Zurich (champion) : le favori au rendez-vous
Favoris des pronostics sur la ligne de départ, dominateurs en saison régulière, expéditifs dans en quarts de finale puis en demi-finales, les ZSC Lions auront dû en revanche batailler en 7 manches face à Lausanne pour remporter le 10e titre de leur histoire. Au coup de sifflet final, c’est d’ailleurs le soulagement qui semblait l’emporter. Perpétuels candidats au titre, les Zurichois attendaient d’être couronnés depuis 2018 et restaient sur deux affronts consécutifs : la tragique défaite en finale 2022 et la piteuse élimination en quart-de-finale en 2023 (4-0 face à Bienne). Mais cette fois, le décrié Marc Crawford a mené son équipe jusqu’au bout. Assez conservateur dans ses choix – comme dans sa volonté de ne presque rien changer à son alignement en finale même quand celui-ci était en difficulté – Crawford n’a pas été trahi par ses leaders, à l’image d’un Jesper Frödén (22B et 18A en saison régulière mais seulement 1 but en séries avant le match 7) qui se réveille au bon moment en marquant le but décisif ou encore le portier Šimon Hrubec (étincelant en saison régulière : 1,88 buts encaissés et 93,2% d’arrêts) qui répond par deux blanchissages lors des actes V et VII après avoir été pourtant chancelant lors des rencontres précédentes.
Sans véritable point faible et relativement épargné par les blessures, l’effectif de Zurich a été au rendez-vous des attentes. Bien que vieillissante (le top 6 ne compte que des trentenaires), la défense aura été la plus performante de la ligue. En attaque, Denis Malgin (48 points en saison régulière, 14 points en playoffs) et Sven Andrighetto (31 points en 40 matchs puis 14 points en playoffs), parfois raillés pour leur propension à disparaître dans les moments décisifs, ont assumé leur statut. Aux côtés des deux stars, les ZSC Lions ont pu compter sur 5 autres attaquants à plus de 25 points, dont les quatre renforts étrangers (Jesper Frödén, Derek Grant, Rudolfs Balcers et Juho Lammikko). Parmi eux, Derek Grant – 10 années de NHL dans un rôle de joueur de soutien – s’est révélé pour sa capacité à user les défenses par son abnégation dans le slot, notamment en playoffs.
Avec la plupart des joueurs encore sous contrat la saison prochaine, la montée en puissance des jeunes pousses issues des GCK Lions comme l’international autrichien Vinzenz Rohrer (19 ans, 19 points pour la première saison avec le grand club) ou encore Daniil Ustinkov (17 ans et promis à grand avenir) et sa puissance financière (notamment entretenue par les recettes générées par sa nouvelle arène), les ZSC Lions s’annoncent déjà comme candidats à leur propre succession.
Lausanne (2e) : la belle histoire
Après plusieurs années de tourmente, marquées par les polémiques et des dettes « abyssales » (pour reprendre les mots d’avant-saison du président Patrick De Preux) inversement proportionnelles aux résultats, le LHC aspirait en début de saison 2023/24 à redevenir un club respecté et respectable tant pour ses fans que pour les autres clubs de la NL. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’objectif a été plus que dépassé. La saison écoulée a tout simplement été la plus réussie sportivement parlant dans l’histoire de ce club plus que centenaire (fondé en 1922) : le LHC a bouclé la saison régulière à la troisième place et poussé Zurich jusqu’au septième match de la finale, échouant à 60 minutes du titre suprême.
La réussite de Lausanne tient notamment dans le travail de deux hommes. Enfin débarrassé de la présence encombrante de l’ancien propriétaire minoritaire Petr Svoboda, le directeur sportif John Fust a eu les mains libres et s’est attaché à construire une équipe plus équilibrée que ses devancières. Au sein de la phalange importée, les arrivées se sont avérées bien plus qualitatives que les départs qu’elles venaient compenser. Christian Djoos (qui va repartir en Suède) a apporté de la solidité à l’assise défensive, Lawrence Pilut (21 points en saison régulière et 12 en séries) a été le quaterback à la ligne bleue en jeu de puissance qui a tant manqué ses dernières années et Antti Suomela a terminé meilleur marqueur des Vaudois (41 points plus 11 points en séries). Pas autant en réussite pour trouver les filets qu’à Oskarshamn en 2022/23 (37 buts contre 12 avec le LHC), le Finlandais s’est toujours révélé précieux, ne confisquant jamais le palet et ce, même lorsque la réussite le fuyait (5,9% seulement de réussite en saison régulière avec le deuxième plus grand nombre de tirs tentés).
Dernière réussite à mettre au crédit de Fust, le « pari » Connor Hughes devant le filet. Arrivé avec pour seules références une demi-saison en tant que titulaire à Fribourg-Gottéron (du fait de la blessure de Reto Berra), le Canado-Suisse a rapidement conquis la place de titulaire à Ivars Punnenovs. Blessé au genou à la fin et écarté pendant deux mois, Hughes est revenu en trombe en fin de saison (1,73 buts encaissés en moyenne, 94,0% d’arrêts) et a été l’un des grands artisans du parcours du LHC en playoffs (1,91 buts encaissés, 93,3% d’arrêts) au point de taper dans l’œil du Canadien de Montréal. Malgré un contrat encore valable une année, Hughes a signé un contrat à deux volets pour la saison prochaine avec la franchise québécoise et devrait selon toute logique débuter avec le club ferme du Rocket de Laval en AHL. Durant l’absence de Hughes, c’est une autre recrue qui s’est révélée en la personne de Kevin Pasche. Le jeune portier de 20 ans, de retour de deux années en USHL (Omaha Lancers) commencé la saison en brûlant la Swiss League avec Martigny (94,2% d’arrêts en 13 matchs) puis a poursuivi sur sa lancée à l’étage supérieur (92,5% d’arrêts en 20 matchs) au point de pousser Ivars Punnenovs sur le banc puis vers la sortie. Le gardien letton – pourtant au bénéfice d’un contrat de 5 ans signé en 2022 – a quitté les rives du Lac Léman fin janvier pour retrouver celles du Lac de Zurich avec Rapperswil-Jona.
