La défaite de la Pologne et les mauvais résultats du Kazakhstan au long de la semaine maintiennent presque la France. Il faudrait un scénario très improbable pour une relégation désormais : un point pris par le Kazakhstan contre les États-Unis, puis une victoire de la Pologne contre les joueurs d’Asie centrale avec exactement deux buts d’écart à partir de 4-2, 5-3 etc. Peu probable.
Mais la meilleure manière d’éviter cela est d’essayer de gratter un point contre la Slovaquie ce soir, ou la Suède lundi, ou l’Allemagne mardi. Mathématiquement, les quarts de finale sont même encore faisables !
Il faudra cependant un exploit, car les Bleus n’ont battu les Slovaques qu’une seule fois aux Championnats du monde : 2014, l’année… du quart de finale. Il ne reste plus beaucoup de « survivants » de ce match : Pierre-Édouard Bellemare, Yohann Auvitu et Florian Chakiachvili, ainsi que Yorick Treille, désormais coach adjoint. Nicolas Ritz et Stéphane da Costa ont eux quitté cette édition 2024. Les Bleus avaient fini très fort en inscrivant quatre buts dans le troisième tiers, et on ne peut que leur souhaiter la même chose ce soir.
Tous les débats sur les gardiens ne changeront pas grand chose : Philippe Bozon choisit l’expérience de Sebastian Ylönen, tout en « récompensant » Quentin Papillon, qui sera son remplaçant. Julian Junca est en tribunes avec Enzo Guebey, alors que Tomas Simonsen fait son retour. Le remplaçant de Stéphane da Costa, blessé, sera Robin Colomban, mais il n’est pas encore arrivé.
La France rentre bien dans son match, disputant les premières présences dans le camp adverse, avec un joli pressing. Cela permet à Jordann Perret de récupérer et Charles Bertrand ne cadre pas cette bonne récupération. La défense tricolore est attentive sur les accélérations slovaques, gagnant ses duels. La première vraie présence offensive, après quatre minutes, n’aboutit ainsi à aucun tir sur Ylönen.
La première frayeur survient une minute plus tard lorsque Juraj Slafkovský est servi sur un renversement. Son tir du cercle droit échoue sur le filet extérieur du but. Cela se rapproche encore plus ensuite, Nemec voyant son tir percuter le poteau droit…
La France réplique par un bon travail de la quatrième ligne qui tient le palet en attaque et envoie deux tirs lointains sur le gardien. Sacha Treille concède cependant deux minutes en fin de présence pour une obstruction dans la neutre. Le penalty-kill français poursuit son bon travail, à l’image de Bellemare en zone offensive, et le bon jeu à la crosse limite le jeu de passe slovaque. Seul Slafkovský se crée une demi-occasion dans le slot, sans parvenir à tirer sur son pivot. La pénalité est tuée… mais Tim Bozon est puni à son tour pour un accrochage dans la neutre. La pression monte en fin d’avantage, et la défense bleue s’en sort tout de même.
De retour au complet, la France concède un tir de loin de Čerešňák dévié, sur lequel Ylönen réagit bien de la jambière. En attaque, on retrouve quelques séquences de possession. Crinon tente de loin, sauvé par Hlavaj et, sur la mise au jeu, on retrouve le trio de Bertrand à l’affût des rebonds. La présence est durable en attaque, empêchant la Slovaquie de changer. Chakiachvili termine cette belle possession avec un tir hors cadre.
Le danger peut cependant surgir à tout moment et Ylönen sort une énorme parade sur un tir de loin de Ivan dévié par la crosse de Dano. Puis, il contrôle une tentative de près. Dans la foulée, Pavol Regenda fait trébucher Bellemare et le jeu de puissance français entre en scène. Tim Bozon cherche Treille dans le slot une première fois, puis tente du côté opposé. Bertrand, puis Chakiachvili lancent aussi. Le palet est perdu, et Regenda, qui sort de prison, le joue… avec encore un pied à l’intérieur, ce qui lui vaut deux minutes !
Le power-play bleu campe dans la zone slovaque, avec plusieurs solutions dangereuses dont un rebond de Bellemare. La France a dominé, et va se faire piéger dans les derniers instants. Un revirement inutile d’Addamo en zone offensive, sur une passe en retrait à l’adversaire alors qu’il aurait pu envoyer derrière la cage, offre un contre slovaque. Mario Grman lance au but, et Regenda dévie entre les jambes d’Ylönen, à trois secondes de la pause… (0-1). Les Bleus ont plutôt dominé, avec un très bon jeu défensif, et ne sont pas récompensés de ces vingt minutes.
