Après son carton plein en poule, la Suède a transpiré pour la première fois lors du quart de finale contre la Finlande, mais elle s’en est sortie en prolongation. Seule survivante du groupe d’Ostrava, elle doit désormais faire face à une équipe tchèque désormais en confiance avec le soutien inconditionnel de son public.
4 secondes, voilà le temps qu’il faut aux arbitres pour siffler la première pénalité, plus que discutable aussi tôt. Adrian Kempe a fait trébucher Palát sur l’engagement (00’04). La circulation de palet des Tchèques est bonne en supériorité numérique, mais ils concèdent aussi une grosse occasion. Pontus Holmberg arrive seul sur un rebond mais la jambière de Dostál reste ferme. Revenus à égalité numérique, les Suédois sortent peu à peu de leur zone défensive. Leur première présence en zone offensive s’éternise, les duels virent à l’avantage des jaune et bleu et Zacha se fait prendre le palet dans le coin de sa zone défensive par Joel Eriksson Ek. Marcus Johansson profite d’une défense mal placée pour s’infiltrer et tirer sous la mitaine de Dostál (1-0 à 03’39). Ce but met à mal les rouges qui concèdent un temps faible. Dans la foulée, Radko Gudas veut charger Burakovsky à la hanche mais c’est son patin qui coince la jambe adverse : il prend deux minutes pour faire trébucher (05’18) et voilà les Tre Kronor en position de force. Une position qu’ils ont du mal à gérer, affichant de grandes difficultés à entrer dans la zone offensive.
Les locaux retrouvent des couleurs et profitent du retour de Gudas pour se porter vers l’avant. Une entrée en zone rapide de Kundrátek, un tir de Nečas qui trouve le casque de Gustavsson, un rebond mal défendu et Dominik Kubalík égalise (1-1 à 07’48). À peine les Tchèques ont-ils le temps de célébrer leur but que les Suédois reprennent l’avantage. Joel Eriksson Ek lance à la cage, Adrian Kempe prend le rebond et sert Marcus Pettersson. Le défenseur suédois cherche Marcus Johansson au second poteau mais sa passe est déviée contre son camp par le patin de Krejčík (2-1 à 08’08, photo ci-dessous).
Comme souvent depuis le début du tournoi, les Tchèques, poussés par leur public, n’abdiquent pas. Martin Nečas entre en zone, passe à grand vitesse derrière la cage et donne en retrait à David Kämpf en retrait dont le tir écrasé à ras glace trompe un « Gus Bus » attentiste (2-2 à 09’37). La Suède aurait pu reprendre l’avantage une troisième fois mais le tir du poignet de Kempe dans le cercle gauche ne frappe que le poteau.
Le deuxième tiers-temps voit les Tchèques démarrer plus confiants. Vainqueurs presque par surprise des Américains, ils se savent clairs outsiders face aux Suédois et jouent leur va-tout. Privés du palet, ils poussent sur leurs rares occasions et Gustavsson doit s’employer pour empêcher les siens de concéder un troisième but (22’21). Les Suédois multiplient les phases de possession mais ne sont pas dangereux. Le chronomètre s’écoule et Gustavsson craque. Rasmus Dahlin tente de sortir le palet de sa zone, l’arbitre touche le palet par inadvertance, renvoie le palet dans l’enclave. Gustavsson tente de repousser la rondelle mais manque son geste et la renvoie sur la crosse de Lukáš Sedlák qui n’a plus qu’à décaler Ondřej Kaše (2-3 à 26’05). Le gardien des Tre Kronor n’y est plus. Dans la foulée, David Kämpf gagne un engagement face à Joel Eriksson Ek et sert Martin Nečas qui allume la mèche alors qu’il n’y a pas l’ombre d’un écran devant Gustavsson (2-4 à 26’21). Un vent de panique habite désormais la défense suédoise, contrainte de se recroqueviller devant son gardien, incapable de retrouver un élan de sérénité. Jan Rutta met un coup de coude vilain sur Lundeström qui reste à terre, mais assez discrètement pour que les arbitres n’aient pas vu la faute. Un geste qui aurait largement pu lui valoir une pénalité de match mais qui voit le joueur retourner à son banc dans un calme olympien. Un nouveau coup dont les Suédois, déjà en mauvaise posture, se seraient bien passé. Ils poussent loin en zone offensive mais concèdent ainsi un 3 contre 1 : Kempny redonne le palet à Kubalik qui fusille Gustavsson, alors remplacé par Samuel Ersson (2-5 à 29’03).