L’autre artisan du succès du club Vaudois est son entraîneur Geoff Ward. Ce dernier avait déjà spectaculairement redressé le LHC la saison passée (et échoué de peu à le qualifier en playoffs) et donné un aperçu de sa science du coaching. Son duel à distance en finale face à Marc Crawford a été homérique, profitant de l’avantage du dernier changement pour choisir méticuleusement ses match-ups ou encore en faisant de Robin Kovács un joker offensif pour les matchs à domicile. Quasi-unanimement loué par ses joueurs, Ward a permis à Damien Riat (18B, 19A, 37P en saison régulière), Ken Jäger (12B, 15A, 27P), Jason Fuchs (32 points en saison régulière et top-scorer du LHC en playoffs) ou encore Tim Bozon (16B, 12A, 28P) de réaliser la saison la plus aboutie de leurs carrières. On notera également les débuts intéressants de Théo Rochette, auteur de 30 points (dont 12 buts) pour sa 1e saison professionnelle.
Fribourg-Gottéron (3e) : printemps sanglant à Saint-Léonard
Seule équipe capable de suivre le rythme imposé par les ZSC Lions en saison régulière, Fribourg-Gottéron rêvait à de grandes ambitions. En effet, tous les signaux étaient au vert. Au niveau collectif, les Dragons ont bouclé la phase de championnat à la seconde place avec un record d’équipe en en termes de points marqués (102). Niveau individuel, Marcus Sörensen a dominé le classement des marqueurs de NL (63 points et un +/- de +30), bien aidé par son compatriote Lucas Wallmark (47 points) qui a retrouvé le plaisir de jouer après un exercice compliqué à Zurich.
Constat également partagé pour Chris DiDomenico (41 points) qui a retrouvé la sérénité à la BCF Arena après une année agitée à Berne . Ryan Gunderson a été le défenseur le plus prolifique de la Ligue (39 points dont 17 en jeu de puissance) et Christoph Bertschy a égalé sa meilleure saison comptable (40 points soit autant qu’en 2020/21 avec Lausanne). Et surtout, après un exercice 2022/23 tronqué par une hernie discale, le dos de Reto Berra a tenu, le portier de Bülach réalisant sa meilleure saison en carrière sur un plan statistique (2,01 buts encaissés, 92,9% d’arrêts).
Mais rien de s’est pas passé comme prévu en séries. Poussés dans leurs retranchements par Lugano en quart de finale, les Dragons sont tombés ensuite de haut en demi-finale face à Lausanne. Défaits en 5 manches, les Fribourgeois se sont montrés incapables de conclure des matchs qu’ils ont pourtant dominés (actes III et IV). Ryan Gunderson (différentiel de -7), Lucas Wallmark (0B, 2A, -7), Chris DiDomenico (1B, 1A, -5) ou encore Marcus Sörensen (2B, 2A, -5) ont été (trop) discrets face au LHC. Enfin, peut-être sursollicité durant la saison (41 titularisations, faute d’une doublure crédible), Reto Berra a été ordinaire lors des matchs décisifs.
Aussi, à l’heure du bilan, celui de Christian Dubé prête forcément à discussion. Depuis 9 ans qu’il est à la barre des Dragons (d’abord en tant que directeur sportif, puis avec la double casquette puis simplement comme coach depuis le 1er mars 2024), le HCFG n’a franchi que 2 séries de playoffs. Alors qu’il lui restait encore 1 an de contrat et que les signaux convergeaient vers son maintien, le vent a brusquement tourné au cours du mois de mai où il a apparemment été lâché par son vestiaire. La direction de Gottéron a annoncé par communiqué de presse que Dubé était relevé de ses fonctions d’entraîneur et remplacé sur une base intérimaire pour 1 an par Patrick Emond en attendant l’arrivée programmée en 2025 de Roger Rönnberg, le temps que ce dernier termine son contrat avec Frölunda. Ainsi, Dubé a été licencié par son ancien assistant devenu son successeur au poste de directeur sportif (Gerd Zenhäusern) et remplacé à la bande par celui qui était son ancien assistant-coach (Patrick Emond). Du côté de Klaus Zaugg (le plus célèbre des journalistes/polémistes alémaniques) on se délecte en n’hésitant pas à parler « drame shakespearien » et même de « régicide ». De quoi inspirer les scénaristes de la série House of the Dragon ?
Zoug (4e) : en déclin
Champion en 2021 et 2022, l’EVZ a vu saison s’arrêter en demi-finale face au futur champion. Comme l’année passée au même stade de la compétition (face à Genève-Servette), Zoug est apparu à court d’arguments face à Zurich, ne marquant que 4 buts en 4 matchs. Certes, il aura manqué Grégory Hofmann (touché au pied avec la sélection nationale en février) et Brian O’Neill (sévèrement touché aux cervicales en décembre et revenu pour le match 3 des demi-finales), mais les leaders supposés – notamment étrangers – n’ont pas su prendre le relais de Lino Martschini (41 points dont 22 buts en saison régulière), Fabrice Herzog (34 points dont 18 buts en saison régulière et 9 points en 11 matchs de séries) ou encore Dario Simion (23 points mais 16 buts après un lent début de saison) qui auront tenu leur rang tant en saison régulière qu’en quart-de-finale face à Berne.
La saison de Leonardo Genoni est aussi à classer du côté des satisfactions. Après un exercice 2023/23 compliqué, le portier de 36 ans est revenu dans ses standards (91,9% d’arrêts), sans doute car moins sollicité qu’à l’accoutumée (32 départs, soit son plus bas total depuis dix ans). On notera également les débuts intéressants des rookies Attilio Biasca (21 ans, 15 points dont 10 buts) et du défenseur Leon Muggli (17 ans, 42 matchs, 12 points et un différentiel +13).
