États-Unis et Slovaquie s’affrontent dans une ambiance électrique, dans une rencontre aux allures de course aux quarts de finale.
Les Américains, battus en ouverture, ont parfaitement réagi en laminant l’Allemagne samedi, illustration d’une amélioration sensible des automatismes. Mais ils ont perdu gros : le gardien titulaire, Alex Lyon, est rentré au pays se faire opérer, victime d’un contact dans l’enclave. Son équipe a fini le match avec Trey Augustine, 19 ans, champion du monde U18 en 2023 et U20 en 2024. Il ne reste qu’Alex Nedeljkovic pour le poste, qui, au vue de son expérience, devient titulaire, et on attend l’identité du joker médical.
Le staff a choisi également de compléter son effectif avec le nouvel ailier de Columbus Gavin Brindley (un match NHL après sa saison à Michigan en NCAA), qui ne sera pas aligné face aux Slovaques. Il sera en tribunes avec le défenseur Matthew Kessel.
Côté slovaque, aucun changement à signaler parmi les joueurs de champ pour ce qui fait figure de test important. La seule nouvelle tête est le gardien titulaire, Samuel Hlavaj, qui vient de signer récemment pour le Wild du Minnesota. Il affrontera donc son futur entraineur, John Hynes ! Le public a répondu présent encore une fois, même un lundi après-midi. Les supporters slovaques, tous de blanc vêtus, sont partout.
L’ambiance est déjà chaude avant même la mise au jeu : Tkachuk et Kelemen s’échangent des amabilités, et chaque coup de sifflet après un arrêt provoque quelques regroupements devant les gardiens, à l’image de ces tensions suite à un tir excentré de Sanderson.
Le premier mouvement est initié par Slafkovský, qui trouve le relais au fond de Hrivík. Ce dernier cherche Cehlárik devant le but, mais la reprise est trop croisée.
En contre, les États-Unis se créent un deux-contre-un et Hlavaj, lancé pour la première fois du tournoi, répond présent face à une reprise de volée.
Après trois minutes, Kelemen ouvre le score en reprenant du revers une passe de Kudrna, en débordement à droite. Le défenseur avait brusquement freiné, pivoté et renversé le jeu vers le deuxième poteau. Explosion du public (0-1).
La Slovaquie prend confiance, mais s’expose aussi. Boldy et Gaudreau percent la neutre et sont en deux-contre-un. Le grand ailier du Wild sert le joueur de Columbus, qui feinte et lève trop son revers. De l’autre côté, Kudrna s’échappe plein axe et Nedeljkovic gagne son duel. C’est la caractéristique de ces huit premières minutes : la vitesse slovaque perturbe beaucoup les Américains. Cehlárik, sur une montée rageuse, échange le palet en une-deux et, seul devant le gardien, tente un mouvement difficile entre ses jambes. Nouvel arrêt du portier de Pittsburgh…
Le jeu se pose un peu plus au cours des minutes qui suivent. Les États-Unis essaient de créer des phases de jeu durables, la Slovaquie cherche le contre. Et elle le trouve après douze minutes, lorsque Tomas Tatar gagne un duel le long de la bande, dans son camp, et démarre comme une flèche sur la gauche. Il attaque la cage de Nedeljkovic, qui repousse, mais Hudáček a bien suivi (0-2).
Début de match royal des joueurs de Craig Ramsay, et on sent les Américains un peu surpris. Ils tentent néanmoins de réagir, Boldy sonnant la charge avec un lancer sec du cercle droit, bloqué par Hlavaj. Cela fait bien peu d’occasions et de tirs dangereux. En face, pas de souci là-dessus : volée de Regenda, arrêt de Nedeljkovic.
L’agacement américain est réel. Suite à une belle action de Zegras le long de la bande, Leonard est libre et expédie un lancer violent, mal capté par Hlavaj. Farabee chasse le rebond, ce qui provoque une nouvelle échauffourée que les arbitres décident de laisser passer. On peut d’ailleurs saluer le choix des officiels, qui ont laissé tout au long du match les deux équipes exprimer leurs émotions sans sanctionner excessivement.
Il reste trois minutes dans le premier tiers et l’animosité est réelle. Boldy en fait les frais, coupable d’un cinglage. Le jeu de puissance ne donne rien, malgré un essai de Regenda, et Boldy, sorti du cachot, manque de provoquer l’égalisation, d’une passe en pivot vers Nelson dans le slot.
La fin de tiers est chaude : Tkachuk et Pospíšil en viennent aux mains, les deux équipes suivent… Les deux joueurs finissent en prison, tout comme Koch et Werenski, juste avant le retour au vestiaire.
Ce match sent donc la poudre, et ce n’est pas fini. Nemec subit une charge dans la neutre et met un moment avant de se relever, puis de rentrer péniblement au banc.
