La coupe Stanley est dans la patinoire : les Panthers de Floride vont-ils soulever dès ce soir le premier trophée de leur histoire ? Il leur faudra tout d’abord résister aux Oilers d’Edmonton, revanchards dans leur antre. Un 3-0 ne se remonte quasiment jamais, particulièrement en finale. On ne compte qu’un seul miracle : le renversement des Red Wings de Detroit par les Maple Leafs de Toronto en 1942. Une éternité…
Edmonton entame fort avec une première grosse occasion après dix-sept secondes. Matthias Ekholm allume en tête de cercle et Bobrovsky tient le palet, sans rebond alors qu’Adam Henrique était seul devant lui.
Florida prend ensuite le contrôle avec des lancers de Sam Bennett puis de Gustav Forsling, profitant du fait que Philipp Broberg n’a plus de crosse. Vladimir Tarasenko enchaîne suite à un renversement de jeu. Un tir lors d’une pénalité différée car Darnell Nurse a touché Bennett au genou : cinq minutes sont appelées et vérifiées à la vidéo, pendant que le joueur des Panthers rentre au vestiaire. Les officiels, après consultation des images, abaissent la sanction à deux minutes.
Avec seulement 1/9 en supériorité dans la série, Florida n’a pas vraiment dominé le jeu dans cet exercice. Edmonton a tué 93,1% de ses pénalités dans ces playoffs… Carter Verhaeghe obtient un premier tir du cercle gauche. Stuart Skinner est alors sauvé par sa barre puis son poteau devant des essais de Matthew Tkachuk et Sam Reinhart ! Le dégagement lance ses équipiers en deux-contre-un. Connor Brown fixe Bobrovsky jusqu’à la ligne de fond et profite d’un gardien au sol pour servir Matthias Janmark dans la zone bleue, cage déserte (1-0). La pénalité s’achève peu après ce but en infériorité numérique.
Le public est en feu, et sur une percée de Connor McDavid, l’enthousiasme encore plus : surnombre des Panthers. Les Oilers sont à 0/10 dans la série, un point majeur de l’histoire de ces trois premiers matchs. Le jeu peine à se développer, mais obtient tout de même deux chances de Léon Draisaitl sur le côté droit, dont un tir qui effleure le poteau, puis un tir de Nurse dans les dernières secondes.
Après huit minutes, une relance des Oilers aboutit dans la neutre sur Janmark le long de la bande. Le Suédois pivote, ce qui surprend son défenseur, et attaque sur l’aile. Bien surveillé, il parvient tout de même à envoyer le palet devant la cage, où Adam Henrique passe sa crosse devant un Anton Lundell inattentif, pour dévier derrière le gardien (2-0).
Les Oilers se placent ensuite en position d’attente, bloquant les tirs – Dylan Holloway doit même rentrer brièvement au vestiaire sur un lancer – et gérant la partie. Une situation risquée, car à huit minutes de la pause, Tarasenko devance Brett Kulak en plaçant sa crosse sur la trajectoire d’un tir de Forsling (2-1).
Moins d’une minute plus tard, un revirement dans la neutre envoie Bennett en 2 contre 1. Il sert Verhaeghe pour la volée… Skinner se déplace à temps et sort un arrêt exceptionnel. Le compteur de tirs monte du côté des joueurs de Paul Maurice. Mais Edmonton va frapper en contre.
Après un palet joué à la crosse par Skinner, le palet est renvoyé sur l’autre aile. Kulak envoie Draisaitl, sorti du banc, sur le côté gauche, dans le dos de son défenseur. Il déborde et centre vers Holloway plein centre, lequel contrôle et parvient à lever son palet au dessus de la jambière de Bobrovsky (3-1). Le tiers se termine sur ce score après quelques minutes de combat physique dans les bandes.
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Edmonton assomme la partie après 1’13 de jeu en deuxième tiers. Foegele subit une lourde charge d’Ekblad, mais cela ouvre le jeu. McDavid prend l’espace dans le dos de Tkachuk et Bennett, reçoit la passe de Hyman depuis la bande et fonce au but : il ne tremble pas face au gardien (4-1). Quatre buts en 21 minutes, autant que sur les trois premiers matchs combinés.