Du côté du contingent importé, Jan Kovář a livré sa plus petite saison comptable depuis qu’il porte le maillot zougois (depuis 2019) avec seulement 9 buts et 18 assistances soit 28 points (contre 50 en 2022/23). Le Tchèque a ensuite livré des playoffs insipides (1 but, 5 passes et un +/- de -3). « Promu » de Langnau à Zoug, l’international allemand Marc Michaelis a livré une saison correcte (37 points en 50 matchs) avant de s’éteindre lui aussi en séries (6 points en 11 matchs, différentiel de -1). Ayant peu goûté la pression de rendement mise spécifiquement sur les étrangers en Suisse, il n’honorera d’ailleurs pas sa seconde année de contrat pour retrouver Mannheim. Si Lukas Bengtsson a su faire oublier Christian Djoos (parti à Lausanne) au point d’être prolongé 2 ans, Andreas Wingerli n’a en revanche pas vraiment convaincu (20 points en 49 matchs).
Chose inhabituelle, le club de Suisse Centrale a même été tancé dans la presse alémanique. L’ancien Juge Unique Reto Steinmann (qui exerce la profession d’avocat à Zoug) et a ainsi pointé du doigt dans le Zuger Zeitung la gestion du président zougois Hans-Peter Strebel et notamment le coût d’utilisation du centre sportif OYM (également propriété de Strebel) par l’EVZ. Steinmann parle d’une dépense de « trois millions de francs suisses par an » et conclut que « l’OYM prive l’EVZ des ressources nécessaires pour se reconstruire en candidat au titre, notamment aux postes étrangers ».
Berne (5e) : Berne, ton univers impitoyable
Septième coach du CP Berne depuis 2019, Jussi Tapola devait inaugurer nouveau cycle pour les Ours et apporter de la stabilité à la bande après les expérimentations ratées Don Nachbaur, Johan Lundskog ou Toni Söderholm. Sauf que le vainqueur de la CHL 2022/23 avec Tappara Tampere est un choix du directeur sportif Andrew Ebbett (lui-même recruté par l’ancien CEO Raeto Raffainer) qui a été licencié en cours de saison par Marc Lüthi, sorte de J.R. Ewing local. Autant dire que l’échec était interdit pour Tapola. Sauf qu’en s’inclinant en quart-de-finale face à Zoug et en optant notamment pour un changement tactique discutable (en titularisant Reideborn devant le filet au match VII en lieu et place de Wüthrich pourtant auteur d’un blanchissage au match VI, se privant de fait d’une licence étrangère supplémentaire parmi les joueurs de champ), le technicien finlandais serait déjà sur un siège éjectable si l’on en croit le journal NZZ (qui avançait le nom de Ron Wilson pour le remplacer). Marc Lüthi s’est empressé de démentir l’information quelques jours plus tard dans le Berner Zeitung. Rappelons que l’année passée, le boss du CPB avait d’abord affirmé sa confiance à Raeto Raffainer dans la presse avant de lui montrer la sortie quelques semaines plus tard…
Pourtant, Tapola ne pourrait être tenu pour seul responsable de l’échec du SCB, notamment parce qu’il a hérité d’un effectif qu’il n’a pas totalement construit. Et comme lors des années précédentes, le recrutement des imports n’a pas répondu aux attentes. Marc Lüthi ne s’en cache pas « Nous avions des joueurs qui ne méritaient pas le qualificatif d’étrangers. Point final. » Arrivé avec des références (0,8 pt/match en 9 saisons d’AHL) Martin Frk s’est rapidement trouvé surnuméraire (seulement 11 matchs joués) au point d’être transféré à Rapperswil-Jona Lakers. Autre joueur signé avec un certain pédigrée (1e tour de draft NHL), Julius Honka n’a pas convaincu et a même été prêté un temps à Genève-Servette avant de revenir dans la capitale fédérale. En perdition à Bienne (18 matchs et un différentiel de -8), Ville Pokka a débarqué en cours d’hiver à la PostFinance Arena sans pour autant retrouver son allant. Réputé fiable dans les deux sens de la patinoire, le centre canadien Corban Knight boucle la saison avec seulement 25 points et un différentiel atroce de -20. Gêné par les blessures, Colton Sceviour a été limité à 20 matchs (5 points) mais a été parmi les meilleurs Bernois en playoffs (4 points en 7 matchs).
Au final, seuls Dominik Kahun (50 points en 52 matchs) et Patrik Nemeth ont répondu présents… en saison régulière tout du moins. L’international allemand a été aux abonnés absents en quart de finale face à Zoug (1 point et -6), tandis que le défenseur suédois a reçu deux matchs de suspension au pire moment. Enfin, devant le filet, Adam Reideborn a bien commencé la saison avant de rentrer dans le rang et n’a pas du tout été décisif en playoffs, loin de là (85,9% d’arrêts). Par les licences étrangères, seuls Kahun, Nemeth et Reideborn seront d’ailleurs de retour à la rentrée.
Chez les joueurs suisses (ou à licence suisse), après deux saisons difficiles, les jeunes Marco Lehmann (25 ans, 32 points) et Benjamin Baumgartner (23 ans, 31 points) ont mené l’attaque et réalisé leurs records de points, venant compenser les exercices ternes des supposés leaders Joël Vermin (26 points mais un 0 pointé en playoffs) ou Simon Moser (16 points et un différentiel de -8). En défense, les internationaux Ramon Untersander et Romain Loeffel apportent toujours leur écot en attaque (respectivement 31 et 26 points) mais présentent des différentiels négatifs (respectivement -7 et -4). Pour son retour dans son club formateur, Samuel Kreis a lui aussi connu un exercice compliqué (avec un bilan de -13).
