Pendant que la France se remet de sa parenthèse olympique dorée de deux semaines, en attendant les Jeux paralympiques, Hockey Archives vous plonge exactement un siècle en arrière. C’était la dernière fois que Paris avait organisé les Jeux olympiques, en 1924, mais la compétition avait commencé dès le mois de janvier par les premières épreuves dédiées aux sports d’hiver, et organisées à Chamonix.
Les équipes nord-américaines ne débarquaient alors en Europe que tous les quatre ans. Après Anvers en 1920, c’était seulement la seconde fois, mais les hockeyeurs européens n’étaient pas préparés à ce qui les attendait. Premiers à se frotter aux Canadiens, les Tchécoslovaques parlent de « jongleurs », de « diables » et subissent une correction en bonne et due forme, un score ensuite dépassé avec un 33-0 face à la Suisse. « Personne ne pensait que la domination des Canadiens serait aussi absolue », déclare l’ex-président de la LIHG Max Sillig.
C’est pareil dans l’autre groupe. Imaginez d’un côté le colosse de plus de 100 kilos Clarence Abel, qui serait bientôt redouté de toute la NHL et aiderait les New York Rangers à devenir la première équipe américaine à soulever la Coupe Stanley, et de l’autre côté, des sportifs belges de familles bourgeoises dont les gabarits encore modestes trahissent encore les privations endurées pendant la guerre. La confrontation est nécessairement déséquilibrée.
L’équipe de France est dans la même situation. Pourtant vice-championne d’Europe, elle a le désavantage d’affronter une troisième équipe nord-américaine « cachée », la Grande-Bretagne, qui aligne légalement des Canadiens car il n’y pas de citoyenneté canadienne distincte à l’époque. Dire que la France, elle, est privée de son gardien faute de preuves de nationalité ! Elle doit aligner dans les cages son gardien quarantenaire d’avant-guerre – qui se blesse – et le fils du Maire de Chamonix qui n’a jamais joué une seule fois en compétition avant de rencontrer les extraterrestres américains.
Il ne reste plus qu’à sauver l’honneur entre voisins, avec un France-Belgique pour chercher une victoire.
Même les champions d’Europe suédois subissent la loi des Américains (découvrez ici comment et pourquoi Abel a caché son certificat de naissance et a obtenu son passeport « sur parole » en dissimulant ses origines).
Toutes les rencontres ou presque ayant été à sens unique, il faut attendre les derniers jours pour voir enfin du spectacle partagé. Britanniques et Suédois s’affrontent d’abord pour la médaille de bronze dans un match au final renversant.
Puis c’est la grande finale Canada – États-Unis, devant une foule considérable débarquée de Paris par un train spécial. L’affrontement, où tous les coups semblent parfois permis, laisse les observateurs pantois. Elle restera en Europe comme l’exemple à imiter du hockey sur glace de très haut niveau, que l’on ne reverra pas avant quatre ans…
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en photo ci-dessous : le but du 3-1 en finale










































