La Finlande entame son Mondial à domicile par un match de gala contre les États-Unis. Le tenant du titre et médaillé d’or aux Jeux olympiques fait figure de favori, avec l’habileté tactique de Jukka Jalonen sur le banc. L’entraîneur sait tirer le meilleur parti de son effectif, dont les joueurs sont rompus à ce type de tournoi. Quelques ajouts NHL viennent compléter l’alignement, dont la star Mikko Rantanen, exceptionnel avec Colorado cette saison.
Lire la présentation du tournoi
En face, les Américains ont, comme d’habitude, choisi un effectif parmi… ceux qui voulaient bien venir, donc des jeunes, la plupart des vétérans déclinant pour des raisons diverses – familiales ou médicales notamment. On trouve ainsi un patchwork de joueurs NHL de bout de banc, de joueurs d’AHL ou d’universitaires. Pour autant, il ne faut jamais sous-estimer les États-Unis, capables de se mêler à la lutte aux médailles grâce à leur choix de miser sur des joueurs très rapides, et dont l’état d’esprit est souvent irréprochable.
La cérémonie d’ouverture est longue : après un DJ en patins, l’hymne finlandais chanté par un groupe d’enfants – et toute une patinoire vêtue de blanc -, viennent les discours officiels, dont celui de Luc Tardif, président de l’IIHF.
Les joueurs sont enfin lâchés, l’occasion de voir Sakari Manninen s’infiltrer plein axe, et échouer à cadrer côté mitaine. Après ce moment de frayeur, les Américains posent mieux leur jeu. Il ne faut cependant pas longtemps pour que le danger revienne sur leur but, et Connor Mackey doit commettre un accrochage afin de briser l’élan adverse. Les locaux – en bleu cette fois – s’installent et Casey DeSmith sort déjà la jambière, ses défenseurs, dont Dylan Samberg, s’efforçant de bloquer les tirs.
Le champion en titre profite de ce jeu de puissance pour garder la main et s’octroie une chance de Kakko dans l’enclave. DeSmith résiste aux assauts adverses, à son meilleur lorsque Sakari Manninen, à bout portant, cherche le palet dans ses bottes en multipliant les coups de crosse. Sur l’action, Teemu Hartikainen prend deux minutes, ce qui donne un peu d’air aux hommes de David Quinn… sans leur donner vraiment d’occasion durant cet avantage numérique. Ce n’est qu’après le retour au complet que Nick Perbix s’infiltre en slalom et teste Emil Larmi.
Cet avantage numérique a le mérite d’avoir rééquilibré la partie. Le patinage américain appuie l’échec-avant, souvent à deux joueurs, gênant la relance finlandaise. Les locaux sont moins présents à l’attaque… et la crosse haute d’Eyssimont en zone offensive doit certainement agacer David Quinn, puisqu’elle brise le bon tempo de son équipe à moins de cinq minutes de la sirène.
Si le premier groupe ne trouve pas la cible, la faute au bloc d’un Samberg très en vue, le deuxième fit mouche. Hartikainen, servi en retrait par Jere Sallinen, reprend dans le slot et ouvre le score (1-0). Un magnifique jeu à une touche de palet : Manninen au cercle, Sallinen ligne de fond, Hartikainen à la reprise, c’est du tableau noir, sous les yeux des joueurs de l’équipe de France, qui n’en perdent pas une miette. Et un avant-goût de la prochaine saison de Genève-Servette, que Manninen rejoindra bientôt…
On the powerplay! Teemu Hartikainen puts @leijonat in the lead with the first goal of the game!🚨🇫🇮
1-0#IIHFWorlds pic.twitter.com/RVub3uAuus
— IIHF (@IIHFHockey) May 12, 2023
La Finlande a pris confiance et Marko Anttila manque l’occasion de doubler la mise. Il y a donc 1-0 à la pause, après un tir au buzzer d’Alex Tuch depuis le cercle durant un cinglage de Joel Armia.
Dès la reprise, Ahti Oksanen lance Juho Lammiko en contre-attaque et ce dernier ne convertit pas. Les Américains partent à l’opposée et Alex Tuch teste Emil Larmi. Le jeu de puissance s’installe pour les quelques secondes restantes, avec un tir de Matt Coronato, sans réussite.
