La Lettonie rêve encore aux quarts de finale, mais n’a plus son destin en mains. Il faut aux Baltes une victoire contre les États-Unis, puis espérer que la Slovaquie ne prenne aucun point face à la Suède dans le dernier match du premier tour.
Le problème, c’est que la sélection américaine commence à trouver sa bonne carburation. Cole Caufield entre en zone, donne une passe-abandon pour son capitaine Brady Tkachuk. Le joueur d’Ottawa a du champ en tête de cercle et son lancer en lucarne cueille à froid la Lettonie après 1’23 de jeu (0-1).
Cela ne pouvait pas plus mal commencer, et il faut une révision vidéo pour éviter la catastrophe. Un centre fort devant la cage trouve Michael Eyssimont tout seul devant Kristers Gudļevskis. Le joueur de Tampa Bay reprend une fois, deux fois, trois fois et son coéquipier Gavin Brindley prend le quatrième rebond. La vidéo annule le but pour obstruction sur le gardien.
Le bombardement commence, avec un festival d’occasions. On compte 17 tirs à 4 après seulement treize minutes de jeu ! Charlie Lindgren arrête bien un tir de la bleue voilé pour son premier match au Mondial, mais c’est bien son opposant Gudļevskis qui est assiégé lors des pénalités de Rihards Bukarts puis de Martins Dzierkals. Luke Kunin suit sur le banc des punis, sans changer le score.
Le gardien letton finit par craquer lorsque Caufield renverse le jeu vers Zach Werenski au cercle droit, qui fixe tout le monde et trompe le gardien du revers (0-2).
Les Américains sont en contrôle, ne concédant qu’une poignée de tirs guère dangereux sur Lindgren, avant de concéder deux minutes par Werenski à quelques secondes de la pause. Le face-off se passe mal à deux reprises, et Daugaviņš est puni pour retard de jeu, coupable d’avoir caché le palet à la main sur la mise au jeu, ce qui annule l’avantage letton… Le capitaine ira s’adresser aux officiels à la pause pour s’en plaindre.
Scénario inchangé au retour sur la glace. Les États-Unis ne sont guère inquiétés, et un cinglage de Cibuļskis après deux minutes est vite puni. Caufield est servi en retrait entre les cercles par Boldy. S’il a manqué de précision tout au long du Mondial dans cette position, il a réglé la mire cette fois (0-3). Troisième point du jour pour l’ailier de Montréal. Tkachuk manque d’accentuer l’écart, lorsque son tour de cage échoue sur le poteau opposé.
Peut-être trop faciles, les Américains se font piéger peu après. Sur une attaque bien menée, Krastenbergs est servi en retrait et s’avance à travers le cercle, avant de nettoyer la lucarne opposée au grand bonheur des supporters baltes (1-3).
Un but qui réveille la Lettonie. Zīle tente sa chance de la bleue, Lindgren capte de la mitaine. Peu avant la mi-match, un tir de Roberts Bukarts trompe Lindgren, sauvé par ses deux poteaux ! Le palet ne franchit pas la ligne…
La pression balte continue et Shane Pinto concède deux minutes pour un accrochage. Lindgren sauve sur un tir de Jaks, puis Tralmaks ne prend pas un rebond. Kevin Hayes, en contre, rappelle qu’il faut rester prudent même avec un joueur de plus et son slap en force échoue sur Gudļevskis. La pénalité est tuée.
De retour au complet, les joueurs de John Hynes repartent vers l’avant. Caufield est accroché mais parvient à garder le palet en attaque, décaler vers Luke Hughes qui sert Tkachuk entre les cercles. Le tir du capitaine est sauvé et la pénalité contre Komuls commence. Elle ne donne rien et les Américains tombent dans l’indiscipline. Brock Nelson et Trevor Zegras sortent en même temps pour faire trébucher, la révision vidéo n’alourdissant pas la peine de Zegras.
Joel Farabee effectue un énorme travail à 3 contre 5, avec Seth Jones et Zach Werenski en soutien et au bloc Les deux punis rentrent en jeu sans le moindre tir balte ! Les deux camps rentrent donc au vestiaire sur ce score de 1-3.
Le score change vite : 15 secondes de jeu, Boldy est seul entre les cercles, dos au but, et tire en pivot du revers (1-4).
La Lettonie n’abandonne pas. Un tir de l’aile de Zīle est repoussé par Lindgren, et Tralmaks saute sur le rebond. Lindgren contre de la crosse, mais ça ne suffit pas, le palet glisse derrière la ligne (2-4).
