Les Bleus sont libérés : la victoire de la Finlande sur l’Autriche assure le maintien de l’équipe de France en élite mondiale. De quoi se réjouir après la déception de la défaite contre la Hongrie, puis la frustration d’un match très abouti contre la Finlande, mais sans point au bout. Après deux jours de repos, les joueurs de Philippe Bozon affrontent une de leur némésis : la Suède, un pays que la France n’a battu que deux fois : en 1924 et en 1937…
Le maintien acquis, le quart reste envisageable, mais il faudrait pour cela engranger des points. Battre Suède ou États-Unis, puis l’Allemagne mardi… et compter sur des défaites du Danemark contre leurs voisins suédois et finlandais. L’an dernier, les Bleus avaient eu du mal après cette coupure de deux jours. Malheureusement, la France est toujours privée de Sacha Treille, mais aussi de Nicolas Ritz, blessé, et Enzo Guebey, malade.
En face, la Suède n’aura pas le renfort de William Nylander. L’attaquant de Toronto était apparemment réticent à l’idée d’arriver si tard et de prendre la place d’un joueur déjà là, qui aurait pu être… son frère Alex, treizième attaquant. Anton Lindholm arrive en revanche en défense : Christian Folin et Joel Persson, réservistes non inscrits, ont été renvoyés à la maison, et l’effectif est désormais clôturé.
Le premier tir revient à Leo Carlsson. Julian Junca le sort et les Bleus partent en contre, un deux-contre-un où Tim Bozon sert Alexandre Texier sur un plateau. La volée est limpide et Lars Johansson sort une belle mitaine.
La Suède touche ensuite la barre par Raymond, et ouvre le score après un peu plus de deux minutes avec un peu de chance. Henrik Tömmernes lance au but, et Pär Lindholm tombé à genoux dans le cercle, dévie de la crosse entre les jambes de Junca (1-0).
🇸🇪Tommernes with a shot and Par Lindholm catches the deflection! @Trekronorse goes 1 up!👀🔥 #IIHFWorlds #SWEFRA pic.twitter.com/qG7s26K4Nl
— IIHF (@IIHFHockey) May 20, 2023
Un bon échec-avant d’Anthony Rech permet à Guillaume Leclerc de se montrer dangereux puis la Suède repart à l’assaut. Lucas Raymond se retourne dans le cercle droit et trouve le métal pour la deuxième fois. En contre, Leclerc et Rech trouvent le soutien de Jules Boscq pour une volée masquée difficilement captée par Johansson.
Les Bleus mettent en place leur échec-avant au fil des minutes et provoquent quelques revirements. Llorca en profite avec un tir de la bleue et Addamo dévie juste devant Johansson, qui capte en deux temps. Chakiachvili enchaîne sur la mise au jeu suivante avec un revers voilé dangereux.
L’agressivité dans le bon sens des Français se traduit par quelques mises en échec appuyées – Crinon, notamment – et des récupérations projetées vers l’avant. Dylan Fabre remonte un palet et remise sur Boscq, qui a suivi, dont le tir est capté de la mitaine, avec Justin Addamo au pied du gardien.
Malheureusement, une longue passe de Jonathan Pudas trouve Fabian Zetterlund tout seul à la bleue offensive : Vincent Llorca et Florian Chakiachvili sont très loin l’un de l’autre. Le joueur des Sharks de San José transperce plein axe, fixe et trompe Junca (2-0).
🇸🇪 @FabianZetterlun with a nice deke around the goalie🚨🤌 @Trekronorse up by 2!#IIHFWorlds #SWEFRA@SanJoseSharks pic.twitter.com/YDupT9DSmC
— IIHF (@IIHFHockey) May 20, 2023
La France ne lâche rien et un revirement envoie Charles Bertrand et Dylan Fabre seuls devant Johansson. Le premier sert le deuxième et Lars Johansson sauve son camp !
