C’est le jour J ! Après des mois d’attente, les Bleues entament leur mondial à domicile. Annulés en 2020 puis en 2021, ces Championnats du monde de Division 1A se seront fait désirer… En jeu, la remontée des Tricolores en élite mondiale, pour le dernier tournoi d’une partie de cet effectif. Plusieurs joueuses tireront leur révérence après une dizaine d’années de carrière internationale. Tout le groupe, soudé comme jamais, espère leur offrir un départ en beauté.
Le premier obstacle est une vieille connaissance : la Slovaquie. Les joueuses de Grégory Tarlé restent sur quatre victoires de rang, la dernière au tournoi de qualification olympique de novembre. L’effectif slovaque, rajeuni (21 ans de moyenne d’âge) a laissé des forces la veille dans une courte défaite 2-1 contre la Norvège, malgré une large domination au troisième tiers.
Clara Rozier et Athéna Locatelli sont arrivées le midi, après avoir joué samedi et dimanche des matchs intenses en finale du championnat finlandais – pour une défaite lors du match 5 décisif. Leur état de fraîcheur est un gros point d’interrogation, ainsi que celui de quelques joueuses touchées par la grippe…
Les Bleues arrivent à l’heure
Impatientes, les Bleues ? Possible ! Alignées sur la glace avec deux minutes d’avance, les Tricolores savourent ce public venu en nombre en attendant leur adversaire.
Les Bleues entament avec quelques actions sur le but slovaque, à l’initiative d’Estelle Duvin. Le premier gros arrêt vient cependant de Caroline Baldin, la mitaine solide devant Nicol Lucák-Čupková.
Le palet file d’un côté à l’autre, avec peu d’espaces et des duels accrochés. Il faut donc se montrer opportuniste. Athéna Locatelli bloque une relance à la bleue offensive et s’avance pour un tir mi-hauteur mal contrôlé par Orolinová. Le match se déroule sans coup de sifflet, avec beaucoup de vitesse.
Les occasions se font rares dans cette rencontre plutôt fermée. Dans ces cas-là, un petit coup de pouce du destin vient à point nommé. Une arrière slovaque gère mal un palet à la bleue française. Lore Baudrit intercepte et lance Chloé Aurard en échappée : l’attaquante de Northeastern feinte parfaitement pour déposer le palet dans le but (1-0).
Just a classic @chloeaurard goal to get things going for France! #HowlinHuskies pic.twitter.com/yX8krIxYwj
— Northeastern Women’s Hockey (@GoNUwhockey) April 25, 2022
Caroline Baldin, sur son nuage, sort ensuite une mitaine parfaite devant Hlinkova. Les Bleues sont dans un état de grâce. Aurard tourne en zone offensive et renverse vers Villiot, dont le tir cherche la déviation de Baudrit. Le palet traîne devant la cage dans une forêt de joueuses. Allemoz s’empare du rebond sur la ligne (2-0).
La France contrôle : solide en défense, gagnant les duels physiquement, elle est aussi capable d’arriver en vitesse en zone offensive, comme de tourner le palet et de contraindre la Slovaquie à reculer. La relance slovaque est douloureuse. Duvin intercepte et son tir percute la barre. Rozier, au rebond, trouve la botte d’Orolinová. Aurard, intenable, récupère un gros travail de Baudrit dans les bandes pour repiquer au centre. Son tir est repoussé, et le rebond sorti. Après vingt minutes, l’équipe de France maîtrise son sujet. Dominatrice, elle rentre au vestiaire avec un 2-0 largement mérité.
La France maîtrise
Les Bleues continuent à la reprise de bloquer le jeu slovaque. Des crosses attentives dans la neutre provoquent des revirements et empêchent la Slovaquie de poser son jeu. La domination tricolore se concrétise, lorsque Lore Baudrit lance au fond Chloé Aurard, qui contourne la cage et trouve Marion Allemoz plantée dans l’enclave, pour une reprise croisée (3-0).
