Après le quasi-exploit contre la Finlande, l’équipe de France attaque un autre très gros morceau : le Canada, qui a facilement remporté ses deux premiers matchs.
Les Bleus choisissent Julian Junca pour ce match : les trois gardiens auront donc eu un départ en ce début de tournoi. Antoine Keller est en tribunes en compagnie de Fabien Bourgeois et, plus étonnant, de Jordann Perret. Alexandre Texier fait son retour et il apparait en position de quatrième ligne. Baptiste Bruche disputera son premier match dans ce tournoi. Côté canadien, Jordan Binnington est le gardien partant.
Les Bleus sont en difficulté d’entrée. Junca sort un tir de Foerster sans parvenir à capter de la mitaine, puis les défenseurs cafouillent des passes simples : on sent une certaine crispation face à la vitesse adverse. Le gardien tricolore écarte ensuite, là encore en laissant un rebond, un tir de Montour.
Après quatre minutes, les Bleus sont pris dans leur zone et Weegar, décalé, ajuste… la barre, et le palet file devant la ligne. Avertissement sans frais… tout comme la déviation de Johnson juste devant Junca. Le disque retombe sur sa botte et est dégagé.
Les Bleus semblent aller mieux, avec quelques timides incursions offensives. Mais une relance de Llorca met Leclerc en difficulté le long de la bande. Foerster récupère et trouve Horvat devant le but, qui élimine Guebey d’une feinte et trompe Junca (1-0). La vitesse des mains de l’attaquant des Islanders a fait merveille.
Un Horvat en feu, qui se crée deux chances coup sur coup sur la présence suivante, dans l’axe comme servi en retrait. Konecny transperce ensuite la défense plein axe, et Junca sauve le coup. Le gardien est ensuite sauvé par son poteau, sur une nouvelle action de l’attaquant des Flyers, avant de bloquer le tour de cage de Johnson du bout de la botte.
Le premier tir officiel vient de Louis Boudon en entrée de zone, qui force Binnington à laisser un rebond. Il est suivi d’un gros shift de l’attaquant français accompagné de Rech et Bertrand. Le trio met le feu dans la zone bleue du gardien, à deux doigts de marquer, et le palet est finalement dégagé. Sauf que sur le changement de ligne, Colotti est battu à la bleue canadienne et le disque arrive vite dans le camp français. Guebey est seul contre Johnson et Cuylle, et le premier sert le second pour un tir en hauteur (2-0).
Les Bleus prennent toutefois leur chance, quand ils arrivent à repousser les occasions… Après un grand écart de Junca, une sortie de zone de Texier vers Treille crée une bonne situation en passant derrière la cage canadienne. Le joueur des Blues repousse physiquement Weegar le long de la bande et remise sur Guebey, dont le tir est dévié devant Binnington et finit sur le poteau. Le rebond est pris, remonté et un nouveau tir, dévié par Treille, force Binnington à l’arrêt. C’est ensuite Bellemare qui fait écran sur la présence suivante pour un nouvel arrêt. La bonne présence française se poursuit, avec un tir excentré de Guebey. 2-0 à la pause pour le Canada, fort logiquement, mais la France a mieux fini le tiers.
Junca continue son bon travail au retour des vestiaires, sortant un tir de Schenn de l’aile. Les Bleus s’appliquent à la relance, apportent du soutien dans les duels. Il s’agit ensuite d’essayer de piquer en contre : Leclerc bloque un tir et file en échappée. Il n’a pas trop d’espace et manque son revers en hauteur, mais cela introduit une séquence offensive avec des tirs de Boscq déviés et aboutit à une pénalité de MacKinnon.
La France peine à installer son jeu, ne créant que deux tirs bloqués et passant plus de temps à revenir chercher le palet dans sa propre zone – ou à esquiver la catastrophe sur un tir de Johnson et un de Celebrini.
Les Bleus défendent plutôt bien, fermant au maximum possible l’accès au centre de la glace. Leur jeu à la crosse leur permet de couper les lignes de passe et de gagner certains duels. Junca reste bien concentré et sauve un tir excentré de Konecny. Il n’y a finalement pas beaucoup d’occasions dans ce deuxième tiers grâce à ce travail défensif.
La discipline, visible sur les deux premiers matchs et le début de celui-ci, prend un petit coup lorsque Crinon assène un coup de crosse dans le dos de O’Reilly au duel dans le slot. Junca commence par sortir de la botte un essai de Konecny en pivot. Le capitaine Crosby élimine ensuite Gallet d’une feinte et s’avance en bas de zone vers la cage : voyant Junca se préparer avec un genou au sol, le joueur de Pittsburgh lève le palet au-dessus de l’épaule (3-0).
