Après son match « tranquille » la veille, la Suède devra monter son niveau de jeu face à un adversaire d’un calibre bien supérieur, l’Allemagne. Celle-ci a certes pris une claque face aux États-Unis, mais reste médaillée d’argent en titre !
Les Allemands enregistrent l’arrivée de Lukas Reichel, qui prend place en première ligne. Le meilleur attaquant de l’an passé, John Peterka, est donc séparé de son partenaire habituel Kahun.
On sent bien très vite que la Tre Kronor a de meilleures intentions. Avec Samuel Ersson dans les cages, elle prend le contrôle du palet dès les premières minutes… tout en concédant le premier tir cadré, sorti de la botte par le portier de Philadelphie. Qu’importe, car dans la continuité, Frödén remonte le palet à gauche, freine et sert sur un plateau Erik Karlsson en retrait. Le défenseur de Pittsburgh inscrit son troisième but en deux soirs (0-1).
Cela patine fort, et la qualité technique des joueurs de Sam Hallan fait merveille. Illustration avec une percée de Victor Olofsson, qui chauffe la mitaine de Grubauer à deux reprises.
Au fil des minutes, le match se ferme et les occasions se font rares. Ce n’est qu’à la mi-tiers que Ersson s’offre une parade de la botte pour une rare chance allemande. Sinon, pas grand chose à se mettre sous la dent des deux côtés, et il faut une mauvais contrôle de Hedman juste devant son propre gardien pour réveiller un peu le public. Il faut dire que, après le Slovaquie – États-Unis épique de l’après-midi, l’ambiance de ce match fait pâle figure !
Du coup, quoi de mieux qu’une bonne mine de défenseur pour se réveiller ? Le carré magique suédois n’y est cette fois pour rien : c’est Marcus Pettersson, de la troisième paire, qui allume la lucarne de Grubauer (0-2).
L’Allemagne est inexistante, et lorsque Peterka est puni pour crosse haute, la sanction ne tarde pas. Olofsson, qui a fait sa carrière à Buffalo sur la qualité de son tir en supériorité, offre sa spéciale « reprise de volée au cercle gauche » (0-3). Il restait deux secondes au premier tiers…
Concéder un surnombre dès la reprise n’est sans doute pas la meilleure idée. L’Allemagne doit donc défendre d’entrée, et Grubauer intercepte un tir de Dahlin – dont un lancer fut chronométré en premier tiers à 151 km/h. Oloffson deux fois, Dahlin, Burakovsky, déviation de Zetterlund… tout le monde s’y met, sans trop cadrer.
Les joueurs de Harold Kreis n’existent pas, aussi la Suède continue à faire tourner. Et, de temps en temps, à décocher. Dahlin plie sa crosse pour catapulter le palet vers le but, où Grundström gêne la vision du gardien et dévie au fond des filets (0-4).
Après sept minutes, enfin une occasion allemande ! Peterka s’échappe seul devant Ersson, qui gagne son duel. Ce sera l’un des cinq tirs du tiers… Dans la foulée, la Suède lève les bras pour célébrer un cinquième but, alors que l’arbitre écarte les siens pour l’invalider.
On arrive à la mi-tiers et le match prend enfin un peu d’émotion lorsque Jonas Müller et Joel Eriksson Ek se frictionnent devant la cage de Grubauer. Les deux joueurs filent en prison. Une minute plus tard, Burakovsky surgit pour tromper Grubauer, servi de derrière la cage par Holmberg, exploitant un déplacement très lent (0-5).
Les supporters suédois se font enfin entendre, et assistent à une double faute allemande : une charge trop haute, revue à la vidéo, suivie d’un faire trébucher de Eder sur la pénalité différée. Finalement, la première faute est annulée par révision vidéo, et c’est un cinq-contre-quatre. Seul Kempe cadre sur cette séquence.
Rien côté allemand, et Ersson s’ennuie ferme. Il reste six minutes lorsqu’il doit faire un arrêt devant Kälble. La Suède enchaîne ensuite une présence en zone offensive de trois minutes entières, lessivant des défenseurs contraints en plus au dégagement interdit. Un modèle de conservation de palet, écrans et petits jeux… Inefficace au pointage, et presque humiliant.
La présence suivante est du même calibre, avec deux tirs de Hedman qui causent bien des soucis à Grubauer. Les rebonds sont dégagés de justesse. Une faute de Ehliz n’arrange rien, et le power play non officiel à cinq contre cinq devient un power play officiel à cinq contre quatre. Pas de but, et une pause bienvenue pour une équipe allemande dépassée : 9 tirs à 35 ! Grubauer, lui, ne reviendra pas et Niederberger débarque pour la suite du match.
On s’ennuie ferme dans ce troisième tiers. Aucune des deux équipes ne met beaucoup d’intensité, aussi faut-il attendre sept minutes pour voir une occasion franche – la Suède ne profitant pas d’un power-play rapide. C’est donc un 2-contre-1 Stachowiak-Peterka qui sort Ersson de sa léthargie avec un beau déplacement latéral du gardien.
