C’est une montagne qui se dresse devant l’équipe de France. L’un des rares pays que les Bleus n’ont jamais battu dans toute leur histoire. La Suède, avec un effectif qui compte une bonne partie de prétendants à une place aux Jeux olympiques, dont un top-4 en défense de très haut niveau, est la seule équipe de ce Championnat du monde a avoir remporté tous ses matchs. Un succès leur octroierait la première place de la poule.
Les Bleus intègrent pour la première fois Robin Colomban, arrivé ce week-end en remplacement de Stéphane da Costa. Quentin Papillon obtient son premier départ, lui qui jusque là était uniquement entré en jeu, notamment l’an dernier contre la Suède. Il n’avait alors encaissé aucun but en deux tiers dans une défaite 4-0.
La Suède met tout de suite la pression sur la défensive française, gênant la relance. Les Bleus n’ont guère de temps pour manœuvrer et chaque palet un peu loin de leurs crosses est un danger. Illustration après un peu plus d’une minute, et Raymond récupère sur le côté du but. Papillon répond au premier test du jour, solide ras glace. Peu après, il ne laisse pas de rebond sur le tir de Marcus Pettersson depuis la bleue.
Des premières minutes difficiles pour les Bleus, enfermés dans leur zone, et qui s’efforcent de suivre le rythme, de bloquer les lignes de tirs, contrer les passes. Papillon répond présent dans les cas où la Suède s’infiltre, bloquant un nouvel essai de Holmberg, puis un tir de Eriksson Ek, qui avait gagné son duel en tête de cercle. Un défi d’envergure arrive : Chakiachvili a fait trébucher Eriksson Ek sur cette dernière action. La vitesse suédoise envoie Hedman sur le côté droit, et le défenseur de Tampa ne cadre pas. En contre, Bruche obtient même un tir, repoussé par Ersson. Le poteau vient ensuite en aide aux Bleus, repoussant un tir d’Olofsson.
Retour au complet, la France est toujours contenue dans sa zone, et chaque petite erreur – passe mal ajustée, trop forte ou pas assez – est punie par un shift passé à défendre.
Treize minutes passent et Eriksson Ek est renvoyé pour une crosse haute sur Addamo. Le jeu de puissance s’installe, décale bien Chakiachvili mais son tir avec écran rase le poteau. Pas cadré : c’est le leitmotiv de cet avantage, malgré un déplacement de palet plutôt correct – à l’image d’un tir raté de Tim Bozon, et du dernier tir de Bellemare.
Les Bleus prennent confiance, sont un peu moins sous la pression, et tiennent ce 0-0 jusqu’au bout. La Suède compte 12 tirs à 3, mais s’est montrée moins incisive dans la deuxième moitié de tiers. Fait intéressant : c’est le premier tiers-temps sans but de la Suède dans ce tournoi !
L’équipe de France se sent bien, et son jeu de passes permet à Perret de s’infiltrer dans la neutre et de décocher en entrée de zone pour le premier tir de la période. Le pressing tricolore commence à agacer la Suède, qui n’obtient son premier tir cadré qu’après plus de trois minutes. La France continue, contre des tirs, saute le long des bandes pour gêner la prise de contrôle à la bleue, et démarre si possible. Tim Bozon envoie ainsi Treille sur le côté gauche et le tir du capitaine est arrêté sans peine.
Et les Bleus continuent : Colomban contre, démarre et son tir est hors cadre. Pas mieux pour Cantagallo de la bleue dans la continuité.
Mais face à un adversaire de ce calibre, chaque action peut créer le danger. Papillon reste solide dans sa zone sous la pression de la quatrième ligne suédoise. Et après 28 minutes, une entrée en zone libère Lucas Raymond, en tête de cercle, dont le tir précis trompe Papillon côté mitaine (1-0). Un joli tir de l’ailier dont le père est français…
Les Bleus ne lâchent rien : Rech feinte le tir de la bleue, mais cherchait Boudon, qui dévie. Bertrand bataille sur le rebond, pivote et égalise (1-1, photo ci-dessous) !
La défense tricolore s’accroche toujours. Les joueurs se sacrifient au bloc – Cantagallo rentre en boitant au banc, et Papillon sort la mitaine devant Raymond sur une percée à droite. Le gardien de Bordeaux la chauffe encore sur un tir de Grundström consécutif à une erreur de relance de Crinon. Puis, après une entrée de zone d’Erik Karlsson, Felix Unger Sörum tente un tour de cage mais renverse à l’opposée sur Eriksson Ek qui trouve le poteau !
