C’est dans une ambiance feutrée que se déroule ce match pour la troisième place. Les passes, le bruit des crosses, des duels contre la bande et les communications entre joueurs viennent rompre le silence d’une patinoire qui ne vit que pour le match du soir. Les deux équipes s’observent et cherchent à trouver la faille dans la défense adverse. Il n’y a que peu de choses à se mettre sous la dent alors que la danse entre les deux partenaires du jour a déjà démarré il y a une petite dizaine de minutes.
Petit à petit, les Suédois prennent le dessus sur les débats et mettent le danger sur le but de Jordan Binnington. Si des espaces s’ouvrent en défense, les Canadiens peinent à en profiter et le verrou nord-américain finit par céder. Un duel remporté le long de la bande, un tir lointain de Dahlin, une combinaison menée par Linus Johansson qui remet en retrait et voilà que Carl Grundström bat Binnington à l’aide de la barre et du poteau (1-0 à 12’05). Un court réveil pour l’O2 Arena qui se rendort aussi vite. Alors que l’on se dirige rapidement vers la fin de cette première pause, Tim Heed fait trébucher Tanev (15’29). Décidément bien pâles, les Canadiens n’arrivent pas à s’imposer en zone offensive, Filip Gustavsson tient bon face aux maigres assauts adverses. La fin du tiers n’est que peu agitée.
On repart sur un tout petit rythme. À l’image de la veille, Filip Gustavsson semble peu confiant devant son filet et, sur la première occasion canadienne, la panique l’habite. Il peine à contrôler ses rebonds, peine à se placer et voit Dylan Cozens, mal défendu dans l’enclave, venir égaliser froidement (1-1 à 22’41). Le but sonne les Suédois qui affichent un visage inquiet. Les Canadiens en profitent pour mettre la pression sur un gardien nerveux. Une fois de plus, il n’y a que peu d’occasions de part et d’autre et ce match s’écoule lentement mais sûrement.
Sans se mentir, ce match est ennuyant. Les deux équipes font preuve de peu d’inspiration, sont approximatives tactiquement et techniquement, offrant un spectacle peu attirant. À la demi-heure de jeu, Pierre-Luc Dubois est chassé pour avoir retenu Jonas Brodin (31’37). En supériorité numérique, les Suédois sont, comme d’habitude, bien discrets. Les Nord-Américains sortent petit à petit de leur trou.
Tout est donc à faire dans le troisième tiers-temps. Les deux équipes, dos-à-dos, doivent sortir de leur zone de confort pour espérer glaner une médaille. Fébriles dans le tiers médian, les Tre Kronor semblent plus entreprenants en ce début de tiers. Une velléité offensive qu’ils vont regretter. Sur un mauvais repli défensif, Brandon Hagel s’échappe, fixe la défense et Gustavsson avant de décaler pour Pierre-Luc Dubois qui reprend le palet de volée et donner l’avantage aux Canadiens (1-2 à 44’18). Désormais aux commandes, les Canadiens doivent défendre leur avantage au tableau d’affichage. Alors qu’ils connaissent un temps faible, une crosse haute est sifflée contre Damon Severson (47’04). Ce match peut-il être relancé ? Oui. Le palet, collé contre la bande, voit Hedman et Eriksson Ek se renvoyer la patate chaude. Le jeu reprend à cinq contre cinq sans vrai danger mais le momentum suédois porte les espoirs d’une égalisation. Sur une action installée en zone offensive, Andre Burakovsky, en retrait, trouve son capitaine. Erik Karlsson envoie une praline en direction de Binnington qui, gêné par le trafic, doit concéder l’égalisation (2-2 à 49’35).
Les équipes sont toujours dos-à-dos. Les Scandinaves semblent avoir pris l’avantage dans tous les domaines. Sur un long dégagement qui file jusqu’à Binnington, le gardien canadien renvoie le palet dans l’angle. Carl Grundström est le plus prompt à se saisir du palet et, en première intention, son tir nettoie la lucarne de Binnington contre toute attente (3-2 à 53’42). Un coup de bambou terrible sur des Nord-Américains de nouveau contraints de courir après le temps. Les voilà installés en zone offensive, à multiplier les tirs sur la cage suédoise. Binnington fuit son filet (58’20) et l’attaquant supplémentaire vient ajouter du danger sur la cage de Gustavsson qui gèle le palet sous pression (59’06). L’entraîneur canadien prend son temps mort, les chances ne se présentent pas et Marcus Johansson profite d’un palet mal dégagé pour sceller d’un long revers la victoire suédoise (4-2 à 59’55).
