorme pas en avant au cours des deux dernières années. Il n’y a plus d’équipes faciles, on a encore pu le voir avec l’Autriche. Il faut toujours s’améliorer. Dans notre ligne, je suis responsable du jeu simple et j’essaie toujours de gratter le palet, les deux autres sont très intelligents. »
Jukka Jalonen (entraîneur de la Finlande) : « Le niveau émotionnel n’était pas absent, mais 90%, ce n’était pas assez. Le sport de haut niveau est ainsi. [À propos de Granlund] Quand un joueur se fait expulser, ce n’est pas un truc très intelligent. C’est arrivé. Que peut-on y faire ? Nous attendons les conséquences. […] Nous avons été sous-estimés par le passé, y compris contre la Suède [en quart de finale 2019]. La configuration change par rapport à un match comme celui-ci. Le perdant du quart de finale est éliminé. Tout le monde comprend qui est sous pression. Une personne ne joue pas tout à fait de la même manière lorsqu’il y a de la pression et de la peur. Les joueurs suédois de NHL sont aussi des êtres humains. »
photos IIHF – Andrea Cardin
Finlande – Suisse 1-3 (0-0, 1-2, 0-1)
Mardi 21 mai 2024 à 20h20 à l’O2 Arena de Prague. 17 118 spectateurs
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Martin Frano (TCH) assistés de Tarrington Wyonzek (CAN) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : Finlande 29′ (4′, 0′, 25′) ; Suisse 4′ (0′, 2′, 2′)
Tirs : Finlande 16 (6, 4, 6) ; Suisse 26 (11, 10, 5)
Évolution du score :
0-1 à 25′14′′ : Fiala assisté de Loeffel
0-2 à 27′26′′ : Glauser assisté de Niederreiter et Fiala
1-2 à 37′51′′ : Innala assisté de Granlund et Lehtonen (sup. num.)
1-3 à 56′33′′ : Fiala assisté de Niederreiter
Finlande
Attaquants :
Saku Mäenalanen (-1) – Hannes Björninen (-1) – Pekka Jormakka (-1)
Jere Innala – Mikael Granlund (C, 2’+5’+20′) – Iiro Pakarinen
Patrik Puistola (-2) – Oliver Kapanen (-2, 2′) – Jesse Puljujärvi (-2)
Juha Jääskä – Arttu Hyry – Konsta Helenius
Défenseurs :
Olli Määttä (A, -2) – Jesper Mattila (A, -1)
Veli-Matti Vittasmäki – Mikko Lehtonen
Rasmus Rissanen – Oliwer Kaski
Juuso Riikola (-1) – Vili Saarijärvi (-2)
Gardien :
Harri Säteri (23/26)
Remplaçant : Emil Larmi (G). En réserve : Lassi Lehtinen (G), Valtteri Puustinen (A), Ahti Oksanen (A).
Suisse
Attaquants :
Kevin Fiala (+3) – Nico Hischier (A, +3) – Nino Niederreiter (+3)
Sven Andrighetto – Calvin Thürkauf – Christoph Bertschy
Fabrice Herzog – Sven Senteler – Dario Simion
Tristan Scherwey – Gaëtan Haas – Andres Ambühl (A, 4′)
Philipp Kurashev
Défenseurs :
Roman Josi (C, +1) – Andrea Glauser (+1)
Sven Jung – Dean Kukan (+1)
Christian Marti – Romain Loeffel (+2)
Michael Fora (+1)
Gardien :
Akira Schmid (15/16) [sorti à 19′57′′ à 20′00′′]
Remplaçant : Leonardo Genoni (G). En réserve : Reto Berra (G), Jonas Siegenthaler (D), Ken Jäger (A).