Ersson tente d’entrer dans son match et les Tchèques entrent désormais dans une phase de conservation du score. Le pays-hôte cède petit à petit de l’espace et Libor Hajek fait trébucher Raymond (34’54). Installée en zone offensive, la Suède tourne et trouve la solution : Dahlin fixe, décale Raymond qui trouve Eriksson Ek laissé seul dans l’enclave. Le chandail numéro 14 tente sa chance et trompe Dostál (3-5 à 35’30). Dans leur élan, les coéquipiers d’Erik Karlsson relèvent la tête et profitent de coups de sifflet favorables. Jan Rutta est finalement pénalisé… pour avoir fait trébucher un joueur qui était déjà en train de tomber (38’37). Peu inspirés, ils peinent à s’installer et rentrent aux vestiaires avec un retard de deux buts.
Installés d’entrée en zone offensive, les Suédois, qui n’ont plus le droit à l’erreur, tentent de relancer le suspense tôt dans ce tiers. Rutta sort de la prison et les espaces se libèrent. Dostál ferme la porte pour le moment et Ersson, mis à l’épreuve par Beránek et Kaše, doit s’employer à son tour (42’00). Martin Nečas est chassé pour retenir (43’38). De nouveau en délicatesse pour installer leur jeu de puissance, les Scandinaves facilitent le travail du quatuor défensif adverse qui ne fait que repousser les tentatives une à une. Eriksson Ek, qui avait redonné espoir aux siens, vient désormais les crucifier. Il perd un palet à la bleue et laisse Lukáš Sedlák s’échapper. L’attaquant de Pardubice accélère, fixe et bat Ersson entre les jambières (3-6 à 45’50). Le public tchèque s’enflamme, pousse les siens vers une victoire désormais – du moins en grande partie – assurée.
La défense tchèque fait barrage aux tentatives et voit son travail, que l’on pourrait presque qualifier d’orfèvre tant elle déroule son plan à la perfection, récompensé. Isac Lundeström perd le palet, à la bleue, Lukáš Sedlák – encore lui – s’échappe et dresse – de nouveau – Samuel Ersson (3-7 à 53’42). Il n’y a que peu à redire de la performance des locaux. La Suède, qui a connu le naufrage du Väsa en 1628, doit désormais affronter celui du navire Tre Kronor, en demi-finale du Mondial. Le public est en liesse, conscient de la finale qui s’offre à bras ouverts. Ersson déserte son filet et Lukáš Dostal tente d’y aller de son but, en vain, Erik Karlsson repoussant celui-ci de la palette. Un hat-trick en cage vide de Lukáš Sedlák est annulé pour hors-jeu. Kubalik et Raymond finissent en prison pour comportement anti-sportif (59’11) mais rien ne vient remettre en question la suprématie tchèque sur ce match. La sirène s’annonce, le public explose et la République Tchèque est en finale de son Mondial.
Désignés joueurs du match : Isac Lundeström pour la Suède et Lukáš Sedlák pour la Tchéquie.
Trois meilleurs joueurs du tournoi selon leurs entraîneurs :
Suède : Erik Karlsson, Joel Eriksson Ek et Marcus Johansson.
Tchéquie : Lukáš Dostál, Radko Gudas et Roman Červenka.