Il est en revanche battu sur la présence suivante. Leo Pföderl, ligne de fond, remise en direction de Yasin Ehliz et le palet est contré par deux patins avant de lui revenir. Ersson avait anticipé sur le tir et a donc laissé la porte ouverte le long du poteau, où Pföderl rôde encore (1-5).
Pas de quoi faire frémir les Scandinaves, qui reprennent le contrôle du palet et laissent Karlsson envoyer une diagonale laser vers Lundeström, volée gagnante en angle fermé (1-6). Pris de vitesse encore, Moritz Müller concède encore une pénalité à six minutes du terme. La longue possession en attaque ne donne rien, et c’est juste au retour du puni que Grundström manque de peu le but sur une remise dans l’enclave.
Trois matchs, trois victoires : la Suède n’a jamais donné l’impression de forcer, de montrer de l’émotion ou de l’intensité, mais c’est diablement efficace. Un contrôle de palet précis et technique, un jeu de passes léché, des arrières distributeur et finisseurs, que de demander de plus ? Malgré cela, il se dégage une impression d’ennui. Étrange…
Côté allemand, les deux déroutes face aux favoris américains et suédois font tache pour un médaillé mondial. Pire, l’équipe a montré moins de choses que tous ses rivaux du groupe, y compris le promu polonais. Inquiétant ?
Commentaires d’après-match :
Harold Kreis (entraîneur de l’Allemagne) : « Au vu du cours du jeu, il était important d’avoir montré un bon dernier tiers. Ces 20 dernières minutes sont ce que nous devons emmener au prochain match. Les Suédois ont joué fort et nous avons eu du mal à entrer dans la partie. Nous allons bien sûr analyser ce match encor une fois et trouver les clés pour le reste du tournoi. Nous allons nous concentrer sur nos forces et construire là-dessus. »
Allemagne – Suède 1-6 (0-3, 0-2, 1-1)
Lundi 13 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Jan Hribik (TCH) et Michael Tscherrig (SUI) assistés de Jiri Ondracek (TCH) et Tarrington Wyonzek (CAN)
Pénalités : Allemagne 14′ (2′, 8′, 2′) ; Suède 2′ (0′, 2′, 0′)
Tirs : Allemagne 16 (4, 5, 7) ; Suède 46 (17, 18, 11)
Récapitulatif du score
0-1 à 02′54′′ : Karlsson assisté de Frödén
0-2 à 14′52′′ : Pettersson assisté de Heed et Burakovsky
0-3 à 19′57′′ : Olofsson assisté de Dahlin et Burakovsky (sup. num.)
0-4 à 24′31′′ : Grundström assisté de Dahlin et L. Johansson
0-5 à 29′22′′ : Burakovsky assisté de Holmberg et M. Johansson
1-5 à 47′38′′ : Pföderl assisté de Michaelis et Ehliz
1-6 à 51′08′′ : Lundeström assisté de Karlsson et Bengtsson
Allemagne (2′ pour surnombre)
Attaquants :
John Peterka (2′, -1) – Wojciech Stachowiak (-1) – Alexander Ehl (-1)
Lukas Reichel (-3) – Dominik Kahun (A, -3) – Frederik Tiffels (-2)
Yasin Ehliz (A, 2′, +1) – Marc Michaelis – Leonhard Pföderl (+1)
Parker Tuomie (-1) – Maximilian Kastner – Tobias Eder (-1)
Daniel Fischbuch (-1)
Défenseurs :
Kai Wissmann (-1) – Jonas Müller (2′, -1)
Moritz Müller (C, 2′, -3) – Lukas Kälble (2′, -3)
Fabio Wagner – Tobias Fohrler
Colin Ugbekile
Gardien :
Philipp Grubauer puis Mathias Niederberger à 40′00′′
Réservistes : Tobias Ancicka (G), Makszymilian Szuber (D, poignet), Nico Sturm (A, genou, revenu à l’entraînement)
Suède
Attaquants :
Adrian Kempe (-1) – Joel Eriksson Ek (2′, -1) – Lucas Raymond (A, -1)
André Burakovsky (+2) – Pontus Holmberg (+2) – Marcus Johansson (+2)
Fabian Zetterlund (+1) – Isac Lundeström (+1) – Victor Olofsson (+1)
Jesper Frödén (+2) – Linus Johansson (+2) – Carl Grundström (+2)
Felix Unger Sörum
Défenseurs :
Erik Karlsson (C, +1) – Victor Hedman (A)
Jonas Brodin (+2) – Rasmus Dahlin (+2)
Marcus Pettersson (+1) – Tim Heed (+1)
Lukas Bengtsson (+1)
Gardien :
Samuel Ersson
Remplaçant : Jesper Wallstedt (G). Réservistes : Filip Gustavsson (G), Marcus Sörensen, Max Friberg (A).