Battue la veille par la Lettonie avec un bon lot de regrets, les Bleus doivent désormais affronter une Finlande reposée, qui n’a pas trop brillé contre l’Autriche.
La France a appris une mauvaise nouvelle : le seul buteur tricolore, Dylan Fabre, est forfait pour le reste du tournoi, sur blessure. En attendant l’arrivée de son remplaçant Baptiste Bruche, Yorick Treille va devoir remanier ses lignes. Il doit aussi se passer d’Alexandre Texier, malade. La prise de risque du sélectionneur vient des cages : Antoine Keller obtient son premier départ en carrière au Mondial, avec Julian Junca en remplaçant. Quentin Papillon est au repos en tribunes.
Keller impérial
La France veut débuter avec le palet, mais le perd en zone offensive, octroyant dès la première minute un 2 contre 1. Harri Pesonen voit sa route coupée par le défenseur et ne peut donc que tirer sur Antoine Keller dans un angle trop fermé pour l’embêter.
Les Bleus effectuent un solide travail défensif dans ces premières minutes, repoussant le jeu sur les côtés. Mais à la cinquième minute, Pärssinen est servi devant la cage. Tout seul, il dévie… sur le poteau ! Keller ramène le palet qui traine, et sous la pression, Boscq intervient deux fois sur la ligne, de la crosse puis du patin !
Teamwork 🤝😱#MensWorlds #IIHF @Hockey_FRA pic.twitter.com/dIAKHZkPA6
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La France, sans surprise, subit. Pire, sur une rare incursion en attaque, Anthony Rech, piégé par un rebond sur la balustrade, commet un faire trébucher. Keller tient bien sa ligne sur une action de près, puis sort la mitaine face à un lancer lointain de Mikko Lehtonen. Son déplacement est bon aussi face au tir d’Eeli Tolvanen du cercle droit, et une tentative de Waltteri Merelä sur le côté du but. La pénalité est tuée, mais les Bleus restent enfoncés dans leur camp : déjà 12 arrêts pour le jeune portier… et le compteur grimpe au fil des minutes, passant à 15 à cinq minutes de la pause.
La Finlande use – et abuse ? – des centres devant la cage, pas toujours efficaces contre une défense bleue très regroupée. Les tirs en pivot sont par ailleurs rarement cadrés. À 3’48 de la pause, Aurélien Dair est puni pour avoir retenu un adversaire le long de la bande.
La France ne concède pas de tir trop dangereux sur cette séquence, continue à faire le dos rond par la suite… et décroche enfin son premier tir à quarante secondes de la pause, lorsque Charles Bertrand déborde sur l’aile droite. Eemil Larmi ne s’était pas endormi et bloque sans peine.
Les Bleus ont donc tenu ce premier tiers : 0-0, malgré 19 tirs finlandais à… 1, et une domination nordique de 85% aux mises au jeu. Malgré tout, le jeu défensif français a fait ce qu’il fallait, en coupant les lignes de passe et en essayant de ne pas laisser le match s’emballer : gel du palet dès que possible, conservation du palet derrière la cage par exemple. La relance a en revanche été difficile à mettre en place.
Un improbable buteur
À la reprise, les Bleus sortent timidement de leur coquille – tout en continuant à s’appuyer sur Keller, imperturbable sur quelques tirs venus de loin.
Les Bleus sont tout de même moins menacés en deuxième tiers et reçoivent, après cinq minutes, un jeu de puissance : une crosse haute de Pesonen pour une double mineure, confirmée à la vidéo.
Le premier groupe ne parvient pas à faire grand chose, et le compteur défile sans occasion. Puis, le jeu s’installe un peu plus, avec Ritz et Guebey en artilleurs. C’est finalement le dernier groupe qui trouve un improbable finisseur. Sur une bionne entrée de Tim Bozon à gauche, il renverse le jeu vers Spinozzi à la bleue. La volée est puissante et Kevin Bozon chasse le rebond en deux temps pour son premier but en carrière au Mondial (0-1)
Kevin Bozon opens the scoring for France over Finland, making it 1-0 on the power play. #MensWorlds pic.twitter.com/gCjgP5lGLs
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On sent comme un début de frustration chez la Finlande. Nikolas Matinpalo essaie de mener la charge, navigant dans la défense tricolore avant de décocher un tir en pivot. Keller, encore, est sur la route. La confiance est là, mais la prise de risque qui augmente dans l’attaque française peut coûter cher. La Finlande gaspille ainsi un deux contre un, Oksanen manquant totalement sa passe vers son compère.