Hugo Gallet est sanctionné de deux minutes dès la reprise pour un contact avec Regenda. Hrivik tente de tir du côté gauche, qu’Ylönen repousse. Alors que Nemec cherche des occasions de la bleue, Tatar est puni pour un cinglage et le jeu reprend à quatre contre quatre pour 56 secondes.
Rech et Crinon combinent pour libérer un tir d’Auvitu, capté de la mitaine par Hlavaj. Derrière, le forecheck de Perret est jugé illicite et il sort pour cinglage. La Slovaquie en profite rapidement. Hudáček mystifie Bellemare sur le côté gauche, et expédie un tir précis au dessus de l’épaule du gardien bleu (0-2).
Les joueurs à la Double-Croix, portés par leur public en fusion, accélèrent et Ylönen doit se coucher sur un tir qui rebondit sur la balustrade derrière lui. Il y a encore grand danger sur une déviation de Kudrna dans la zone bleue, juste après un tir sur le poteau venu de la bleue. Philippe Bozon pose alors son temps mort dans l’espoir de stabiliser son équipe.
Cela semble fonctionner, car ses joueurs suivent avec deux bonnes présences : Tim Bozon, lancé par une longue passe, teste l’épaule de Hlavaj, puis un tir de la bleue offre à Bellemare, planté devant le gardien, un rebond qu’il n’arrive pas à bien reprendre en pivot.
À la mi-match, un revirement français permet à Tatar d’accélérer vers le palet… mais Ylönen est sorti très, très loin de son but et se jette pour dégager le disque. Moins d’une minute plus tard, Hudáček entre en zone plein axe et décoche quelques pas après la bleue un lancer en hauteur qui trompe Ylönen (0-3).
La France a le mérite de ne pas lâcher. Addamo trouve le masque de Hlavaj, puis un deuxième tir offre un rebond à Kévin Bozon, repris hors cadre. Un peu plus tard, Addamo, encore, et Chakiachvili de l’aile peinent à cadrer leurs tirs.
Les Bleus sont enfin récompensés : l’échec-avant de Tim Bozon dans le coin provoque un revirement. Le palet échoue sur la crosse de Sacha Treille, tout seul entre les cercles. Le capitaine ne se pose aucune question et reprend en force ras glace (1-3). La France continue. Une belle remontée de palet plein axe d’Addamo écarte vers Kévin Bozon, qui lance du cercle gauche. Hlavaj contrôle sans laisser de rebond.
Du mieux donc, mais encore des erreurs. Une relance trop risquée est interceptée dans le camp bleu et Pospisil manque de peu d’en profiter. Cela fait deux buts de retard à la pause, avec un petit avantage aux tirs du côté des joueurs de Philippe Bozon.
À la reprise, Quentin Papillon s’installe dans le but français. Il capte sans peine un lancer sans grande conviction de Hudáček, histoire de se chauffer. La France obtient pour sa part une chance dans l’enclave avec Bertrand, à l’affût d’un rebond.
La Slovaquie semble attendre les Bleus pour mieux les contrer dans les premières minutes, avant d’imposer une bonne séquence de possession. La défense ne lâche pas de tirs, et le jeu repart vers le but de Hlavaj, avec à nouveau Bertrand dangereux.
Hormis une petite frayeur sur un tour de cage, la défense française gère assez bien le danger grâce à des crosses actives. Malheureusement, elle cède après huit minutes lorsque Grman lance du point d’appui. Le palet est dévié par le manche de la crosse de Chakiachvili, en déséquilibre dans son duel avec Cingeľ, en hauteur derrière Papillon (1-4).
Le gardien de Bordeaux est ensuite challengé : un tir de derrière le but vers son casque, puis un tour de cage. Il ne craque pas, ni sur un revers dans l’axe de Slafkovský. La France recule sur la fin de match, sans doute fatiguée, mais les joueurs continuent à se battre sur tous les palets et, ponctuellement, à s’installer en attaque. Papillon reste concentré et réalise un très bel arrêt sur une reprise de Hrivik.
Auvitu déclenche ensuite lors d’une mise au jeu, cherchant l’écran de Treille, mais Hlavaj a tout vu. Chakiachvili fait de même depuis la bande à la présence suivante : toujours la mitaine du gardien slovaque.
Les Bleus réduisent l’écart à six secondes du terme, sur une belle montée de Rech à droite, qui sert Chakiachvili en retrait. Le défenseur ajuste côté mitaine (4-2).
La France s’incline donc pour la huitième fois en neuf matchs aux Mondiaux contre la Slovaquie. On peut se satisfaire d’une bonne prestation globale, notamment dans le jeu défensif, mais les Bleus restent plombés par quelques petites erreurs de lecture, de timing. L’attaque, elle, a eu un bon temps de possession en zone offensive, mais manque de ce côté sniper, tueur, que la Slovaquie compte dans ses rangs. Il faudra conserver l’énergie déployée et le combat jusqu’à la dernière seconde de ce match pour réussir au mieux les deux dernières rencontres. Les quarts de finale étant désormais inatteignables, l’objectif est clair : deux matchs pour préparer le TQO.
