Pas de résultat
Voir tous les résultats
  • Contactez nous
  • Qui sommes nous ?
  • Forum de discussion
HockeyArchives.info
  • Accès Rédacteurs
Hockeyarchives
Publicité
  • Accueil
    • hockeyarchives.info
  • Ligue Magnus
    rouen nice (1)

    Rouen – Nice (ligue Magnus, 7e journée)

    amiens angers 30 sept 2025 1200x628 (2)

    Si près de l’exploit (Amiens – Angers, Ligue Magnus, 6e journée)

    2425 angers charbonneau 5

    Ligue Magnus : Grenoble à l’arrêt, Rouen sur le fil, Angers en profite

    img 5198 edit 472706374829256

    De quoi en avoir plein les basques (Angers – Anglet, Ligue Magnus, 7e journée)

    2025 08 30 prissaint

    Record de Français dans l’équipe-type de Ligue Magnus de septembre 2025

    2526 angers viksten 2

    Ligue Magnus : que des victoires à l’extérieur

    Trending Tags

    • Aigles de Nice
    • Anglet Hormadi Pays Basque
    • Boxers de Bordeaux
    • Brûleurs de Loups de Grenoble
    • Diables rouges de Briançon
    • Dragons de Rouen
    • Ducs d'Angers
    • Gothiques d'Amiens
    • Jokers de Cergy-Pontoise
    • Pionniers de Chamonix
    • Rapaces de Gap
    • Spartiates de Marseille
  • Autres championnats – France
    • Tous
    • Division 1
    • Division 2
    • Division 3
    • Général France
    • Transferts Hockey sur glace
    compiegne2025 varin

    Colmar – Compiègne (Division 3, 1re journée)

    2025 10 04 wasquehal metz 2

    Wasquehal – Metz (Division 3, 1re journée)

    lyon mark holdefehr 25 26

    1e journée Division 1 : Lyon retrouve la D1 et frappe fort !

    2526 roanne

    1e journée Division 2 : l’heure de la rentrée

    2025 09 27 valenciennes fv paris

    Valenciennes – Français Volants (Coupe de France, 1er tour)

    morzine avoriaz vs hcmp

    Coupe de France : la présaison, c’est du bidon !

  • International
    • Tous
    • Équipes Nationales
    • Hockey féminin
    • Hockey Junior
    vignette iihf

    Les petites révolutions de l’IIHF

    sans titre (17)

    Des Tricolores au départ canon

    chloé aurard

    Une rentrée coriace à Albertville

    sans titre (12)

    Canada et USA aux origines de l’essor du hockey féminin

    catherinelaroche1

    Catherine Laroche : « J’ai choisi de créer de la lumière au lieu de rester dans l’ombre »

    210826 letita palet

    Le classement des clubs formateurs

    Trending Tags

    • PWHL
    • Nela Lopusanova
  • Europe
    • Tous
    • Allemagne
    • Autres pays
    • Autriche
    • Europe et Monde
    • Finlande
    • Italie
    • KHL / Russie
    • Rép. Tchèque
    • Slovaquie
    • Suède
    • Suisse
    admiral2025

    Quand le fils pistonne le père pour qu’il soit son coach !

    a2025septembre boscq

    Anecdotes, citations et vidéos de septembre 2025

    sans titre (17)

    Des Tricolores au départ canon

    2025 09 backstrom brynas

    Présentation du championnat de Suède 2025/26

    neftekhimik grishin

    Stéphane Da Costa et Pierrick Dubé, performants loin de l’équipe de France

    mannheim munich1(1)

    Présentation du championnat d’Allemagne 2025/2026

    Trending Tags

    • Anecdotes
    • CHL (Champions Hockey League)
  • NHL
    stéphane ménard (1)

    L’homme qui murmurait à l’oreille de Marc-André Fleury

    Jessie Rodger - Anova Headshot

    Jessie Rodger : « Ce qu’E.M. a vécu était révoltant mais pas surprenant »

    1983 nhl urss

    La tournée NHL des Soviétiques en 1983

    Verdict Hockey Canada

    Procès d’Équipe Canada Junior : un verdict et des questions

    sebastienlemire

    Affaire Hockey Canada : « Nous savions qu’ils défendaient l’indéfendable »

    NHL Playoffs 2025

    Les Panthers de Floride enchaînent un deuxième titre

    Trending Tags

  • Accueil
    • hockeyarchives.info
  • Ligue Magnus
    rouen nice (1)

    Rouen – Nice (ligue Magnus, 7e journée)

    amiens angers 30 sept 2025 1200x628 (2)