Sur l’engagement, Daugaviņš remonte le palet à la bleue vers Mamčics, qui lance à travers le trafic et rend le match très intéressant (3-4). Deux buts en seize seconde ! John Hynes pose son temps mort pour contenir l’incendie.
Dominés 7 tirs à seulement 4 en huit minutes, les Américains cherchent à reprendre le contrôle du jeu. Jones, avec deux tirs venus de la droite, secoue un peu Gudļevskis, qui peine à maîtriser le palet. Et comme souvent, cette accélération fait mouche. Caufield surprend Mamčics dans son dos, derrière le but, ressort, pivote et piège Gudļevskis qui couvre mal son poteau (3-5).
Rien n’est simple cependant, car Pinto est puni pour obstruction. Le penalty-kill fait le travail, et les bleus repartent, avec un nouvel essai de Werenski sur une mise au jeu, repoussé de la botte.
Le rythme ne faiblit pas dans les dernières minutes, sans que de grosses occasions n’en découlent. Les États-Unis essaient de gagner du temps en maîtrisant le palet le plus possible, et en se montrant agressifs sur le porteur. Finalement, Leonard dépasse les limites et concède un faire trébucher. Il reste 4 minutes, et la Lettonie pose son temps mort avant de sortir son gardien.
La défense américaine effectue un bon travail pour cantonner le jeu vers l’extérieur et dégager le palet, jusqu’à une faute de Werenski à une minute de la fin. Farabee s’échappe et lance sur le poteau : but automatique, car il y a faute sur lui au moment du tir (3-6).
Les États-Unis se sont fait un peu peur, mais il ne leur a pas fallu beaucoup pour renverser la Lettonie. Les Baltes finiront donc neuvièmes. Les Américains attendent pour leur part de savoir s’ils joueront leur quart de finale à Ostrava contre la Suisse, ou à Prague contre les Tchèques.
Désignés joueurs du match : Matt Boldy (États-Unis) et Roberts Mamčics (Lettonie)
Trois meilleurs Lettons du tournoi selon leur entraîneur : Kristers Gudlevskis, Kaspars Daugavins et Rodrigo Abols
Commentaires d’après-match :
Eduards Tralmaks (attaquant de la Lettonie) : « Bien sûr, il y a de la déception en ce moment, c’est indéniable. Mais la plus grande joie est que nous n’ayons jamais abandonné. Nous y croyions tous. Jouer le dernier match contre les Américains et croire que nous pouvons les vaincre et atteindre les quarts de finale, c’est quelque chose d’irréaliste. La devise de notre tournoi – nous commençons sur les talons et nous courons après le score. Nous ne pouvons pas faire ça, et en fin de compte, c’est ce qui a décidé de notre destin. Dans la seconde moitié du match, nous avons lentement commencé à revenir, mais cette pente était trop raide pour nous. Lorsque les attaquants américains sont à trois contre deux, le pouls s’accélère un peu. Il y a peu de blague avec les joueurs de ce niveau. On donne à Caufield le plus petit centimètre et il tire immédiatement. Est-ce que je le regarde avec envie ? Oui, bien sûr. Mais je suis plus grand que lui, donc ça va [sourire]. À 1-4, ils n’ont pas patiné défensivement, j’ai pu prendre tous les palets que je voulais. Ils ne se battaient même plus. À 3-4, ils ont recommencé à patiner. […] Tout le monde veut peut-être déjà plus de temps de jeu, mais j’ai vraiment apprécié ce rôle de 4e ligne. Mes coéquipiers paient l’université, et nous poussons dans leur zone défensive des gars à 8 à 10 millions. Notre intrépidité, c’est ce qui m’a semblé le plus cool. Regardez nos jeunes, Lavins à côté de moi, il n’a pas peur, il bat tout le monde. C’est un plaisir de jouer avec des joueurs comme ça ! »