Désignés joueurs du match : Yohann Auvitu (France) et Libor Hudáček (Slovaquie)
Commentaires d’après-match :
Jordann Perret (attaquant de la France) : « Il y avait une bonne ambiance ! On savait en venant ici que ça serait comme pour la Pologne, c’est cool. Cela nous aide, eux et nous, et ça nous motive. On avait à cœur de faire une meilleure entame, je pense que c’est chose faite. On aurait aimé faire mieux au premier tiers, tenir le score. Après ça fait 3-0, on revient à 3-1 ça repousse un peu. Dans l’ensemble ce n’est pas si mal. Ce qui manque à l’attaque ? Marquer des buts ! Cela passe par la présence devant la cage, prendre les shoots, on ne sait jamais ce qui peut se passer, des rebonds, des déviations. »
Yohann Auvitu (défenseur de la France) : « Gros temps de jeu, je ne sais pas, mais en tout cas je suis fatigué ! On avait à cœur de rebondir après le non-match contre les Américains. On n’a pas donné une belle image dans ce match. Ce soir on l’a fait, on a fait jeu égal avec une grosse nation du hockey. Malheureusement nous ne sommes pas récompensés. On rentre au vestiaire à 1-0, c’est frustrant car je pense que nous méritions mieux, peut-être même de mener un ou deux zéro. Mais des fois, le score ne reflète pas la physionomie d’un match, c’est parfois comme ça le sport. C’est comme ça au Mondial contre les grosses nations, il faut beaucoup donner d’énergie. Ce soir, on a tout donné, et à part ce premier but il n’y a aucun regret. On s’est battus, et on a donné une bonne image. »
Pierre-Édouard Bellemare (attaquant de la France) : « C’est un bon match, tout le monde s’en rend compte. Ils ont capitalisé sur nos erreurs, mais c’est dur ce tournoi, rapide, c’est sept matchs et ensuite il faut attendre un an pour sept autres. Je suis nouveau avec ce groupe, je n’ai pas trop leur passé, mais nous n’étions pas contents après le match contre les Américains. On a parlé de beaucoup de choses, du jeu défensif, et ce soir c’était le jour et la nuit. C’est ce qui nous a donné une chance dans le match. Les deux powerplays auraient pu changer le match. Il y a une équipe qui a capitalisé, et nous on n’a pas pu. Le deuxième but nous a un peu cassés, le troisième surtout, ce sont des buts évitables. On a joué maintenant cinq matchs, avec un horrible, celui contre les États-Unis, mais on est là, ce soir on a joué de la bonne façon et c’est ce qu’il faut retenir. Les jeunes vont comprendre les erreurs qu’ils ont fait et progresser. Oui, il y avait du monde, après Riga, Cracovie c’était Bratislava, je suis content qu’il y ait autant de public. La Suède ? Non ce n’est pas un match si particulier, j’en suis parti il y a dix ans. Même si j’y retourne l’été et que je connais quelques joueurs en face. On va devoir mettre tout ce qu’on a appris dans ces matchs. Ils jouent un peu comme les Américains, c’est une nation qui joue même encore mieux. Je préfère qu’on se brûle en étant plus agressifs, que se brûler en les attendant. C’est une équipe qui est en contrôle, qui tourne en zone, avec des sorties de zone propres. Ils sont durs à bloquer dans leur camp avec ces relances. Ce sera un bon challenge. »
Philippe Bozon (entraineur de l’équipe de France) : « C’est le match qu’on a voulu. On avait dit qu’on avait mal commencé contre les États-Unis, donc qu’il fallait ce soir bien commencer, mettre de l’énergie, montrer que l’on est là, avec l’émotion dans cette patinoire… On a fait un bon premier tiers, on peut avoir des regrets car ce genre de match très serré ce joue sur des détails. Sur ce premier but, il reste 11 secondes, on doit garder le palet en zone offensive, on ne doit pas faire un jeu comme ça en fin de tiers. On a jamais lâché, on était présent et même les coachs slovaques nous ont félicité. C’était peut-être de l’esbrouffe, mais ils ont dit qu’on avait été meilleurs. On s’est battus, on a travaillé et c’est un point positif. Je suis confiant pour l’avenir, là il nous manque des joueurs importants pour ce genre de match, le genre de joueurs qui peut justement apporter ce petit but en plus.
Le changement de gardien ? Il nous a dit qu’il ne se sentait pas bien.
