À quelques jours du début de la saison 2021-2022, retour sur les huit équipes éliminées au premier tour lors des playoffs 2021. Entre franchises en bout de course, favoris en échec et équipes en pleine progression, ce bilan résume aussi l’intersaison d’outsiders de cette nouvelle saison.
Les équipes classées de 31e à 25e
Les équipes classées de 17e à 24e
16e – St. Louis Blues
63 pts. Fiche de 27-20-9. Bilan en fusillade 2-3.
Buts pour : 167 (13e)
Buts contre : 167 (19e)
PP : 23,23 % (6e)
Pénalités : 456 min. (14e)
PK : 77,78 % (25e)
Tirs/match : 29,0 (23e)
Possession : 47,8 % (23e)
Depuis le titre 2019, les Blues de St. Louis accusent le coup. La saison 2020-21 a confirmé les faiblesses et lacunes de la saison précédente, et St. Louis a ainsi terminé par une piteuse élimination en quatre matchs secs dès le premier tour, des mains de l’Avalanche du Colorado. Avec seulement 7 petits buts marqués… Et encore cette qualification s’est elle joué dans la dernière ligne droite, les Blues revenant de loin alors que Chicago a occupé cette quatrième place une bonne partie de l’année.
Le bilan est celui d’une équipe moyenne, aux performances individuelles comme collectives moyennes. Le départ d’Alex Pietrangelo a posé des soucis à la défense, mais le leadership est naturellement passé sur Ryan O’Reilly, qui fut – à nouveau – le meilleur joueur de l’équipe, avec 24 buts et 54 pts, sans parler de son jeu défensif irréprochable. Un titre de MVP partagé avec David Perron, qui a retrouvé une seconde jeunesse avec 58 pts en 56 matchs, dont 19 buts. L’absence du Québécois en playoffs – Covid oblige – n’est sans doute pas étranger à la déroute de ce premier tour, d’ailleurs. Cela faisait bien longtemps qu’un joueur des Blues n’avait pas tourné à un point par match (le dernier étant le regretté Pavol Demitra, disparu il y a dix ans lors du crash du Lokomotiv Yaroslavl).
Les deux hommes comptent près de vingt points sur les joueurs suivants : Mike Hoffman (36), Brayden Schenn (36), le jeune Jordan Kyrou (35) et les défenseurs Torey Krug (32) et Justin Faulk (25). On attendait bien plus de Jaden Schwartz, auteur de seulement 8 buts, 21 pts en 40 matchs, mais l’ailier a même failli manquer toute la saison, peinant à digérer le décès de son père. Tyler Bozak (5 buts, 17 pts en 31 matchs) ou encore Robert Thomas (3 buts, 12 pts en 33 matchs) n’ont pas eu beaucoup d’impact non plus.
Et que dire de Vladimir Tarasenko ? Le Russe, qui n’a joué que 42 matchs en deux saisons, n’a marqué que 4 fois en 24 matchs cette saison et ses blessures aux épaules semblent l’handicaper encore. Sa grogne hors glace, avec une demande de transfert, n’a rien arrangé.
Le souci de l’équipe provient aussi d’un manque de cohésion tactique, notamment défensive : Jordan Binnington (91%) n’a pas vraiment enchaîné après sa saison 2019 de rêve. Il a réalisé une saison… moyenne donc, le mot du jour pour les Blues.
Les questions abondent dans cette intersaison, que ce soit le coaching de Craig Berubé, l’affaire Tarasenko, les doutes dans les cages… Le staff s’est montré assez actif, envoyant Sammy Blais aux Rangers pour obtenir Pavel Buchnevich, un joli coup. Brandon Saad a également signé et compensera le départ de Schwartz au Kraken, qui suit le défenseur Vince Dunn, choisi par Seattle dans l’expansion. Enfin, des vétérans comme James Neal et Michael Frolik ont été signés à l’essai, dans l’espoir d’apporter un peu d’expérience. Neal, surtout, pourrait prendre le rôle de spécialiste de supériorité de Hoffman, parti à Montréal. St. Louis prétendra encore aux playoffs en 2022, et espère que Binnington et O’Reilly pourront encore porter l’équipe.
