Notre dernier volet du bilan de KHL aborde les huit meilleures équipes. L’occasion de rétablir quelques vérités sur Stéphane Da Costa, de confronter Balzac à la presse russe, et de montrer quels moyens d’expression peuvent encore y être utilisés – par des banderoles à double sens.
Metallurg Magnitogorsk (1er) : champion grâce aux jeunes
Impulsif au point d’avoir fini torse nu sur la glace en VHL après s’être battu avec le coach adverse, l’entraîneur Andrei Razin s’était ensuite affirmé au Severstal Cherepovets comme un révélateur de talents. En rejoignant un favori – le Metallurg Magnitogorsk où il avait fait carrière en tant que maître passeur – il n’a pas varié sa philosophie de confiance aux jeunes. Bon exemple : Danila Yurov, qui avait des miettes de temps de jeu avant son arrivée et dont il a fait le meilleur marqueur de l’équipe en saison régulière. Le temps consacré à l’analyse individuelle des erreurs est un point essentiel de l’apprentissage et a permis cette progression des jeunes.
Mais le système de jeu de Razin, sans première ligne marquée, n’a pas convenu à tout le monde. Les recrues chères de l’intersaison ont fait un bide, surtout les deux centres nord-américains : le Canadien Jean-Sébastien Dea, technique mais trop peu engagé dans les duels, a été échangé au Neftekhimik en décembre et l’Américain Luke Johnson a fini avec la pire fiche des attaquants (-7) malgré son efficacité aux mises au jeu (62%). Même la vedette du Kazakhstan, Nikita Mikhailis, a subi des critiques – mais pas de Razin – pendant toute la saison sur son faible rendement qualité/prix. Ces contrariétés n’ont guère gêné Magnitka. La petite crise d’octobre (une série de 5 défaites qui a fait perdre un temps la première place de l’Est) a été bien gérée par le club qui a réagi en missionnant la légende de KHL Sergei Mozyakin comme entraîneur-adjoint.
Très vite, le Metallurg est redevenu dominant avec une séquence de 11 victoires. Razin imprimait toujours plus sa patte en faisant venir de plus en plus de ses anciens joueurs de Cherepovets. Ils étaient 3 au départ, dont le défenseur suédois Robin Press qui sait doser à merveille ses tirs du poignet de la ligne bleue, les voilà 5 avec les acquisitions par échange de Daniil Vovchenko puis d’Igor Geraskin. Razin était même obligé de démentir vouloir recréer un Severstal-bis. Il disait être bel et bien en train de construire Magnitka, même s’il avait échangé le défenseur local Grigori Dronov au rival Traktor. Le public suivrait-il ? On pouvait se poser la question jusqu’en demi-finale où il y avait encore des sièges vides – une habitude à Magnitogorsk car les billets y sont plus chers qu’ailleurs.
La finale, remportée en quatre manches, a levé tous les doutes. Longtemps réputée pour ses vétérans, Magnitogorsk est devenue la plus jeune équipe championne de l’histoire de la KHL, un triomphe de la stratégie de Razin. Des joueurs plus expérimentés en ont aussi profité à l’instar de Denis Zernov (28 ans), qui a mis 12 buts en play-offs après avoir été replacé avec les jeunes Roman Kantserov et Dmitri Silantyev. Zernov s’est déboîté l’épaule au deuxième match de la finale mais elle a été remise en place dans le vestiaire et il a participé au titre en jouant sous infiltrations !
Est-ce lui, le héros des play-offs ? Ce fut plutôt le gardien de 20 ans Ilya Nabokov, né dans la petite ville de Kasli (comme Biryukov), dont les parents faisaient 130 kilomètres aller et retour pour l’amener entre 5 et 12 ans à l’école de hockey du Mechel Chelyabinsk avant qu’il n’intègre celle de Magnitogorsk. Contrairement aux joueurs de champ, Razin n’hésite pas à sanctionner ses gardiens en les sortant après une erreur, il l’a fait une fois avec Artyom Zagidulin dès le premier but encaissé. Mais ça a profité à Nabokov, qui jouait en ligue junior l’an passé, a été promu numéro 2 en début de saison puis titulaire et plus jeune MVP des play-offs.