What a save! Lars Johansson keeps that one out!✋🙅♂️ @frolunda_hc @trekronorse #IIHFWorlds #SWEFRA pic.twitter.com/BOlXW3LD3N
— IIHF (@IIHFHockey) May 20, 2023
Pär Lindholm est puni pour faire trébucher dans la foulée. Le jeu de puissance est très mal géré, avec du jeu à contre-temps et la Suède revient au complet.
L’échec-avant tricolore se remet en place, parfois dans la douleur – lourde charge sur Peter Valier – mais un nouveau revirement profite à Kévin Bozon, dont le revers dans l’enclave est sauvé par Johansson.
Valentin Claireaux concède deux minutes à cinq minutes de la pause. Tim Bozon fait le show en infériorité numérique, effaçant la défense tout en technique, mais ne parvient pas à finir son action devant le gardien. La Suède a la chance pour elle : un centre de Jonatan Berggren trouve le patin de Thomas Thiry (3-0).
Fabre tente sa chance de loin sur la plaque de Johansson, et le palet repart de l’autre côté, où Pierre Crinon est puni de deux minutes dans un duel. Le jeu de puissance suédois se montre efficac : Oscar Lindberg dos au but, trouve Zetterlund en retrait, à six secondes de la pause (4-0).
Le score est sévère au vu du jeu, même si la Suède a touché trois fois la barre en plus de ses quatre buts. Le réalisme scandinave est bien plus présent…
Philippe Bozon lance Quentin Papillon, dont c’est la première apparition sur la glace aux Championnats du monde, pour ce deuxième tiers. Il est vite dans le bain et sort un tir d’Anton Lindholm. Puis, Carl Grundström, servi à bout portant par Pär Lindholm, dévie juste à côté. Papillon est bien dans son match, sauvant du masque un tir de Timothy Liljegren, puis se déplaçant vite sur un renversement de jeu pour fermer la porte devant Zetterlund.
Le sélectionneur français doit ajuster ses trios car Alexandre Texier n’est pas revenu au jeu, lui aussi victime de la gastro-entérite qui traîne…
Le jeu se déroule exclusivement dans le camp bleu, et Papillon continue son festival avec des tirs de tous les côtés, dont un lancer de Lukas Bengtsson sur lequel il se déplace vite. Il a même un peu de chance lorsque Lucas Raymond n’arrive pas à redresser un palet de derrière la cage. La défense dégage le disque qui traine dans la zone du gardien…
Jules Boscq puni pour cinglage, la Suède, déjà buteuse deux fois en supériorité, continue à dominer. La France défend bien, notamment avec un Kévin Bozon très actif à la pointe, et s’en sort.
Johansson est bien dans le match, même avec peu de travail. Valier, bien décalé, n’ouvre pas son compteur au rebond avec un bel arrêt du portier suédois. Boscq, monté aux avant-postes, reçoit une passe de Tim Bozon, et échoue lui aussi sur le gardien de la Tre Krönor, en dépit de sa patience pour lancer en hauteur. La France ne lâche rien, et Claireaux servi en deuxième rideau, manque le cadre.
Pas de but dans ce tiers : Papillon a tenu le fort en début de période, avant que les Français ne finissent bien avec plus d’offensive, face à une Suède qui a levé le pied.
Le tiers reprend sur un faux rythme, et Papillon continue de bien figurer avec une belle jambière sur un tir lointain d’Anton Lindholm dans le trafic. La France réplique par un joli tir d’Addamo du cercle droit, bloqué par le gardien.
Il se passe peu de choses dans ces premières minutes. Un cinglage de Grundström sur Farnier offre un jeu de puissance aux Bleus après sept minutes. Mais la relance tricolore cafouille : Everberg et Nylander manquent de marquer à deux reprises à bout portant. Le jeu de puissance ne s’installe même pas, et Papillon doit encore sauver une action près de son but de Pär Lindholm…
Le gardien tricolore ne ralentit pas le rythme et sort encore un premier tir de Raymond de l’épaule, avec l’aide de sa barre, puis un deuxième de l’autre côté.