Il y a le feu dans la défense des Panthers, inhabituellement laxiste. Nouveau revirement, nouveau 2 contre 1, et Draisaitl reprend, oublié au cercle gauche. Bobrovsky sauve, mais cède moins d’une minute plus tard. Skinner relance et le palet est remonté sur l’aile droite. McDavid percute dans l’axe et laisse derrière lui à Darnell Nurse. Le défenseur a du champ et lance entre les cercles, pour son premier but en playoffs depuis deux ans, sous les yeux de sa cousine Sarah, joueuse de Toronto en PWHL (5-1). Bobrovsky, battu 5 fois en 17 tirs, est sorti et remplacé par Anthony Stolarz. C’est son premier match depuis le 16 avril…
Florida s’agace et Oliver Ekman-Larsson commet un cinglage totalement gratuit sur Connor Brown dans la neutre. Le jeu de puissance s’installe, McDavid décoche sur le poteau. La première équipe reste sur la glace presque tout l’avantage, sans parvenir à obtenir une autre chance, jusqu’à un tir de Draisaitl dans la mitaine de Stolarz dans les dernières secondes. Au retour à 5 contre 5, un nouveau revirement profite aux Oilers. Ekholm, lancé plein axe, reçoit une passe de l’aile de Hyman et son tir est repoussé par Stolarz. S’ensuit une mêlée impliquant les dix joueurs de champ : Tkachuk et Bennett sont les seuls punis, pour avoir expédié des coups à McDavid. Le 5 contre 3 des Oilers se met en place.
Draisaitl et Bouchard ne cadrent pas, mais le palet reste en zone, tourne encore autour du but. Finalement, McDavid, sans même regarder, renverse dans son dos vers son compère Draisaitl. L’Allemand est dans son bureau, en bas du cercle droit, et sa volée prend de vitesse Stolarz. Nugent-Hopkins devance son coéquipier Hyman sur le rebond, derrière un gardien en déséquilibre (6-1). 15 tirs à 2 dans ce tiers : Florida n’existe plus.
Skinner passe un tiers tranquille, et n’a un arrêt compliqué à gérer que dans la dernière minute, repoussant du bouclier, Nurse se chargeant du rebond. Edmonton a tué le match dans ces vingt minutes avec son meilleur tiers-temps des playoffs.
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Florida bénéficie d’une supériorité numérique à la reprise. La défense concède six tirs cadrés mais assez peu dangereux. Skinner repousse tout, sans trace de panique. Edmonton gère, et une nouvelle supériorité des Panthers ne donne rien non plus. Stolarz doit même intervenir du bouclier sur un tir de Brown, intenable. Il reste dix minutes et Ekblad se rend coupable d’un cinglage sur Janmark, geste typique de frustration. L’avantage n’est pas exploité, avec un seul tir dangereux de Ekholm à la dernière seconde.
Florida repart, et Skinner tient le score avec un déplacement rapide devant Tkachuk. Sur l’action, Perry concède deux minutes. Le penalty-kill local, porté par un public en fusion, protège Skinner parfaitement. Dès la sortie de Perry, les Oilers démarrent en contre. Le jeu de passe en triangle Perry-McDavid-Holloway se termine par un septième but et un joli vol plané du benjamin du trio (7-1). Quatrième point du soir de McDavid, crédité de sa 32e assistance durant ces playoffs, record de Wayne Gretzky battu ! Il fallait remonter à Brian Propp en 1987 (Philadelphie) pour voir un joueur marquer quatre points en finale quand son équipe fait face à l’élimination.
Il reste moins de cinq minutes, et Florida concède un nouveau contre. Foegele cherche Holloway qui ne peut reprendre sur ce 2 contre 1, mais le palet contré traîne dans le cercle. McLeod a suivi et ne se pose aucune question : reprise en force (8-1). Florida concède une nouvelle pénalité à trois minutes de la fin, sans conséquence.