Colotti se joint à la fête avec une astucieuse passe le long de la bande, pour envoyer Leclerc dans le dos de la défense. Larmi s’impose, en voyant le tir filer sous son bras. Au fil des minutes, la Finlande reprend toutefois ses esprits et se rapproche du but. Keller s’avance loin pour fermer l’angle du tir de Tolvanen dans l’axe, après une série de tentatives excentrées.
La fin de tiers est délicate pour les Bleus. Englués dans une présence interminable, les Tricolores ne parviennent à changer que partiellement leurs joueurs sur un dégagement de Spinozzi. La Finlande revient s’installer face à deux arrières épuisés, continue son travail et Teräväinen égalise de loin à travers une forêt de joueur, dont le grand gabarit de Juho Lammikko devant Keller (1-1).
Erholtz frôle le deuxième but sur déviation dès la reprise, et Keller repousse. Les Bleus gèrent mieux les derniers instants, et cela donne 1-1 à la pause, avec 12 tirs français dans ce tiers, contre 15 aux Finlandais.
À deux minutes de l’exploit
Le début de troisième tiers est assez tendu : les deux équipes se montrent prudentes et ne laissent guère d’espaces. Le match est assez verrouillé, avec très peu de tirs de part et d’autres dans les quatre premières minutes.
La pression monte ensuite sur le but de Keller, vigilant de près suite à un palet perdu par Boudon. La ligne Teräväinen cherche de plus en plus les déviations et renversements, et la défense s’arc-boute sur le but. Le jeune gardien français suit bien le jeu et ses déplacements latéraux très rapides coupent court aux tentatives adverses.
Un bol d’air survient à dix minutes de la fin. Une bonne relance bleue envoie Bertrand en contre, mais Mikael Seppälä le bouscule au démarrage : obstruction. Les Bleus cafouillent leur relance en avantage numérique et un nouveau palet perdu dans la neutre permet à Merelä de s’approcher : Keller bloque sans rebond. La deuxième unité parvient enfin à s’installer, grâce à un énorme travail de Perret. Il parvient à s’avancer sur la gauche et déniche Tim Bozon oublié au deuxième poteau. Il contrôle pour mettre Larmi au sol, tire, et lève son propre rebond (1-2).
Tim Bozon just scored for France – 2-1.
Finnish blueliners didn't even challenge him. #MensWorlds pic.twitter.com/jRdAIBJ1PA
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Mais le match n’est pas fini. La Finlande attaque encore, une percée sur l’aile gauche de Puistola. Le tir en angle fermé semble bloqué par Keller en déséquilibre avant qu’une foule de joueurs ne s’approche. La révision vidéo est demandée et le but finalement refusé, Parssinen semblant pousser le palet une fois le gardien couché dessus.
Il reste 6’37 et la tension monte. Un tir de Lehtonen, bondissant, manque de peu de surprendre Keller. Les Bleus s’arrachent sur tous les palets. Les minutes défilent et la Finlande semble sans solution face à la hargne des Français, prudents dans leur relance et qui ne prennent aucun risque une fois le palet envoyé au delà de la ligne bleue.
Après un temps mort, Larmi laisse sa place à un attaquant. Mais Bellemare gagne la mise au jeu et Perret s’arrache, lève le palet tout droit vers la cage vide (1-3).
Il reste encore plus de deux minutes à jouer : c’est long, au hockey. Keller sort un premier arrêt, puis, sur un deuxième tir, ne peut rien faire sur le rebond pris par Tolvanen (2-3).
