C’est le match cerclé de rouge par les deux équipes : France et Pologne savent qu’une bonne partie du maintien en élite mondiale passe par une victoire ce soir. Le calendrier est connu depuis des semaines et la préparation axée sur cette opposition, qui prend encore plus d’importance pour les Bleus, battus par le Kazakhstan samedi – alors que la Pologne affrontera les joueurs d’Asie Centrale le dernier jour.
La France enregistre l’arrivée de Justin Addamo, éliminé vendredi soir des playoffs en ECHL. Le voyage aura apporté un peu de stress avec un bagage arrivé bien après le joueur : l’équipement perdu a été finalement livré lundi. Le grand gabarit sera aligné en quatrième ligne, avec un rôle naturel en supériorité numérique dans l’enclave.
Le principal débat résidait dans les cages, et Philippe Bozon n’a pas dérogé à son habitude : prime à l’expérience, et c’est donc Sebastian Ylönen qui débute. Le portier n’a pas brillé contre les Kazakhs samedi, avec trois buts de derrière la cage. Junca, plutôt convaincant contre la Lettonie dimanche, où il a été désigné joueur du match, est donc remplaçant.
Les deux équipes se montrent prudentes dans les premières minutes. Sacha Treille décoche le premier tir cadré après trois minutes, suivi de Wanacki de la bleue côté polonais.
La France installe progressivement son jeu et obtient de nouveaux lancers, par Gallet et Auvitu. Puis, Addamo dévie sur le gardien et Bertrand prend le rebond en pivot. Murray s’impose encore. Ylönen lui répond pour son deuxième arrêt, face à un lancer du cercle droit.
Les Bleus contrôlent bien leurs nerfs, leur jeu. Ils relancent calmement, avec toujours du soutien. Ainsi, sur une sortie de zone, Treille en entrée de neutre fixe et libère dans son dos Addamo, qui déborde sur l’aile droite. Il n’a guère de solution, mais tente un revers en direction de la cage… qui trouve son chemin derrière Murray ! (0-1)
Addamo est décidément un apport précieux. Alors que les Bleus récupèrent et tournent bien le palet à l’aide d’écrans, le joueur de Wheeling se plante devant Murray. Auvitu le voit et, même avec un défenseur juste devant lui, calcule un tir au millimètre qui touche le géant bleu et trompe Murray (0-2).
Les joueurs de Philippe Bozon ne baissent pas de rythme et continuent d’imposer leur échec-avant, leur possession dans le camp polonais. Malheureusement, Addamo concède un faire trébucher en chassant un palet dans la neutre.
La défense tricolore se sacrifie au bloc pour protéger Ylönen. De retour au complet, Tim Bozon se charge de solliciter Murray d’un tir violent dans l’axe. Malheureusement, impossible de reprendre le temps fort car Treille se rend coupable d’une obstruction.
Bellemare sonne la charge en infériorité avec un tir de l’aile droite, puis un rebond qu’il tente de glisser en tour de cage. La Pologne finit par s’installer et les Bleus continuent leur travail dans les bandes et au bloc, limitant les occasions. À la pause, une France sérieuse et concentrée mène 2-0 et n’a concédé que trois tirs cadrés, plutôt de loin ou excentrés.
Il reste quelques secondes de jeu de puissance polonais à la reprise, et Ylönen s’illustre avec un arrêt rapide. La France reprend la main, et décroche une supériorité numérique, un faire trébucher de Bryk, sur le bon travail de Kévin Bozon et Sacha Treille dans le coin.
Le jeu de puissance s’installe et, sur le deuxième groupe, Da Costa, au cercle gauche, trouve une lucarne improbable, aidé par l’écran d’Addamo (0-3).
Les Bleus poursuivent leur domination et obtiennent un nouveau jeu de puissance, face à un nouveau gardien. Da Costa se charge de chauffer la mitaine de Fucik, entré deux minutes après le troisième but. Puis, sur la fin de supériorité, il envoie un palet dans le slot, où se trouvent Bellemare et Addamo. Le vétéran NHL dévie au fond des filets (0-4).
On entendrait une mouche voler dans l’Ostravar arena. Le public se réveille un peu lorsque Bertrand est puni pour faire trébucher en défendant dans le slot. La défense est mobile pour contrer les angles de tirs, et Ylönen sort deux arrêts.
Au complet, la France lamine la Pologne à cinq contre cinq, multipliant les percées. travail au fond, soutien des arrières – tir de Cantagallo difficile à dégager – et attaque de cage sont au rendez-vous.
La Pologne ne compte que quelques phases de possession. À quatre minutes de la pause, c’est ainsi Kruczek qui tente sa chance au cercle droit, et Ylönen ne laisse aucun rebond. Sur la présence suivante, Ylönen cherche à jouer un palet à la crosse, mais cafouille. Le disque est récupéré et il n’arrive pas à se remettre en position à temps pour sauver le tir de Dominik Pas (1-4). Un but qui réveille un public jusque là sonné…
La France repart à l’assaut et le duo d’expérience Bellemare – Da Costa met encore le feu dans l’enclave : Fucik vole Da Costa d’une mitaine improbable devant une cage béante.