Lokomotiv Yaroslavl (2e) : les bienfaits de la stabilité
Cela faisait quinze ans (depuis 2009) que le Lokomotiv Yaroslavl n’avait plus accédé à la finale. Après le terrible accident d’avion qui avait anéanti toute l’équipe en septembre 2011, l’image du président du club Yuri Yakovlev avait changé. Il était devenu cet homme impatient qui changeait d’entraîneur comme de chemise. Mais voilà trois saisons – et bientôt une quatrième – qu’il s’est calmé. Le coach Igor Nikitin a pu travailler dans la durée, et cela a payé. À la troisième tentative, il a enfin passé l’obstacle du CSKA de son successeur Fedorov. Son équipe a beaucoup gagné en force mentale et ne s’est pas laissée déstabiliser par la défaite inaugurale en play-offs.
Le Lokomotiv est une machine qui roule. Sûrement la meilleure équipe de KHL dans le jeu sans palet, elle sait rester disciplinée et garder ses nerfs en toutes circonstances. Bien protégé par sa défense emmenée par le Slovaque Martin Gernát, le gardien natif de la ville Daniil Isayev a été d’une stabilité remarquable. Même dans cette équipe homogène aux schémas de jeu stricts, un trio a su sortir du lot au bon moment : le centre le plus talentueux Maksim Shalunov a été bien complété par deux ailiers formés au club, le rapide Artur Kayumov et le jeune (22 ans) Maksim Beryozkin, un travailleur physique qui sait imposer son grand gabarit dans le slot.
Mais, dorénavant, Nikitin est aussi le coach qui a perdu le plus de finales (3). Pas une si mauvaise statistique, c’est aussi son mérite d’en avoir disputé quatre ! Qu’a-t-il manqué cette fois ? Certains lui reprochent de ne pas avoir utilisé assez sa réserve. Dans une KHL au calendrier éreintant (88 matches et de longs voyages en une saison de 7 mois avec les play-offs), le Lokomotiv est la formation qui a utilisé le moins de joueurs pendant la saison (28, plus 4 gardiens). C’est juste que Nikitin a son ossature et n’a pas de raison d’en changer. Il ne néglige pas les juniors, il prend juste les meilleurs. L’attaquant Daniil But (23 points) et le défenseur Dmitri Simashev (11 points) ont connu une saison pleine comme titulaires alors qu’ils n’ont eu 19 ans qu’en février. Yaroslavl produit toujours autant de bons hockeyeurs et cette finale est une conséquence naturelle.
Avtomobilist Ekaterinbourg (3e) : Stéphane Da Costa décolle la vilaine étiquette
Promu entraîneur-chef en novembre 2021, Nikolai Zavarukhin a lui aussi connu – presque – trois saisons aux commandes de son équipe. Il a lui aussi survécu à des échecs en play-offs. La récompense a été belle. Le meilleur classement de l’histoire du club était jusqu’ici la cinquième place de l’Avtomobilist Sverdovlsk en championnat d’URSS 1969, quand la plus grande ville de l’Oural portait encore son nom soviétique dérivé d’un révolutionnaire bolchevik. En atteignant la demi-finale, cette performance a été dépassée.
Pour cela, il a fallu que les leaders de ‘équipe démontrent qu’ils ne sont pas des « nekubovky », des joueurs qui disparaissent en phase éliminatoires. L’idole locale Anatoli Golyshev a dû effacer cette mauvaise statistique qui faisait remonter à 2019 son dernier but en play-offs : dans la forme de sa vie, il en a mis 9 et a mené l’équipe offensivement. Quant à Stéphane Da Costa, à qui on avait fait le reproche injuste à Kazan de refuser de jouer à la moindre douleur, il a répondu en serrant les dents pour revenir en playoffs après une déchirure aux adducteurs. Non, Da Costa n’est pas qu’un artiste se reposant sur son talent. C’est un joueur très actif, et les stats avancées le prouvent : c’est le joueur qui a intercepté le plus de palets dans la saison de KHL (52), à égalité certes avec Pontus Åberg, mais le Suédois du Barys donne beaucoup moins de sa personne que le Français quand il s’agit de mises en échec ou de tirs bloqués.
Néanmoins, Da Costa a encore perdu un match 7 face à Magnitogorsk, comme quand il avait joué la finale avec le CSKA. Un dénouement très frustrant, mais son équipe avait laissé beaucoup d’énergie en chemin et ne semblait plus avoir de jus pour cette rencontre décisive. La blessure du gardien numéro 1 Evgeny Alikin a sans doute été un handicap dans cette demi-finale. L’Avtomobilist espère donc qu’il connaîtra la consécration la saison prochaine quand il emménagera enfin dans sa nouvelle patinoire de 15 000 places. Initialement prévue pour l’hiver dernier, l’inauguration a été repousssée d’un an par les difficultés d’approvisionnement dues aux sanctions internationales. Le chantier a connu deux incendies (!) à deux mois d’intervalle, en août puis en octobre, au niveau de l’isolation sous le futur toit.
