Pour son premier match du « tournoi des Quatre Nations » organisé par la NHL, le Canada a eu toutes les peines du monde pour se défaire d’une équipe de Suède accrocheuse.
La NHL a son tournoi : après les éditions 1996 et 2004 de la coupe du Monde, elle avait dû patienter jusqu’en 2016 pour une nouvelle édition. Cette fois, l’attente fut plus courte, mais le débat pas moins vif. La ligue a mis en pause son championnat et cherche à valoriser ses superstars dans un tournoi international hors IIHF, choisissant quatre pays : le Canada et les États-Unis bien sûr, mais aussi la Suède et la Finlande. La Tchéquie, championne du monde en titre, peut faire grise mine, tout comme la Russie qui compte une quarantaine de joueurs en NHL. La ligue esquive ainsi la chausse-trappe politique…
Le centre Bell de Montréal accueille donc des joueurs de prestige, dans une ambiance électrique. Les premières annonces autour du tournoi étaient plutôt négatives, avant de s’éteindre peu à peu et de se transformer en enthousiasme à l’annonce des premiers noms. Un tournoi des meilleurs contre les meilleurs ? Il n’y en a pas vraiment eu depuis les jeux de Sochi, faute d’accord NHL-IIHF pour les Jeux olympiques en Corée, puis pour cause de pandémie en Chine en 2022. Certes, plusieurs joueurs ont déclaré forfait peu avant le tournoi plus ou moins blessés : la Suède doit se passer du gardien Jakob Markström, absent depuis une dizaine de jours au New Jersey, et le Canada d’Alex Pietrangelo, remplacé par le défenseur vétéran Drew Doughty.
Lorsque Mario Lemieux entre sur la glace pour lancer le tournoi en listant les capitaines des quatre pays, c’est toute une aréna qui entre en fusion, et ce n’est que le début !
Crosby lance son camp
La Suède ne pouvait pas plus mal commencer. William Nylander se rend coupable d’une crosse haute, et le jeu de puissance canadien s’installe avec un quintet exceptionnel : Cale Makar à la bleue, Sam Reinhart entre les cercles, et la mobilité de Nathan MacKinnon, Sidney Crosby et Connor McDavid. Quelques trophées collectifs et individuels sur la glace ! Et il ne faut que douze secondes pour faire mouche. McDavid sert Crosby ligne de fond, et le vétéran déniche son ami de Cole Harbour en Nouvelle-Écosse d’une passe dans le dos à travers la neutre. Du pain béni pour MacKinnon, intraitable face à Filip Gustavsson (1-0).
Le Canada prend son adversaire à la gorge et enchaine. Josh Morrissey trouve Sam Reinhart, pour un arrêt. Pas plus de succès à mi-période pour Cale Makar, servi à pleine vitesse par McDavid de derrière la cage. Le compteur de tirs ne monte pas beaucoup côté canadien, mais encore moins côté suédois où Jordan Binnington n’a pas beaucoup de travail. La pression est maximale pour le gardien des Blues de St. Louis, car les trois gardiens canadiens avec le meilleur pourcentage d’arrêts de la saison (Logan Thompson, Darcy Kuemper et Mackenzie Blackwood) sont restés à la maison !
On joue depuis treize minutes lorsque le Canada double la mise. À l’origine, un revirement en entrée de zone et un contre explosif. Colton Parayko récupère et trouve Seth Jarvis, qui parvient à lancer Brayden Point avec l’aide de la bande. Le buteur de Tampa Bay choisit la passe en deux-contre-un face à Jonas Brodin, cage béante pour Brad Marchand (2-0). Le premier tir suédois ne survient finalement qu’à moins de cinq minutes de la sirène, un lancer excentré et peu dangereux de Gustav Forsling. Un jeu de Lucas Raymond enchaîne deux minutes plus tard, servant Victor Hedman depuis la bleue. Une domination assez nette pour ces premières vingt minutes devant une foule conquise.
La Suède se reprend
Le deuxième tiers débute de la même manière, McDavid lançant les hostilités d’un tir en tête de cercle gauche. Sam Reinhart en pivot l’imite peu après, alors que le match s’équilibre. La Suède sort la tête de l’eau et trouve une percée de Lucas Raymond, dont le revers menace Binnington. En face, Crosby domine les débats et trouve un relais en MacKinnon. Le joueur de l’Avalanche renverse pour Mark Stone sorti du banc, qui se heurte à Gustavsson.
La Tre Kronor revient dans la partie peu avant la mi-tiers. À nouveau, la troisième ligne, avec Lucas Raymond, tourne en zone offensive et l’attaquant de Detroit décale sur Victor Hedman. Le capitaine oriente à sa droite vers Brodin, dont le tir masqué par Rickard Rakell piège le portier canadien en hauteur (2-1).
La pression monte : Hedman lance de la bleue et Rakell cherche la déviation. En face, Rasmus Dahlin sauve les siens en dégageant sur la ligne un palet propulsé par Mark Stone. L’attaque suédoise se fait cependant punir à 2’32 de la sirène. Un palet perdu, et Crosby est envoyé en débordement sur l’aile droite. Il freine brutalement au duel avec Forsling, pivote et sert Stone pour une reprise en force, plein axe, au milieu de trois joueurs (3-1).