Malheureusement, Tim Bozon tente de remettre une mise au jeu à l’arrière et est intercepté par Wronka. L’ancien joueur de Gap échange avec Fraszko en une-deux, et ce dernier part en échappée : 4-2 et le public prend feu.
L’équipe polonaise retrouve ses jambes et son intensité. Dominik Pas, encore lui, sollicite Ylönen de l’aile gauche. La France reprend un peu ses esprits dans les derniers instants, et vire en tête 4-2… mais avec un scénario bien moins confortable que prévu.
Ylönen doit effectuer un arrêt après seulement trente secondes dans le troisième tiers, et Fucik y répond sur la présence suivante, une belle montée de palet Bellemare – Da Costa. Globalement, les Bleus sont sur le reculoir, et lorsqu’ils tentent de presser, Dair concède deux minutes en zone offensive.
La Pologne s’installe et la défense bleue est sous pression. Les joueurs se sacrifient pour bloquer les tirs, couper les lignes de passe et limiter les actions sur Ylönen, dans la souffrance. Le retour au complet permet à Dair de récupérer et servir Boudon en retrait, qui lance. Fucik sort le palet.
Perret enchaine en récupérant dans la neutre et se heurte lui aussi au gardien. Puis, un bon travail d’Addamo contraint Zygmunt à la faute dans la neutre.
Les Bleus s’installent, et le deuxième groupe obtient les meilleures chances. Rech provoque un rebond et un cafouillage dans l’enclave, puis Chakiachvili tente un tour de cage. En défense, les Bleus se font peur sur un tir lointain qui frôle la cage, et la sérénité des deux premiers tiers a un peu de mal à revenir. La Pologne essaie même un tour de cage, sans doute après avoir analysé le match contre le Kazakhstan… Ylönen ne mord pas !
Les joueurs de Philippe Bozon gèrent les dernières minutes, sans aucune prise de risque : dégagement dans la neutre dès que possible. Et s’ils peuvent presser dans le camp adverse, encore mieux… Il reste 1’39 lorsque Robert Kalaber pose son temps mort et sort son gardien. Kolusz reprend de la bleue et Ylönen gèle le palet sans laisser de rebond.
La France remporte donc un match crucial dans la course au maintien, et compte désormais quatre points au compteur. Un bol d’oxygène, mais rien n’est encore acquis.
Désignés joueurs du match : Stéphane da Costa (France) et Dominik Pas (Pologne)
Commentaires d’après-match :
Kévin Bozon (attaquant de la France) : « On fait un premier tiers correct, on mène 2-0 même s’il y a des choses pas top. On rentre bien dans le deuxième, on met le troisième but et même un quatrième. Puis on prend un but, on doit savoir lieux réagir et mieux gérer mais ils en marquent un deuxième. Ils ont alors pris le momentum, avec le public… Le staff nous a calmés à la pause, pour repartir sur de meilleures bases. Logiquement ils poussent et ce n’est pas facile, ce n’était pas notre meilleur troisième. Le penalty-kill ? On en parle tellement, le PP aussi a fait du bien. Notre PK a été monstrueux. Cela fait du bien, c’est le plus gros point positif. Maintenant, il faudra s’améliorer à cinq-contre-cinq. Mathématiquement, on est pas sauvés, on doit encore gratter des points. Je suis déçu qu’on ne soit pas déjà à sept, mais si on joue comme les premiers matchs; on peut chercher quelque chose contre la Slovaquie ou l’Allemagne. La Suède et les États-Unis ce serait un exploit, mais si on conserve notre identité de jeu, on peut les embêter. »
Stéphane da Costa (attaquant de la France) : « On a fait un bon match, une bonne première mi-temps, jusqu’au milieu du deuxième tiers. On prend un mauvais but, puis un deuxième, ce qui les a remis dans le match. On a commencé à paniquer, mais on a la victoire, c’est l’essentiel. Ce sont surtout les cinq dernières minutes du deuxième tiers qui nous font mal, alors qu’on doit rentrer à 4-0. Le PK a été très bon, le PP a mis des buts importants, ce qui aide à gagner. Addamo a un gros corps, comme Sacha qui a fait du bon boulot sur les premiers matchs, mais on ne faisait pas les bons jeux. Addamo apporte deux buts d’entrée, ça fait du bien. »
Justin Addamo (attaquant de la France) : « Le décalage ? Je suis un peu fatigué plus vite que d’habitude, mais avec l’adrénaline ça passe. Le voyage a été long avec beaucoup d’escales, ils avaient perdu mon sac de crosses, ce qui a été un peu stressant. Je n’ai rien fait qui ne soit pas mon style de jeu ce soir, je me suis placé devant la cage et sur le deuxième ça touche mon maillot. Je voulais apporté mes qualités à l’équipe. Dès qu’ils ont marqué, ils ont pris le momentum et on a peut-être pas su reprendre le fil du jeu comme on voulait. Mais on les a limités à deux buts, et l’effort est bon, c’est l’essentiel. »
Philippe Bozon (entraineur de la France) : « C’est la récompense de l’investissement des joueurs depuis trois matchs. Ils méritaient mieux sur les deux premiers. On savait que la Pologne était une équipe très opportuniste, qu’il fallait les surveiller en permanence. On a une occasion de 5-0 avec une cage vide, ça aurait plié le match. Ils mettent deux buts, et c’est logique que dans la tête des gars, on pense plus à défendre, à faire attention. On devait reprendre le plan de départ, le forecheck. Mais c’est humain, on connait l’importance de cette victoire. Ce genre de résultat fait partie de l’apprentissage. Et ce genre de situation arrive tellement souvent dans le hockey ! Rien que ce soir, le Canada menait 6-1 et l’Autriche en marque 5 dans le troisième tiers… C’est le hockey ! Je retiens qu’on a su rebondir défensivement.