Autre sujet de discussion à Berne, celui du traitement et de l’intégration des jeunes joueurs formés au club. Depuis des années, le CPB s’est fait la spécialité de former des joueurs de qualité (André Heim, Yannick Burren, Marco Müller pour ne citer qu’eux) partis faire le bonheur de concurrents faute d’avoir pu être intégrés à l’équipe première. En mal de temps de jeu, Mika Henauer s’est ainsi exilé en cours de saison à Kloten et rejoindra Rappi la saison prochaine. L’international Joshua Fahrni (21 ans) a quant à lui commit « l’affront » de signer pour le rival cantonal Langnau pour les deux prochaines saisons. Enfin, poussé sur le banc par l’arrivée de Reideborn, le gardien Philip Wüthrich (26 ans) est à la croisée des chemins au point qu’un transfert à Kloten a même été évoqué. Notons tout de même les débuts intéressants du rookie Thierry Schild (19 ans, 9 points en 43 matchs) et la confirmation du « plus tout à fait jeune » Thierry Bader (26 ans, 19 points dont 10 buts).
Davos (6e) : première réussie pour Josh Holden
Malgré l’élimination en quart-de-finale face à Lausanne, la première année de Josh Holden à la bande peut être considérée comme une réussite. Arrivé pour entamer un nouveau cycle après celui initié par Chistian Wohlwend, Holden – ancien joueur puis assistant de Dan Tangnes à Zoug – a atteint les deux objectifs principaux qui lui avaient été assignés. Tout d’abord, le HC Davos a mis fin à 12 ans de disette en remportant « sa » Coupe Spengler (HockeyArchives était présent à l’événement, vous pouvez revivre les demi-finales ici et la finale là) avec la manière. Puis le club des Grisons a réussi à obtenir une qualification directe pour les playoffs en obtenant la 6e place de la saison régulière. En séries, le HCD, décimé par les blessures (Simon Knak, Raphael Prassl, Rico Gredig puis encore Dennis Rasmussen, Kristian Näkyvä et Valentin Nussbaumer) mais porté à bout de bras par les exploits de son portier Sandro Aeschlimann a poussé Lausanne jusqu’au 7e match avant de céder.
Côté individualités Matěj Stránský a réalisé une 3e saison de plus de 40 points (41), mais comme l’an passé, le Tchèque a disparu en séries éliminatoires avec 2 petits points. À seulement 23 ans, Valentin Nussbaumer a littéralement explosé cette saison. Ses 21 buts sont le deuxième meilleur total parmi les Suisses (derrière les 22 réalisations de Lino Martschini de Zoug). L’ancien junior de Bienne s’est également illustré en playoffs (3 buts et 3 assistances) avant de tomber au combat et de manquer l’acte VII décisif. Pour sa troisième saison au HCD, Dominik Egli a comptabilisé 35 points, ce qui fait de lui le meilleur compteur parmi les défenseurs helvétiques. Son départ vers Frölunda pour les deux saisons à venir va d’ailleurs laisser un vide quasi-impossible à combler. Andres Ambühl (40 ans) est resté performant en saison régulière (22 points) mais a connu des playoffs compliqués (2 points, -5). La saison 2023/24 aura été en revanche difficile pour Enzo Corvi, passé de 40 à 21 points.
Concernant les étrangers, Klas Dahlbeck, jusque-là réputé pour être un défenseur stay-at-home a quasi-doublé sa production offensive (de 14 à 26 points dont 7 buts) tout obtenant un différentiel record de +30. Joakim Nordström a quant à lui réalisé une saison dans la lignée de la précédente (34 points). Leon Bristedt a été discret en saison régulière (25 points) puis a haussé le ton en playoffs (6 points dont 4 buts mais un différentiel de -5). Dennis Rasmussen aura une connu toute une Coupe Spengler (7 points en 4 rencontres), éclaircie dans une saison un peu terne (28 points). Repartis en Suède, ni Bristedt ni Rasmussen ne porteront le maillot davosien à la rentrée.
Devant les filets, Sandro Aeschlimann a de nouveau brillé (2,06 buts encaissés/matchs, 93,0% d’arrêts) et a écœuré les Lausannois pendant 5 matchs avant d’être abandonné par sa défense au match 6 et ne pouvoir empêcher l’inéluctable au match 7.
Lugano (7e) : les années se suivent et se ressemblent
Pour la troisième année de suite, Lugano réalise une saison décevante (9e, 10e puis 7e), se qualifie en pré-playoffs/play-in, passe l’obstacle avant de buter en quart-de-finale. Il faut ainsi remonter à la saison 2017/18 (finale perdue face à Berne) pour voir le HCL franchir au moins un tour de playoffs.
Comme souvent, et au regard de leur importance dans les effectifs de National League, c’est du côté de la phalange importée que l’on s’intéresse en premier lieu au moment de faire le bilan. Touché au ligament latéral interne du genou gauche en décembre, Markus Granlund a vu sa saison s’arrêter après 20 matchs. Auteur de 37 points en saison régulière mais muet en séries, Mark Arcobello (35 ans) semble sur le déclin. Arttu Ruotsalainen (seulement 5 buts et 14 points au sortir d’une saison à 18 buts et 42 points avec Kloten), Joey LaLeggia (poussé en tribunes en playoffs par l’arrivée de Matt Tennyson) et surtout Mikko Koskinen ont déçu. le portier finlandais termine son séjour dans le Tessin (et peut-être même sa carrière !) avec un pourcentage d’arrêt à tout juste 90,0%. Plus qu’ordinaire en playoffs (88,0%), il a été relégué sur le banc par Niklas Schlegel, de retour durant le quart-de-finale après deux mois d’absence pour soigner une blessure. Ce dernier, étincelant face à Fribourg-Gottéron (93,9% d’arrêts) a failli qualifier (presque) à lui tout seul le HCL pour les demi-finales.