L’attaquant de 20 ans, 36 pts en 34 matchs à Harvard et qui n’a joué qu’un match de NHL avec Calgary, se rattrape juste au retour à cinq contre cinq, lançant du haut de l’enclave derrière le gardien masqué. Les officiels sont alors sollicités pour obstruction sur le gardien : la longue révision vidéo donne surtout l’occasion aux fans d’applaudir les bambins filmés par les caméramans… avant de se faire entendre lorsque les arbitres jugent que Mikey Eyssimont est passé trop près du gardien.
Un avertissement sans frais, et la percée de Sean Farrell après cinq minutes en est un autre : pleine barre pour l’espoir de Montréal. Oui, les États-Unis confisquent le palet et ne concèdent aucune occasion, bloquant les rares accélérations finlandaises dans la neutre.
L’échec-avant des joueurs de David Quinn fait merveille. Coronato et Farrell s’échangent le palet derrière la cage et Larmi sauve les meubles derrière sa défense apathique. Évidemment, ce système implique d’éviter les revirements bêtes. Sur un tir lointain écarté sans peine par DeSmith, deux défenseurs prennent la même route et laissent Hannes Björninen tout seul devant la cage. Il rate une occasion en or.
Pas plus efficace de l’autre côté, Eyssimont repique vers la cage, échappe à un accrochage oublié par les officiels qui l’empêche de finir sa percée, et voit ensuite son tir contré. À force de dominer le jeu, les Américains parviennent enfin à égaliser à six minutes de la pause, lorsque Carter Mazur sert Cutter Gauthier au cercle. L’attaquant de Boston College, drafté par les Flyers, était incertain après avoir pris un mauvais coup de Sturm lors du seul match de préparation. Il démontre tout son talent avec un tir du cercle précis, bien aidé par le mouvement de Mazur en écran (1-1). Et Alex Tuch manque de peu de doubler la mise quelques secondes plus tard avec une action chaude dans l’enclave, que Larmi peine à geler.
First senior men's game… First senior men's goal🚨🇺🇸
Cutter Gauthier ties the game up for @usahockey#FINUSA #IIHFWorlds pic.twitter.com/FpefPA8tVt
— IIHF (@IIHFHockey) May 12, 2023
La Finlande n’existe pas vraiment dans ce tiers, battue dans les duels et prise de vitesse par le jeu rapide des Américains. Un joli mouvement collectif, ponctué d’une montée d’un Nick Perbix très en vue, se termine par un lancer de Samberg, du cercle. Pour autant, Juho Lammiko décroche une énorme chance sur un revirement dans la neutre. Il s’avance seul, lance en force et échoue sur DeSmith, bien avancé. Le score reste de 1-1 à la pause, mais ce n’est pas faute d’avoir tenté. Les Américains ont lancé 19 tirs, contre 8 aux Finlandais.
La Finlande s’est-elle endormie dans ce deuxième tiers ? Rantanen tente de réveiller les siens dès la reprise, mais rate le palet devant une cage ouverte. Puis, DeSmith réalise un miracle avec sa crosse sur la ligne sur un renversement de jeu. Les locaux ont clairement haussé le ton, et les Américains se mettent au diapason. Les deux équipes patinent plus vite, les contacts se font plus appuyés : le Mondial est lancé !
Cette intensité élevée aboutit à une mauvaise charge de Atte Ohtamaa sur Sammy Walker, qui reste au sol. Les esprits s’échauffent, et les officiels demandent une révision vidéo. Ils n’accordent finalement que deux minutes pour obstruction. Le jeu de puissance s’installe, avec quelques banderilles près de l’enclave. Puis, au retour à cinq contre cinq, le tour de cage de Rocco Grimaldi passe presque.
Cette domination se traduit par le deuxième but, sur un mouvement collectif parfait initié par Conor Garland. Samberg sert du revers O’Connor plein axe (1-2).
🇺🇸 @usahockey take the lead! Drew O'connor finds the slot!
1-2 #IIHFWorlds #FINUSA pic.twitter.com/SRBULo6fif
— IIHF (@IIHFHockey) May 12, 2023
La vitesse, encore et toujours… Palet bloqué par O’Connor, qui lance Grimaldi sur l’aile gauche. Il attaque la cage, feinte le gardien pour servir dans son dos Tuch, qui avait fixé deux défenseurs à la limite de l’obstruction pour ouvrir la porte en entrée de zone (1-3).