Il reste 3’42 lorsque la Suède semble marquer le cinquième but du match. Mais la révision vidéo s’en mêle : Zetterlund a poussé le palet dans le but du patin afin de lober Papillon.
La France repart à l’attaque, avec Tim Bozon dans le coup. Il chasse le rebond d’un tir de loin et est poussé dans le dos : deux minutes de pénalité à 1’11 de la sirène. Le jeu de puissance français ne s’installent pas plus et le score ne change pas.
La France s’incline donc 4-0, score acquis au premier tiers-temps. Compte tenu des nombreuses absences, ce n’est pas si mal…
Désignés joueurs du match : Lars Johansson (Suède) et Dylan Fabre (France)
Commentaires d’après-match :
Loïc Farnier (attaquant de la France) : « Comment on gère ? Pas trop ! Je n’étais pas du tout prêt mentalement, même si ce Mondial a toujours été un objectif et un rêve. J’essaie de prendre toutes les bonnes choses, l’expérience de tout le monde, cette expérience folle… C’est un autre monde. Je ne m’attendais pas à être rappelé car j’avais été coupé assez tôt et il y avait beaucoup de monde. L’équipe avait fait un bon début de Mondial, je suivais ça de loin, heureusement avec encore un peu de glace. Et là, je suis arrivé il y a deux jours et je joue contre des gars que je vois à la télé. J’avais déjà fait des matchs contre des joueurs comme ça et je m’étais montré timide, ça ne marche pas. Donc ce soir il ne fallait pas jouer timide. J’ai fait de mon mieux, même si ça s’est mal passé pour l’équipe, malgré la défaite je ne suis pas trop déçu. »
Quentin Papillon (gardien de la France) : « Ce n’était pas facile. J’attendais depuis longtemps de jouer un match et je me doutais que ça serait sûrement comme ça. Cela s’est bien passé personnellement. L’équipe a eu un début difficile, mais nous avons bien fait aux deuxième et troisième tiers. La Suède a bien imposé son jeu, mais nous devons construire sur les deux derniers tiers. D’une certaine manière, j’ai eu la chance de voir le premier tiers, ça m’a permis de voir que les Suédois cherchent souvent la passe supplémentaire pour trouver le but vide. Il faut donc être réactif et se baser sur ses appuis pour bouger vite. Les tireurs ? Dans toutes les ligues il y a des bons tireurs, il faut être bien préparé. »
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « Notre entame est surtout due à la qualité de l’adversaire, c’est la meilleure équipe que nous ayons jouée jusque là. On verra demain les Américains, qui patinent fort. La Suède a une maîtrise collective de tout, de leur jeu défensif au contrôle du puck en offensive. C’est compliqué. On savait que les pénalités seraient dangereuses car leur power-play marche fort.
Nous avions déjà un handicap avec plusieurs blessés, et là on perd encore des joueurs, contre l’une des meilleures équipes du monde. On a besoin d’un réservoir, et là la marche est haute. Je retiens que les gars ne lâchent pas et font de leur mieux.
*Alexandre Texier ? Il est parti du banc, malade, comme Enzo Guebey. J’espère qu’il n’y en aura pas d’autres. Nicolas Ritz était forfait et sans doute pour le reste du tournoi. J’ai des doutes sur un autre joueur, j’attends de voir ce soir…. ça fait beaucoup. Depuis le début de la préparation nous avons eu des pépins, des incertitudes, des forfaits, c’est comme ça, et on avance.
*Le maintien ? Je vais vérifier calmement le cas s’il y a plusieurs équipes à quatre points… Ça a peut-être joué un peu en début de match. Moi, ça ne m’intéresse pas de le savoir, mon but c’est de vouloir plus à chaque fois car il y a d’autres enjeux, comme grapiller des places pour le TQO (tournoi de qualification olympique), ce n’est pas anodin. Il faudra faire le maximum sur les deux derniers matchs.
