L’incroyable 10 sur 10 de la Russie dans l’Euro Hockey Tour cette saison ne suffit pas à la porter au pinacle. Elle sait bien qu’elle a perdu par ailleurs deux matches en Suisse – un pays qu’il faut sans doute rajouter dans la liste des favoris des prochains Mondiaux. Les victoires témoignent d’un réservoir russe toujours très profond qui a su étonner, y compris avec des juniors à l’automne, mais elle n’assure pas de la capacité à élever le niveau pour une grande compétition.
L’arrivée annoncée de cinq défenseurs de NHL intensifie en tout cas la concurrence. Il y a déjà un candidat de moins car Dinar Khafizullin s’est blessé dans le match d’hier et est sorti du jeu. Dmitri Yudin le remplace sur la première paire défensive aux côtés du capitaine Egor Yakovlev, mais il n’aide pas ses chances… Yudin fait en effet trébucher Pakarinen dans le coin sur la première séquence finlandaise installée. Une faute qui amène le premier but. Axel Rindell ouvre le score pour le second match consécutif, d’un lancer balayé, pendant que Jere Sallinen traverse le champ de vision du gardien (0-1).
Mais à vrai dire, ce n’est – pour une fois – pas la défense qui préoccupe les supporters russes. Les deux renforts NHL Mikhail Grigorenko – déjà arrivé et présent en tribune – et Aleksandr Barabanov ne vont pas changer le niveau de l’attaque, qui reste sujet à caution. La Finlande, avec son jeu défensif très appliqué et très volontaire, est toujours un test majeur pour le talent russe. Et le résultat du test est très clair : les Russes n’avaient pas le passeport vaccinal pour être autorisés à rentrer dans l’enclave. Leur unique occasion, une échappée de Dmitri Voronkov qui ne lève pas assez le palet après avoir feinté le gardien, a été « offerte » par une étrange passe-abandon de Tommi Kivistö en zone neutre. Hormis cette boulette, les Finlandais maintiennent parfaitement leurs adversaires dans le périmètre.
Une seule ligne sort du lot dans le camp russe… et c’est le quatrième trio. Evgeni Shvets-Rogovoy a récupéré des palets en infériorité numérique, et son activité a provoqué les deux seules fautes finlandaises. Une interception en zone neutre de Vladislav Kamenev face à Mikael Ruohomaa – a donné la plus belle occasion des 40 premières minutes, un lancer d’Evgeni Timkin qui a frappé le poteau opposé.
Le bilan du top-6 offensif russe, en revanche, est plutôt déprimant. Seul Maksim Shalunov tire son épingle du jeu. C’est lui qui contre Axel Rindell quand le défenseur essaie de dribbler en zone offensive. Le centre russe s’échappe alors et fait une jolie feinte du revers avant de conclure dans le haut du filet (1-1). C’est bon pour la confiance, car la Russie aura besoin de Shalunov pour conduire une des deux premières lignes.
À l’aise en contre-attaque, les Russes le sont beaucoup moins en jeu placé. Juste après la fin de leur seule supériorité numérique complète, une passe transversale d’Igor Ozhiganov est contrée par Peter Tiivola et Jere Karjalainen part en breakaway, conclu entre les bottes du gardien Ivan Bocharov (1-2). Teemu Turunen trouve la faille au même endroit trente secondes plus tard sur un tir en pivot, après avoir profité d’une perte de palet de Konstantin Okulov dans la zone russe (1-3). Valeri Bragin sort son gardien très tôt, mais Karjalainen intercepte une passe transversale de Burdasov, provoque une faute de Dronov sur la contre-attaque et marque en cage vide pendant la pénalité différée (1-4).
La Finlande bat donc la Russie pour la première fois de la saison, comme par hasard au plus près de l’évènement décisif. Les fondamentaux sont parfaitement en place chez les champions du monde. Leur jeu est stable et peu dépendant du talent individuel. Contrairement à leur adversaire du jour, dans le doute. Plus que les difficultés à construire qui doivent aussi à l’identité de l’adversaire, le sélectionneur russe Valeri Bragin a un sérieux problème de gardien : il en testera un troisième (Fedotov) samedi, alors qu’aucun n’a rassuré jusqu’ici.
Désignés joueurs du match : Artyom Shvets-Rogovoy pour la Russie et Juho Olkinuora pour la Finlande.
Russie – Finlande 1-4 (0-1, 1-0, 0-3)
Jeudi 13 mai 2021 à 16h00 à l’O2 Arena de Prague. Huis clos.
Arbitres : Vladimír Pešina et Daniel Pražák assistés de Tomáš Brejcha et Miroslav Lhotský (TCH).
Pénalités : Russie 10′ (4′, 4′, 2′) ; Finlande 4′ (2′, 0′, 2′).
Tirs : Russie 23 (7, 5, 11) ; Finlande 23 (8, 9, 6).
Évolution du score :
0-1 à 04’51 : Rindell assisté de Sallinen et Puustinen (sup. num.)
1-1 à 44’14 : Shalunov
1-2 à 50’13 : Karjalainen assisté de Tiivola
1-3 à 50’45 : Turunen
1-4 à 59’34 : Karjalainen assisté de Suomi (cage vide)
Russie
Attaquants :
Anton Slepyshev (A) – Maksim Shalunov – Konstantin Okulov
Dmitri Voronkov (-1) – Ivan Morozov (-2) – Anton Burdasov (A, -2)
Kirill Marchenko – Denis Zernov – Emil Galimov (-1)
Evgeny Timkin – Vladislav Kamenev (-1) – Artyom Shvets-Rogovoy
Vasili Podkolzin
Défenseurs :
Egor Yakovlev (C) – Dmitri Yudin (6′)
Grigory Dronov (-1, 2′) – Igor Ozhiganov (-2, 2′)
Rushan Rafikov (-1) – Aleksei Marchenko
Gardien :
Ivan Bocharov [sorti de 55’22 à 59’34]
Remplaçants : Ivan Fedotov (G), Kirill Kirsanov. En réserve : Aleksandr Samonov (G), Daniil Pylenkov, Mikhail Naumenkov (D), Pavel Kraskovsky, Ilya Safonov, Mikhail Grigorenko, Pavel Karnaukhov, Andrei Kuzmenko (A), Sergei Tolchinsky (fort rhume).
Finlande
Attaquants :
Teemu Turunen (+1) – Mikael Ruohomaa (+1, 2′) – Iiro Pakarinen (+1)
Jere Sallinen (A, -1) – Anton Lundell (-1) – Valtteri Puustinen (-1)
Eemeli Suomi (+1) – Peter Tiivola (+2) – Jere Karjalainen (+2, 2′)
Saku Mäenalanen (+1) – Hannes Björninen – Marko Anttila (C)
Défenseurs :
Atte Ohtamaa (A, +2) – Oliwer Kaski (+1)
Niklas Friman – Axel Rindell (-1)
Jarkko Parikka – Ville Pokka (+1)
Tommi Kivistö (+1) – Kim Nousiainen
Gardien :
Juho Olkinuora
Remplaçants : Harri Säteri (G), Jere Innala. En réserve : Janne Juvonen (G), Mikael Seppälä, Elmeri Eronen, Petteri Lindbohm, Tony Sund, Veli-Matti Savinainen, Markus Hännikäinen, Petri Kontiola, Niko Ojamäki.