Arrivés en cours ou en fin de saison, Mario Kempe (13 matchs et 2 buts), John Quenneville (10 points en 20 matchs de saison régulière, 2 matchs et 31 minutes de pénalité en séries) et Matt Tennyson n’auront pas permis de changer la destinée du club tessinois. Poussif en début de saison, Michael Joly s’est avéré être une bonne surprise (48 points dont 20 buts), tandis que Daniel Carr (encore limité par les blessures) a porté le HCL sur ses épaules en playoffs (5 buts en 9 matchs) par sa hargne et sa détermination.
Côté suisse, Calvin Thürkauf a réalisé une saison de MVP (60 points et +26) avant de disparaître en playoffs (1 but en 9 matchs), tout comme Luca Fazzini (33 points en saison régulière, 4 en playoffs). Sur la longueur du quart-de-finale, l’effectif luganais s’est révélé en souffrance en termes de profondeur car Calle Andersson (0 point, -5), Marco Müller (2 buts mais -5) ainsi que les jeunes Matthew Verboon (-3) et Cole Cormier (-4) terminent avec des bilans négatifs.
Bienne (8e) : l’échec Petri Matikainen
Avec un effectif quasi-inchangé par rapport à l’équipe finaliste en 2022/23, le HCB pouvait légitimement ambitionner de regarder vers le haut du classement. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Après un début de saison honnête, Bienne a plongé, concédant 9 défaites en 10 matchs entre le 26 septembre et le 24 octobre. Le club seelandais a réussi à juguler la crise et maintenu la confiance en son coach Petri Matikainen, presque contre vents et marées, alors que le style de l’entraîneur – volcanique pour ne pas dire martial (capable de sermonner ses joueurs pendant 50 minutes après une défaite face à Langnau) – semblait contesté de toutes parts. Les dirigeants ont même dû défendre publiquement leur entraîneur après une interview de l’ancien coach Antti Törmänen (qui s’est mis en retrait pour soigner un cancer) resté dans l’entourage du HCB comme scout et qui déplorait ne plus avoir accès au vestiaire.
Le HCB a semblé aller mieux en 2024, cumulant 9 victoires pour 3 défaites en janvier. Hélas, après 4 défaites en 5 matchs et une 11e place au classement, le directeur sportif Martin Steinegger doit se résoudre à démettre Matikainen de ses fonctions. Le fameux « choc psychologique » fonctionne, Bienne marque 7 points lors de ses 3 derniers matchs et remonte jusqu’à la 9e place. Capitalisant sur ce momentum, le HCB se venge du résultat de la finale perdue l’année dernière en écartant Genève-Servette, puis continue sur sa lancée en disposant d’Ambrì-Piotta avant de tomber en 4 rencontres en quart-de-finale face aux ZSC Lions.
Reste que l’échec Petri Matikainen derrière le banc ne serait être la seule explication à la faillite des Biennois. Ils auront également payé un lourd tribut aux blessures, puisque seuls Jere Sallinen et Robin Grossmann auront disputé les 52 matchs de la saison. Enfin, l’équipe a semblé en fin de cycle et la situation de contractuelle de certains aura peut-être joué dans les têtes. Ainsi, il est acquis que Yannick Rathgeb (Fribourg-Gottéron), Tino Kessler (Davos), Mike Künzle (Zoug), Luca Hischier (Genève-Servette), Jesper Olofsson (MoDo, SHL), Joren van Pottelberghe (Lugano) et Beat Forster (retraite) ne porteront plus le maillot de Bienne pour l’exercice à venir. Pour ce qui est du coach, après avoir été au cœur de la rumeur, la piste du sélectionneur de la Finlande Jukka Jalonen s’est progressivement étiolée jusqu’à ce que Martin Filander (depuis 4 ans à Oskarshamn) soit officiellement intronisé comme entraîneur principal pour les deux exercices à venir.
Ambrì-Piotta (9e) : les Tessinois sont à leur place
Après avoir échoué à rejoindre les play-in en 2022/23, les Léventins ont atteint leur objectif cette année avec une 8e place en saison régulière, mais leur incapacité à élever leur niveau de jeu pour rejoindre les séries laisse un goût d’inachevé. Ambrì-Piotta a ainsi laissé filer une avance de 4-0 à domicile au match aller face au rival Lugano lors 1e tour puis n’a pas su profiter de l’avantage de la glace au second tour après avoir pourtant obtenu le match nul à Bienne. Les Tessinois n’auront également pas été capable de récréer la « magie » de la Coupe Spengler 2022 et ont abandonné leur couronne dans le tournoi Grison.
Le Tchèque Michael Špaček a encore réalisé une saison de 50 points avant de disparaître en play-in (0 point et -5 en 4 matchs). Il devance Laurent Dauphin au classement des pointeurs. Le Québécois présente une fiche statistique honnête pour une première saison en dehors de l’Amérique du Nord (38 points). Reste que son bilan est altéré par sa charge horrible (et heureusement sans conséquences) sur Tyler Moy de Rapperswil-Jona un soir d’octobre qui lui vaudra (seulement) 4 matchs de suspension et une image ternie. En défense, Tim Heed et Jesse Virtanen ont une nouvelle fait le job mais manquent de soutient dans les autres paires défensives. Les leaders suisses que sont Dario Bürgler (de 42 à 29 points) et Inti Pestoni (de 42 à 31 points) ont en revanche ralenti. Au rayon des déceptions, André Heim a eu du mal à retrouver le rythme (5 buts et 12 assistances) après une tentative infructueuse à Saint-Louis.
