L’heure de vérité a sonné pour Lyon et Montpellier. Au terme d’une saison régulière âprement disputée et de playoffs riches en émotions, les deux meilleures équipes de la division se retrouvent pour la grande finale. Si Lyon a su monter en puissance au cours du championnat, Montpellier a survolé ses rencontres de phases finales. Cette confrontation au sommet entre deux favoris, désignera l’équipe qui accédera à la Division 1 et couronnera le parcours de l’une de ces deux formations aux styles bien distincts.
La dynamique actuelle : très léger avantage à Montpellier ?
Lyon | Montpellier |
playoffs : 7 victoires – 1 défaite | playoffs : 7 victoires – 0 défaite |
Après un démarrage timide, la machine lyonnaise s’est véritablement lancée à partir de mi-novembre (et une défaite à domicile face à… Montpellier), alignant 10 victoires en 11 matchs pour boucler la saison régulière en tête de la Poule B. Le parcours en séries a commencé par une confrontation déséquilibrée face à une équipe de Rouen II démobilisée en huitièmes de finale. Cependant, les quarts de finale ont réservé une (mauvaise) surprise avec une défaite à l’extérieur lors du match aller contre La Roche-sur-Yon. Acculés, les hommes de Damien Raux ont fait preuve de caractère en remportant solidement les matchs 2 et 3. La demi-finale face à une équipe de Valence accrocheuse a été plus serrée, Lyon s’imposant par la plus petite des marges lors des deux premiers matchs (4-3 puis 3-2) avant de dérouler lors du match 3 (0-6), délocalisé à Villard-de-Lans.
De leur côté, les Montpelliérains ont connu un début de saison tonitruant avec 9 victoires en 12 matchs, terminant l’année 2024 en tête de la Poule B. Leur dynamique a cependant faibli en 2025 (2 victoires en 6 matchs), les reléguant à la 4ème place à la fin de la saison régulière. En huitièmes de finale, les Vipers ont facilement écarté Luxembourg (avec un festival offensif de 11 buts lors du match retour délocalisé à Castres), avant d’infliger 14 buts à Annecy en quarts de finale, puis 18 buts à Reims en trois matchs de demi-finale. La chimie d’équipe retrouvée au meilleur moment, les Héraultais sont tout simplement invaincus depuis le début des playoffs !
Si les Vipers semblent irrésistibles en cette fin de saison, leur parcours en playoffs les a confrontés à deux équipes de la Poule A, réputée moins compétitive. À l’inverse, Lyon, mis à part un premier tour sans réel enjeu face à Rouen, a eu un tableau potentiellement plus difficile en affrontant successivement deux équipes de la Poule B qui les ont déjà mis en difficulté. Forts de ces confrontations éprouvantes, les Lions seront-ils mieux préparés à l’adversité d’une finale ? À l’opposé, Montpellier pourra aborder cette finale avec une mentalité décomplexée, forts de leur série de victoires.
Les confrontations directes : 1 victoire partout
7e journée |
15e journée |
Lyon 2 – Montpellier 3 | Montpellier 1 – Lyon 5 |
Les deux rencontres de saison régulière entre Lyon et Montpellier ont donné lieu à des matchs disputés. Lors de la première confrontation à Charlemagne, Montpellier s’était imposé 3-2. Les Vipers avaient pris un avantage de 2-0 dès le premier tiers, mais les Lions avaient réussi à égaliser grâce à Chautant à la 45ème minute. Cependant, Lobstein avait offert la victoire aux Montpelliérains en marquant en supériorité numérique à la 55e minute. Lyon avait pris sa revanche lors de la 15e journée en s’imposant nettement 5-1 sur la glace de Vegapolis, avec notamment un doublé de Chautant et un but de Varjosaari.
Il est intéressant de noter que Lyon réussit plutôt bien face à Montpellier. La saison précédente, les Lions avaient remporté les deux confrontations de saison régulière (9-7 à Montpellier puis 5-4 à Lyon), mais avaient également éliminé les Vipers en quart de finale des playoffs (4-3 à Charlemagne puis 6-5 à Vegapolis).
