La Slovaquie a vendu ces deux rencontres face à la France comme un « Retro Classic » pour fêter le centenaire du championnat d’Europe 1925, organisé en dernier recours en Slovaquie. Ce tournoi a été important car il y a fait connaître le hockey canadien, qui y a remplacé en quelques années le bandy. Les maillots avec la Double Croix slovaque ne peuvent évidemment dater de 1925, puisque c’est la Tchécoslovaquie qui jouait. Les joueurs ont posé comme les entraîneurs avec de vrais chandails d’effet rétro en laine – qui seront mis aux enchères dans les jours suivants l’évènement – mais ils ne les portent pas sur la glace. Ils ont des maillots de style plus récent, et l’opération marketing semble quelque peu survendue…
L’équipe de France aurait peut-être préféré que leurs hôtes portent de la laine qui gratte. En effet, c’est maintenant elle qui ressent des démangeaisons. Le dernier match, c’est celui qui doit couronner la préparation et mettre en confiance pour la suite. Chaque pays essaie d’aligner l’équipe-type et Quentin Papillon – qui soignait une petite blessure le week-end dernier – fait sa rentrée dans les cages après deux semaines sans jouer.
Sa soirée commence mal. Après deux minutes et demie, il concède un lancer puissant de Michal Krištof depuis le haut du cercle droit. Le premier tiers-temps ne se passe pas si mal. Les Français subissent certes le jeu, mais ils essaient de se montrer opportunistes dans leurs contre-attaques. Fabien Colotti parvient ainsi à égaliser, servi en 2 contre 1 par Nicolas Ritz qui a récupéré le palet en zone défensive. Bellemare sort blessé en fin de période, mais reviendra par la suite.
La reprise est beaucoup plus difficile. Les Slovaques ont reçu comme consignes de tirer encore plus au but. Papillon se fait alors mitrailler. Ces consignes de jeu direct conviennent à Adam Sýkora, un joueur de 20 ans qui va dans le slot et attaque la cage de manière naturelle dans un style qui trahit ses habitudes nord-américaines. Il met un but sur rebond, puis enchaîne avec une reprise instantanée sur passe de Samuel Takáč (3-1).
Sýkora n’est pas le seul joueur d’AHL, trois autres jeunes joueurs qui s’y développent ont été placés ensemble sur la deuxième ligne : Samuel Honzek (20 ans), Dalibor Dvorský (19 ans) et Martin Chromiak (22 ans). Cette ligne marque en avantage numérique quand Honzek dévie un slap de Rosandic (alors que Kevin Bozon est en prison pour faire trébucher), puis Krištof s’offre un doublé par un tir du poignet du cercle droit (5-1).
Yorick Treille fait alors sortir Quentin Papillon pour laisser entrer Julian Junca. Un surnombre slovaque est sifflé peu après et Pierre-Édouard Bellemare tente sa chance du haut d’enclave, mais Kevin Spinozzi finit par perdre le palet à la ligne bleue. À 2 contre 1 en infériorité numérique, Adam Sýkora s’offre, à mi-distance, le triplé le plus rapide de l’histoire de l’équipe de Slovaquie, en l’espace de 6 minutes et 9 secondes. Apprécié pour son caractère sympathique, le jeune Sýkora rend le sourire aux supporters slovaques qui doutaient la veille.
Tout part à vau-l’eau pour la sélection française. Aurélien Dair, qui avait déjà pris une pénalité majeure pour bagarre à la première sirène, en prend une seconde et se fait expulser après une charge à la tête. Ses coéquipiers se démènent à quatre et Fabien Colotti notamment récupère nombre de palets. Mais au début du troisième tiers-temps, exactement deux secondes avant la fin des cinq minutes de supériorité numérique, Dalibor Dvorský marque son premier but en équipe nationale. Le rythme retombe mais le dernier mot reviendra encore aux locaux, plus exactement à Maxim Čajkovič.
Ce 8-1 encaissé, avec seulement 10 tirs cadrés en leur faveur, a de quoi plomber le moral des Français. Pour les points positifs, la paire Gallet-Llorca est solide défensivement, tandis qu’Enzo Guebey s’en est bien sorti dans les duels. Les défenseurs marseillais Yohan Coulaud et Fabien Bourgeois, qui avaient réussi une très bonne préparation jusque là, ont montré leurs limites en Slovaquie, leurs moindres gabarits étant souvent ciblés par le forechecking adverse. Ils seront en balance avec le jeune Téo Besnier pour désignés celui qui sera remplacé dans la liste finale par Jules Boscq. Cette lourde défaite fait très mal, mais peut-être aura-t-elle le mérite de garder tout le monde avec les pieds sur terre dans un Mondial om il s’agira de batailler avant tout pour le maintien.
La Slovaquie, elle, est euphorique, aussi bien du résultat que du succès de ses jeunes joueurs qui lui redonnent confiance après les défections de tous les cadres. Elle tient certainement ses lignes. Les quatre attaquants retranchés après le match sont ceux qui n’ont pas joué (Hecl, Kudrna, Minárik et Kukuča). En revanche, la décision finale est repoussée à mardi en défense, parce qu’un des neuf joueurs a un problème de santé, et aussi parce que le médaillé de bronze olympique Samuel Kňažko pourrait à son tour arriver d’AHL.