Après un interlude « karaoke » où les supporters français ont pu chanter Les Lacs du Connemara via l’écran géant (authentique), les joueurs reprennent la partie. Le Canada entame fort et force Junca à un premier arrêt, puis Boscq est puni pour une crosse haute.
Le danger se rapproche encore, avec MacKinnon et Konecny à la baguette. Le palet circule bien trop vite pour la défense et Horvat s’offre un nouveau doublé dans ce tournoi, du cercle droit (4-0).
Les frères Bozon se procurent ensuite une très belle chance dans l’enclave. Kévin trouve un palet à bout portant et Binnington ferme la porte. Un peu après, une belle remontée de palet tricolore va de gauche à droite et se termine en tir de Boudon, capté par le gardien des Blues de St. Louis.
Le Canada se montre pour sa part très efficace. Montour est servi en retrait et lance en force : le palet monte dans les airs, et retombe dans le but (5-0).
Junca sort ensuite deux occasions dont une échappée de Johnson, et Binnington un tir de Guebey sur une passe-abandon. Leclerc contre ensuite un tir et file en échappée : il cherche Texier à sa gauche au lieu du tir, et la passe est coupée par le retour des défenseurs. Ce sera la dernière chance française.
Le Canada n’a pas vraiment forcé, équilibrant beaucoup les temps de jeu de ses quatre lignes, et a su capitaliser sur ses deux seules supériorités numérique. Entrée timidement dans la partie, la France a commencé à mieux jouer avec ses armes en fin de premier tiers, avant de sortir un deuxième tiers de bonne qualité. Il y a beaucoup de bonnes choses à retenir ce soir face à l’ogre du tournoi, à conserver et améliorer encore en vue du match de mercredi contre la Slovaquie, avec une récupération minimale (match à 16h20).
Désignés joueurs du match : Pierre-Édouard Bellemare (France) et Bo Horvat (Canada)
Commentaires d’après-match :
Fabien Colotti (attaquant de la France) : « C’est toujours impressionnant de jouer contre une telle équipe, mais nous devons apprendre à nous mettre en place plus vite, car là c’était un peu comme contre la Finlande au premier tiers. On voit que c’est le très haut niveau ce soir, mais c’est plaisant à jouer, on a bien mieux jouer au fil du match et beaucoup appris. Le match de ce soir reste basé sur notre identité défensive, c’est à dire être solidaires et solides, avoir le goût de l’effort, jouer comme une famille, en s’entraidant. Quand on est tous solidaires, on est plus solides. On doit encore travailler notre jeu de transition, faire plus mal en contre. On a le profil pour être une équipe rapide. Nous aurons sans doute plus de possession demain, même si ce n’est pas forcément à nous de faire le jeu, donc il faudra vraiment leur faire mal en contre. »
Hugo Gallet (défenseur de la France) : « Contre la Finlande ou le Canada, on doit trouver des solutions pour jouer dès la première minute. On ne doit pas les regarder au premier tiers, même si là c’était mieux à la fin. Quand on a commencé à jouer, c’était bien mieux et ça doit être une leçon pour le match suivant. C’est sûr, ce soir c’est la crème de la crème donc c’est naturel, mais nous restons des professionnels et nous n’étions pas dans le rythme du match : il a fallu s’ajuster à leur vitesse, car ils jouent plus « straight forward » (direct) que les Finlandais, à une touche de palet… On voit qu’ils ont l’habitude de glaces plus petites, qu’ils n’ont pas beaucoup d’espace, et ça nous surprend, nous joueurs Européens. Il y a des choses à garder ce soir : quand nous avons commencé à jouer notre jeu, nous avons trouvé des jeux offensifs, cela doit nous donner confiance, pour garder cette patience avec le palet. »