Le tableau global de la saison des Léventins n’est pas totalement sombre. Le manque de profondeur de l’effectif a obligé le coach Luca Cereda à faire confiance à des jeunes et plusieurs se sont révélés. Rocco Pezzullo (23 ans) s’est retrouvé le défenseur Suisse le plus utilisé. En attaque, le Transalpin Tommaso De Luca (19 ans) a marqué 11 buts pour sa première saison professionnelle. Manix Landry (21 ans), le fils de l’assistant-coach Éric Landry, a également marqué ses premiers buts professionnels (6 en saison régulière et 2 au play-in).
Genève-Servette (10e) : le champion est tombé (de haut)
Champion en titre, Genève-Servette perd sa couronne moins d’1 an plus tard sans même se qualifier pour les playoffs. Comment en est-on arrivé là ? Tout d’abord, les Aigles ont manqué leur début de saison comme en témoignent les 3 gifles reçues lors des 6 premiers matchs de la saison (6-1 à Lausanne, 7-1 à Fribourg puis 7-2 à Davos). Englués rapidement dans le ventre-mou classement, les Grenats n’ont jamais su enclencher une spirale positive de victoires. On peut aussi ajouter la fatigue physique et mentale générée par les joutes continentales (13 matchs de CHL). Après l’obtention du titre européen, les Grenats sont apparus usés. En championnat, les Genevois n’ont pas su reproduire ce qu’ils arrivaient à faire la saison passée ou même en CHL (face à Munich ou en demi-finale face à Rauma), à savoir retourner une situation ou tout moins se donner le moyen de gagner une rencontre même en n’étant pas forcément dans un grand soir.
Mais le parcours en CHL ne saurait masquer les défaillances individuelles et collectives. Ainsi, avec un effectif au moins aussi talentueux que la saison passée, le GSHC a marqué 45 buts de moins et en a encaissé 15 de plus. Patron de la défense pendant 6 ans, Henrik Tömmernes n’a pas été remplacé. Theodor Lennström a été souvent blessé (seulement 17 matchs joués). Arrivé en prêt de Berne, Julius Honka n’a pas fait l’unanimité et a fini par repartir dans la capitale fédérale. De même, l’arrivée surprise de Tim Berni (sans contrat après son passage à Columbus et attendu du côté de Zurich) n’a pas donné l’assise défensive espérée.
En attaque, Teemu Hartikainen a semblé s’ennuyer des passes de Linus Omark. Le Finlandais est ainsi passé de 28 à 8 « petits » buts. Sakari Manninen (18 buts, 23 assistances), n’a pas su reproduire l’alchimie qu’entretenait Hartikainen avec Omark, ni même les fulgurances du fantasque Suédois. Hartikainen n’est pas le seul à avoir vu sa production se replier : Valtteri Filppula est passé de 51 à 33 points, Daniel Winnik (limité à 36 matchs) de 46 à 13 points, Vincent Praplan de 36 à 23 points, Tanner Richard (limité à 31 matchs) de 30 à 14 points, ou encore Marco Miranda passé de 19 à 8 points.
L’autre faillite du GSHC s’est trouvée devant les poteaux. Fantastique la saison passée, Robert Mayer a sombré corps et âme en 2023/24. Son pourcentage d’arrêts a chuté de 91,3% en saison régulière à 86,9% tout en encaissant en moyenne 1,2 but de plus par match. Gauthier Descloux n’a pas eu la confiance de Jan Cadieux et s’est même retrouvé troisième gardien après l’arrivée de Jussi Olkinuora en décembre. Le cerbère finlandais, débarqué aux Vernets en décembre a été l’un des grands artisans du sacre en CHL mais laisse un goût d’inachevé en championnat (2,72 buts encaissés et 90,3% d’arrêts).
Les grandes manœuvres ont débuté au bout du Lac Léman puisque Valtteri Filppula, Daniel Winnik, Jussi Olkinuora et Eliot Berthon (retraite) sont officiellement partants. Luca Hischier (Bienne) et Michael Špaček (Ambrì-Piotta) seront grenats la saison prochaine. De même que Markus Granlund (Lugano). Le Finlandais retrouvera ses compatriotes et anciens coéquipiers à Ufa Teemu Hartikainen et Sakari Manninen, tous deux prolongés pour une année supplémentaire.
Langnau (11e) : à 3 points du play-in
Après plusieurs années de vaches maigres, les Emmentalois de Langnau avaient montré des signes d’amélioration lors de l’exercice précédent. Cette tendance a été confirmée en 2023/24 puisque Langnau est resté loin du playout tout en se mêlant jusqu’à la fin de la saison pour une place en play-in. Place qu’ils ne manqueront que pour 3 petits points…
Les Tigers se sont appuyés sur leur colonne finlandaise avec Aleksi Saarela (41 points), Vili Saarijärvi (37 points et 3e meilleur compteur de NL parmi les défenseurs), Harri Pesonen (23 points), Saku Mäenalanen (20 points) ou encore le défenseur Juuso Riikola (17 points).
Mais ne regarder les résultats de Langnau qu’à l’aune du rendement de ses imports n’en serait que réducteur. En effet, la saison encourageante des SCL Tigers doit également beaucoup à la production de Julian Schmutz, auteur de 21 buts (et 38 points, soit de loin sa meilleure saison en NL en carrière) ainsi qu’aux performances du duo Stéphane Charlin – Luca Boltshauser devant le filet. Agé de 23 ans, Charlin s’est extrait de son rôle de back-up et aura finalement disputé plus de rencontres (30) que Boltshauser (24) et présente le quatrième meilleur pourcentage d’arrêts de la ligue (91,9%).
Rapperswil-Jona (12e) : l’infirmerie n’aura jamais désempli
Équipe surprise ces deux dernières saisons régulières (5e puis 3e avant d’échouer à chaque fois en quart-de-finale), Rapperswil-Jona a fortement régressé cette année au point d’être exclu des séries. Après avoir présenté un bilan équilibré pendant le premier mois de compétition, les Lakers ont ensuite glissé irrémédiablement vers le bas du classement avec notamment un passage très difficile en novembre/décembre (3 victoires pour 9 défaites).