Commentaires d’après-match :
Adam Sýkora (attaquant de la Slovaquie) : « C’est quelque chose d’incroyable, la dernière fois que j’ai mis trois buts, je devais avoir 14 ans, donc ça fait longtemps. Mais j’apprécie de telles journées. C’est une motivation, cela vaut la peine de travailler dur et c’est pourquoi on doit profiter de ces moments. Nous sommes de bonne humeur pour le Championnat du Monde et nous maintiendrons cet esprit d’équipe, c’est la base. Mon premier but était typique, il faut se battre jusqu’à la dernière seconde quand on peut. Il est possible que je me sois aidé d’une faute, mais à la fin, cela m’a permis de me retrouver devant le but et j’ai réussi. Je ne savais pas du tout que j’avais réalisé le triplé le plus rapide. Je suis particulièrement reconnaissant que cela soit arrivé. Chaque fois que c’est possible, mes proches viennent, c’est énorme pour moi qu’ils soient venus me voir. »
Yorick Treille (entraîneur de la France) : « Évidemment, pour ce dernier match, le score est très lourd à avaler. C’est une belle correction. Mais c’est positif de rencontrer ce type d’adversaire de qualité pour que le groupe ait l’expérience du haut niveau avant une grande compétition, tout le monde ne l’avait pas eu. La préparation a été intéressante. Au niveau comptable, ce n’est pas ce qu’on attendait, mais on est très concentrés sur le processus. Il faut avoir la capacité de remettre les compteurs à zéro. »
Slovaquie – France 8-1 (1-1, 5-0, 2-0)
Samedi 3 mai 2025 à 18h00 à Zvolen. 3345 spectateurs.
Arbitres : Martin Jobbágy et Filip Crman assistés d’Oto Durmis et Tomáš Gegáň (tous SVK).
Pénalités : Slovaquie 15’ (4’+5’, 2’, 4’) ; France 38’ (4’+5’, 2’+5’+20’, 2’).
Tirs : Slovaquie 40 (12, 12, 5) ; France 10 (4, 1, 5).
Évolution du score :
1-0 à 02’35” : Krištof assisté de Faško-Rudáš
1-1 à 09’20” : Colotti assisté de Ritz
2-1 à 23’15” : Sýkora assisté de Koch et Čederle
3-1 à 24’56” : Sýkora assisté de Takáč et Petrovický
4-1 à 26’28” : Honzek assisté de Rosandič et Dvorský (sup. num.)
5-1 à 26’51” : Krištof assisté de Lantoši et Kašlík
6-1 à 29’24” : Sýkora assisté de Čederle (inf. num.)
7-1 à 41’15” : Dvorský assisté de Rosandič et Chromiak (sup. num.)
8-1 à 53’56” : Čajkovič assisté d’Ivan et Sýkora
Slovaquie (2’ pour surnombre)
Attaquants :
Samuel Takáč (A, +1) – Sebastián Čederle (+2) – Adam Sýkora (+4)
Samuel Honzek – Dalibor Dvorský (+1, 2’) – Martin Chromiak
Matej Kašlík (+1) – Michal Krištof (+2) – Róbert Lantoši (+1)
Patrik Hrehorčák (+1) – Miloš Roman (C) – Martin Faško-Rudáš (+2)
Maxim Čajkovič
Défenseurs :
Michal Ivan (A, +2) – Dávid Mudrák (2’+5’)
Patrik Koch (+2, 4’) – Mário Grman
Mislav Rosandič – Dávid Romaňák (+1)
Rayen Petrovický (+1) – Andrej Golian (+3)
Gardien :
Samuel Hlavaj
Remplaçant : Adam Húska (G). En réserve : Patrik Rybár (G), Michal Beňo (D), Matúš Sukeľ, Marek Hecl, Andrej Kudrna, Andrej Kukuča, Jakub Minárik (A).
France
Attaquants :
Jordann Perret (-1) – Pierre-Édouard Bellemare (C, -1) – Dylan Fabre (-1)
Anthony Rech (-2) – Matias Bachelet – Aurélien Dair (5’+5’+20’)
Sacha Treille (A, -3) – Adel Koudri (-2) – Guillaume Leclerc (-4)
Kévin Bozon (2’) – Nicolas Ritz (+1) – Fabien Colotti (-2)
Défenseurs :
Vincent Llorca – Hugo Gallet (A)
Kevin Spinozzi (-3) – Enzo Guebey (-2)
Téo Besnier (-2) – Pierre Crinon (-1, 2’)
Yohan Coulaud (-1, 2’) – Fabien Bourgeois (-1, 2’)
Gardien :
Quentin Papillon (15/20) puis à 26’51” Julian Junca (17/20)
En réserve : Antoine Keller (G), Charles Bertrand, Louis Boudon (A).