Alex Tuch tucks the puck into bed!🇺🇸🚨@usahockey now with the two-goal advantage! 1-3#FINUSA #IIHFWorlds pic.twitter.com/Hi0O5XqDJS
— IIHF (@IIHFHockey) May 12, 2023
Les Américains ne relâchent pas leur échec-avant, forçant des revirements. Mazur est proche du quatrième but, face à une Finlande désemparée et privée d’occasion. Le jeu à la crosse et le harcèlement du porteur privent les joueurs de Jalonen de tirs : seulement cinq en dix-huit minutes. Larmi laisse sa place à un attaquant après la pause publicitaire des deux minutes…
Cela ne passe pas plus pour la Finlande, qui voit même O’Connor bloquer un tir et lancer Alex Tuch pour le doublé, cage vide (1-4).
La Finlande trébuche donc dès l’ouverture de ses Championnats du monde. Le tenant du titre n’a vraiment joué que vingt minutes, avant d’être pris de vitesse par une équipe de morts de faim, qui ont tout simplement plus travaillé qu’elle. Rapide certes, mais aussi doté d’une abnégation sans borne pour contrer passes et tirs à l’aide d’un jeu à la crosse bien mené. Il y avait du soutien, du mouvement, un échec-avant agressif. La domination américaine des tiers 2 et 3 a fini par payer. Juuka Jalonen va sans doute se poser beaucoup de questions après ce match.
Désignés joueurs du match : Joel Armia (Finlande) et Casey DeSmith (États-Unis)
Finlande – États-Unis (1-0, 0-1, 0-3)
Vendredi 12 mai 2023, 16h20, à la Nokia Arena de Tampere (FIN). 12 056 spectateurs.
Championnats du monde, groupe A.
Arbitres : Tobias Bjork (SUE) et Adam Bloski (CAN) assistés de Jiri Ondracek (TCH) et Simon Synek (SVK)
Pénalités : Finlande 6′ (4′, 0′, 2′), États-Unis 4′ (4′, 0′, 0′)
Tirs : Finlande 24 (10, 8, 5), États-Unis 38 (9, 19, 10)
Récapitulatif du score
1-0 à 17’07 : Hartikainen assisté de Sallinen et Manninen (sup. num.)
1-1 à 33’48 : Gauthier assisté de Mazur et Samberg
1-2 à 49’49 : O’Connor assisté de Samberg et Garland
1-3 à 52’57 : Tuch assisté de Grimaldi et O’Connor
1-4 à 59’12 : Tuch assisté de O’Connor
Finlande
Attaquants :
Teemu Hartikainen (2′, -2) – Sakari Manninen (-3) – Mikko Rantanen (A)
Joel Armia (2′, -1) – Antti Suomela – Kaapo Kakko (-1)
Jere Sallinen (-1) – Juho Lammiko – Kasperi Kapanen
Ahto Oksanen (-1) – Hannes Björninen (-2) – Marko Anttila (C, -1)
Défenseurs :
Mikko Lehtonen (-2) – Atte Ohtamaa (2′, -2)
Olli Määttä (A) – Mikka Koivisto
Ville Pokka – Mikael Seppälä
Niklas Friman (-2) – Nikolas Matinpalo (-1)
Gardien :
Emil Larmi
Remplaçant : Jussi Olkinuora (G). Réserviste : Christian Heljanko (G)
États-Unis
Attaquants :
Rocco Grimaldi (+1) – Nick Bonino (C, +1) – Alex Tuch (A)
Michael Eyssimont (2′, +1) – TJ Tynan (+1) – Conor Garland (A, +1)
Sean Farrell – Drew O’Connor (+3) – Carter Mazur (+1)
Cutter Gauthier (+1) – Matt Coronato – Sammy Walker
Anders Bjork
Défenseurs :
Dylan Samberg (+4) – Nick Perbix (+2)
Henry Thrun (+1) – Scott Perunovich
Connor Mackey (+1) – Lane Hutson
Ronnie Attard
Gardien :
Casey DeSmith
Remplaçant : Cal Petersen (G). Réserviste : Drew Commesso (G), Luke Tuch (A)