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15e – Nashville Predators
64 pts. Fiche de 31-23-2. Bilan en fusillade 5-0.
Buts pour : 151 (22e)
Buts contre : 154 (11e)
PP : 17,61 % (23e)
Pénalités : 514 min. (7e)
PK : 75,58 % (29e)
Tirs/match : 30,0 (14e)
Possession : 50,0 % (15e)
Nashville a connu une saison en deux temps. Un démarrage catastrophique a longtemps laissé penser que les Predators liquideraient leur effectif et entameraient une reconstruction. Mais, juste avant la date limite des échanges, la franchise du Tennessee a commencé à mieux jouer. La fin de saison fut ainsi bien meilleure et les Predators ont repris du terrain, au point d’accrocher une place qualificative, bien aidé par le meilleur bilan de la ligue en fusillade. Les playoffs furent une bataille accrochée contre Carolina, perdue en six matches très serrés, parsemés de prolongations.
Le point fort de la saison fut assurément la défense, avec le quatrième bilan à cinq contre cinq dans cet exercice. Seul le jeu en infériorité a coûté cher avec un bilan catastrophique. Fer de lance de ce jeu défensif ? Juuse Saros. Héritier de Pekka Rinne (retraité à l’issue de la saison, après 24 matchs joués), Saros a signé un 92,7% d’arrêts exceptionnel, avec seulement 2,28 buts encaissés. Il explique en grande partie le retour au classement de l’équipe. Bien sûr, une formation qui peut aussi compter sur Roman Josi (33 pts en 48 matchs), Mattias Ekholm (23 pts), Ryan Ellis (18) a aussi des armes pour le protéger…
La présence de Josi en meilleur pointeur illustre un mal récurrent de Nashville, qui remonte quasiment à l’origine de la franchise en 1998 : l’incapacité à produire des attaquants d’impact offensif d’envergure. On ne trouve aucun joueur au delà des 13 buts (!), et juste un collectif de joueurs bien calés entre 15 et 32 pts. Filip Forsberg, Calle Järnkrok, Mikael Granlund et Victor Arvidsson ont mené la danse, et on pourra se satisfaire de voir enfin installé Eeli Tolvanen (11 buts, 22 pts en 40 matchs). Luke Kunin a aussi montré de belles choses avec 10 buts et deux de plus en playoffs, dont un en overtime. En revanche, les gros salaires ont déçu : Matt Duchene (6 buts, 13 pts en 34 matchs) et Ryan Johansen (7 buts, 22 pts en 48 matchs) sont loin d’avoir eu de l’impact.
Les Predators ont donc marqué en comité, et leur agressivité et leur jeu très physique ont posé des soucis aux Hurricanes. Cependant, la saison 2021-22 s’annonce compliquée pour une équipe sérieusement affaiblie à l’intersaison : Rinne est parti à la retraite, Arvidsson envoyé aux Kings, Ellis aux Flyers, Jarnkrok pris par Seattle pour l’expansion, Haula, Richardson et Gudbranson partis. Les rares arrivées sont celles de David Rittich au poste de backup, du défenseur Philippe Myers et du centre Cody Glass, tous deux faisant plutôt figure de « joueurs à relancer » sans certitude de réussite.
Dans une division Centrale relevée, les Predators risquent de peiner à atteindre les playoffs. Colorado, Minnesota, St. Louis, Winnipeg, Chicago renforcé… la mission ne sera pas simple.
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14e – Edmonton Oilers
72 pts. Fiche de 35-19-2. Bilan en fusillade 0-0.