Traktor Chelyabinsk (4e) : vas-y doucement, cousin
Aleksei Zavarukhin, le cousin de Nikolai, a lui aussi perdu en demi-finale. Sa carrière d’entraîneur-chef est plus récente : il a remplacé début octobre Anvar Gatiyatulin, qui était en sursis. Après l’absence des play-offs 2023, un début de saison moyen a en effet suffi au renvoi de Gatiyatulin, alors que le Traktor était sixième de la Conférence Est (ce qui serait aussi sa place finale). Zavarukhin avait des caractéristiques similaires à son prédécesseur : un coach qui n’élève pas la voix, qui est apprécié de ses joueurs, et qui a auparavant dirigé l’équipe junior.
Comme Zavarukhin n’était initialement nommé que par intérim, on pensait qu’il chauffait la place pour l’arrivée d’un coach nord-américain, mais celle-ci n’avait rien d’évident dans le contexte géopolitique. Zavarukhin a assez vite imprimé sa marque. Connaissant bien le caractère de tous les hockeyeurs formés au club, il a su être patient avec les joueurs éternellement en dessous de leur potentiel (l’ancien numéro 9 de draft Vitali Kravtsov), tout en accompagnant la progression de ceux qui dépassent au contraire les attentes, tel le petit et rapide Maksim Shabanov, plus jeune d’un an et aujourd’hui bien meilleur.
Les hockeyeurs ouraliens ont répondu à ce management plutôt attentionné par un vrai dévouement et un esprit de sacrifice devant les tirs adverses. Ce style de jeu a permis d’éliminer le Salavat Yulaev dans un duel très physique, puis de balayer le Dynamo (premier de la saison régulière) en 4 matches en étant dominé aux tirs à chaque match. Cette performance a combiné une efficacité aux tirs maximale, parce que le staff a bien identifié les zones faibles des gardiens adverses, et le brio de Zach Fucale, le gardien de bon niveau qui avait sans doute manqué au Traktor la saison précédente.
Cette troisième demi-finale en sept ans a suscité de grandes attentes. La billetterie en ligne a été épuisée en dix minutes, et les guichets physiques ont été pris d’assaut par une foule telle que la police a dû intervenir pour éviter des disputes. Mais après deux défaites à Yaroslavl, le Traktor a été piégé à son propre jeu à domicile : ce fut son tour de dominer vainement en ne mettant qu’un seul but, avec des lancers à mi-distance sans imagination. Malgré le bilan positif, Aleksei Zavarukhin, en conflit avec le manager général Aleksei Volkov, ne restera pas et sera remplacé par Benoît Groulx.
Dynamo Moscou (5e) : les pratiques dignes de Balzac ne fonctionnent plus
Le meilleur club de la saison régulière a été à la surprise générale le Dynamo Moscou, qui a devancé tous les favoris. Si le club bleu et blanc dispose de quelques bons attaquants à vocation défensive emmenés par Ilya Kablukov, il a surtout été porté par son efficacité en avantage numérique. Nikita Gusev et le Canadien Jordan Weal s’y trouvaient parfaitement par des passes transversales millimétrées. La vitesse n’a jamais été le point fort de Gusev, mais à 32 ans son intelligence de jeu est meilleure que jamais. Avec 89 points, il a même battu le record mythique établi en 2017 par Mozyakin (85 points). La performance n’a évidemment plus la même saveur : la KHL s’est affaiblie entre temps et les 8 matches supplémentaires au calendrier faussent la comparaison.
Si Gusev pointait autant en moyenne la saison passée à Saint-Pétersbourg, son apport au Dynamo a été beaucoup plus important. C’est lui qui sortait l’équipe d’affaire en jeu de puissance quand elle était à la peine dans le jeu à 5 contre 5. Les adversaires savaient que la moindre faute serait fatale. Mais malheureusement, Gusev a joué les play-offs diminué par une blessure. C’est une des raisons qui explique la baisse de performance des Moscovites, en plus de l’incapacité à trouver un gardien numéro 1. Ilya Konovalov et Maksim Motorygin se sont sans cesse remplacés mais tous deux ont fini sous les 90% d’arrêts en séries.
Voyons quand même le côté positif : la dernière fois que le Dynamo avait remporté le trophée de champion de saison régulière, en 2014, il avait perdu au premier tour ! Cette fois il a au moins attendu le deuxième tour pour être balayé par le Traktor, succombant à la nouvelle formule de quarts de finale croisés entre les deux conférences.