Commentaires d’après-match :
David Pastrňák (attaquant de la Tchéquie) : « C’est un anniversaire dont je me souviendrai certainement [NDLR : il a 28 ans aujourd’hui]. Je ne les célèbre pas beaucoup, mais on s’en souviendra. Vivre cela avec tout le pays et en faire partie… Je suis arrivé dans une équipe incroyable. C’était magnifique. Ma mère était dans les tribunes, ma fille et ma fiancée [NDLR : suédoise] sont arrivées. Soit la Suède gagne et elles sont heureuses, soit je gagne et elles sont heureuses pour moi. Je suis le seul qui aurait pu perdre ici. C’était 7-3 à la fin, au hockey on ne sait jamais, mais il faudrait un miracle pour renverser la vapeur. J’ai regardé les tribunes sur le banc et j’ai vraiment apprécié l’ambiance dans les cinq dernières minutes. »
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie) : « Chaque match est différent. Avec les États-Unis, qui avaient amené une très bonne équipe, c’était une question tactique, avec de grands gardiens des deux côtés. Aujourd’hui, l’efficacité offensive était excellente. L’environnement domestique a énormément aidé. C’était l’impulsion, l’énergie supplémentaire pour les joueurs. Si nous n’avions pas joué à domicile, cela aurait rendu les choses beaucoup plus difficiles. [À propos du dernier titre mondial obtenu à domicile en 1985]. J’étais à Prague, je voulais assister au match mais je n’y suis pas arrivé. J’avais vingt ans, je venais d’obtenir mon diplôme. À ce moment-là, je voulais vraiment être dans la patinoire. Mais ça ne l’a pas fait, alors j’ai fait de l’auto-stop, ça a pris environ six heures, et quand je suis arrivé chez moi à Ostrov, j’ai découvert qu’ils avaient remporté le titre. Je m’en souviens parfaitement. »
Erik Karlsson (capitaine de la Suède) : « C’est une chose sur laquelle aucun d’entre nous ne comptait. Nous ne nous sommes pas donné la chance de gagner aujourd’hui. Ils étaient plus forts mentalement que nous pendant les périodes les plus importantes du match. Ce n’est pas agréable aujourd’hui. Ce ne sera pas très facile de se réveiller demain. Mais lorsque le palet est lâché (lors du match pour la médaille de bronze), ce n’est qu’une question d’attitude. »
Suède – République Tchèque 3-7 (2-2, 1-3, 0-2)
Samedi 25 mai 2024 à 14h20 à l’O2 Arena de Prague. 17 413 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Kristian Vikman (FIN) assistés de Kevin Briganti et Nick Briganti (USA).
Pénalités : Suède 6′ (4′, 0′, 2′) ; Tchéquie 12′ (4′, 4′, 4′).
Tirs : Suède 40 (16, 12, 12) ; Tchéquie 23 (9, 9, 5).
Évolution du score :
1-0 à 03’39’’ : M. Johansson
1-1 à 07’48’’ : Kubalík assisté de Nečas et Kundrátek
2-1 à 08’08’’ : Pettersson assisté de Kempe et Eriksson Ek
2-2 à 09’37’’ : Kämpf assisté de Nečas
2-3 à 26’05’’ : Kaše assisté de Sedlák
2-4 à 26’21’’ : Nečas assisté de Kubalík et Kämpf
2-5 à 29’03’’ : Kubalík assisté de Kempný et Nečas
3-5 à 35’30’’ : Eriksson Ek assisté de Raymond et Dahlin (sup. num.)
3-6 à 45’40’’ : Sedlák assisté de Kaše
3-7 à 53’42’’ : Sedlák
Suède
Attaquants :
Marcus Johansson (+1) – Joel Eriksson Ek (2′) – Adrian Kempe (-1, 2′)
Lucas Raymond (A, -4, 2′) – Pontus Holmberg (-2) – André Burakovsky (-2)
Victor Olofsson (-1) – Isac Lundeström (-2) – Fabian Zetterlund (-1)
Carl Grundström (-1) – Linus Johansson (-1) – Jesper Fröden (-1)
Défenseurs :
Victor Hedman (A, -1) – Tim Heed (-1)
Marcus Pettersson – Erik Karlsson (C)
Jonas Brodin (-2) – Rasmus Dahlin (A, -3)
Gardien :
Filip Gustavsson puis à 29’03’’ Samuel Ersson [sorti de 56’35’’ à 59’30’’]
Remplaçants : Lukas Bengtsson (D), Marcus Sörensen (A). En réserve : Jesper Wallstedt (G), Max Friberg, Felix Unger Sörum (A)
République Tchèque
Attaquants :
Ondřej Palát (A, -2) – Pavel Zacha (-2) – David Pastrňák (-2)
Dominik Kubalík (+4, 2′) – David Kämpf (+4) – Martin Nečas (+5, 2′)
Roman Červenka (C, +2) – Lukáš Sedlák (+3) – Ondřej Kaše (+3)
Ondřej Beránek – David Tomášek – Matěj Stránský
Défenseurs :
Jakub Krejčík – Radko Gudas (A, 2′)
Michal Kempný (+3) – Jan Rutta (4′)
Libor Hájek (+3, 2′) – Tomáš Kundrátek (+3)
David Špaček (+1)
Gardien :
Lukáš Dostál
Remplaçants : Petr Mrázek (G), Daniel Voženílek (A). Non équipés : Karel Vejmelka (G), Jáchym Kondelík (A), Jakub Flek (A, malade).