C’est la plus victoire la plus large d’une équipe menacée d’élimination en finale de la coupe Stanley depuis le 9-3 de Toronto sur Detroit en 1942… Une série qui est aussi la dernière où une équipe a renversé un handicap de trois victoires à zéro. Les Oilers espèrent le même sort, ce qui passera par une victoire sur la glace des Panthers pour le 25e match 5 consécutif en finale de coupe Stanley. Les joueurs de Kris Knoblauch ont retrouvé la confiance offensive, avec une très solide contribution de leurs troisième et quatrième lignes, libérant ainsi le champ à leurs vedettes. Du côté de Florida, Bobrovsky a soudain paru humain, et l’équipe désorganisée : le stress de toucher du doigt leur première coupe Stanley a-t-il pesé ? Quel sera l’impact psychologique d’une telle déroute, avec la possibilité de soulever le trophée devant son public ? Réponse dans la nuit de mardi à mercredi.
Edmonton Oilers – Florida Panthers 8-1 (3-1, 3-0, 2-0)
Finale de la coupe Stanley, match 4. Florida mène 3-1.
Samedi 15 juin 2024, 18h20. Rogers Place d’Edmonton, 18 347 spectateurs.
Arbitrage de Jean Hebert et Chris Rooney assistés de Devin Berg et Ryan Daisy
Pénalités : Edmonton 8′ (2′, 6′, 4′), Florida 12′ (2′, 0′, 6′)
Tirs : Edmonton 35 (10, 17, 8), Florida 33 (14, 4, 15)
Récapitulatif du score
1-0 à 03’11 : Janmark assisté de Brown (inf. num.)
2-0 à 07’48 : Henrique assisté de Janmark et Ekholm
2-1 à 11’26 : Tarasenko assisté de Forsling et Lundell
3-1 à 14’48 : Holloway assisté de Draisaitl et Kulak
4-1 à 21’13 : McDavid assisté de Hyman et Bouchard
5-1 à 24’59 : Nurse assisté de McDavid et Hyman
6-1 à 33’03 : Nugent-Hopkins assisté de Draisaitl et McDavid (sup. num.)
7-1 à 54’11 : Holloway assisté de McDavid et Perry
8-1 à 56’41 : McLeod assisté de Holloway et Foegele
Edmonton Oilers
Attaquants
Ryan Nugent-Hopkins (A, -1) – Leon Draisaitl (A) – Dylan Holloway (+3)
Warren Foegele (+3) – Connor McDavid (C, +2) – Zach Hyman (+2)
Mattias Janmark (2′, +3) – Adam Henrique (+1) – Connor Brown (+2)
Ryan McLeod (+1) – Derek Ryan – Corey Perry (2′, +1)
Défenseurs
Brett Kulak (+1) – Cody Ceci (+3)
Mattias Ekholm (+1) – Evan Bouchard (+1)
Darnell Nurse (4′, +3) – Philip Broberg (+3)
Gardien
Stuart Skinner
Remplaçant : Calvin Pickard
Réservistes : Olivier Rodrigue, Jack Campbell (G), Ben Gleason, Troy Stecher, Vincent Desharnais, Philip Kemp, Cam Dineen (D), Derek Ryan, Adam Eerne, Lane Pederson, Xavier Bourgault, Raphael Lavoie, Sam Gagner, Evander Kane, Sam Carrick (A)
Florida Panthers (2′ pour surnombre)
Attaquants
Evan Rodrigues – Aleksander Barkov (C, -2) – Sam Reinhart (-1)
Carter Verhaeghe (-3) – Sam Bennett (2′, -3) – Matthew Tkachuk (A, 2′, -3)
Eetu Luostarinen (-1) – Anton Lundell (-1) – Vladimir Tarasenko (-1)
Steven Lorentz (-1) – Kevin Stenlund (-1) – Kyle Okposo (2′, -2)
Défenseurs
Gustav Forsling (-2) – Aaron Ekblad (A, 2′, -4)
Niko Mikkola (-1) – Brandon Montour (-2)
Oliver Ekman-Larsson (2′, -1) – Dmitry Kulikov (-1)
Gardien
Sergei Bobrovsky puis Anthony Stolarz à 24’59
Réservistes : Spencer Knight, Magnus Hellberg (G), Tobias Bjornfot, Matt Kiersted, Uvis Balinskis, Josh Mahura, Mike Bennng (D), Jonah Gajdovich, Nick Cousins, Justin Sourdif, Mackie Samoskevich, Patrick Giles, William Lockwood, Rasmus Asplund, Ryan Lomberg (A).