Kaspars Daugaviņš (attaquant de la Lettonie) : « Personne ne conteste que nous pourrions avoir plus de savoir-faire, mais nous avions plus de cœur, de caractère, d’âme. Je suis fier des gars qui n’ont abandonné à aucun moment. Nous nous sommes battus à 1-4, où nous pouvions théoriquement jouer jusqu’à la fin et rentrer à la maison nous reposer. Nous avons trouvé un moyen de rendre le match intéressant. Bien sûr, c’est douloureux que le résultat final ne soit pas les quarts de finale, mais quatre victoires en sept matchs – c’est très bien. […] J’ai un contrat pour l’année prochaine. Si le corps le permet, je serai heureux de jouer. Je serai là, je me battrai pour une place dans l’alignement. Ensuite, les entraîneurs décideront s’ils ont besoin de moi ou non. […] La confiance est importante pour tout sportif. La frontière est fine. Quand il y a de la confiance, il semble qu’il y a plus de temps sur la glace, que plus de bonnes décisions soient prises. Mais s’il y a trop de confiance, cela peut casser. Faire des erreurs stupides. Dans le sport professionnel, la maîtrise consiste à garder la ligne aussi stable que possible. C’est un signe d’artisanat. Je me souviens d’années où à 1-4, cela aurait pu être 1-9 ou 1-10, puis les accusations commençaient. Personne n’a abandonné dans cette équipe. Les jeunes, chapeau bas. Ils ont progressé à chaque match. Il me semble que le hockey letton en avait besoin, que nous ayons eu autant de débutants en une année [NDLR : 7]. Sentir cet air, comprendre ce niveau, cela donnera un énorme tremplin à leur développement individuel. […] Disons-le, la supériorité numérique était à un niveau très bas. Je dirais même que pendant toutes mes années de jeu en équipe nationale, c’était la pire que j’ai connue. Je ne sais pas pourquoi. Nous avons travaillé activement à l’entraînement. Parfois, on a l’impression que plus nous travaillions, pire c’était. Mais nous avons de bons entraîneurs. Ils feront une analyse pour les années à venir. »
Lettonie – États-Unis 3-6 (0-2, 1-1, 2-3)
Mardi 21 mai 2024, 16h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 8924 spectateurs.
Arbitres : Riku Brander (FIN) et Mikael Holm (SUE) assistés de Tim Heffner et Andreas Hofer (ALL)
Pénalités : Lettonie 12′ (6′, 4′, 2′) ; États-Unis 18′ (4′, 6′, 8′)
Tirs : Lettonie 30 (8, 10, 12) ; États-Unis 43 (18, 14, 11)
Récapitulatif du score
0-1 à 01′23′′ : Tkachuk assisté de Caufield
0-2 à 13′20′′ : Werenski assisté de Caufield et Pinto
0-3 à 22′34′′ : Caufield assisté de Boldy et Tkachuk (sup. num.)
1-3 à 23′35′′ : Krastenbergs assisté de Tralmaks et Gudļevskis
1-4 à 40′15′′ : Boldy assisté de Werenski et Jones
2-4 à 44′44′′ : Tralmaks assisté de Zīle et Daugaviņš
3-4 à 45′00′′ : Mamčics assisté de Daugaviņš
3-5 à 48′46′′ : Caufield assisté de Pinto
3-6 à 59′15′′ : Farabee (cage vide, but automatique)
Lettonie
Attaquants :
Kaspars Daugaviņš (C, 2′) – Rodrigo Ābols (A) – Renārs Krastenbergs (+1)
Mārtiņš Dzierkals (2′) – Oskars Batņa – Roberts Bukarts (A)
Rihards Bukarts (2′) – Dans Ločmelis – Miks Indrašis
Eduards Tralmarks (+2) – Martins Lavins (2′, +2) – Fēlikss Egils Gavars (+1)
Raivis Ansons
Défenseurs :
Jānis Jaks (-1) – Kārlis Čukste (-1)
Oskars Cibuļskis – Ralfs Freibergs (2′, -1)
Markuss Komuls (2′) – Roberts Mamčics
Kristaps Roberts Zīle
Gardien :
Kristers Gudļevskis (sorti de sa cage de 56′08′′ à 56′32′′, puis de 57′48′′ à 59′15′′)
Remplaçant : Elvis Merzļikins (G). Réservistes : Eriks Vitols (G), Arvils Bergmanis (D), Haralds Egle (A)
États-Unis
Attaquants :
Matt Boldy – Brock Nelson (A, 2′) – Johnny Gaudreau
Brady Tkachuk (C, +2) – Shane Pinto (4′, +2) – Cole Caufield (+2)
Trevor Zegras (2′, -1) – Kevin Hayes (2′) – Joel Farabee
Gavin Brindley – Luke Kunin (2′, -1) – Michael Eyssimont
Ryan Leonard (2′)
Défenseurs :
Seth Jones (A, +2) – Zach Werenski (A, 4′, +2)
Luke Hughes (+1) – Jake Sanderson (+1)
Jeff Petry (-1) – Alex Vlasic (-2)
Michael Kesselring (-1)
Gardien :
Charlie Lindgren
Remplaçant : Alex Nedeljkovic (G). Réservistes : Trey Augustine (G), Matthew Kessel (D), Will Smith (A). Substitué sur blessure : Alex Lyon (G).