Attaque : Montpellier fait feu de tout bois
Lyon | Montpellier |
Saison régulière : 89 buts marqués (18 matchs, 1er)
Playoffs : 49 buts marqués (8 matchs, 1er) |
Saison régulière : 73 buts marqués (18 matchs, 4e)
Playoffs : 49 buts marqués (7 matchs, 1er) |
Meilleure attaque de la Poule B en saison régulière avec une moyenne de 4,7 buts par match (89 buts au total), l’offensive lyonnaise a conservé une belle efficacité en séries éliminatoires. Si l’on met de côté le match retour déséquilibré contre Rouen II (remporté 19-2), les Lions affichent une moyenne de 4,3 buts inscrits par rencontre en playoffs. Cette puissance offensive repose notamment sur le rendement de son 1e trio clé composé de Lucas Chautant (7 buts, 12 passes), Enzo Baravaglio (4 buts, 11 passes) et Rocco Andreacchi (10 buts, 8 passes).
Montpellier, quant à elle, avait terminé la saison régulière avec la 4ème meilleure attaque de la Poule B. Cependant, les Vipers se sont montrés particulièrement prolifiques depuis le début des séries, avec une moyenne presque irréelle de 7 buts marqués par match ! Cette explosion offensive est largement due à la performance du trident composé de Tigran Petrosian (12 buts, 15 passes), Erik Čermák (9 buts, 13 passes) et Théo Lobstein (9 buts, 7 passes). Les hommes de Jan Tlačil pratiquent un jeu assez direct et n’hésitent pas à tirer à la cage dès que l’occasion le permet, que cela soit les attaquants ou les défenseurs.
Défense : la rigueur lyonnaise
Lyon | Montpellier |
Saison régulière : 39 buts contre (18 matchs, 1er)
Playoffs : 16 buts contre (8 matchs) |
Saison régulière : 57 buts marqués (18 matchs, 4e)
Playoffs : 20 buts contre (7 matchs) |
Solide leader de la Poule B (et de toute la Division 2) en termes de défense durant la saison régulière, Lyon a conservé cette rigueur défensive en playoffs. Les Lions n’ont jamais encaissé plus de 3 buts par match dans le jeu (le quatrième but de La Roche-sur-Yon lors du match aller des quarts de finale ayant été marqué en cage vide). Cette solidité défensive repose un solide gardien – Clément Ginier – ainsi que sur trois paires bien établies (voir plus bas).
Montpellier, qui avait la quatrième meilleure défense de la Poule B en saison régulière, a légèrement amélioré son rendement défensif en séries, avec une moyenne de 2,9 buts encaissés par match avec notamment un Stiliadis performant devant le filet. On notera notamment la performance en demi-finale où les Vipers n’ont concédé que 6 buts à Reims, qui était pourtant la meilleure attaque de la Poule A en saison régulière. Combinée à leur attaque prolifique, cette relative solidité défensive a permis à Montpellier de remporter leurs 7 victoires en séries avec une marge impressionnante de 4,1 buts en moyenne !
Unités spéciales : des dynamiques opposées
Lyon | Montpellier |
Supériorité numérique :
saison régulière : 29,0% (20/69, 4e) playoffs : 17,9% (5/28, 10e) |
Supériorité numérique :
saison régulière : 18,6% (13/70, 12e) playoffs : 41,8% (14/34, 1er) |
Infériorité numérique :
saison régulière : 90,0% (63/70, 1er) playoffs : 81,0% (17/21, 6e) |
Infériorité numérique :
saison régulière : 79,6% (39/49, 10e) playoffs : 66,7% (24/36, 14e) |
Le jeu de puissance lyonnais, qui affichait une belle efficacité en saison régulière (29,0%), a connu un recul en playoffs avec seulement 5 buts marqués sur 28 tentatives (17,9%). Cette statistique est d’autant plus notable que les unités spéciales jouent un rôle crucial en séries. Cependant, il est important de souligner que la moyenne de buts marqués par les Lions n’a que légèrement diminué en phases finales, témoignant de leur force offensive à cinq contre cinq. De plus, lors du match 2 de la demi-finale contre Valence, l’avantage numérique lyonnais a été décisif en inscrivant 3 buts (avec les deux unités de powerplay impliquées). Autre point fort lyonnais en saison régulière, leur jeu en infériorité numérique, le meilleur de la D2 (90,0%), a légèrement baissé en efficacité en séries (81,0%).