Pierre-Édouard Bellemare (attaquant de la France) : « Le positif, c’est le deuxième et le troisième tiers. Le premier était terrible. On s’est regroupés, on a mis le focus sur la discipline, car en premier tiers nous avons concédé trop de rushs. On a rendu le match plus serré après, et ça a donné de l’énergie à tout le monde. En face, c’est la meilleure nation du monde et nous en sommes très loin. Nous avions beaucoup de jeunes joueurs qui n’avaient jamais affronté un tel niveau et j’ai trouvé qu’ils s’étaient bien débrouillés. La Slovaquie demain, sans leur manquer de respect, c’est évidemment moins fort, mais on sait qu’ils vont jouer dur, et de toute façon nous n’avons aucun match qui ne sera pas difficile, ça ne marche pas comme ça aux Championnats du monde. On va devoir se regarder dans le miroir, voir ce qui a bien marché et pas marché, apprendre et être meilleurs. Le match de ce soir va nous aider, avec la façon dont nous avons joué défensivement. »
Yorick Treille (attaquant de la France) : « J’ai aimé notre belle réaction au deuxième tiers. Au premier, nous n’avons pas joué à notre potentiel. Il y avait de la nervosité, je ne sais pas trop pourquoi, et nous n’avions pas la capacité de faire des jeux simples. C’est un très mauvais premier tiers, avec une petite réaction intéressante à la fin. J’ai aimé la réaction en deuxième, pas tellement dans le score mais dans ce que nous voulions faire. Le début était pas mal la répétition du match contre la Finlande, et on doit être plus précis plus tôt pour éviter des présences interminables. On va continuer à progresser tout du long du tournoi. Le travail sera aussi sur la transition et quoi en faire. Nous avons fait de bons jeux simples avec plus de fluidité au deuxième tiers et on doit construire dessus. Nous avons réussi à mettre du trafic, envoyer le puck à la cage, c’est ça le jeu français, le jeu d’un peu tout le monde en fait. Il n’y a pas de secret. Nous avons manqué d’exécution sur nos contre-attaques, mais au moins nous nous en sommes créées. C’est un bon apprentissage, maintenant il faut tourner la page et préparer le match contre la Slovaquie. Jordann Perret, c’était à la fois du repos et un souci physique. Baptiste Bruche ? Il n’avait pas eu beaucoup d’entraînement, mais il nous fera du bien avec sa vitesse et son poids car nous avons beaucoup de batailles à venir. »
Canada – France 5-0 (2-0, 1-0, 2-0)
Mardi 13 mai 2025, 20h20. Avicii Arena de Stockholm, 4124 spectateurs.
Arbitres : Jan Hribik (TCH) et Mikko Kaukokari (FIN) assistés de Jiri Ondracek (TCH) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : Canada 2’ (0’, 2’, 0’) ; France 4’ (0’, 4’, 0’)
Tirs : Canada 36 (14, 10, 12) ; France 15 (6, 4, 5)
Récapitulatif du score
1-0 à 06’32” : Horvat assisté de Foerster
2-0 à 12’11” : Cuylle assisté de Johnson et O’Reilly
3-0 à 37’32” : Crosby assisté de Montour (sup. num.)
4-0 à 43’57” : Horvat assisté de Konecny et MacKinnon (sup. num.)
5-0 à 51’05” : Montour assisté de Hayton et Schenn
Canada
Attaquants :
Bo Horvat (+1) – Nathan MacKinnon (A, 2′, +1) – Tyson Foerster (+1)
Macklin Celebrini – Sidney Crosby (C) – Travis Konecny
Adam Fantilli – Ryan O’Reilly (A, +1) – Kent Johnson (+1)
Brayden Schenn (+1) – Philip Danault (+1) – Barrett Hayton (+1)
Will Cuylle (+1)
Défenseurs :
Travis Sanheim (+1) – Jared Spurgeon (+1)
Noah Dobson (+2) – Mackenzie Weegar (+1)
Mike Matheson – Brandon Montour (+1)
Ryker Evans
Gardien :
Jordan Binnington
Remplaçant : Marc-André Fleury (G). Réserviste : Dylan Garand (G).
France
Attaquants :
Kévin Bozon – Pierre-Édouard Bellemare (C) – Tim Bozon
Charles Bertrand – Louis Boudon (A) – Anthony Rech
Sacha Treille (-1) – Nicolas Ritz (-2) – Aurélien Dair (-1)
Fabien Colotti (-1) – Guillaume Leclerc (-3) – Alexandre Texier (-1)
puis à 40’00” Baptiste Bruche
Défenseurs :
Vincent Llorca – Hugo Gallet (A)
Pierre Crinon (2′, -1) – Jules Boscq (2′, -2)
Enzo Guebey – Kevin Spinozzi
Yohan Coulaud
Gardien :
Julian Junca
Remplaçant : Quentin Papillon (G). En réserve : Antoine Keller (G), Dylan Fabre (A, blessé, tournoi terminé), Jordann Perret (A), Fabien Bourgeois (D)