*Papillon ? Ce n’est pas l’adversaire idéal pour le challenger, il faudrait voir contre des équipes comme l’Allemagne, Danemark, États-Unis. Je suis content pour lui. Il a montré du caractère, rentrer à froid… Il s’est battu, c’est un joueur de challenge. Il était prêt. Il a très bien répondu, même s’il avait moins de pression.
*La perte de joueurs a chamboulé les lignes et le jeu de puissance, c’est sûr, car nous avons joué à onze attaquants. À 4-0, la chance de revenir était infime, nous avons donc fait tourner tout le monde.
*C’était dur pour Loïc [Farnier] mais il a amené son énergie au début, puis a baissé de pied, c’est normal ! Rentrer dans un Mondial alors qu’il n’a pas eu de compétition depuis longtemps. Lui et sa ligne (Valier, K. Bozon) ont amené de la vitesse, du travail, de l’énergie, ont joué en penalty-kill. Ils ont plus de glace ce soir vu les circonstances, car il faut penser aux matchs contre les Américains et l’Allemagne.
*Jules Boscq ? On croit en lui depuis un moment. Tout le mérite lui revient. Il sait où il veut aller et met tout en œuvre pour être prêt. Il a perdu des kilos, il a un potentiel énorme. Avec un peu plus de physique, il peut devenir un grand défenseur de l’équipe de France, et même au niveau international. »
Suède – France 4-0 (4-0, 0-0, 0-0)
Samedi 20 mai 2023, 20h20. Nokia Arena de Tampere, Finlande. 8454 spectateurs.
Championnats du monde, groupe A.
Arbitrage d’Andris Ansons (LET) et Sean Fernandez (USA) assistés de Brett Mackey (CAN) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : Suède 6′ (2′, 0′, 4′) ; France 6′ (4′, 2′, 0′)
Tirs : Suède 29 (7, 11, 11) ; France 15 (8, 6, 1)
Récapitulatif du score
1-0 à 01’59 : Lindholm assisté de Tömmernes et Petersson
2-0 à 09’25 : Zetterlund assisté de Pudas et Tömmernes
3-0 à 16’26 : Berggren assisté de Carlsson (sup. num.)
4-0 à 19’54 : Zetterlund assisté de Lindberg et Raymond (sup. num.)
Suède
Attaquants :
Jonatan Berggren – Leo Carlsson – Lucas Raymond (A)
Carl Grundström (2′, +2) – Par Lindholm (+1) – Andre Pettersson (+1)
Dennis Everberg – Oscar Lindberg (+1) – Fabian Zetterlund (+1)
Jakob Silfverberg (C) – Jacob de la Rose (A) – Marcus Sörensen
Alexander Nylander
Défenseurs :
Timothy Liljegren – Rasmus Sandin
Henrik Tömmernes – Anton Lindholm
Patrik Nemeth – Lukas Bengtsson (+1)
Jonathan Pudas (+2)
Gardien :
Lars Johansson
Remplaçant : Jesper Wallstedt (G). Réservistes : Jacob Johansson (G), Linus Johansson (A).
France
Attaquants :
Tim Bozon (A, -1) – Louis Boudon (-1) – Alexandre Texier (-1) [sorti à 20′]
Anthony Rech – Justin Addamo – Guillaume Leclerc
Charles Bertrand (-1) – Valentin Claireaux (C, -1) – Dylan Fabre (-1)
Kevin Bozon – Peter Valier – Loïc Farnier
Défenseurs :
Florian Chakiachvili (A, -1) – Vincent Llorca (-1)
Jules Bosq – Hugo Gallet (-1)
Pierre Crinon – Lucien Onno
Thomas Thiry (-1)
Gardien :
Julien Junca puis Quentin Papillon à 20’00
Réservistes : Sébastian Ylönen (G), Sacha Treille (A, hématome au torse), Enzo Guebey (D, malade), Nicolas Ritz (A, blessé). Substitué sur blessure : Jordann Perret (A, coup derrière le genou).