L’équipe de France doit s’ajuster : après le match qu’elle s’est rendu facile face à l’Ukraine (7-2), elle doit monter en gamme face à un adversaire plus difficile, la Slovénie.
Ce calendrier progressif assez favorable lui oppose donc une équipe qui a joué la veille au soir. Moins de repos pour la formation d’Edo Terglav, à la moyenne d’âge plus élevée, et qui n’a pas vraiment brillé par sa vitesse. Point fort, le poste de gardien, où Krošelj a signé 50 arrêts dans la défaite 4-2 contre la Lettonie. Cette fois, l’habitué de la ligue Magnus Pintarič est aligné.
Côté bleu, un seul changement avec l’entrée de Guillaume Leclerc à la place de Dylan Fabre. Leclerc connaît bien l’adversaire du jour, pour avoir évolué en Slovénie, dans la ligue autrichienne.
Des Bleus taille patron
La France entre bien dans sa partie et entame par quelques mouvements collectifs et des relances propres. Tim Bozon puis Jordann Perret placent les premières banderilles, dénuées de tirs cadrés. Quentin Papillon signe le premier arrêt du jour après 2’15 sur un tir slovène en entrée de zone, sans grand danger.
Petit à petit, les Tricolores prennent le contrôle du jeu. Leur vitesse semble nettement supérieure, leur qualité technique aussi. Pourtant, c’est un peu de chance qui vient faire la différence. Une attaque slovène dans la neutre est interrompue par… une crosse cassée. Le revirement qui suit profite à Charles Bertrand qui décolle sur l’aile droite, avec Alexandre Texier tout seul dans l’axe. Il n’y a pas de hors-jeu, et le nouveau joueur des Blues de Saint Louis dévie le centre de son coéquipier. Pintarič contre la remise… sur Texier, et le palet rebondit dans le but (1-0).
Le but conforte les Français dans leur jeu. La relance est appliquée, le soutien est là. Le palet circule proprement, sans les scories du match contre l’Ukraine. Les occasions en découlent naturellement. Bellemare remonte le palet, passe-abandon pour Bozon dont le lancer échoue dans la mitaine de Pintarič. Puis, Treille travaille fort le long de la bande, et trouve Douay esseulé entre les cercles. Presque surpris d’avoir autant d’espace, il manque cette chance en or en tirant trop sur le gardien.
L’impression de jouer en patron est réelle. Papillon, de son côté, suit bien le jeu et sauve presque facilement un nouvel essai slovène. Devant, c’est le festival Stéphane da Costa. Le magicien tricote au milieu de la défense, effaçant les arrières comme des quilles. Après son show sur l’aile gauche, il renverse et trouve Texier, pour une volée surpuissante (2-0). On ignore alors si le joueur est au courant de la disparition tragique de son ex-coéquipier de Columbus Johnny Gaudreau, mais le symbole est fort. Il frôle d’ailleurs le triplé peu après, devant l’enclave sur un nouveau service de da Costa.
Papillon continue à dérouler, étirant la jambière sur un nouveau tir slovène de loin, dévié en route. Il a un peu plus de concentration à donner lorsqu’Enzo Guebey charge dans le dos inutilement, offrant le premier jeu de puissance du jour. Les Bleus défendent bien, mais se mettent en difficulté en fin d’avantage lorsque Chakiachvili est puni pour un accrochage sur son repli défensif. Pas de danger particulier à 3 contre 5.
Un coup de mou en deuxième tiers
Cette impression de sérénité se prolonge en début de deuxième. La France enchaîne les mouvements collectifs, parfois à une touche de palet, et fait patiner les Slovènes. Ceux-ci n’obtiennent que quelques miettes excentrées, bloquées par Papillon. Les Bleus ne creusent cependant pas l’écart, Pintarič restant lui aussi attentif, sortant par exemple la mitaine devant Tim Bozon. Tičar, infiltré dans l’axe, échoue encore sur le portier bleu.
Les Bleus baissent un peu de rythme vers la mi-match, ce qui offre un peu d’espace aux Slovènes. Ceux-ci obtiennent un 2 contre 1 bien verrouillé par Llorca, puis un autre, et Papillon se déplace très vite pour bloquer devant Jeglic.
Les Bleus réagissent. Ils remettent du patinage, gagnent à nouveau leurs duels. Perret, du coin, trouve Boudon seul devant Pintarič qui repousse de la botte. Mais ce temps faible tricolore est réel. À l’issue d’une très longue présence acculés dans leur zone, le trio de Bellemare et le duo Auvitu-Guebey sont battus. Le tir de Jeglic de la bleue est dévié par Urbas devant le gardien et la révision démontre qu’il n’y a aucunement crosse haute (2-1).