L’attaque des Saint-Gallois, si dynamique en 2022/23 (183 buts), a fondu comme neige au soleil (126 buts marqués) et n’a pas été compensée par la défense (151 buts encaissés en 2023/24 contre 133 un an plus tôt). Double meilleur scoreur de la NL, le Tchèque Roman Červenka a vu sa production chuter (40 points contre respectivement 59 et 64 points les deux saisons précédentes). Il en est de même pour Tyler Moy (36 points et un différentiel de -17) qui n’a pas su rééditer sa saison 2022/23 record (51 points). Ni Jordan Schroeder (21 points dont seulement 3 buts en 48 matchs et -19 au +/-), ni Nicklas Jensen (20 points en 37 rencontres et -19) ni Martin Frk (9 points en 22 rencontres après son transfert de Berne) n’auront pu assurer le relai à l’offensive.
À la décharge de Rapperswil-Jona, l’équipe aura payé un très lourd tribut aux blessures. Recrues phares du mercato, Brett Connolly (limité à 9 matchs) et Victor Rask (seulement 24 matchs pour 8 petits points) auront rapidement été mis hors de combat. À la défensive, les deux imports que sont Maxim Noreau et Emil Djuse auront également manqué chacun près d’un tiers de la saison. Au final, seul le gardien Melvin Nyffeler, qui reste dans ses standards (2,5 buts encaissés par match et 91,3% d’arrêts) peut être épargné de ce triste bilan.
Kloten (13e) : en repli
Avant-derniers, les Aviateurs n’ont pas su rééditer leur belle saison 2022/23 (9e) pour leur retour parmi l’élite. Rapidement décrochés au classement (seulement 6 victoires après 20 matchs), les Zurichois n’ont pas su redresser la barre et ont erré dans bas-fonds du classement, conduisant au renvoi de l’entraîneur Gerry Fleming le 19 novembre, d’abord remplacé par le directeur sportif Larry Mitchell. c’est finalement Stefan Mair qui a terminé à la bande sans avoir pu inverser la trajectoire (3 victoires en 11 matchs pour l’ancien sélectionneur de l’Italie).
Tous les leaders de l’EHCK ont livré une saison un cran (voire deux pour certains) en dessous de leur précédent exercice. Devant le filet, Juha Metsola termine avec 90,1% d’arrêts et la moyenne de buts encaissée la plus élevée parmi les gardiens titulaires (3,2). Les leaders offensifs Miro Aaltonen et Jonathan Ang ont vu leur production chuter drastiquement, respectivement de 49 à 23 points et de 49 à 29 points. Ni Niko Ojamäki (19 points dont seulement 5 buts et le plus mauvais +/- de la ligue avec -27) ni Tyler Morley (23 points) n’ont pu prendre le relais offensivement et combler le vide laissé par Arttu Ruotsalainen (18 buts l’an passé et parti à Lugano). Globalement, Kloten a marqué 32 buts de moins que l’an passé (108 contre 140) tout en encaissant presque autant de buts (177 contre 173).
En défense, le prêt de David Reinbacher (drafté en 5e position par Montréal l’été précédent) n’a pas eu l’effet escompté. Le jeune Autrichien a été gêné par les blessures (seulement 35 rencontres disputées) et les changements de coach et a rendu un bilan comptable pour le moins terne (1 but et 10 assistances) avant de repartir en Amérique du Nord avec le Rocket de Laval. Arrivé en remplacement de Lucas Ekeståhl Jonsson (écarté fin octobre), Nathan Beaulieu – l’ancien choix de première ronde de Montréal en 2011 – n’aura pas laissé un souvenir impérissable dans la banlieue zurichoise. Quelques signes de satisfaction tout de même pour Kloten, avec l’explosion d’Axel Simic (auteur de 18 buts) ou encore les 10 buts marqués par le jeune Keanu Derungs (21 ans).
Ajoie (14e) : derniers… encore
Dernier pour la troisième saison de suite, Ajoie n’est pas parvenu à se débarrasser de son bonnet d’âne qui lui colle au crâne depuis son retour dans l’Elite. Malgré un effectif quantitativement et qualitativement amélioré par rapport aux exercices précédents, le HCA a fait comptablement moins bien que la saison passée (39 points contre 48). Paradoxalement, les Jurassiens se sont montrés aussi plus compétitifs, concédant 14 défaites d’un but.
Il manque encore au HCA du talent et de la profondeur pour faire la décision sur 60 minutes, notamment au niveau du contingent suisse (une constante pour les équipes de bas de tableau) où aucun joueur n’a atteint la barre des 10 buts (le meilleur étant Thibaut Frossard avec 9). Du côté des étrangers, Daniel Audette s’est bien relancé en Ajoie (38 points en 51 matchs mais un différentiel atroce de -23) après son exercice compliqué avec Lausanne et termine meilleur scoreur ajoulot devant Jonathan Hazen (35 points) et le Suédois Dmytro Timashov, arrivé en cours d’exercice (20 points en 35 matchs). Surprenant en 2022/2023 (45 points dont 16 buts), le défenseur T.J. Brennan a vu chuter sa production et son influence sur le jeu (19 points dont 4 buts). Enfin, au club depuis 10 ans, Philip-Michaël Devos a connu un exercice très compliqué avec un rendement statistique insuffisant (13 points dont 4 buts en 37 rencontres) pour un attaquant étranger de NL.
Notons que grâce au dénouement de la Swiss League – la finale opposant La Chaux-de-Fonds qui avait vu son dossier de candidature à la NL rejeté et les GCK Lions qui n’ont pas l’ambition d’être promus – le HCA s’est épargné une série de playout face à Kloten voire un barrage de promotion-relégation comme ce fut le cas l’année précédente. On notera d’ailleurs que les ennemis d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui : le HCA ne s’est ainsi pas fait prier de renforcer le HCC, son ancien adversaire, en lui prêtant plusieurs joueurs (Bastien Pouilly et Steven Macquat) pour indirectement barrer la route aux seuls candidats potentiels à la promotion à savoir Viège et Olten.
