C’est une montagne qui se dresse devant l’équipe de France. La Suède, l’un des rares pays que les Bleus n’ont jamais battu au Mondial, du moins dans la période moderne – la seule victoire remontant à 1937. Une Suède renforcée par Max Friberg, en attendant l’arrivée dimanche de William Karlsson. Samuel Ersson débute dans les cages et Marcus Johansson est au repos.
Côté tricolore, Hugo Gallet et Tim Bozon ne sont pas de la partie. Antoine Keller, chassé hier, se voit offrir une nouvelle chance. Face à une équipe qui n’a encaissé que trois buts dans le tournoi, la mission s’annonce complexe.
La Suède plus réaliste
Kevin Bozon se crée la première chance du match, un tour de cage qui ne pose pas de problème à Ersson, collé à son poteau. Le rythme est ensuite assez lent. La France s’applique, et le premier tir suédois n’arrive qu’après 2’30”. Les joueurs de Yorick Treille paraissent bien en place, concentrés. Ils obtiennent un deuxième tir, par Vincent Llorca, après un bon travail en zone offensive. Ersson ne laisse pas de rebond, tout comme Keller sur un slap de Gustafsson.
Les Bleus jouent crânement leurs coups offensifs. Derrière le but, Bellemare reçoit une passe de Bourgeois et cherche Perret dans le slot. Ersson repousse cette bonne occasion. Puis, c’est un centre de Rech vers Boudon qui est dévié par un défenseur dans les jambières d’Ersson.
En face, Zibanejad mène une action similaire et trouve Brodin, lancé au cercle gauche. Keller ferme bien son angle et ne laisse aucun rebond. Sur la mise au jeu, il se déplace très vite latéralement pour bloquer le tir de Larsson. La machine se met en route et Keller sort un tir de Fröden, mais les Bleus partent en contre. Kevin Bozon est mis en bonne posture devant Ersson, mais cherche la passe au lieu du tir et le palet file juste à côté du but, dévié par un défenseur. Puis, Enzo Guebey s’essaie de loin, Ersson ne cède pas de rebond.
Keller est battu à 6’33 de la pause. La Suède remporte un duel le long de la bande et Lucas Raymond récupère en tête de cercle et a le temps d’ajuster son tir. Le jeune gardien est masqué (0-1).
Il s’incline encore une minute plus tard sur le lancer suivant lorsque Emil Heineman arrive au cercle droit et catapulte un tir en pleine lucarne (0-2).
Le buteur montréalais concède en fin de tiers deux minutes en zone offensive. Le jeu de puissance français s’installe… très peu de temps. Harcelée par l’échec-avant, la relance peine à se mettre en place. Pas de but, et la pause survient : 2-0 pour la Suède, devant aussi au chapitre des tirs, 15-7.
Des Bleus sur le reculoir
La France reprend son jeu assez propre dans cette deuxième période, ne concédant guère d’occasion et cherchant timidement des combinaisons, malheureusement périphériques. Mais un palet perdu profite à Filip Forsberg. Guebey l’accroche, et Keller doit bloquer le poteau du bout de sa botte sur la pénalité différée.
La Suède capitalise sur son avantage ; Raymond sert Backlund ligne de fond, qui remise vers Lindholm en une touche. Le tir est dévié en l’air, et le palet retombe derrière Keller (0-3).
Quelques instants plus tard, Spinozzi prend un palet dans le visage ; le jeu s’arrête et le défenseur rentre péniblement au banc. Un peu plus tard, Texier est lui aussi à la peine sur une charge contre la bande.
La quatrième ligne française se fait ensuite enfermer dans sa zone pendant un shift interminable : deux minutes cinquante entrecoupées de deux dégagements interdits ! Seul Treille parvient à sortir dans cet intervalle. La défense, épuisée, ne concède tout de même pas de chance dangereuse jusqu’à ce que Bertrand parvienne à porter le palet dans l’autre camp pour le changement. Mieux, une fois enfin remplacée, la ligne voit Boudon envoyer Texier dans le dos de la défense. Il parvient à contrôler le palet avant d’affronter Ersson, mais son tir file juste à côté.
La Suède reprend sa maîtrise, et Larsson lance de la bleue : Keller s’en sort. Ses défenseurs continuent de subir, mais restent bien positionnés pour bloquer ou dévier les essais adverses. En revanche, offensivement, la France n’existe pas dans ce tiers. Un lancer de Llorca, sans danger, depuis la bleue, est le premier tir à la seizième minute.
Peu après, Crinon tente de relancer depuis son camp, mais il perd le palet face à Raymond. Celui-ci fonce vers la cage et Spinozzi n’a d’autre choix que de le ralentir de manière illégale. Rasmus Andersson lance de la bleue – un tir mesuré à 155 km/h – et Keller repousse dans le coin. Il stoppe ensuite un tir de Carlsson du cercle droit.