Du côté de Montpellier, la dynamique des unités spéciales est inverse. Leur jeu de puissance, qui était le 12ème meilleur de Division 2 en saison régulière (18,6%), est devenu une arme redoutable en playoffs, affichant une efficacité impressionnante de 41,8% ! Les Vipers ont ainsi marqué plus de buts en avantage numérique en seulement 7 matchs de séries (14) qu’en 18 rencontres de championnat régulier (13) Erik Čermák et Théo Lobstein s’avérant particulièrement efficaces dans l’exercice (4 réalisations chacun). En revanche, leur boxplay représente un point faible. Moyen en saison régulière, il s’est avéré être leur talon d’Achille en playoffs, avec seulement deux tiers des pénalités tuées.
Concernant la discipline, Montpellier a été de loin l’équipe la moins pénalisée du championnat en saison régulière (127 minutes de pénalité cumulées contre 197 pour Lyon). Cependant, la tendance s’est inversée en séries, où les Lyonnais ont écopé de deux fois moins de pénalités (49 minutes) que leurs adversaires (101 minutes). Cette amélioration disciplinaire pourrait être un atout précieux pour Lyon, compte tenu de la redoutable efficacité des montpelliérains en avantage numérique.
Les alignements-types : de la profondeur de chaque côté
Lyon | Montpellier |
L.Chautant – E.Baravaglio – R. Andreacci / S. Tomko – D.Elabyiev
R.Vafin – A.Franzino – M.Varjosaari / E.Andraud – J.Rama B.Robert – F.Fondadouze – E.Plantrou / W.Lamothe – C.Guennelon R.Ginier – R.Mouret ou M.Baravaglio / M.Szélig Gardien : C.Ginier (M.Barbaret) |
T.Petrosian – E.Čermák – T.Lobstein / T.Caubet – S.Tagliapietra
A.Vigor – K.Lavrenov – M.Vojsovic / G.Leucht – S. Nepveu de V. M.Cagigos – M-Dedreux – T.Perrenoud / L.Beckmann – E.Weber M.Coupard / K.Cambon -T.Kiener Gardien : M.Stiliadis (M.Khoroshun / M.Loubier) |
La densité et la profondeur sont des atouts des deux équipes. Toutes deux peuvent compter sur une première ligne prolifique, mais également sur une deuxième ligne capable d’apporter offensivement. Renforcée par le retour de blessure de Ranel Vafin au cours des playoffs, et l’arrivée en cours de saison de Miska Varjosaari, la 2e ligne des Lions a déjà démontré sa capacité à prendre le relais du premier trio. Montpellier n’est pas en reste sur ce point avec le rapide Konstantin Lavrenov, meilleur buteur des Vipers en saison régulière (15 réalisations), et le retour de Martin Vojsovic, toujours précieux aux engagements, après une demi-saison à Roanne (10 points, dont 3 buts en séries). La troisième ligne est travailleuse des deux côtés, avec les infatigables Florian Fondadouze et Erwan Plantrou (ancien des Vipers) pour Lyon, ou encore Marius Cagigos (21 points en saison régulière, 11 points en séries )côté montpelliérain.
En défense, Lyon s’appuie sur des paires bien établies : Slavomir Tomko (4 buts, 12 passes en séries et passé par la cité héraultaise en 2022-23) associé à Deni Elabiyev, Joris Rama avec Evan Andraud, et Clément Guennelon aux côtés de William Lamothe, spécialiste de l’écran en supériorité numérique. Marcell Szélig, aligné comme septième défenseur, apporte son écot en infériorité numérique.