La Suède finit fort
Les joueurs de Sam Hallam ne baissent pas les bras. Les ajustements tactiques du coach suédois ont rééquilibré la partie en deuxième tiers, et cela se prolonge dès le début du troisième. Il ne faut que deux minutes pour voir la réduction du score, sur un jeu précis d’Erik Karlsson dans la neutre, qui envoie Adrian Kempe au centre. Le sniper de Los Angeles fait mouche (3-2).
Alors que le Canada a perdu un défenseur à mi-match, Shea Theodore s’étant blessé dans un choc contre la bande avec Rakell, la Suède cherche à en profiter. Encore une fois, c’est la troisième ligne qui fait le travail. Raymond sort de la bande et renverse sur sa gauche sur Jesper Bratt, et l’ailier des Devils – meilleur pointeur suédois de la NHL dans l’anonymat général – déniche poteau opposé Joel Eriksson Ek entre les jambes de Parayko, cage ouverte (3-3).
Tout est à refaire pour les hommes de Jon Cooper, qui repartent à l’attaque. Anthony Cirelli renverse sur Devin Toews, dont le tir ne pose pas de problèmes à Gustavsson. Le gardien du Wild sort ensuite l’arrêt du match à 8’52 du terme : Marner récupère en haut de la zone et trouve McDavid en diagonale. La star des Oilers joue à une touche sur Toews entre les cercles, dont la reprise est miraculeusement sortie par le gardien. Rien d’autre ne sera marqué, et la partie s’achève sur un 3-3 assez logique (20 tirs à 22).
Marner décisif
La nouveauté du tournoi, c’est le format de la prolongation : du 3 contre 3 comme en NHL, mais pour dix minutes et non pas cinq. Binnington est le premier en action, lorsqu’il sort une volée de Mika Zibanejad, servi par un slalom de Rakell à travers Stone. C’est ensuite MacKinnon qui percute plein centre en un-contre-un avec Hedman, et Gustavsson s’impose.
Finalement, à quatre minutes de la fin, Crosby, encore lui, va lancer l’action décisive. Il s’enfonce dans la neutre, et, lucide, voit que ses compagnons de ligne changent au banc. Il fixe et sa passe-abandon permet à Mitch Marner d’arriver à pleine vitesse. Crosby, lui, repique vers le banc pour ne pas être hors-jeu, laissant l’attaquant de Toronto faire reculer la défense : le tir laser de Marner fait exploser les décibels (4-3).
Le Canada réussit donc son entrée, mais la Suède a démontré qu’elle le regardait les yeux dans les yeux. Une ambiance folle, des joueurs engagés… C’est autre chose qu’un All-Star game, il faut le reconnaître !
Canada – Suède 4-3 après prolongation (2-0, 1-1, 0-2, 1-0)
Confrontation des Quatre Nations, première journée.
Mercredi 12 février 2025, 20h20. Centre Bell de Montréal, 21 105 spectateurs.
Arbitres : Chris Rooney (USA) et Gord Dwyer (CAN) assistés de Scott Cherrey (CAN) et Ryan Daisy (USA).
Pénalités : Canada 2′ (0′, 0′, 2′, 0′) ; Suède 2′ (2′, 0′, 0′, 0′)
Tirs : Canada 28 (7, 7, 6, 8) ; Suède 26 (3, 9, 10, 4)
Récapitulatif du score
1-0 à 00’56 : MacKinnon assisté de Crosby et McDavid (sup. num.)
2-0 à 13’15 : Marchand assisté de Point et Jarvis
2-1 à 29’33 : Brodin assisté de Hedman et Raymond
3-1 à 37’28 : Stone assisté de Crosby
3-2 à 41’54 : Kempe assisté de Karlsson et Ekholm
3-3 à 48’59 : Eriksson Ek assisté de Bratt et Raymond
4-3 à 66’06 : Marner assisté de Crosby
Canada
Attaquants :
Sam Reinhart (-1) – Connor McDavid (A, -1) – Mitch Marner
Sidney Crosby (C, +1) – Nathan MacKinnon (+2) – Mark Stone (+1)
Brad Marchand (+1) – Brayden Point (+1) – Seth Jarvis (+1)
Brandon Hagel (-2) – Anthony Cirelli (-2) – Travis Konecny (-2)
Défenseurs :
Devon Toews – Cale Makar (A)
Shea Theodoe – Drew Doughty (-1)
Josh Morrissey (2′) – Colton Parayko
Gardien :
Jordan Binnington
Remplaçant : Adin Hill (G). Réservistes : Travis Sanheim (D), Sam Bennett (A), Samuel Montembeault (G)
Suède
Attaquants :
William Nylander (2′, -1) – Mika Zibanejad (-1) – Rickard Rakell
Filip Forsberg – Elias Pettersson – Adrian Kempe
Jesper Bratt – Joel Eriksson Ek (+1) – Lucas Raymond (+2)
Gustav Nyquist – Elias Lindholm – Viktor Arvidsson
Défenseurs :
Victor Hedman (+1) – Jonas Brodin
Mattias Ekholm (+1) – Erik Karlsson (+1)
Rasmus Dahlin (-1) – Gustav Forsling (-1)
Gardien :
Filip Gustavsson
Remplaçant : Linus Ullmark (G). Réservistes : Rasmus Andersson (D), Leo Carlsson (A), Samuel Ersson (G).