Les Suédois, favoris pour l’or, finissent donc avec la médaille de bronze, la première depuis leurs deux victoires en 2017 & 2018. Les Canadiens, eux, passent du titre de champions du monde à la médaille en chocolat. Ils mettent ainsi un terme à leur série de quatre médailles en quatre tournois.
Désignés joueurs du match : Carl Grundström pour la Suède et Jamie Oleksiak pour le Canada.
Commentaires d’après-match :
André Tourigny (entraîneur du Canada) : « C’était dur pour nous de démarrer. Nous avons été solides comme un roc au deuxième tiers et nous avons pris un bon départ en troisième période. Je n’ai pas aimé notre réaction quand on a pris la tête, nous avons un peu reculé au lieu de maintenir la pression, d’aller sur eux, ce qui est notre jeu. Le résultat de ce tournoi renforce nos valeurs. En première période contre la Suisse et ce soir, nous n’avons pas été aussi agressifs que nous aurions dû, ce qui avait fait notre succès en début de tournoi. Nous allons apprendre de ça. Nos joueurs ont travaillé dur. C’est beaucoup de sacrifice de faire tout son chemin et de jouer 10 matches. Émotionnellement, cela a mis un peu de temps en début de tournoi, mais je suis fier de la façon dont les gars se sont liés ensemble. »
photos A. Cardin et M. Zambonin (IIHF)
Suède – Canada 4-2 (1-0, 0-1, 3-1)
Dimanche 26 mai 2024 à l’O2 Arena de Prague. 14 929 spectateurs
Arbitres : Mikko Kaukokari (FIN) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Daniel Hynek et Jiří Ondráček (TCH)
Pénalités : Suède 2′ (2′, 0′, 0′) ; Canada 4′ (0′, 2′, 2′)
Tirs : Suède 33 (7, 9, 17) ; Canada 22 (4, 10, 8)
Évolution du score :
1-0 à 12’05’’ : Grundström assisté de L. Johansson et Dahlin
1-1 à 22’41’’ : Cozens assisté d’Oleksiak et Mangiapane
1-2 à 44’18’’ : Dubois assisté de Hagel et Tavares
2-2 à 49’35’’ : Karlsson assisté de Burakovsky et M. Johansson
3-2 à 53’42’’ : Grundström
4-2 à 59’55’’ : M. Johansson assisté de Brodin et Hedman (cage vide)
Suède
Attaquants :
Marcus Johansson (+2) – Joel Eriksson Ek (-1) – Adrian Kempe
Lucas Raymond (A, +1) – Pontus Holmberg (-1) – Andre Burakovsky (+1)
Victor Olofsson (-1) – Isac Lundeström (+2) – Fabian Zetterlund
Carl Grundström (+1) – Linus Johansson (+1) – Jesper Fröden (+1)
Défenseurs :
Tim Heed (-1, 2′) – Victor Hedman (A, +2)
Erik Karlsson (C, +1) – Marcus Pettersson (+1)
Rasmus Dahlin – Jonas Brodin (+1)
Gardien :
Filip Gustavsson
Remplaçants : Samuel Ersson (G), Lukas Bengtsson (D), Marcus Sörensen (A). Réservistes : Jesper Wallstedt (G), Felix Unger Sörum, Max Friberg (A)
Canada
Attaquants :
Brandon Tanev – Jack McBain – Dawson Mercer
Michael Bunting (+1) – Dylan Cozens – Andrew Mangiapane (+1)
Jared McCann – Nick Paul (-1) – Dylan Guenther
Brandon Hagel (-1) – John Tavares (C, -3) – Pierre-Luc Dubois (-3)
Connor Bedard (-2), Ridly Greig
Défenseurs :
Owen Power (-1) – Colton Parayko (A, -1)
Bowen Byram (-1) – Jamie Oleksiak (-1)
Olen Zellweger – Damon Severson (A, +1, 2′)
Gardien :
Jordan Binnington
Remplaçant : Nicolas Daws (G). Non équipés : Joel Hofer (G), Kaiden Guhle (D, blessé hier en bloquant un tir).