La France tue la pénalité et, juste au retour à cinq, Bruche vole un palet et file en échappée. Il feinte bien Ersson et tente de lever son palet, mais cela ne passe pas ! Ce sera la dernière chance du tiers : 3-0 pour la Suède.
Avec leurs armes
Le match reprend avec une pénalité contre Texier après neuf secondes. Kevin Bozon démarre en contre le long de la bande : excentré, il tire ras glace et le palet glisse sous Ersson à travers la zone bleue, et hors cadre… Keller stoppe ensuite un tir de Forsberg de la mitaine.
Il reste 41 secondes d’infériorité, et Guebey met au sol Backlund : 5 contre 3. La première pénalité est tuée, et, alors qu’on se dirige vers la fin de la deuxième, un tir de Gustafsson est dévié par Forsberg puis Lundeström dans l’enclave – impossible pour Keller de prédire ce coup de billard (0-4).
Erik Gustafsson's shot was tipped by Filip Forsberg and off Isac Lundestrom to make it 4-0 Sweden. #MensWorlds pic.twitter.com/9zOid0FnIT
— Steven Ellis (@SEllisHockey) May 17, 2025
Le gardien bleu stoppe le lancer suivant, Gustafsson de la bleue, malgré l’écran de Forsberg qui sautait devant lui. L’attaquant de Nashville enchaîne ensuite avec un tir sorti de l’épaule.
La France plie, incapable de sortir de sa zone jusqu’à ce que Lundeström fasse trébucher Guebey. Le jeu de puissance cafouille sa relance pendant très longtemps avant une bonne chance de Rech en pivot, repoussée par Ersson. Sur l’action, Bertrand est victime d’un coup de crosse dans le dos qui l’envoie percuter un joueur devant lui. Sonné, il rentre au banc et c’est un 5 contre 3 assez bref. La France peine à s’installer, maladroite dans ses contrôles et ses passes. Elle subit aussi les efforts de Friberg, peste dans le camp bleu, et la pénalité se termine.
Au retour à égalité numérique, un palet bondissant sur le bon travail de Colotti donne une chance à Kevin Bozon ; Ersson repousse.
Les tirs suédois sont bien plus dangereux et il faut encore quelques parades de Keller pour tenir le score, dont un lancer suite à une percée de Wennberg. À quelques minutes de la fin, Forsberg est puni pour un cinglage. Les Bleus se mettent encore en danger sous le pressing de Friberg, qui sollicite Keller. Les passes françaises n’arrivent nulle part, contraignant les groupes de power-play à patiner après le palet.
La meilleure chance survient au retour au complet : un, tir de Bourgeois dévié par Kevin Bozon, bloqué au premier poteau par la botte d’Ersson. Forsberg, encore lui, se venge alors d’une charge subie un peu plus tôt et fait tomber Boudon : deux minutes, à 1’07 de la sirène. La France obtient un dernier bon tir de Dair, servi en retrait par Texier. Le chronomètre restant figé à 19 secondes, les deux équipes doivent patienter le temps que les officiels règlent le souci, sous les chants et applaudissements suédois. Une victoire logique 4-0, face à des Bleus valeureux mais bien trop limités.
Désignés joueurs du match : Kévin Bozon (France) et Filip Forsberg (Suède)
Commentaires d’après-match :
Baptiste Bruche (attaquant de la France) : « On s’est battus avec nos armes. On savait qu’ils étaient supérieurs à nous, mais je trouve qu’on a joué avec eux. On a eu des occasions, travaillé dur et joué à fond. C’est une défaite, mais je trouve qu’on a fait un gros match. Offensivement ? Il y a un peu de tout. Je pense qu’on a les qualités nécessaires pour marquer. On en a été capables en préparation et même dans le tournoi, pour moi ce n’est pas un problème. Il faut se remobiliser, tirer le positif de tout ça. Le groupe en est capable. L’objectif, c’est de ne pas prendre de pénalités, et le peu qu’on prend, notre penalty-kill a été très bon, a défend en bloc, solidaire, avec en plus nos gardiens derrière. Il faudra rester comme cela lundi. Demain, on travaillera sûrement à la vidéo, peut être un peu de glace puisqu’on a un créneau, pour travailler ce power-play. Analyser tout ça, pour que les dix joueurs qui sont dessus jouent leur meilleur match. J’ai confiance en ces dix gars. À titre personnel ? Je me sens bien, libéré. Je ne me prends pas la tête, je joue mon jeu, comme en club, et j’essaie d’apporter quelque chose. J’aurais dû marquer sur cette occasion. Je prends les minutes qu’on me donne pour aider au maximum. »