Si l’on doit retenir un autre point positif de la saison d’Ajoie, c’est que cette fois l’entraîneur qui a commencé la saison est celui qui l’a finie. Le volcanique Christian Wohlwend s’est dans l’ensemble bien tenu sur la saison si on excepte un pétage de plombs en règle à base d’insultes et de moqueries en direction de Christian Dubé (Fribourg-Gottéron) capté par les caméras de télévision un soir d’octobre. L’ancien technicien de Davos a été confirmé à la bande pour l’exercice à venir et les rumeurs (et confirmations) vont bon train du côté de Porrentruy.
Ainsi, le HCA semble tourner le dos à sa « tradition » québécoise (Daniel Audette, Frédérik Gauthier, Guillaume Asselin et Eric Gelinas sont annoncés partants) pour activer la filière finlandaise puisque Jerry Turkulainen, (JYP), Julius Nättinen (ex-Ambrì-Piotta) et Oula Palve (Ilves) seront ajoulots à la rentrée
Swiss League : la Chaux-de-Fonds réalise le doublé
À l’étage inférieur, la Chaux-de-Fonds réalise le back-to-back. Moins dominateurs que l’an passé – le titre de 2023 ayant coûté très cher aux finances du club – les Neuchâtelois auront « géré » la saison régulière (terminée en tête ex-aequo avec Bâle) avant d’accélérer en playoffs en disposant de Winterthour (4 victoies à 1), de Viège (4-0) et des GCK Lions (4-1). Faute d’infrastructures dignes de la National League (une nouvelle enceinte est prévue pour 2028), le HCC est condamné à la Swiss League… au plus grand bonheur des « petits » clubs de l’élite. Faute de candidats à la montée, Kloten et Ajoie, les cancres de la National League, ont été dispensés de playout et par extension du risque associé à un de barrage de promotion/rélégation (on rappelle qu’Ajoie avait souffert le martyr face au HCC l’année passée pour conserver sa place dans l’élite). Ce qui leur laisse une année de plus pour se structurer et creuser un peu plus l’écart entre les deux divisions…
Candidats déclarés à la National League, Olten et Viège se sont une nouvelle fois pris les pieds dans le tapis. à un moment mal embarqué en championnat, l’EHCO a même remplacé Lars Leuenberger par Gary Sheehan à la bande au printemps, mais les Soleurois sont tombés face à la jeune garde zurichoise des GCK Lions en demi-finale. Sur le coup de l’émotion (et pour attirer sur la situation préoccupante de la Swiss League), le président du club Marc Thommen avait même déclaré envisager une relégation volontaire avant de se raviser. Du côté de Viège, les saisons se suivent et se ressemblent. Malgré des moyens importants et la présence de Heinz Elhers à la bande (« spécialiste » de la promotion), les Hauts-Valaisans ont encore déçu. Qualifiés pour les playoffs lors de la toute dernière journée de championnat, les Viégeois ont réussi à surprendre Bâle en quart-de-finale (4-1) avant d’être brutalement rappelés à la réalité en étant balayés en demi-finale par la Chaux-de-Fonds.
La belle histoire de la saison est pour les GCK Lions, le club ferme des ZSC Lions. Tradionnellement habitués aux bas-fonds du classement et à l’indifférence quasi généralisée (217 spectateurs de moyenne par match à domicile), les Lionceaux zurichois se sont hissés jusqu’en finale, ce qui n’était plus arrivé depuis… 1997 (le club s’appelait encore Grasshopper Club Zürich). Lorsque l’on connaît l’importance des GCK Lions dans la pyramide de formation zurichoise (13 joueurs de l’effectif champion cette année sont passés par Küsnacht), l’avenir s’annonce radieux de côté de Zurich.
Dans le bas du classement, Winterthour s’est qualifié en séries pour la première fois depuis sa promotion en Swiss League (en 2015) mais sa situation financière reste précaire. Néanmoins, les dirigeants de l’EHCW semblent vouloir inscrire le club dans la durée en SL. En sursis perpétuel depuis leur création, les ex-Ticino Rockets devenus Bellinzona Rockets vont encore changer de nom (il faudrait dorénavant compter avec les Bellinzona Snakes) et d’actionnaires. La fin du partenariat avec Langnau s’est traduit par la rapprochement avec le GDT Bellinzona qui évoluait en MyHockey League, le club d’Ambrì-Piotta restant actionnaire de la structure.
Longtemps dans la course aux playoffs, les promus valaisans de Martigny ont manqué le train des playoffs lors de la dernière journée de championnat, la faute à une défaite fatale face au cancre de la Ligue, les Bellinzona Rockets. L’amertume de l’élimination a peine retombée qu’une autre mauvaise nouvelle est tombée sur le HCVM. Faute d’infrastructure compatibles avec le monde professionnel (comprendre une nouvelle patinoire), de soutien populaire (1131 spectateurs de moyenne mais seulement 350 abonnés) et du fait de recettes largement insuffisantes (le président Patrick Polli a ainsi parlé d’une perte de plus d’1 million de Francs Suisses pour un budget annoncé de 2,7 millions), les dirigeants ont dû se résoudre à demander une rétrogradation volontaire en MHL, à peine 1 an après l’avoir quittée.
Lueur d’espoir dans la grisaille de la Swiss League, Coire, le champion de MHL, va être promu. Le club grison – avec les frères Von Arx (légendes du club rival cantonal de Davos) à la bande et le soutien de Langnau – va ainsi retrouver le hockey professionnel pour la première fois depuis 2008.
Illustrations de Pierre Maillard (P.m_photos)
Voir aussi la saison suisse détaillée et commentée.