Eeli Tolvanen just scored late to give the Finns some life late. 3-2. #MensWorlds pic.twitter.com/4yRnCJsQeJ
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Larmi ressort, et il manque quelques centimètres à Tim Bozon pour pousser le disque vers la cage vide. La Finlande s’installe encore, et, à 27 secondes de la fin, Tolvanen s’offre un doublé à travers le trafic sur le cinquantième tir du soir (3-3).
After Tim Bozon just missed out on an empty-netter, Eeli Tolvanen scored his second in a row to tie it up. Finland's 50th shot.
3-3 with 27 seconds left. #MensWorlds pic.twitter.com/DsFQRztGdP
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Ultimes chances pour la France, deux tirs de Rech sur des mises au jeu gagnées, que Larmi stoppe. Prolongations !
Les Bleus remportent la mise au jeu, mais Guebey n’a pas de solution et concède un dégagement interdit. La mise au jeu suivante est gagnée, mais le palet perdu un peu plus tard force les Français à patiner en retard. Le jeu d’écrans finlandais, de passes-abandon, finit par marcher : Pesonen a un espace, seul face à Keller et le trompe entre les jambes (4-3).
Les efforts français ne récoltent donc qu’un seul point : la frustration est immense après avoir mené 3-1 si près de la fin du match. Mais, au vu du nombre d’absents, un point était-il attendu ce soir ? Pas si sûr. Il pourra valoir très cher à la fin de ce tournoi…
Désignés joueurs du match : Antoine Keller (France) et Eeli Tolvanen (Finlande)
Commentaires d’après-match
Kevin Spinozzi (défenseur de la France) : « C’est dur à prendre. Ils ont eu 50 tirs, ce n’est pas facile mais nous sommes allés chercher un point. Il faut voir le positif. J’ai pas mal trouvé ma place je pense, pour aider l’équipe le plus possible. L’overtime, nous avons la possession au début, mais ils font un beau pick, ils mettent le chaos de notre côté. Cela reste un point contre une grosse nation. »
Antoine Keller (gardien de la France) : « Je ne m’attendais à rien, juste à un gros match contre une grosse nation. L’équipe a essayé de garder le jeu sur les extérieurs, il y a eu des beaux jeux défensifs. Le jeu à la crosse ? j’ai l’habitude, après cela dépend des entraîneurs. Là, un coach à la française me demande plus de jouer comme cela, comme un autre défenseur. La fin de match, je ne pense pas que ça soit un manque d’expérience. C’est la Finlande en face, il faut jouer 60 minutes et nous n’avons pas joué soixante minutes. »
Kevin Bozon (attaquant de la France) : « Je n’aurais pas pensé marquer mon premier but en supériorité ! J’avais eu de grosses occasions les Mondiaux précédents ou même hier, des breakaways… Ce premier but fait plaisir, peut-être que ça va me libérer un peu, me donner de la confiance. Mais j’aurais voulu la victoire, c’est cruel pour nous. Si on nous avait dit avant le match qu’on prendrait un point contre la Finlande, on l’aurait pris, malgré tout on doit être déçu. Est-ce qu’on a célébré un peu trop vite, été trop dans l’excitation ? Il faut sans doute avoir plus de maturité. Je suis vraiment désolé pour les boys. Le premier tiers n’était pas si bon mais on a travaillé dur sur 58 minutes et Antoine a été monstrueux. C’est dommage. Oui, il y avait des absences, on aurait aimé les avoir avec nous, mais c’est la preuve que même sans eux, en mouillant le maillot… si on joue bien défensivement contre les grosses nations, on peut le gérer. Le Canada arrive, on va essayer de les embêter et de tenir un score neutre le plus longtemps possible. On va essayer de réaliser quelque chose de beau. »