Buts pour : 183 (7e)
Buts contre : 154 (12e)
PP : 27,59 % (1er)
Pénalités : 434 min. (18e)
PK : 82,47 % (9e)
Tirs/match : 29,9 (15e)
Possession : 48,6 % (18e)
Connor McDavid a signé 105 points en 56 matchs : un rythme hallucinant, qui fut bien évidemment le fait majeur de la saison des Oilers. Le meilleur pointeur et MVP de la ligue, auteur de 33 buts et 72 passes, devance son compère Leon Draisaitl (31 buts, 84 pts), et les deux hommes ont bel et bien porté l’équipe dans une division Nord jugée relativement faible. Le problème, comme d’habitude à Edmonton, c’est que deux joueurs ne font pas une équipe, quand bien même le duo a produit face à Winnipeg (4 pts pour l’un, 5 pour l’autre). Les Jets ont pourtant renversé les Oilers en quatre manches sèches, laissant McDavid frustré, et le staff dans l’interrogation.
Edmonton a brillé en supériorité numérique, marquant à un rythme infernal, avec l’aide de Tyson Barrie (48 pts) et Darnell Nurse (36 pts) en défense. Ryan Nugent-Hopkins a complété au centre ou à l’aile (16 buts, 35 pts) et Edmonton a même bénéficié du retour en grâce de Jesse Puljujärvi (15 buts, 25 pts) dont la présence dans le slot a rendu service. Et… c’est à peu près tout, car ni Kailer Yamamoto, ni Alex Chiasson, ni Dominik Kahun ou Josh Archibald n’ont vraiment pesé. Le test Kyle Turris a accouché d’un flop (5 pts), tout comme Zack Kassian (5 pts), James Neal (10 pts) ou Tyler Ennis (9). Aucun rookie ne s’est fait connaître non plus.
Ce manque de banc n’a pas gêné en saison régulière, mais lorsque les enjeux montent d’un cran, il devient plus facile de bloquer l’équipe. Avec un gardien comme Hellebuyck en dernier rempart, les Jets ont su limiter Edmonton à 8 buts. Pire, le poids du jeu de puissance des Oilers se trouve annihilé face à une formation disciplinée, et ils ne dominent pas assez à 5 contre 5 pour changer la donne. Sorti de son duo élite, Edmonton passe trop de temps dans sa propre zone.
Défensivement, le duo Nurse-Barrie a fait le travail. Adam Larsson a assuré le jeu défensif pur. Kris Russell a fait du Kris Russell : défenseur limité, utile en bout de banc. Ethan Bear et Evan Bouchard n’ont pas franchi le cap espéré : Bear a même été échangé à l’intersaison, alors que Larsson a pris le chemin de Seattle. Les lignes arrières sont aussi suspendues à la blessure de Oskar Klefbom, qui a manqué toute la saison.
La composition de l’équipe 2021-2022 est de toute façon handicapée par le plafond salarial, aussi le staff a-t-il cherché les bonnes affaires. L’arrivée de Duncan Keith devrait faire du bien, même si le vétéran, qui a tout gagné avec Chicago, est en déclin. Il ne peut qu’apporter quelque chose, ne serait-ce que sur le plan mental, à des joueurs assez fragiles sur ce plan. Il est là pour leur montrer l’exigence collective et défensive nécessaire à franchir un cap. La profondeur de banc trouvera sans doute un peu de mieux avec l’arrivée de Warren Foegele. Le recrutement de Zach Hyman offrira normalement un pilier dans le slot pour finir les actions des génies, même si le poids et la longueur de son contrat sont sans doute un peu lourds. McDavid et Draisaitl suffiront à porter les Oilers vers les playoffs dans une division Pacifique de niveau faible, mais il faudra aux duettistes un autre niveau d’implication défensive pour avancer. Et surtout, de l’aide en défense et dans les cages, tenues par un Mike Smith au bord de la retraite et un Mikko Koskinen médiocre et surpayé.
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13e – Minnesota Wild
75 pts. Fiche de 35-16-5. Bilan en fusillade 1-1.