Il faut attendre la vingt-huitième minute pour voir la première pénalité. Léa Villiot charge avec la crosse et offre la première supériorité du soir à la Slovaquie. Lucia Halušková allume en tête de cercle et trouve Caroline Baldin sur sa route. Nicol Lucák-Čupková de la bleue trouve elle aussi la botte de Baldin, qui se déplace vite face au rebond. La gardienne de Zürich est impériale et la pénalité se termine. Dès le retour au complet, les Tricolores mettent le feu dans l’enclave slovaque, à l’affût d’un mauvais rebond laissé par Orolinová. Janka Hlinkova contre ensuite un palet et initie un deux-contre-un, mais son tir n’échappe pas à Baldin.
La Slovaquie se rend coupable d’un surnombre. Les Bleues s’installent. Allemoz ne cadre pas son tir croisé, et ses coéquipières ne réussissent pas à s’installer à nouveau. Toutefois, ce moment aura permis de consolider la possession de palet, majoritairement en faveur des locales. À deux minutes de la pause, Hlinkova et Baudrit sont sanctionnées toutes les deux. La France confisque le disque, et vire en tête 3-0 après deux tiers.
Une Marseillaise savoureuse
Les 1800 spectateurs sont emballés, et Chloé Aurard tente de mettre le feu. Sur l’engagement, elle contourne la défense et lance à la cage. Allemoz est courte sur le rebond. Le palet revient vers une Slovaque, et Gendarme l’accroche. La Slovaquie bénéficie donc d’un jeu de puissance. Le gros travail de Pelissou et Duvin annule l’avantage, et les Françaises reviennent au complet.
Le temps pour la Slovaquie d’intercepter une relance, et Maskaľová trouve le masque de Baldin. Mais c’est un feu de paille, car la première ligne tricolore martèle la défense slovaque pendant de longues secondes, puis Duvin et Rozier frôlent le quatrième but. Hlinkova est ensuite punie de deux minutes pour dureté, réplique d’un contact qu’elle n’a pas apprécié. Le jeu français s’installe et Aurard provoque encore deux minutes contre Korenkova, offrant 1’22 de double avantage.
La France ne rate pas l’aubaine. Après une première chance de Allemoz, Léa Villiot envoie le disque vers la cage. Estelle Duvin s’empare du rebond à bout portant (4-0). La deuxième partie du jeu de puissance est moins maîtrisée et Caroline Baldin s’emploie, en se jetant à la crosse, pour repousser une action chaude, se replaçant même à temps pour sortir un deuxième tir.
La Slovaquie, malgré tout, est acculée sur son but. Incapable d’arrêter Aurard, Simone Martina Bednarik l’accroche et concède encore deux minutes. Sur la pénalité différée, Duvin est toute proche de marquer. La France s’installe. Un jeu en triangle bien construit ouvre la porte à Chloé Aurard au deuxième poteau mais, trop collective, elle cherche encore une passe à l’opposée alors que la cage semblait ouverte.
Lívia Kúbeková suit sur le banc des punis, pour un contact trop appuyé sur Julia Mesplède. Le duo Aurard-Duvin ouvre des portes, mais cela ne paie pas, et la Slovaquie revient au complet. Les secondes défilent, et la France s’impose donc 4-0, dans un match maîtrisé.
La France entame parfaitement « son » Mondial à domicile. Une prestation collectivement très solide a mis en avant la force des Bleues : la vitesse, la qualité technique et le soutien collectif. Chaque joueuse a su faire les efforts pour compenser le placement de ses coéquipières, proposer une solution… Avec des cadres au rendez-vous, les Tricolores ont fait le plein de confiance.