Il y a eu deux moments très précis, le premier on a le puck, le gardien veut dégager et il y a une incompréhension. Le deuxième sur un face-off ils trichent entre guillemets, ils partent là-dessus. Il y avait besoin d’ajustements, mais je ne dirai pas que c’est mental. C’est un match particulier, il y a un pic émotionnel. On en avait parlé au début, de contrôler ses émotions. Le troisième tiers n’est pas notre meilleure période mais nous avons su faire un bloc défensif dans la neutre. Il ne fallait pas perdre le palet là, mettre le puck derrière la défense mais la priorité c’était de ne pas le perdre, et d’être vigilants sur les contre-attaques. Nous voulions attaquer en première intention, et nous avons vu ce soir que le gars qui nous manquait (Addamo) était décisif, on n’en serait peut être pas là s’il avait joué les deux premiers matchs.
Les États-Unis ? C’était mon message d’après-match. Le maintien n’est pas assuré, il y a un Kazakhstan-Pologne, et dans l’autre groupe le Danemark, qui organise l’an prochain, ne doit pas finir dernier sinon le septième descendra. Le deuxième point, on a souvent eu des difficultés à finir le tournoi et j’ai insisté là-dessus. Il faut se présenter à tous les matchs, il y a encore la Slovaquie et l’Allemagne, et la Suède et les États-Unis… Je suis convaincu que ce groupe peut faire de belles choses. »
Pologne – France 2-4 (0-2, 2-2, 0-0)
Mardi 14 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 6797 spectateurs.
Arbitrage de Riku Brander (FIN) et Martin Frano (TCH) assistés de Dario Fuchs (SUI) et Lauri Nikulainen (FIN)
Pénalités : Pologne 8′ (0′, 4′, 4′) ; France 8′ (4′, 2′, 2′)
Tirs : Pologne 25 (3, 11, 11) ; France 32 (10, 15, 7)
Récapitulatif du score
0-1 à 08′47′′ : Addamo assisté de S. Treille et Gallet
0-2 à 11′32′′ : Addamo assisté d’Auvitu et K. Bozon
0-3 à 24′21′′ : Da Costa assisté de Chakiachvili (sup. num.)
0-4 à 27′46′′ : Bellemare assisté de Da Costa et Auvitu (sup. num.)
1-4 à 36′08′′ : Pas assisté de Zygmunt et Walega
2-4 à 37′39′′ : Fraszko assisté de Wronka
Pologne
Attaquants :
Patryk Wronka – Grzegorz Pasiut (A) – Pawel Zygmunt (+1)
Kamil Walega (+1) – Krystian Dziubinski (C, -1) – Krzysztof Macias (-2)
Bartosz Fraszko (+1) – Dominik Pas (+1) – Alan Lyszczarczyk (2′)
Filip Komorski – Mateusz Michalski (-1) – Maciej Urbanowicz
Défenseurs :
Jakub Wanacki (2′, +1) – Marcin Kolusz (A, +1)
Patryk Wajda – Maciej Kruczek
Kamil Gorny (-2) – Mateusz Bryk (2′, -2)
Arkadiusz Kostek (+1) – Pawel Dronia (+1)
Gardien :
John Murray puis Tomas Fucik à 26′07′′
Réservistes : David Zabolotny (G), Kasper Macias (D), Patryk Krezolek (A). Substitué sur blessure : Bartosz Ciura (D).
France
Attaquants
Stéphane Da Costa (A, -1) – Pierre-Édouard Bellemare (A, -1) – Tim Bozon (-1)
Tomas Simonsen [5 présences dont 0 au 3e tiers] – Louis Boudon (-1) – Anthony Rech (-1)
Charles Bertrand (2′, +1) – Valentin Claireaux – Jordann Perret
Sacha Treille (C, 2′ +1) – Justin Addamo (2′, +2) – Kevin Bozon (+2)
Aurélien Dair (2′)
Défenseurs
Hugo Gallet – Yohann Auvitu
Enzo Cantagallo – Florian Chakiachvili
Pierre Crinon – Vincent Llorca
Thomas Thiry
Gardien :
Sebastian Ylönen
Remplaçant : Julian Junca (G). Réservistes : Quentin Papillon (G), Enzo Guebey (D), Baptiste Bruche (A). Substitué sur blessure : Nicolas Ritz (A, fracture de la main)