Le pays organisateur entre en piste : cette fois, contrairement au match de l’après-midi remporté par la Finlande, la foule est venue en nombre. L’Avicii arena affiche complet, et, après avoir rendu hommage au DJ dont la patinoire porte le nom, propose aux spectateurs une série de micro-concerts. Le trophée du Mondial apparait dans un cube enflammé, puis les drapeaux des pays participants font leur apparition, portés par des patineuses – la malheureuse dotée de celui des États-Unis recevant quelques timides sifflets. On rend ensuite hommage à quelques légendes du hockey international – Messier, Burke, Koivu, Jagr, et surtout Lidström, Forsberg et Salming – alors que des tifos géants parsèment les tribunes. Le son saturé n’empêche pas les joueurs suédois d’apparaître sous les vivas de la foule.
La mission s’annonce complexe pour les Slovaques, qui n’ont plus battu la Suède au Mondial depuis 2006.
Une Suède diablement réaliste
Jacob Markström chauffe son gant sur un tir facile de Miloš Roman en entrée de zone, une action qui montre les envies de vitesse à travers la neutre de la Slovaquie. Côté suédois, ces premières minutes paraissent plus poussives, faute d’enchainer les passes. Il faut attendre plus de quatre minutes pour le premier tir – Erik Gustafsson du cercle droit, sur un bon travail de Lucas Raymond – pour tester le gardien slovaque. Markström, lui, brille fort sur le deuxième tir slovaque d’Adam Sykora.
Le gardien des Devils doit se montrer vigilant par la suite, car les hommes de Vladimir Orzsagh insistent. Solides dans les duels et bien positionnés en défense, les Slovaques privent leurs adversaires de positions de tir. Mais il ne faut pas grand chose aux locaux. Elias Lindholm fixe deux défenseurs le long de la bande et Emil Heineman s’engouffre dans la brèche. Un deux-contre-un idéal, terminé parfaitement par la volée de Mikael Backlund (1-0).
Le jeu continue de s’orienter dans le camp suédois malgré ce but, et Markström réagit bien sur une déviation de Takac juste sous son nez, en fermant le coude près de son poteau. Son homologue fait de même lorsque Jesper Fröden dévie un tir de Marcus Pettersson en haut de l’enclave.
Petit à petit, la Suède reprend le contrôle, confisquant le disque en zone offensive… mais en périphérie. Cela manque un peu de tranchant, jusqu’à un tir de Marcus Johansson. Le gardien stoppe et éloigne le rebond, mais l’action se poursuit : Marcus Pettersson récupère ce rebond et renverse immédiatement vers Leo Carlsson, qui reprend de volée. Il y a un temps d’hésitation générale, avant que les Suédois ne lèvent les bras : les officiels le confirment, le palet a bien trouvé un trou de souris le long du poteau (2-0).
Les vannes sont ouvertes : la Suède travaille fort en fond de territoire, et le palet remonte sur Jonas Brodin à la bleue, près de la bande. Le défenseur du Wild reprend sans se poser de question et surprend Patrik Rybar à travers le trafic une minute après le deuxième but, et à six secondes de la pause (3-0).
Sous contrôle
Il y a de la maitrise chez la Suède dès la reprise. De longues séquences usantes le long des bandes, pour tenir le palet en attaque. Cela ne donne aucun tir, mais épuise une équipe slovaque réduite à des tirs excentrés sur Markström, à l’image d’un essai de Takac capté sans peine du gant. L’objectif, c’est d’exploiter le moindre revirement. Raymond récupère ainsi et sa passe-abandon ouvre la porte à Carlsson, qui attaque la cage. Rybar tient le fort, puis sort deux arrêts difficiles. Anton Bengtsson continue de volée quelques minutes plus tard et le rebond, cafouillé, est finalement dégagé.
Ce 3-0 semble finalement convenir à la Tre Kronor, qui baisse un peu le pied. La Slovaquie essaie donc de repartir à l’offensive. L’accès au centre de la glace reste compliqué, et encore une fois, il faut lancer de loin, ce qui ne pose pas vraiment de problème à Markström. Après tout, franchir la ligne bleue en possession est déjà très compliqué…
C’est moins compliqué pour la Suède. Une nouvelle phase de possession, le palet qui tourne bien, on joue avec les écrans et les changements de positions : Backlund, au départ de l’action derrière la cage, voit Elias Lindholm la finir d’une habile déviation entre les cercles sur ce service d’Erik Gustafsson (4-0). Dans les dernières secondes, Markström doit un peu s’employer, couché au sol, et le palet est dégagé juste avant la sirène.
Un troisième tiers pauvre en spectacle
Le suspense a donc disparu depuis bien longtemps à l’orée de ce troisième tiers. La Suède gère patiemment son énergie, repoussant le jeu en périphérie pour mieux manger le chronomètre dans les bandes. Les présences sont les plus courtes possibles.
Le compteur de tirs ne monte donc pas beaucoup (17-14 en faveur des Suédois). Une pénalité de Samuel Honzek pour retenir n’y change pas grand chose tant l’intensité est retombée : aucun tir sur cet avantage numérique maladroit.