Désignées joueuses du match : Marion Allemoz (France) et Nicol Lucák-Čupková (Slovaquie)
Commentaires d’après-match :
Grégory Tarlé (entraîneur de l’équipe de France : « On attendait cela depuis longtemps. C’est un peu bizarre de commencer un mondial après les autres, mais ce 4-0 est propre et bien mené. Il y a encore quelques petites choses à corriger, mais c’est bien. Demain ce sera repos et récupération. Clara Rozier et Athéna Locatelli sont arrivées à 13h, on avait bien discuté avec elles tout au long de leur finale en Finlande. Elles avaient très envie de jouer ce soir. Demain ce sera repos pour elles et elles seront prêtes pour mercredi. Le changement de ligne par rapport au TQO ? On voulait amener deux lignes capables de marquer, et c’est chose faite ce soir. La première ligne a très bien tourné. Nous ne leur avons pas laissé beaucoup de chances et c’est ce que l’on cherche : de la sérénité, imposer notre jeu, notre vitesse et la qualité de la relance. Le power-play ce soir a eu quand même de belles chances et marque sur le cinq-contre-trois, c’est déjà bien. Je dirai que les dix premières minutes étaient fermées, un moment d’observation. Mais finalement nous en avions besoin pour entrer dans la compétition. Nous avons la chance d’avoir un groupe complet, avec certaines joueuses qui n’ont pas joué ce soir mais sur qui nous pourrons compter à l’avenir. La non-sélection d’Emmanuelle Passard et Raphaëlle Grenier ? Choix sportif, je pense que notre équipe est meilleure telle qu’elle est. »
Chloé Aurard (attaquante de la France) : « C’était vraiment un bon match. Les dix minutes un peu fermées étaient bonnes pour nous. Nous avons bien défendu, et notre talent offensif nous a permis de marquer les buts qu’il fallait au bon moment. Nous avons fait une bonne semaine de préparation avec Lore et Marion et cela m’a fait plaisir de rejouer avec elles. J’avais commencé ma carrière en équipe de France senior sur la ligne de Marion, c’est bien de la retrouver. Ce sont deux joueuses d’expérience, elles m’apportent beaucoup. Nous communiquons beaucoup et j’utilise énormément leur expérience pour progresser. L’ambiance était super dans la patinoire, après mon but, c’était fou. Et Marion enchaine très vite après… J’espère que ce n’est pas la dernière Marseillaise cette semaine ! »
Jade Barbirati (attaquante de la France) : « Je suis contente, nous étions bien en place, en montrant beaucoup d’agressivité et ça a payé. Avec Anouck et Julia, j’étais bien en confiance. Sur mon action de but, je suis un peu frustrée et je regrette de ne pas avoir tiré. J’ai vu le placement des joueuses et j’ai tenté de dribbler… Mais ça viendra ! Cela fait plaisir de voir autant de monde dans les gradins, il y avait beaucoup d’ambiance, c’était extraordinaire. Le bruit, le monde derrière nous… De voir autant de gens, cela fait presque un peu peur ! »
Caroline Baldin (gardienne de la France) : « Ce premier match nous a permis de prendre nos repères. Je pense que nous ne sommes pas à notre maximum, mais c’était un bon match, en contrôle. Mes coéquipières ont bloqué beaucoup de tirs, elles ont réalisé un bon match défensivement. De mon côté, j’essaie toujours de faire mon maximum. Nous sommes dans la continuité d’une saison où nous avions eu une grosse préparation pour le TQO, du coup nous avons enchainé dans nos clubs, prêtes physiquement, et tout cela construit la confiance toutes ensembles. Ce blanchissage est super, cela fait du bien de commencer comme ça. Mais ce ne sont que les soixante premières minutes et ce qui importe c’est ce qui compte à la fin. Ce soir, nous étions en maîtrise, moins