Yorick Treille (sélectionneur de la France) : « À chaud, c’est la déception qui prime, nous étions si proches que c’est dur de ne pas être payés par la victoire. Je dis souvent que la force du groupe fait la force de l’équipe et là c’est une bonne leçon. À 3-1 et deux minutes et demie, j’ai trouvé que la célébration était trop détendue à mon goût. Il restait du travail et c’est mon rôle de communiquer ça. Oui, ce n’est pas souvent qu’on mène 3-1 si près de la fin contre la Finlande, mais nous avons beaucoup de gars avec de l’expérience… C’est juste humain, c’est normal de réagir comme cela, sauf que pour jouer au haut niveau il ne faut pas être normal ! Cela reste une bonne aventure, un apprentissage qui laisse des plumes. On va récupérer, corriger et s’auto-évaluer. Keller a été excellent, on savait qu’il en était capable, que tous nos gardiens en sont capables. Je ne suis pas surpris, il a réalisé une grosse performance et nous a donné une chance. Si on veut la victoire, cela passe par ce genre de prestation. Chaque point pris est important, nous ouvrons notre compteur, mais un point c’est maigre vu les efforts fournis. Le powerplay ? on sait que si on veut faire un exploit, cela passe par une défense solide, un gardien dernier rempart, et gagner le duel des unités spéciales. Je n’ai pas trop regardé le Canada, juste les scores. Texier, c’est une évaluation au quotidien, on espère le récupérer, il pourra nous aider. Fabre en revanche, c’est une blessure plus sérieuse, qui demandera une intervention, son tournoi est donc terminé. »
Finlande – France 4-3 ap. (0-0, 1-1, 2-2, 1-0)
Dimanche 11 mai 2025, 20h20. Avicii Arena de Stockholm, 3882 spectateurs.
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Mikael Holm (SUE) assistés de Albert Ankerst Jerne (DAN) et Dominik Schlegel (SUI)
Pénalités : Finlande 4’ (0’, 4’, 0’) ; France 4’ (4’, 0’, 0’)
Tirs : Finlande 34 (19, 15, 4) ; France 13 (1, 12, 6)
Récapitulatif du score
0-1 à 28’01” : K. Bozon assisté de Spinozzi et T. Bozon (sup. num.)
1-1 à 37’33” : Teräväinen assisté de Lehtonen et Saarijarvi
1-2 à 50’57” : T. Bozon assisté de Perret et Bellemare (sup. num.)
1-3 à 57’18” : Perret assisté de Bellemare (cage vide)
2-3 à 58’27” : Tolvanen assisté de Lehtonen (att. sup.)
3-3 à 59’32” : Tolvanen assisté de Lehtonen et Teräväinen (att. sup.)
4-3 à 61’24” : Parssinen assisté de Tolvanen et Lammiko
Finlande
Attaquants :
Eeli Tolvanen (+3) – Juho Lammikko (+2) – Teuvo Teräväinen (A, +2)
Harri Pesonen – Mikael Ruohomaa – Waltteri Merelä (+1)
Patrik Puistola – Juuso Pärssinen (4′, +1) – Lenni Hämeenaho
Ahti Oksanen (-1) – Hannes Björninen (A) – Eemil Erholtz
Défenseurs :
Mikko Lehtonen (C, +2) – Vili Saarijärvi (+1)
Atro Leppänen (+3) – Nikolas Matinpalo
Robin Salo – Mikael Seppälä
Tony Sund – Rasmus Rissanen
Gardien :
Emil Larmi
Remplaçant : Juuse Saros (G). En réserve : Justus Annunen (G).
France
Attaquants :
Tim Bozon – Pierre-Édouard Bellemare (C) – Jordann Perret
Charles Bertrand – Louis Boudon (A) – Anthony Rech (2′)
Guillaume Leclerc – Aurélien Dair (2′) – Fabien Colotti
Kévin Bozon – Nicolas Ritz – Sacha Treille
Défenseurs :
Vincent Llorca – Hugo Gallet (A)
Pierre Crinon – Jules Boscq
Enzo Guebey – Kevin Spinozzi
Yohan Coulaud – Fabien Bourgeois
Gardien :
Antoine Keller
Remplaçant : Julian Junca (G). En réserve : Quentin Papillon (G), Alexandre Texier (A, malade), Dylan Fabre (A, blessé, tournoi terminé)