La Suède a fermé la boutique et jeté la clé : aucune occasion concédée dans ce tiers (un seul tir cadré slovaque), mais guère plus pour une attaque suédoise qui économise ses forces. Seul Lucas Raymond met de la vitesse à chaque sortie et secoue les lignes adverses. Finalement, une longue phase de possession offre un petit dessert : une déviation de Zibanejad, mi-crosse, mi-patin sur un service de Rasmus Andersson (5-0).
La Suède réussit donc son ouverture de tournoi à la maison, offrant au public un match maîtrisé. La Slovaquie n’a pas su capitaliser sur sa bonne entame, et a peiné à exister par la suite : son attaque anémique ce soir sera-t-elle un motif d’inquiétude contre une opposition moins relevée ?
Désignés joueurs du match : Jonas Brodin (Suède) et Mário Grman (Slovaquie)
Commentaires d’après-match :
Patrik Hrehorcak (attaquant de la Slovaquie) : « Les 11 premières minutes ont été bonnes, mais nous n’avons pas saisi nos occasions. Ensuite, ils ont marqué deux buts en deux occasions. Ils se sont mis à leur aise et ont montré leurs qualités. Quand c’était 3-0 ou 4-0, les Suédois ne tiraient plus, ils croyaient en eux-mêmes avec le palet et cherchaient la cage vide. C’était difficile à ce moment-là. »
Peter Frühauf (entraîneur-adjoint de la Slovaquie) : « Le résultat dit autre chose, mais nous n’avons pas pris un mauvais départ. Nous sommes arrivés très bien ajustés, y compris dans le système, et ça se sentait. Mais bien sûr, les Suédois, avec la qualité qu’ils ont, ont puni chaque erreur commise en première période. Et puis c’est difficile de jouer avec ce sac à dos contre un tel adversaire. Il y a eu des sections où les Suédois nous ont poussés et ont fait tourner dans notre zone défensive. Nous devons nous améliorer dans les duels, nous n’avons pas réussi à ralentir les joueurs suédois en vitesse. C’est ce qui a fait la différence, quand les Suédois se retrouvent dans ces positions, ils se sentent à l’aise dans les rotations, les combinaisons. S’ils tiraient, le tir était prêt, ils ne gaspillaient pas de tirs. Mais ne parlons pas d’une gifle. Nous devons nous préparer de manière positive pour le prochain match. Parce qu’il y a aussi de la qualité chez les Slovènes. Contre un adversaire qui n’est peut-être pas si rapide, peut-être que nous montrerons prouesses de patinage. Je crois que nous serons les plus rapides au prochain match. »
Suède – Slovaquie 5-0 (3-0, 1-0, 1-0)
Vendredi 9 mai 2025, 20h20. Avicii Arena de Stockholm, 12530 spectateurs.
Arbitres : Riku Brander (FIN) et Mads Frandsen (DAN) assistés de Jake Davis (USA) et Daniel Hynek (TCH)
Pénalités : Suède 0’ (0’, 0’, 0’) ; Slovaquie 2’ (0’, 0’, 2’)
Tirs : Suède 20 (9, 7, 4) ; Slovaquie 15 (5, 9, 1)
Récapitulatif du score
1-0 à 11’17” : Backlund assisté de Heineman et Lindholm
2-0 à 18’50” : Carlsson assisté de Pettersson et Johansson
3-0 à 19’54” : Brodin assisté de Larsson et Lundeström
4-0 à 38’46” : Lindholm assisté de Gustafsson et Backlund
5-0 à 57’33” : Zibanejad assisté de Andersson et Pettersson
Suède
Attaquants :
Marcus Johansson (+1) – Leo Carlsson (+1) – Lucas Raymond (+1)
Filip Forsberg – Alexander Wennberg (+1) – Mika Zibanejad (A, +1)
Mikael Backlund (+2) – Elias Lindholm (+2) – Emil Heineman (+2)
Anton Bengtsson (+2) – Isac Lundeström (+1) – Jesper Fröden (+1)
Défenseurs :
Marcus Pettersson (+3) – Rasmus Andersson (C, +3)
Adam Larsson (+1) – Jonas Brodin (+1)
Erik Gustafsson (+1) – Simon Edvinsson (+1)
Gardien :
Jacob Markström
Remplaçant : Samuel Ersson (G). En réserve : Arvid Söderblom (G).
Slovaquie
Attaquants :
Samuel Takáč (-1) – Matúš Sukeľ (C, -1) – Adam Sýkora (-1)
Samuel Honzek (2′, -1) – Dalibor Dvorský (-1) – Martin Chromiak (-1)
Matej Kašlík (-1) – Michal Krištof (-1) – Róbert Lantoši (-1)
Patrik Hrehorčák (-2) – Sebastián Čederle (-2) – Miloš Roman (A)
Défenseurs :
Michal Ivan (A) – Dávid Mudrák (-1)
Patrik Koch (-3) – Mário Grman (-3)
Mislav Rosandič (-1) – Andrej Golian (-1)
Michal Beňo (-1)
Gardien :
Patrik Rybár
Remplaçant : Samuel Hlavaj (G). En réserve : Adam Húska (G).