indisciplinées qu’au TQO contre la Slovaquie. On grandit, on travaille fort pour améliorer l’équipe avec un gros travail du staff. De voir tant de monde ce soir, d’être devant le public français, c’est génial. Nous avons à cœur de donner une bonne image, de donner des vocations et l’envie aux gens de revenir. Pendant les arrêts, je regardais à droite et à gauche, je voyais ce monde et cela faisait du bien, c’est ma façon à moi de me concentrer ! Nous avons très bien communiqué avec la défense, des petits ajustements de leur part et du mien pour être sur la même page et s’adapter. Je ne me projette pas plus loin que le prochain match : je préfère vivre l’instant présent. »
Marion Allemoz (capitaine de la France) : « Je suis satisfaite de l’équipe, c’est un bon premier match. Nous avons récupéré beaucoup de palets sous la pression, et concrétisé nos chances, même si on peut mieux faire. Sur notre ligne, on s’est appuyées sur les qualités de chacune pour faire la différence. L’ambiance était incroyable, avec un soutien du début à la fin. La Marseillaise a donné une émotion à part, c’est une saveur particulière à la maison. Pour le prochain match, c’est une équipe que nous avons joué en préparation, donc nous savons à quoi nous attendre et nous serons prêtes, en se concentrant sur notre jeu. Il faudra mettre encore plus d’agressivité, jouer sur notre vitesse, garder la conservation du palet et être rigoureuses en défense. Clara et Athéna, c’est fort de leur part ! Elles sont tout de suite rentrées dans l’équipe et se sont mises dans le rythme, elles ont apporté un plus à l’équipe dès ce soir. L’équipe de France, c’est la famille, on tient à chacune. Nous vivons les moments en équipe, on se bat sur la glace et on cherche toujours à en faire plus pour l’équipe de France. Nous attendions ce Mondial depuis longtemps, et après la déception du TQO, nous voulions rebondir, performer et chercher la qualification. Nous allons monter en puissance cette semaine. »
France – Slovaquie 4-0 (2-0, 1-0, 1-0)
Championnats du monde de Division 1A femmes, deuxième journée
Dimanche 24 avril 2022, 19h30. IceParc d’Angers. 1894 spectateurs.
Arbitrage de Aina Hove (NOR) et Agnese Karklina (LET) assistées de Anina Egli (SUI) et Amy Lack (GBR)
Pénalités : France 6′ (0′, 4′, 2′) Slovaquie 12′ (0′, 4′, 8′)
Tirs : France 33 (11, 7, 15), Slovaquie 26 (5, 13, 8)
Récapitulatif du score
1-0 à 10’25 : Aurard assistée de Baudrit
2-0 à 12’52 : Allemoz assistée de Baudrit et Villiot
3-0 à 24’01 : Allemoz assistée de Aurard et Baudrit
4-0 à 47’33 : Duvin assistée de Villiot et Aurard (sup. num.)
France
Attaquantes
Chloé Aurard (+3) – Marion Allemoz (C, +3) – Lore Baudrit (A, 2′, +3)
Lara Escudero – Estelle Duvin – Clara Rozier
Anouck Bouché – Julia Mesplède – Jade Barbirati
Lisa Cedelle – Morgane Rihet (A) – Betty Jouanny
Manon le Scodan
Défenseures
Athéna Locatelli (+2) – Léa Villiot (2′, +2)
Marie-Pierre Pelissou (+1) – Lucie Quarto (+1)
Léa Parment – Gwendoline Gendarme (2′)
Mia Väänänen
Gardienne :
Caroline Baldin
Remplaçante : Margaux Mameri (G)
Slovaquie (2′ pour surnombre)
Attaquantes
Annamária Suráková (-2) – Nicol Lucák-Čupková (C, -2) – Nikola Nemčeková (-2)
Lucia Ištocyová – Hana Fancovicova – Tatiana Korenková (2′)
Júlia Matejková – Janka Hlinková (4′) – Lucia Halušková
Viktoria Maskaľová (-1) – Romana Halušková (-1) – Barbora Kapičáková (-1)
Défenseures
Lívia Kúbeková (A, 2′, -2) – Laura Šuliková (-3)
Simone Martina Bednarik (2′) – Lucia Drábeková
Alzbieta Šuliková (-1) – Romana Košecká (A)
Sofia Vysokajová – Emilia Leskovjanská
Gardienne :
Andrea Orolinová
Remplaçante : Nikola Zimková (G)