La réaction française ne tarde pas. Le jeu s’accélère, l’impact physique aussi. La récupération est plus haute, et Boudon s’échappe sur la gauche avant de trouver Perret en retrait. Pintarič repousse et le palet est dégagé sous le nez de Leclerc. Chakiachvili tente aussi, sans plus de réussite.
La fin de tiers est tout aussi difficile : le trio de Bellemare se fait encore coincer dans son camp. Papillon reste solide, mais Auvitu doit intervenir sur un rebond et une cage ouverte, ce qui lui vaut deux minutes de pénalité.
Une grande maîtrise
La France défend bien l’infériorité à la reprise, sans concéder de chance majeure. Elle tente de reprendre le contrôle du jeu mais peine un peu à le faire. Après quatre minutes, un surnombre slovène est appelé. Alors que da Costa et Texier se sont percutés, Yorick Treille pose son temps mort afin qu’ils récupèrent et pour préparer la tactique sur ce premier avantage numérique du match.
Da Costa mène le jeu. Après un tir hors cadre de Texier alors que la cage s’était ouverte, l’attaquant de KHL récupère, remonte vers Auvitu qui renverse sur Texier. Cette fois, le tir est imparable et c’est le triplé de l’attaquant des Blues de St Louis (3-1).
Peu après l’engagement, Gallet contre un palet dans sa propre zone. Tim Bozon écarte sur Dubé, qui accélère sur l’aile droite. Son centre est parfait, et Tim Bozon a le dessus sur Pavlin pour tromper Pintarič (4-1).
Tim Bozon s’offre ensuite un doublé à dix minutes de la fin, avec un peu de chance. Dubé est lancé dans le dos de la défense avec l’aide d’un rebond sur la balustrade. Il attaque la cage et Pintarič sauve. Mais un défenseur le percute et l’envoie derrière le but. Dubé, lui, a récupéré le palet et sert Bozon pour une cage ouverte (5-1). Le gardien slovène peine à reprendre le jeu, et l’incident frustre ses coéquipiers. Jezovšek et Perret se frictionnent et prennent deux minutes sur le coup d’envoi.
La France contrôle, bloque les rares essais slovènes devant Papillon. Il n’a que deux arrêts, assez faciles, à effectuer en quinze minutes ! Pendant ce temps, Da Costa domine et lance encore Texier en 2 contre 1. Avec Bertrand à sa gauche, il choisit le tir et Pintarič repousse.
Les Bleus contrôlent les dernières minutes et peuvent célébrer : cette victoire 5-1 leur offre la finale qu’ils attendaient, dimanche, contre la Lettonie.
Désignés joueurs du match : Alexandre Texier (France) et Žiga Jeglic (Slovénie)
Illustrations : IIHF
Commentaires d’après-match
Yorick Treille (entraineur de la France) : « Le contexte est différent pour chaque adversaire. On a mis l’emphase sur nous, il n’y a pas eu d’ajustement tactique. On voulait rester dans la continuité de ce qu’on fait, jouer compact et agressif. C’était un succès en premier tiers, puis nous sommes tombés dans un faux rythme en deuxième, nous n’avons pas exécuté comme nous le voulions et le 0-1 est mérité.
Le plan pour le troisième tiers a bien fonctionné. Nous voulions augmenté l’agressivité, et le powerplay est tombé, sur un surnombre cadeau. C’est surtout la réussite de notre infériorité en début de tiers qui a permis à tout le monde de se relâcher. On savait que plus le match avancerait, plus nous aurions de cartes en mains, avec la fraîcheur et la profondeur. Entre temps, nous avons plié mais pas cassé.
Avant le troisième ? J’ai insisté sur trois points : tuer la pénalité, remettre l’énergie et notre identité de jeu, et que nous avions le talent offensif et la profondeur. Le temps mort ? Nous étions à un moment important. Je voulais donner du souffle et de l’énergie, car c’était la ligne de Stéphane da Costa qui avait créé cette pénalité, il fallait les reposer. Nous savions que la Slovénie, avec sa défaite hier, était à -2 et devait nous battre de deux buts pour espérer. Il leur restait leur temps mort, plus deux temps morts télé, donc nous pouvions poser le nôtre.
Il reste la plus haute marche, dans un environnement hostile. C’est le plan parfait, ce match comme une finale. Nous sommes là où nous voulions. Maintenant, il faut se reposer. Beaucoup de joueurs ont vécu ça par le passé, certains plusieurs fois, donc il faut se garder des cartes, augmenter ses probabilités.
Le choix de Fabre ? Ce n’est pas une contre-performance de sa part, mais la preuve de notre profondeur. C’est un très bon joueur, il sera peut-être là dimanche. J’avais un feeling avec Guillaume Leclerc aujourd’hui, il a une relation personnelle avec la Slovénie et on aime jouer ce genre de matchs, cela donne un boost.