La France reprend le fil à quatre minutes de la pause, avec un énorme shift de la ligne Rech-Boudon-Bertrand, soutenue par Auvitu et Gallet en artilleurs, puis de Treille entré en cours de présence. Plusieurs tirs surviennent, filant tout près du poteau d’Ersson.
Marcus Pettersson concède ensuite deux minutes. Les Bleus mettent le feu et Ersson sort une parade venue d’ailleurs sur Bertrand, puis Boudon au rebond trouve le poteau, cage ouverte ! Par chance, sur une glissade de Bellemare qui perd e palet à sa ligne bleue, Friberg trouve encore le poteau. Le reste de la supériorité est sans dommage. La France a manqué le coche, et Colomban est puni de deux minutes dans un contact à la bleue offensive, à 11 secondes de la pause. Le score est de 1-1 avec une équipe de France de très haut niveau.
Tuer la pénalité, c’est la mission de ce début de tiers. Dahlin lance le premier tir, contrôlé par la mitaine de Papillon en deux temps. Il reste 19 secondes lorsque Erik Karlsson expédie un tir surpuissant, profitant de l’écran de Eriksson Ek et Chakiachvili devant Papillon (2-1).
La France ne lâche rien. Perret intercepte, et trouve Claireaux près du poteau pour une belle chance, avant d’enchaîner avec une présence en zone offensive. Sur la mise au jeu qui suit, Dair teste la jambière. Papillon sort également la sienne sur une percée de Burakovsky. Chakiachvili tente à son tour de la bleue, et le rebond est dégagé.
À douze minutes de la fin, Papillon sauve un tir puissant de Dahlin. La France résiste bien, patiente dans son jeu défensif, sans prise de risque excessive. Les défenseurs apportent parfois le surnombre, mais une montée de Chakiachvili se termine par une pénalité de Kévin Bozon qui fai trébucher Erik Karlsson derrière la cage adverse. Le penalty-kill est bien placé, contre le jeu de passe et s’en sort superbement.
De retour au complet, les Bleus essaient de revenir au score. Auvitu lance de la bleue, puis la Suède part en contre. Décalé sur l’aile gauche, Grundström ne piège pas Papillon, qui a bien suivi. Oui, la Suède joue en contre, attendant les Bleus, toujours aussi combatifs.
Il reste deux minutes, et Philippe Bozon pose son temps mort. Papillon sort pour un attaquant. La France travaille, mais la Suède mange le chronomètre grâce à sa solidité dans les bandes, et conclut cage vide à quatre secondes de la fin par Burakovsky (3-1).
La France a réalisé un match de très haut niveau et les points positifs sont légion. Le jeu défensif est à noter, mais le principal enseignement reste la performance de Quentin Papillon. Solide dans ses deux entrées précédentes, il a cette fois reçu un match entier et livré une prestation d’excellente qualité. La France a-t-elle trouvé son futur numéro 1 ?
Désignés joueurs du match : Quentin Papillon (France) et Lucas Raymond (Suède)
Commentaires d’après-match :
Robin Colomban (attaquant de la France) : « C’était carrément un match de NHL. C’est sans doute la plus grosse équipe du tournoi, quand on regarde la composition et les résultats. Il fallait se mettre dedans, mais c’est pour ce genre de match que je suis venu. J’étais dans les blocs et je suis content de ce que j’ai fait. C’est une belle première expérience de jouer contre la Suède. J’ai fait un mois de camp avec l’équipe de France, depuis Megève, et je suis rentré. J’ai coupé un peu, avec juste un peu d’entretien physique. Je n’ai pas trop perdu du coup. J’ai bien transpiré le premier jour de mon arrivée ! Mais c’est que du plaisir. On les a un peu respectés au début, peut-être trop, mais on a tenu le 0-0 sur le premier tiers et on a voulu jouer notre chance à fond. On s’est battus jusqu’au bout, et le match se joue à pas grand chose, des petits détails. Nous n’avons pas à rougir. »
Pierre-Édouard Bellemare (attaquant de la France) : « Ce qui est bien, c’est que nous n’avions pas été bons contre les États-Unis, mais là nous avons fait un gros match contre une grosse nation. Je ne sais pas s’ils ne nous ont pas respectés, contrairement aux Américains. On ne marque pas sur le power-play, eux oui. Le match était serré, Quentin a été incroyable. On ne peut pas nier son travail… Je n’ai rien contre les deux autres, mais on ne peut pas nier la chance qu’il nous donne ce soir, et qu’il nous permet de rester dans le match. »
Philippe Bozon (entraineur de la France) : « On peut dire qu’on était à un tir. On craque un peu trop tôt sur ce power-play, on a été bons jusqu’au penalty-kill, où nous n’avons pas été assez agressifs, on leur a donné trop de temps. Avec la qualité de leurs joueurs, et notamment du buteur… c’est dommage. On n’a pas eu beaucoup d’occasions de revenir après. On va en progressant dans le secteur défensif, maintenant j’aimerai que les joueurs soient récompensés ; ça va payer au TQO.