Le Dynamo a aussi subi toute la saison une forme de harcèlement par des critiques répétées sur des messageries ou par des « articles de commande » dans des médias de troisième zone : ce pseudo-journalisme décrit par Balzac dans Illusions perdues existait aussi à l’époque soviétique, quand un apparatchik influent pouvait solliciter une publication à charge. À la manœuvre de ce feu nourri qui ne trompait personne, le « conseiller spécial » Andrei Safronov, qui était censé s’occuper du hockey mineur (pourtant en déshérence avec des départs d’entraîneurs et une affaire d’un hockeyeur battu de 12 ans) mais qui cherche toujours à reconquérir le pouvoir au sein du club. Il a tout fait pour scier la planche sous l’entraîneur Aleksei Kudashov, par exemple en invitant de manière visible dans la loge de la direction pendant les play-offs Ivano Zanatta, l’assistant-coach de l’équipe de France ! En vain. Malgré certains reproches sur son manque d’émotions et d’entrain sur le banc, Kudashov a été confirmé dans ses fonctions.
SKA Saint-Pétersbourg (6e) : itinéraire d’un enfant gâté
Pendant les deux premiers mois de la saison, le SKA était la risée du hockey russe. Le club le plus puissant de KHL luttait tout juste pour se qualifier en play-offs. Nanti d’un nouveau contrat de 5 ans rarissime pour un entraîneur, le fils d’oligarque Roman Rotenberg faisait tout pour renforcer son image d’enfant gâté : il feignait de n’avoir pas vu la banderole de supporters (« le système ne fonctionne pas », un double sens…) que les services de sécurité avaient fait enlever de la tribune, se plaignait de critiques de la presse locale et râlait sans cesse contre les arbitres. Les amendes ne suffisant plus, il a même pris un match de suspension en disant qu’un de ses joueurs aurait pu mourir, alors que son équipe compte dans ses rangs deux des hockeyeurs les plus rugueux de KHL (les défenseurs Mikhaïl Pashnin et Andrei Pedan).
La rotation d’un effectif surdimensionné ne semblait qu’insécuriser les joueurs. Après l’arrivée du joker Nikita Serebryakov, le SKA avait déjà utilisé cinq gardiens au tiers de la saison. L’ancien portier de Khabarovsk n’est tout de même pas venu en vain car il a stabilisé l’équipe. Une série de 9 victoires en novembre a remis en selle le SKA. Il pouvait apparaître de nouveau comme un favori qui avait tout pour lui, au moment d’emménager dans la plus grande aréna du monde (21 500 places).
Inaugurée pour le All Star Game de la KHL en décembre dans une odeur de peinture et de finitions inachevées, la SKA Aréna a été utilisé deux mois plus tard par le club résident, obligé de répondre à la commande politique même si Rotenberg voulait éviter la perte de repères liée au déménagement avant les play-offs. Devant une foule record, le SKA se qualifiait 4 victoires à 1 au premier tour sur un arrêt fantastique de Serebryakov, mais en perdant son capitaine Aleksandr Nikishin, unanimement considéré comme le meilleur défenseur de KHL.
Au tour suivant, les Pétersbourgeois ont succombé devant l’Avtomobilist. Le président (et ancien directeur de la KHL) Aleksandr Medvedev accusait à son tour les arbitres. Et une amende en plus… Rotenberg, lui, mentionnait l’excuse des blessés et mettait en avant le potentiel de sa jeune formation, tombée contre une équipe d’expérience. En fait, elle avait exactement la même moyenne d’âge que son adversaire au dernier match : 28 ans. La vérité est surtout qu’aucune des recrues de l’été 2023 n’a vraiment convaincu : Sergei Tolchinsky n’a pas fait la différence, le néo-Russe Brendan Leipsic a fini sur le banc et l’ex-international américain Alex Galchenyuk a été une déception de bout en bout, jusqu’à voir son contrat résilié en fin de saison pour faire de la place dans la masse salariale. Le SKA peut donc de nouveau recruter à tout va… mais pour quels résultats ?
Avangard Omsk (7e) : le duo du passeur et du buteur était trop seul
En attendant la fin des travaux de la SKA Arena, le G-Drive Arena d’Omsk a été élue meilleure salle de KHL. Le Russe le mieux payé de la ligue et l’étranger le mieux payé de la ligue y ont justifié leurs salaires : Vladimir Tkachyov est techniquement si fort qu’il trouve des lignes de passe même quand elles paraissent toutes bloquées, et le buteur Reid Boucher n’a pas son pareil pour les reprendre avec son one-timer très difficile à lire.