Du côté de Montpellier, l’entraîneur Jan Tlačil peut compter sur 8 défenseurs opérationnels et n’hésite pas à modifier ses paires défensives, comme on a pu le voir en playoffs, associant souvent un défenseur offensif à un profil plus défensif.
Le match dans le match : Clément Ginier face à Tigran Petrosian
Clément Ginier (gardien, Lyon) | Tigran Petrosian (attaquant, Montpellier) |
1,84 but encaissé en moyenne/match
8 matchs : 7 victoires, 1 défaite, 423 minutes de jeu |
27 points : 12 buts, 15 assistances,
+17 (7 matchs) |
Véritable pilier de la défense lyonnaise, le gardien Clément Ginier a réalisé une saison régulière de haut niveau (13 victoires dont 2 blanchissages, 2,1 buts encaissés par match) et a même élevé son niveau de jeu en playoffs, descendant sous la barre des 2 buts encaissés par match (1,8). Le dernier rempart lyonnais a su se montrer solide dans les moments clés, notamment en fin de rencontre face au HOGLY lors du match 2 des quarts de finale, ou pendant le deuxième tiers du match 2 face à Valence. Sa performance sera certainement déterminante face à la puissance offensive des Vipers, emmenée par leur attaquant vedette Tigran Petrosian.
Âgé de seulement 22 ans, le joueur russo-arménien est tout simplement irrésistible depuis le début des playoffs : avec 12 buts et 15 assistances pour un total de 27 points, il affiche des statistiques presque équivalentes à celles de sa saison régulière (13 buts et 17 assistances pour 30 points). Loué pour son aisance technique, son agilité et la puissant de son tir, le numéro 93 se montre aussi performant à cinq contre cinq (10 buts) qu’en avantage numérique (7 assistances), faisant de lui – et de ses compagnons de trio – une menace constante pour la défense lyonnaise.
Avantage de la glace réduit pour Lyon
Mieux classés à l’issue de la saison régulière, les Lions bénéficient de l’avantage de la glace pour cette finale. Ils devaient donc accueillir les deux premiers matchs à domicile les 12 et 13 avril, avant que la série ne se déplace à Montpellier pour le match 3 le 19 avril, ainsi que pour un éventuel match 4 le 20 avril. Si un cinquième match est nécessaire, il se jouera à Lyon le 23 avril.
Cependant, la patinoire Charlemagne n’étant pas disponible ce samedi, les dirigeants lyonnais ont dû trouver une solution alternative. Ainsi, le premier match de cette finale se tiendra exceptionnellement à la patinoire Jean Régis d’Annecy. S’il ne fait nul doute que nombre de fidèles supporters lyonnais feront le déplacement jusque dans la cité haut-savoyarde, le fait de jouer sur terrain « neutre » plutôt que devant une patinoire pleine réduit l’avantage de la glace pour les lyonnais.
Cette finale s’annonce comme un choc de dynamiques. Si Lyon a su monter en puissance après un début de saison hésitant et a prouvé sa solidité face à l’adversité en playoffs, Montpellier arrive en finale sur une impressionnante série de victoires, portée par une attaque de feu et un powerplay transformé. La question est de savoir si la rigueur défensive lyonnaise et l’expérience acquise face à des équipes de leur poule suffiront à contrer l’irrésistible élan offensif des Vipers, qui devront cependant prouver leur valeur face à une défense d’un calibre supérieur à celles rencontrées jusqu’à présent.
Illustrations : Mark « Marky » Holdefehr (site internet/instagram), Elio Mathiron, Luc Cordebar
Montage photo de couverture : Mark « Marky » Holdefehr & Luc Cordebar
L’auteur remercie chaleureusement Hans van der Voet, Théo Courouble et la Vipers Army (page facebook / instagram) pour leurs contributions concernant l’équipe de Montpellier