Stéphane da Costa ? Oui, c’était une grosse béquille, et avec le staff médical on attendait que l’hématome se résorbe pour le récupérer. Mais on a fait des examens et on a constaté une petite déchirure. Il y a des échéances importantes, on ne voulait pas prendre de risque.
Le temps mort ? On a beaucoup parlé entre nous, après le match contre les Américains, du travail en zone défensive et en zone offensive. De ne pas paniquer dans les moments forts contre ce genre d’adversaire. J’ai senti que, pardonnez-moi l’expression, on perdait un peu les pédales, donc j’ai voulu recadrer, que tout le monde reprenne son calme et j’ai trouvé que les joueurs l’avaient très bien fait.
Comment trouver des buts, être plus tueur devant ? Avec Da Costa et Texier ! Ils ont ce qu’il faut, ce sont des joueurs de haut niveau, ils ont la maîtrise de ce niveau-là, ce soupçon de calme et de lucidité devant la cage où tout arrive plus vite. On y ajoute aussi un buteur qui a performé en AHL (Dubé), ce sera important pour cet effectif pour réaliser un exploit.
Les Bleus ne sont plus en course pour les quarts, et quasi assurés du maintien, maintenant c’est tout pour le TQO ? Oui, c’est exactement ce que je viens de dire aux joueurs ! On avait deux, voire trois objectifs avant le Mondial : le maintien, si tout se passait bien les quarts, et surtout le TQO. Ce Mondial est un bagage incroyable, il donne de bons enseignements, il initie des discussions, on travail en zone défensive. C’est une mine d’or pour le TQO que nous n’avions pas eu au précédent, faute de Mondial et de matchs de très haut niveau. Même pour le staff ce sont de bons enseignements.
La Suède ? On va défendre beaucoup et pas toucher le puck beaucoup. Ce sera le même type de matchs que contre les États-Unis, et ils gardent encore plus le palet. C’est très dur de leur prendre, ils ont une très bonne protection. On va voir si on progresse dans ce qu’on travaille avec les joueurs. »
France – Slovaquie 2-4 (0-1, 1-2, 1-1)
Samedi 18 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Martin Frano (TCH) assistés d’Andreas Hofer (ALL) et Ludvig Lundgren (SUE)
Pénalités : France 8′ (4′, 4′, 0′) ; Slovaquie 6′ (4′, 2′, 0′)
Tirs : France 27 (9, 9, 9) ; Slovaquie 24 (5, 9, 10)
Récapitulatif du score :
0-1 à 19′56′′ : Regenda assisté de Grman et Cingeľ
0-2 à 22′35′′ : Hudáček assisté de Nemec et Slafkovský
0-3 à 29′56′′ : Hudáček
1-3 à 35′44′′ : S. Treille assisté de T. Bozon et Auvitu
1-4 à 48′24′′ : Grman assisté de Tatar et Hudáček
2-4 à 59′53′′ : Chakiachvili assisté de Rech
France
Attaquants :
Aurélien Dair – Pierre-Édouard Bellemare (A, -1) – Tim Bozon (2′)
Charles Bertrand (-2) – Valentin Claireaux – Jordann Perret (2′)
Baptiste Bruche – Louis Boudon – Anthony Rech
Sacha Treille (C, 2′) – Justin Addamo (-1) – Kevin Bozon (-1)
Tomas Simonsen [3 présences]
Défenseurs :
Hugo Gallet (2′) – Yohann Auvitu (A)
Enzo Cantagallo – Florian Chakiachvili
Pierre Crinon (-1) – Vincent Llorca (-2)
Thomas Thiry
Gardien :
Sebastian Ylönen puis à 40′00′′ Quentin Papillon
Réservistes : Julian Junca (G), Enzo Guebey (D), Stéphane Da Costa (A, béquille, fin de tournoi). Substitué sur blessure : Nicolas Ritz (A, fracture de la main),
Slovaquie
Attaquants :
Peter Cehlárik (-1) – Marek Hrivík (A, -1) – Juraj Slafkovský
Tomáš Tatar (C, 2′, +3) – Lukáš Cingeľ (+3) – Libor Hudáček (+3)
Pavol Regenda (4′) – Martin Pospíšil – Miloš Kelemen (-1)
Andrej Kudrna – Matúš Sukeľ – Marko Daňo
Défenseurs :
Martin Fehérváry – Peter Čerešňák (A)
Michal Ivan – Šimon Nemec (+1)
Patrik Koch (+2) – Mário Grman (+2)
František Gajdoš (-1) – Andrej Golian (-1)
Gardien :
Samuel Hlavaj
Remplaçants : Stanislav Škorvánek (G). Réservistes : Matej Tomek (G), Viliam Čacho, Martin Faško-Rudáš (A).