Buts pour : 180 (8e)
Buts contre : 159 (15e)
PP : 17,58 % (24e)
Pénalités : 498 min. (12e)
PK : 80,75 % (12e)
Tirs/match : 28,3 (28e)
Possession : 46,2 % (29e)
Solide tout au long de la saison régulière, le Wild s’est qualifié sans trop trembler pour les phases finales. La défense a su y élever son niveau de jeu et le Wild a poussé l’ultra-favori Colorado en sept matchs. Une jolie performance, mais une élimination au premier tour quand même. Après quelques saisons de reconstruction, le Wild a bénéficié cette année d’une combinaison profitable.
Tout d’abord en attaque, avec l’arrivée tant attendue de Kirill Kaprizov. Auteur de 27 buts et 51 pts en 55 matchs, le Russe a décroché le trophée Calder de meilleur rookie, sans vraiment de discussion (malgré les efforts de l’attaquant de Dallas, Robertson). Rapide, technique et opportuniste, Kaprizov a su s’adapter aux glaces nord-américaines, ce qui n’est pas toujours le cas des stars de KHL. Derrière lui, les armes furent nombreuses, avec le Suisse Kevin Fiala (20 buts, 40 pts), le Norvégien Mats Zuccarello (35), l’Américain Jordan Greenway (32 pts) et le Suédois Joel Eriksson Ek (19 buts, 30 pts). Sept autres joueurs ont franchi les vingt points, dont Marcus Foligno (11e au vote du trophée Selke), Nick Bonino et Victor Rask, démonstration d’une formation homogène et bien placée au classement des attaques.
Dominée en possession, l’équipe s’en est remise à ses portiers. Cam Talbot et Kaapo Kähkönen ont tenu le fort avec des résultats corrects mais perfectibles. Devant eux, Jared Spurgeon, Jonas Brodin, Matt Dumba et Ryan Suter ont formé un top-4 très solide. L’éclosion de Carson Soucy a apporté une certaine densité. Bref, le Wild se pose en concurrent crédible dans la division Centrale. Kaprizov, resigné juste avant le camp d’entraînement 2021/22 après quelques semaines de rumeurs, a transformé le Wild, le rendant plus rapide. Tout au plus pourrait-on critiquer une certaine prudence et une faiblesse de relance chez les arrières.
L’intersaison chamboule pourtant les plans. Le choix du staff de racheter les contrats mirobolants des vétérans Zach Parise et Ryan Suter tourne la page – plutôt ratée – des sept dernières années. Suter était encore solide, mais le voila désormais à Dallas, et Parise aux Islanders. Les contrats des deux hommes pèseront sur le salary cap pour encore un bon moment… Soucy pioché par Seattle, le staff a cherché du renfort en défense et l’a trouvé avec Jordie Benn et Alex Goligoski, ainsi que de nombreux profils de complément comme Jon Merrill ou Dmitri Kulikov. L’attaque en revanche n’a pas vraiment bénéficié d’autant d’attentions, avec le seul Frederick Gaudreau, et, en mars, l’ex-premier choix Matt Boldy, sorti de Boston College.
On peut s’attendre à voir le Wild lutter pour un top-3 de division, si les gardiens confirment leurs bonnes dispositions.
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12e – Toronto Maple Leafs
77 pts. Fiche de 35-14-7. Bilan en fusillade 1-0.
Buts pour : 186 (6e)
Buts contre : 148 (8e)
PP : 20,00 % (16e)
Pénalités : 390 min. (27e)
PK : 78,47 % (24e)
Tirs/match : 31,3 (6e)
Possession : 51,0 % (11e)
Avec presque 40 millions de dollars sur quatre attaquants (Auston Matthews, John Tavares, Mitchell Marner et William Nylander), les Maple Leafs se sont liés les mains, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, ce fut la saison régulière. Les Leafs ont remporté, comme attendu, la division Nord, et les quatre gros poissons ont terminé meilleurs pointeurs. Marner (67 pts), Matthews (66 pts dont 41 buts), Tavares (50) et Nylander (42) ont bel et bien produit. Mais les choses se sont gâtées en playoffs.