La sérénité ? On a mis l’emphase là dessus, on veut continuer comme cela et si c’est l’impression que vous avez, alors c’est parfait.
La note ce soir ? Je dirai un A-, et il faudra le A+ dimanche. »
Alexandre Texier (attaquant de la France) : « J’ai abordé ce match comme les autres. On voulait monter en puissance et on savait que c’était leur dernière chance. Nous étions tous concentrés. Il reste maintenant une grosse marche à franchir. Oui, notre ligne tourne bien, mais les quatre lignes sont sur la même page, jouent de la même façon. Ce n’est plus comme avant où il n’y avait qu’une ligne. On sait que si une ligne est moins bien, les autres seront là, il y a moins de pression du coup. L’objectif ce sont les Jeux olympiques, on est tous là-dessus. En tant que joueur, on veut jouer ce genre de match, avec une patinoire pleine, donc pourquoi on aurait la pression ? J’espère avoir garder des buts pour dimanche oui ! J’ai pris du plaisir, cela donne de la confiance et il faut maintenant faire le job. Le décès de Johnny Gaudreau ? C’était dur d’apprendre cela avant le match. C’est terrible. Je pense à sa famille et à ses proches. Cela fait mal au cœur, j’ai joué un an avec lui et je n’ai pas trop les mots. »
Charles Bertrand (attaquant de la France) : « Nous avons fait deux bons matchs, et nous sommes là où on voulait. Dimanche ce sera un autre niveau, il faudra se surpasser, s’entraider. Et jouer 60 minutes à fond. J’ai eu pas mal de hauts et de bas en Bleu, mais j’ai toujours donné 100% sur la glace, et quand c’est pour l’équipe de France encore plus. J’avais discuté par téléphone avec Yorick avant, c’était important qu’on soit sur la même page et que je puisse visualiser durant mon camp d’été ce tournoi, pour être serein. Je sais que rien n’est acquis dans le hockey, mais il m’a dit ce qu’il attendait de moi. Je suis quelqu’un d’assez sensible, parfois trop, ce qui peut me jouer des tours. La confiance du staff, la relation a rendu les choses plus faciles. »
France – Slovénie 5-1 (2-0, 0-1, 3-0)
Vendredi 30 août 2024, 16h. Arena Riga, 410 spectateurs.
Arbitrage de Mike Langin (CAN) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Tommi Niittyla (FIN) et Albert Ankerst Jerne (DAN).
Pénalités : France 8′ (4′, 2′, 2′) ; Slovénie 4′ (0′, 0′, 4′)
Tirs : France 22 (7, 7, 8) ; Slovénie 19 (8, 7, 4)
Récapitulatif du score
1-0 à 06’18 : Texier assisté de Bertrand
2-0 à 11’12 : Texier assisté da Costa et Crinon
2-1 à 35’25 : Urbas assisté de Jeglic et Gregorc
3-1 à 45’43 : Texier assisté d’Auvitu et Da Costa (sup. num.)
4-1 à 46’15 : Bozon assisté de Dubé
5-1 à 49’50 : Bozon assisté de Dubé
France
Attaquants :
Charles Bertrand (+2) – Stéphane da Costa (A, +2) – Alexandre Texier (+2)
Pierrick Dubé (+1) – Pierre-Édouard Bellemare (C) – Tim Bozon (+1)
Jordann Perret (2′) – Louis Boudon (+1) – Guillaume Leclerc
Sacha Treille – Justin Addamo – Floran Douay
Valentin Claireaux
Défenseurs :
Enzo Guebey (2′, -1) – Yohann Auvitu (A, 2′, -1)
Hugo Gallet (+2) – Enzo Cantagallo (+1)
Vincent Llorca (+1) – Florian Chakiachvili (2′, +3)
Pierre Crinon (+1)
Gardien :
Quentin Papillon
Remplaçant : Antoine Keller (G). Réservistes : Thomas Thiry (D), Dylan Fabre (A), Julian Junca (G).
Slovénie (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Žiga Jeglic – Jan Urbas (A) – Miha Verlic
Robert Sabolič (C, -1) – Rok Tičar (A, -1) – Matic Török (-1)
Jan Drozg (-2) – Rok Macuh (-2) – Anze Kuralt (-2)
Žan Jezovšek (2′, +1) – Miha Beričič – Luka Maver
Blaž Tomaževič
Défenseurs :
Blaž Gregorc (-1) – Žiga Pavlin
Bine Mašič – Aleksandra Magovac (-2)
Matic Podlipnik (-2) – Aljoša Crnovič (-1)
Jan Ćosić
Gardien :
Matija Pintarič
Remplaçant : Gašper Krošelj (G). Réservistes : Žan Us (G), Rožle Bohinc (D).