Enzo Guebey (défenseur de la France) : « Ce n’est pas forcément facile quand il manque des joueurs, oui, il faut que tout le monde « step up ». On prend un rôle qui n’est pas forcément le même qu’en club, il faut monter son niveau sans faire trop compliqué. Hier, on perd surtout dès le premier tiers et on a pas réussi à changer après cela. Aujourd’hui il y a donc du positif face à une Suède avec les trois quarts de joueurs NHL. Nous avons joué compact, on a eu des occasions, deux breakaways. Les deux pénalités de suite nous coupent un peu les jambes. La discipline est importante si l’on veut garder le match serré. Lundi ? il faudra l’aborder confiant, on a tout pour faire correctement. Match après match, sauf contre l’Autriche, on a progressé. Il faudra arriver comme des chiens, on doit gagner. »
Yorick Treille (sélectionneur de la France) : « On a vu ce soir ce qu’était le très haut niveau. On apprend, et on aimerait jouer ce genre d’équipes de manière plus régulière. Pour notre structure, ce sont des matchs très intéressants. Nous n’avons pas eu énormément d’occasions. Nous avons quelques temps faibles au deuxième tiers, mais on a su garder le jeu à l’extérieur, et on peut obtenir un break ou deux. Maintenant, il faut concrétiser ce peu d’occasions en simplifiant le jeu en zone offensive, car les occasions sont rares. Sur le power-play, on n’y est pas, il va falloir trouver des solutions. C’est l’élément où on doit performer. On cherche à gagner du respect, à se battre à chaque match et les joueurs l’ont fait ce soir. Rassuré ? Quand on reste dans notre structure, oui, mais on en est sortis sur le premier et le deuxième but. Lundi, il faudra jouer soixante minutes dans notre structure. Il peut se passer des choses, des rebonds ou autres mais nous ne devons pas en sortir. Ce match peut servir de match référence, on montre qu’on peut exister à ce niveau. Maintenant il faut préparer le match de lundi, ce sera la guerre mais c’est juste un match de hockey, un challenge pour les joueurs. On ne peut pas se permettre de gaspiller des opportunités. Toutes les défenses sont bien en place, on doit avoir un effort tôt pour élargir le jeu et s’éloigner des coins ; on ne peut pas rester le nez dans la bande. La Slovénie n’aura rien à perdre, ils sont en prise d’expérience. C’est une équipe soudée, valeureuse, avec de bons gardiens – on verra lequel on aura – et des joueurs qui peuvent faire la différence. Mais peu importe : nous, on a une façon de jouer, c’est la même pour toutes les équipes. »
France – Suède 0-4 (0-2, 0-1, 0-1)
Samedi 17 mai 2025, 16h20. Avicii Arena de Stockholm, 12530 spectateurs.
Arbitres : Mads Frandsen (DAN) et Jan Hribik (TCH) assistés de Tommi Niittyla (FIN) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : France 8’ (0’, 4’, 4’) ; Suède 10’ (2’, 0’, 8’)
Tirs : France 15 (7, 1, 7) ; Suède 36 (15, 10, 11)
Récapitulatif du score
0-1 à 13’27” : Raymond assisté de Carlsson et Lundeström
0-2 à 14’25” : Heineman assisté de Bengtsson et Brodin
0-3 à 24’39” : Lindholm assisté de Backlund et Raymond (sup. num.)
0-4 à 44’05” : Lundeström assisté de Forsberg et Gustafsson
France
Attaquants :
Jordann Perret – Pierre-Édouard Bellemare (C, -1) – Alexandre Texier (2′,-1)
Charles Bertrand (-1) – Louis Boudon (A, -1) – Anthony Rech (-1)
Kévin Bozon – Nicolas Ritz – Baptiste Bruche
Sacha Treille (-1) – Aurélien Dair (-1) – Fabien Colotti (-1)
Guillaume Leclerc
Défenseurs :
Pierre Crinon (-1) – Jules Boscq (-1)
Enzo Guebey (4′, -2) – Kevin Spinozzi (-2)
Fabien Bourgeois – Yohan Coulaud
Vincent Llorca (-1)
Gardien :
Antoine Keller
Remplaçant : Julian Junca. En réserve : Quentin Papillon (G), Tim Bozon (A), Hugo Gallet (D). Blessé : Dylan Fabre (substitué par Bruche).
Suède
Attaquants :
Lucas Raymond (+2) – Isac Lundeström (2′, +2) – Leo Carlsson (+1)
Filip Forsberg (4′, +1) – Mikael Backlund – Elias Lindholm
Jesper Fröden – Alexander Wennberg – Mika Zibanejad (A)
Max Friberg (+1) – Anton Bengtsson (+1) – Emil Heineman (2′, +1)
Défenseurs :
Marcus Pettersson – Rasmus Andersson (C, +1)
Adam Larsson (2′, +1) – Jonas Brodin (+2)
Erik Gustafsson (+1) – Simon Edvinsson (+1)
Gardien :
Samuel Ersson
Remplaçant : Jacob Markström. En réserve : Arvid Söderblom (G), Marcus Johansson (A), William Karlsson (A, arrive le lendemain).