Colomban ? C’est un joueur très intelligent dans la lecture du jeu, c’est ce que j’ai apprécié en préparation. Tout va plus vite au Mondial, il doit travailler sa vitesse, mais il lit bien le jeu, il lève la tête. Le jeu défensif, on y travaille, on a construit sur le match contre les États-Unis. C’était mieux contre la Slovaquie, avec un ou deux manquements, ce soir aussi. Il faut garder cela et construire dessus. Demain l’Allemagne… Il y a un problème de calendrier. Nous n’aurons même pas 24h de repos, alors qu’ils ont deux jours entiers. Cela ne respecte pas les joueurs. Mais nous allons nous présenter, faire au mieux avec l’énergie qu’on aura. Quentin Papillon a été très bien, il était bien dans son match. Il a confirmé son match contre les Américains, il était bien présent. Le gardien de demain a déjà été décidé avant le match, mais je ne l’ai pas dit aux joueurs. Je leur dirai en premier ! »
photos IIHF – Matt Zambonin
Suède – France 3-1 (0-0, 1-1, 2-0)
Lundi 20 mai 2024, 16h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 6805 spectateurs.
Arbitres : Andre Schreder (ALL) et Kristian Vikman (SUE) assistés de Tim Heffner (ALL) et Daniel Hynek (TCH)
Pénalités : Suède 4′ (2′, 2′, 0′), France 6′ (2′, 2′, 2′)
Tirs : Suède 38 (12, 13, 13), France 13 (3, 7, 3)
Récapitulatif du score :
1-0 à 28′00′′ : Raymond assisté de Burakovsky et Holmberg
1-1 à 29′23′′ : Bertrand assisté de Boudon et Rech
2-1 à 41′29′′ : Karlsson assisté de Hedman et Kempe (sup. num.)
3-1 à 59′56′′ : Burakovsky assisté de Raymond (cage vide)
Suède
Attaquants :
Adrian Kempe – Joel Eriksson Ek (2′) – Felix Unger Sörum
André Burakovsky (+2) – Pontus Holmberg (+1) – Lucas Raymond (A, +2)
Fabian Zetterlund (-1) – Isac Lundeström – Victor Olofsson
Max Friberg – Linus Johansson – Carl Grundström (-1)
Marcus Sörensen
Défenseurs :
Victor Hedman (A, +1) – Tim Heed (-1)
Erik Karlsson (C) – Marcus Pettersson (2′)
Jonas Brodin (+1) – Rasmus Dahlin (+1)
Gardien :
Samuel Ersson
Remplaçants : Filip Gustavsson (G), Lukas Bengtsson (D). Réservistes : Jesper Wallstedt (G), Marcus Johansson, Jesper Frödén (A)
France
Attaquants :
Sacha Treille (C, -1) – Pierre-Édouard Bellemare (A, -1) – Tim Bozon
Charles Bertrand (+1) – Louis Boudon – Anthony Rech (+1)
Valentin Claireaux (-1) – Justin Addamo – Jordann Perret
Aurélien Dair – Robin Colomban (2′, -1) – Kevin Bozon (2′, -1)
Baptiste Bruche (-1)
Défenseurs
Hugo Gallet (-1) – Yohann Auvitu (A, -1)
Enzo Cantagallo – Florian Chakiachvili (2′, -1)
Pierre Crinon – Vincent Llorca (+1)
Enzo Guebey
Gardien :
Quentin Papillon [sorti de sa cage à 58′18′′]
Remplaçant : Julian Junca (G). Réservistes : Nicolas Ritz (A, fracture de la main, rentré en France), Sebastian Ylönen (G), Thomas Thiry (D), Tomas Simonsen (A). Substitués sur blessure : Nicolas Ritz (A, fracture de la main), Stéphane Da Costa (A, cuisse)