Deux buts de retard, cela force les Américains à faire le jeu. Petry tente le tir de loin, faute de réussir à mieux s’approcher. Puis, Hlavaj sauve de près, ce qui cause une nouvelle échauffourée avec l’inévitable Tkachuk au cœur du maelström….
L’intensité des duels est folle. La Slovaquie s’impose dans la zone américaine, avec des essais de Hrivík, Cehlárik… Le gardien Ndeljkovic est en déséquilibre, sa défense se sacrifie pour sortir le palet. C’est finalement fait par Gaudreau, qui entre en zone adverse et cherche Werenski à l’opposée. Le défenseur bataille dans le coin et trouve du soutien, qui aboutit sur la crosse de Luke Hughes. Le tir est repoussé, mais Boldy propulse rageusement le rebond dans le filet désert (1-2).
Un but qui souffle un peu le public, mais pas longtemps car Kunin est puni pour faire trébucher. Hrivík, du cercle gauche, s’offre la première chance. Slafkovský, à l’opposée, reprend lui aussi. Le gardien US se montre solide, mais la pression est folle : il ne peut rien sur le slap surpuissant du jeune Nemec au cercle gauche (1-3).
Le public est debout, surchauffé. Après une chance de Farabee de près, servi par Zegras, la Slovaquie repart à l’attaque. Koch, servi sur la droite, tente sa chance à travers les écrans : Nedeljkovic est battu, et sorti du match par John Hynes. Trey Augustine rentre dans le chaudron bouillant (1-4).
La mi-match dépassée, Sukel concède un faire trébucher, laissant aux Américains une chance de sortir la tête de l’eau. Mais il y a toujours une crosse pour bloquer les renversements de jeu, compliquant l’installation du jeu de puissance. Cela ne donne rien… Une nouvelle chance survient à quatre minutes de la pause, lorsque Grman se rend coupable d’une obstruction dans la neutre. Il y a plus de danger cette fois, avec un centre de Gaudreau dans le slot, ou une reprise de Caufield entre les cercles. Hlavaj conserve une mitaine solide et la pénalité est tuée.
On sent un manque d’idées dans cette attaque américaine, où seule la ligne Boldy-Nelson-Gaudreau semble apporter quelque chose. Les défenseurs – Jones a joué 10 minutes et Werenski 8 dans ce tiers ! – touchent pour leur part énormément de palets à la bleue offensive pour orienter le jeu, sans aucun résultat. En somme, un 4-1 après deux tiers qui récompense une équipe slovaque mieux structurée, hyper combative et intense. Malgré 21 tirs à 7 sur cette période, aucun résultat pour les joueurs de NHL !
Les États-Unis entament pied au plancher, avec une pression importante sur la défense adverse. Ils trouvent quelques situations de tir – Zegras, Hughes, Caufield – mais leur jeu manque de précision ; ils peinent à trouver des espaces face au pressing slovaque.
À la troisième minute, le jeu est interrompu quelques minutes, Gaudreau restant sur la glace suite à un contact sévère de Patrick Koch. Les soigneurs le prennent en charge, et il finit par rentrer au banc sans assistance, puis au vestiaire : aucune pénalité appelée, ce qui, au vu du ralenti, ne manque pas de surprendre.
On joue depuis cinq minutes, et les États-Unis éteignent quelques secondes le public lorsque Farabee envoie une passe levée millimétrée dans la course de Pinto. Le joueur d’Ottawa dévie entre les jambes du gardien (2-4).
Le jeu ne quitte presque plus le camp slovaque et la tension ne faiblit pas, avec un nouvel échange d’amabilités devant Hlavaj. Alors que la Slovaquie sort un peu de sa boite, elle encaisse un contre à six minutes du terme. Tkachuk récupère dans son camp et démarre à droite. En un-contre-un, il mystifie son défenseur d’une feinte incroyable, attaque la cage et réduit encore un peu plus le score (3-4).
La tension remonte encore d’un cran, dans les tribunes comme sur la glace : Pinto est renversé sur sa percée par Koch, et n’apprécie pas vraiment ce traitement. Les États-Unis ne lâchent rien et Luke Hughes éteint complètement la patinoire avec un « coast-to-coast » d’anthologie (4-4). Nemec d’abord, Hughes ensuite : les deux arrières de 20 ans des Devils du New Jersey s’illustrent aujourd’hui !
Il reste une poignée de minutes, et Farabee se sacrifie au bloc pour priver la Slovaquie d’un tir en or au cercle droit. Et les arbitres sifflent la fin du temps réglementaire : prolongation !
Le trois-contre-trois commence avec déjà beaucoup de rythme. Zegras d’un côté, Slafkovský puis Tatar de l’autre, de quoi faire briller Hlavaj puis Augustine. Nelson enchaine sur un deux-contre-un, sur lequel Hlavaj cherche à relancer vite. Les officiels arrêtent le jeu, à la grande colère du public.