Tavares s’est blessé dès le premier match contre Montréal. Portés par Nylander (8 pts dont 5 buts), les Leafs ont pris les devants 3-1 dans la série… avant de perdre les 5e et 6e matchs en prolongations, malgré à chaque fois de grosses fins de matchs. Dès lors, on sentait une fébrilité mentale qui a tétanisé Toronto, battu 3-0 au match 7. Un fiasco majeur pour le favori, Marner ne comptant aucun but et Matthews, meilleur buteur de la saison, un seul.
La pression était considérable. Le plus gros marché canadien ne peut se permettre d’aussi mauvais résultats en playoffs, saison après saison. Pourtant, on ne compte pas les éléments positifs. Derrière les quatre « fantastiques », on trouve pléthore de seconds couteaux de qualité, tels Zach Hyman (33 pts), Alex Kerfoot (23 pts) ou Ilya Mikheyev (17 pts). La défense, menée par un Morgan Rielly offensif (35 pts), a vu Jake Muzzin, Justin Holl et TJ Brodie former un top-4 de valeur. Dans les cages, les pépins physiques de Frederik Andersen ont permis à Jack Campbell de briller, et de s’installer en numéro 1 crédible (2.15 buts encaissés, 92,1% d’arrêts).
Alors, que manque-t-il à cette équipe ? L’expérience ? La présence de vétérans accomplis, comme Tavares, Muzzin, Spezza – très en vue avec 30 pts en 54 matchs – ou Thornton, répondait à cela. Une profondeur de banc ? Une force mentale, celle de ne rien lâcher et de se sacrifier pour l’équipe ? Le diagnostic sera difficile à mener pour le manager général Kyle Dubas. Les départs de Hyman, Bogosian, Andersen, Thornton, mais aussi Galchenyuk et Foligno, acquisitions de court terme, chambardent déjà les alignements. Petr Mrazek arrive pour relayer Campbell dans les buts. Michael Bunting, Jared McCann, Ondrej Kase, Nick Ritchie, David Kampf arrivent pour renouveler le bottom-six. Les stars de l’équipe n’ont plus le choix : elles sont attendues au tournant pour les playoffs 2022.
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11e – Washington Capitals
77 pts. Fiche de 36-15-5. Bilan en fusillade 3-2.
Buts pour : 188 (5e)
Buts contre : 161 (17e)
PP : 24,84 % (3e)
Pénalités : 527 min. (6e)
PK : 83,95 % (5e)
Tirs/match : 29,4 (18e)
Possession : 50,5 % (12e)
Battus en cinq matchs dès le premier tour par Boston, les Capitals trébuchent donc pour la troisième fois de suite à ce stade : la fenêtre s’est-elle fermée après le titre 2018 ? La moyenne d’âge était la plus élevée de la ligue, on peut donc légitimement s’interroger.
Les leaders habituels ont répondu présent. Nicklas Bäckström a mené l’équipe avec 15 buts et 53 pts, devant l’arrière John Carlson (44 pts). Alexander Ovechkin, gêné par des blessures ou des soucis liés au Covid, n’a joué que 45 matchs, et signe 24 buts et 42 pts, juste derrière TJ Oshie (43). En revanche, Yevgeny Kuznetsov n’a marqué que 9 buts et 29 pts, englué dans des soucis hors glace. On y ajoutera Tom Wilson, dont le style abrasif a coûté des suspensions mais qui signe 33 pts.
La 5e attaque de la ligue a cependant disparu en phase finale, où seuls Ovechkin et Oshie ont produit. Le recrutement d’Anthony Mantha contre Jakub Vrana n’a ainsi pas vraiment porté ses fruits. Inconstante, l’équipe n’a jamais su capitaliser sur ses temps forts.