L’Avangard était trop dépendant de ces deux hommes. Le manager Anton Kuryanov a négocié pendant tout le mois de décembre pour ajouter un deuxième trio : il a recruté Nikolai Prokhorkin puis Tomas Jurco, et a ensuite fait venir Damir Zhafyarov. Mais ces trois attaquants talentueux n’ont jamais retrouvé leur meilleure forme et n’ont pas diversifié le danger offensif.
Le poste de gardien a aussi été un feuilleton à rebondissements. Le titulaire initial Vassili Demchenko a été échangé à l’Admiral. Le jeune portier formé au club Andrei Mishurov a enchaîné dix victoires, puis a perdu sa place au profit du vétéran Ilya Proskuryakov. Et en fin de compte, c’est Pavel Khomchenko, arrivé en retour de Demchenko, qui a fini numéro 1 en play-offs.
Un secteur était peut-être délaissé par cette activité managériale : la défense. Le capitaine Damir Sharipzyanov a été le deuxième pointeur des arrières de KHL, bien épaulé à ses côtés par le jeune Semyon Chistyakov, mais les autres paires n’étaient pas au niveau, y compris l’ex-international Bogdan Kiselevich qui a commis des erreurs coupables au premier match du deuxième tour contre le Lokomotiv. Toute la défense a sombré au match suivant (0-7 dont un dernier but en cage vide), et le lendemain matin, les dirigeants sont venus annoncer dans le vestiaire le renvoi de l’entraîneur Mikhaîl Kravets. Son adjoint chargé des gardiens, Sergei Zvyagin, l’a remplacé et a arraché deux victoires qui ont convaincu de lui accorder sa chance l’an prochain.
Spartak Moscou (8e) : le trio des Brésiliens s’est tout de suite trouvé
Aleksei Zhamnov était l’entraîneur de l’équipe de Russie lors de sa dernière apparition internationale, aux Jeux olympiques 2022, où elle avait pratiqué un jeu ennuyeux. Il avait ensuite expliqué avoir pris cette option tactique à cause de l’énorme pression qui régnait. Nommé aux commandes du Spartak cette saison, Zhamnov a été un coach très différent, laissant beaucoup de libertés offensives. On sentait la patte de son adjoint, l’ancien pur talent Aleksei Kovalev.
Le Spartak a été porté par un premier trio constitué dès le premier entraînement. Trois joueurs réputés irréguliers, et qui n’avaient jamais joué ensemble, mais qui se sont immédiatement entendus comme larrons en foire. Ils ont été surnommés « les Brésiliens » par leurs coéquipiers pour leur jeu technique et spectaculaire. Nikolai Goldobin a connu une efficacité jamais vue dans sa carrière (presque 25% de réussite aux tirs) pour marquer 37 buts en saison régulière, parce qu’il sait viser les espaces ouverts avec ses poignets rapides. L’autre ailier Pavel Poryadin a amené sa vitesse de patinage exceptionnelle, avec un centre de gravité bas qui lui permet d’être campé sur ses jambes quand il est placé dans le slot en powerplay. Mais le joueur-clé de cette ligne, c’était le centre Ivan Morozov, qui lançait les offensives par ses entrées de zone en contrôle du palet et donnait le rythme. On a donc vu le rendement du trio diminuer quand Morozov s’est blessé, vite rejoint à l’infirmerie par deux autres centres majeurs, Mikhaïl Maltsev (revenu d’AHL faute de s’être fait une place en NHL à Los Angeles) et Andrei Loktionov. Diminué, le Spartak a accumulé les défaites en janvier et est tombé de la deuxième à la quatrième place de la Conférence Ouest.
En play-offs, tout le monde était revenu en santé. Il y avait même Ilya Kovalchuk, que les supporters du club rêvaient depuis deux décennies de voir revenir jouer au Spartak. Il est revenu, oui, mais à 40 ans, après deux ans et demi de retraite. Face à la jeune et rapide équipe de Cherepovets, le vieux Kovalchuk était inutile au premier tour et n’a participé qu’à l’unique défaite. Au deuxième tour, perdu 4 victoires à 2, contre Magnitogorsk, il ne fit qu’un baroud d’honneur. Blanchie dans trois des six rencontres, l’attaque moscovite ne pouvait plus compenser les faiblesses de la défense et l’absence d’un vrai gardien numéro 1. Malgré sa ligne de parade, le Spartak n’est pas encore taillé comme un candidat au titre, mais il a refait plaisir à ses nombreux partisans.