Les deux équipes s’observent, prenant le temps de se mettre en place, perdant vite le palet dès qu’ils arrivent en attaque. À ce petit jeu, la Slovaquie s’en sort le mieux. Après un premier tir de Nemec, elle récupère et sert à nouveau l’arrière des Devils. Le tir à travers le trafic met fin aux débats, avec une légère déviation de Kelemen (4-5).
À l’issue d’un match spectaculaire, la Slovaquie remporte donc deux points précieux dans la course aux quarts face à une équipe de haut calibre. Les Américains auront eu le mérite de réagir, de calmer leur jeu et trouver le chemin d’une remontée de trois buts. Un grand match de Championnats du monde dans une ambiance de feu !
Désignés joueurs du match : Samuel Hlavaj (Slovaquie) et Luke Hughes (États-Unis)
Commentaires d’après-match :
Mário Grman (défenseur de la Slovaquie) : « Je suis désolé pour le troisième tiers, j’ai hésité sur le but, mais je suis heureux que nous ayons gagné. J’ai eu la chair de poule à cause de l’atmosphère, les spectateurs étaient notre joueur supplémentaire, c’était génial. Les Américains étaient inconfortables, ils ont bien joué, ils ont joué dur, mais je suis content que nous ayons pu nous stabiliser. »
Lukáš Cingel (attaquant de la Slovaquie) : « Les deux premiers tiers ont été les mêmes que lors du match de préparation à domicile. Au troisième tiers, nous nous sommes un peu inquiétés du résultat, nous étions moins sur le palet et les Américains avaient du temps et de l’espace. Mais nous avons gagné, c’est génial, et nous allons de l’avant. »
John Hynes (entraîneur des États-Unis) : « J’ai apprécié que nous nous soyons accrochés et que nous ayons continué de batailler. Le niveau d’intensité était élevé dès le début du match et je trouve que nous avons bien réagi à l’adversité pour obtenir un point important au classement. »
États-Unis – Slovaquie 4-5 après prolongation (0-2, 1-2, 3-0, 0-1)
Lundi 13 mai 2024, 16h20. Ostrava, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Mark Pearce (CAN) assistés de Josef Spur (TCH) et Emil Yletyinen (SUE)
Pénalités : États-Unis 8′ (6′, 2′, 0′), Slovaquie 8′ (4′, 4′, 0′)
Tirs : États-Unis 43 (9, 21, 11, 2), Slovaquie 25 (11, 7, 4, 3)
Récapitulatif du score
0-1 à 03′17′′ : Kelemen assisté de Sukeľ et Kudrna
0-2 à 11′26′′ : Hudáček assisté de Tatar
1-2 à 24′48′′ : Boldy assisté de Hughes et Gaudreau
1-3 à 27′03′′ : Nemec assisté de Fehérváry et Pospíšil (sup. num.)
1-4 à 28′47′′ : Koch assisté de Pospíšil et Kelemen
2-4 à 44′32′′ : Pinto assisté de Farabee et Zegras
3-4 à 53′56′′ : Tkachuk assisté de Pinto
4-4 à 56′38′′ : Hughes assisté de Sanderson
4-5 à 63′56′′ : Kelemen assisté de Nemec et Pospíšil
États-Unis
Attaquants :
Matt Boldy (2′) – Brock Nelson – Johnny Gaudreau (+1)
Brady Tkachuk (C, 2′, +1) – Shane Pinto (+2) – Cole Caufield (+1)
Will Smith (-1) – Trevor Zegras (-2) – Joel Farabee (+1)
Luke Kunin (2′, -1) – Kevin Hayes (-1) – Michael Eyssimont (-2)
Ryan Leonard (-1)
Défenseurs :
Seth Jones (A) – Zach Werenski (A, 2′, +2)
Luke Hughes – Jake Sanderson (+1)
Jeff Petry (-1) – Alex Vlasic (-1)
Michael Kesselring (-2)
Gardien :
Alex Nedeljkovic puis Trey Augustine à 28′47′′
Réservistes : Alex Lyon (G, rentré au pays, blessé), Matthew Kessel (D), Gavin Brindley (D)
Slovaquie
Attaquants :
Peter Cehlárik (-2) – Marek Hrivík (A, -2) – Juraj Slafkovský
Tomáš Tatar (C, +1) – Lukáš Cingeľ – Libor Hudáček (+1)
Pavol Regenda – Martin Pospíšil (2′, +3) – Miloš Kelemen (+2)
Andrej Kudrna – Matúš Sukeľ (2′) – Martin Faško-Rudáš (-1)
Défenseurs :
Martin Fehérváry (+1) – Peter Čerešňák (A)
Michal Ivan (+1) – Šimon Nemec (+1)
Patrik Koch (2′, -1) – Mário Grman (2′, -1)
František Gajdoš – Andrej Golian
Gardien :
Samuel Hlavaj
Remplaçants : Matej Tomek (G). En réserve : Stanislav Škorvánek (G), Viliam Čacho, Marko Daňo (A).