Enfin, dans les buts, la difficulté fut réelle. La défense, moyenne (Orlov, Dillon, Schultz et le vétéran Chara) n’a pas très bien protégé les deux gardiens. Ilya Samsonov a connu des pépins physiques et Vitek Vanecek a du assumer l’essentiel des matchs, puisque le backup initialement prévu, Henrik Lundqvist, a du arrêter sa carrière suite à un souci cardiaque. Le recrutement de Craig Anderson n’a lui pas servi à grand chose.
L’intersaison des Capitals complique la donne. Après avoir perdu Jonas Siegenthaler (Devils) à la deadline, Washington a perdu Brenden Dillon (Winnipeg) et Zdeno Chara (Islanders), contraignant le staff à repenser sa défense. Le reste de l’effectif a peu changé, avec l’insertion des premiers choix 2019 (Connor McMichael) et 2020 (Hendrix Lapierre) en vue. Les deux jeunes talents, brillants en pré-saison, redonneront-ils une seconde jeunesse à une équipe en bout de course ?
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10e – Pittsburgh Penguins
77 pts. Fiche de 37-16-3. Bilan en fusillade 3-1.
Buts pour : 193 (2e)
Buts contre : 155 (14e)
PP : 23,68 % (4e)
Pénalités : 395 min. (24e)
PK : 77,42 % (27e)
Tirs/match : 30,1 (12e)
Possession : 50,5 % (13e)
Comme Washington, les Penguins de Pittsburgh semblent en bout de course. Pourtant, ils ont remporté la division Est, portés par un Sidney Crosby de gala (24 buts, 62 pts en 55 matchs). Son porte-flingue Jake Guentzel (23 buts, 57 pts) a pris une autre envergure, et la densité de soutien était bien présente, avec Bryan Rust (42 pts), Kasperi Kapanen (30). Au total, l’équipe se classe 2e attaque de la ligue, alors même que Yevgeni Malkin, handicapé par des blessures (33 matchs) a signé une saison poussive selon ses standards (8 buts, 28 pts), même s’il a fini fort. La défense a moins convaincu derrière Kris Letang (45 pts), malgré des prestations meilleures qu’attendu de Mike Matheson par exemple. La solidité de Brian Dumoulin est aussi à souligner. En revanche, les jeunes John Marino et Marcus Pettersson ont été bien moins en vue que la saison précédente.
Le gros souci de l’équipe est venu des cages. Tristan Jarry, qui devait être l’héritier de Matt Murray parti à Ottawa, n’a pas du tout tenu son rang (90,9% d’arrêts), avec de gros creux mentaux. Son remplaçant, Casey DeSmith, a ainsi secoué la hiérarchie (91,2% d’arrêts en 20 matchs).
En dépit de cette saison régulière de qualité, la franchise a échoué dans les grandes largeurs en six matchs face aux Islanders. Jeff Carter, en bout de banc, a signé 4 buts, mais il fut l’un des rares a trouver la cible contre une défense bien regroupée. Malkin (5 pts) et Letang (6 pts) ont fait ce qu’ils ont pu pour dynamiter les choses, mais les 88,8% d’arrêts de Jarry ont tué toute chance de succès. Depuis les deux titres de 2016 et 2017, Pittsburgh n’a gagné qu’une seule série de playoffs (2018) et a perdu dès le premier tour trois fois de suite – et même dès le tour de qualification dans le mode « bulle » de 2020.
Les questions abondent dans cette intersaison. Brandon Tanev a été pioché par Seattle, laissant le rôle de troisième centre à Jeff Carter. Dominik Simon, Brock McGinn, Michael Chaput, Danton Heinen débarquent pour renouveler le bottom-6, mais rien n’a été fait au niveau défensif et la situation dans les cages reste hasardeuse. Dans une division Métropolitaine qui annonce un changement de garde, les Penguins, qui débuteront sans Crosby et Malkin convalescents, auront-ils encore du carburant ?
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9e – Florida Panthers
79 pts. Fiche de 37-14-5. Bilan en fusillade 1-2.
Buts pour : 188 (4e)
Buts contre : 151 (9e)
PP : 20,53 % (15e)
Pénalités : 568 min. (2e)
PK : 79,76 % (18e)
Tirs/match : 34,9 (1er)
Possession : 53,5 % (5e)
Ils sont passés tout près. Les Panthers de Floride ont joué les premiers rôles, luttant avec Carolina pour la première place de la division toute l’année. Portés par un Jonathan Huberdeau stratosphérique (20 buts, 61 pts) et un Alex Barkov de feu (26 buts, 58 pts), les Panthers ont du se résoudre à affronter le tenant du titre Tampa Bay dans le derby floridien dès le premier tour. La série, déjà mythique, a cristallisé une animosité certaine entre les deux voisins. Une série physique, disputée, accrochée, où les deux camps se sont rendus coup pour coup. C’est la première fois que les deux franchises sont compétitives en même temps, et cela annonce encore quelques années de playoffs dantesques…
Il aura manqué peu de choses. La blessure d’Aaron Ekblad (22 pts en 35 matchs) fut sans doute décisive dans la fin de saison, tant le jeune arrière dominait son sujet. Il a beaucoup manqué en playoffs. 4e attaque, Florida disposait d’armes variées, qui ont secoué Vasilevskiy et l’ont contraint à se dépasser. Citons en playoffs Huberdeau (10 pts) et Barkov (7), mais aussi la bonne pioche Carter Verhaeghe, ex-Lightning (18 buts, 36 pts), le vétéran Patric Hornqvist (32), Anthony Duclair (32), Alex Wennberg (29)… Sam Bennett, acquis de Calgary à la deadline, a retrouvé son jeu offensif sur la première ligne, avec 15 pts en 10 matchs (!) en fin de saison et 5 en playoffs. La pièce manquante… mais cela n’a pas suffi.
Défensivement, l’absence d’Ekblad a servi à révéler à tout le monde le talent de Mackenzie Weegar (36 pts). Derrière lui, Keith Yandle a poursuivi sa série d’ironman.
En dépit de ce jeu offensif de feu d’artifice (1er en tirs par match), Florida n’a pas réussi à renverser Tampa, laminé par le jeu de puissance adverse. La faute, sans doute, à des problèmes de gardiens. C’est que Sergei Bobrovsky n’a pas vraiment justifié le contrat record qu’il a reçu, avec 31 matchs moyens (90,6% d’arrêts) et des playoffs atroces (84,1%). Sa doublure Chris Driedger a presque autant joué (23 matchs contre 31) et bien mieux fait (92,7%)… sauf en playoffs (87,1%). Le staff a alors choisi de lancer son prodige de 20 ans Spencer Knight pour les matchs 5 et 6. À peine sorti de NCAA, l’ex-champion du monde junior a tenu son rang dans le 5e et craqué de peu dans le 6e. Des promesses d’avenir, qui ont permis à Florida d’accepter le départ de Driedger, pioché par Seattle.
L’intersaison a été très animée. Parmi les joueurs majeurs arrivés, citons Sam Reinhart, meilleur pointeur de Buffalo, la star de KHL Maxim Mamin, le vétéran Joe Thornton. Les jeunes, comme Anton Lundell et Owen Tippett, annoncent une nouvelle vague de prodiges. En revanche, beaucoup de modifications en défense. Brandon Montour, arrivé en fin de saison, reste, contrairement à Yandle et Anton Strålman. L’attaque a pour sa part perdu Wennberg. Florida se pose en concurrent sérieux de Toronto, Boston, Montréal et Tampa Bay dans la division Atlantique. Il ne serait pas surprenant de voir les Panthers secouer la hiérarchie. Tout le monde rêve d’un nouveau derby en playoffs contre le double champion en titre, pour une nouvelle série légendaire…