    Si près de l’exploit (Amiens – Angers, Ligue Magnus, 6e journée)

    2425 angers charbonneau 5

    Ligue Magnus : Grenoble à l’arrêt, Rouen sur le fil, Angers en profite

    img 5198 edit 472706374829256

    De quoi en avoir plein les basques (Angers – Anglet, Ligue Magnus, 7e journée)

    2025 08 30 prissaint

    Record de Français dans l’équipe-type de Ligue Magnus de septembre 2025

    2526 angers viksten 2

    Ligue Magnus : que des victoires à l’extérieur

    Trending Tags

    • Aigles de Nice
    • Anglet Hormadi Pays Basque
    • Boxers de Bordeaux
    • Brûleurs de Loups de Grenoble
    • Diables rouges de Briançon
    • Dragons de Rouen
    • Ducs d'Angers
    • Gothiques d'Amiens
    • Jokers de Cergy-Pontoise
    • Pionniers de Chamonix
    • Rapaces de Gap
    • Spartiates de Marseille
  • Autres championnats – France
    • Tous
    • Division 1
    • Division 2
    • Division 3
    • Général France
    • Transferts Hockey sur glace
    compiegne2025 varin

    Colmar – Compiègne (Division 3, 1re journée)

    2025 10 04 wasquehal metz 2

    Wasquehal – Metz (Division 3, 1re journée)

    lyon mark holdefehr 25 26

    1e journée Division 1 : Lyon retrouve la D1 et frappe fort !

    2526 roanne

    1e journée Division 2 : l’heure de la rentrée

    2025 09 27 valenciennes fv paris

    Valenciennes – Français Volants (Coupe de France, 1er tour)

    morzine avoriaz vs hcmp

    Coupe de France : la présaison, c’est du bidon !

  • International
    • Tous
    • Équipes Nationales
    • Hockey féminin
    • Hockey Junior
    vignette iihf

    Les petites révolutions de l’IIHF

    sans titre (17)

    Des Tricolores au départ canon

    chloé aurard

    Une rentrée coriace à Albertville

    sans titre (12)

    Canada et USA aux origines de l’essor du hockey féminin

    catherinelaroche1

    Catherine Laroche : « J’ai choisi de créer de la lumière au lieu de rester dans l’ombre »

    210826 letita palet

    Le classement des clubs formateurs

    Trending Tags

    • PWHL
    • Nela Lopusanova
  • Europe
    • Tous
    • Allemagne
    • Autres pays
    • Autriche
    • Europe et Monde
    • Finlande
    • Italie
    • KHL / Russie
    • Rép. Tchèque
    • Slovaquie
    • Suède
    • Suisse
    admiral2025

    Quand le fils pistonne le père pour qu’il soit son coach !

    a2025septembre boscq

    Anecdotes, citations et vidéos de septembre 2025

    sans titre (17)

    Des Tricolores au départ canon

    2025 09 backstrom brynas

    Présentation du championnat de Suède 2025/26

    neftekhimik grishin

    Stéphane Da Costa et Pierrick Dubé, performants loin de l’équipe de France

    mannheim munich1(1)

    Présentation du championnat d’Allemagne 2025/2026

    Trending Tags

    • Anecdotes
    • CHL (Champions Hockey League)
  • NHL
    stéphane ménard (1)

    L’homme qui murmurait à l’oreille de Marc-André Fleury

    Jessie Rodger - Anova Headshot

    Jessie Rodger : « Ce qu’E.M. a vécu était révoltant mais pas surprenant »

    1983 nhl urss

    La tournée NHL des Soviétiques en 1983

    Verdict Hockey Canada

    Procès d’Équipe Canada Junior : un verdict et des questions

    sebastienlemire

    Affaire Hockey Canada : « Nous savions qu’ils défendaient l’indéfendable »

    NHL Playoffs 2025

    Les Panthers de Floride enchaînent un deuxième titre

    Trending Tags

Pas de résultat
Voir tous les résultats
Hockeyarchives
Pas de résultat
Voir tous les résultats
Home Hockey sur glace Hockey sur glace - France Général France

Dernier arrêt : entre douleurs et force intérieure

Nicolas Puccio par Nicolas Puccio
jeudi 29 mai 2025 - 15:30
dans Général France
Temps de lecture: 41 mins
0
804
VUES
Partagez sur BlueSkyPartagez sur Facebook

Derrière le masque : les parcours extraordinaires des gardiens de but

Les gardiens de but en hockey sur glace, figures fascinantes et souvent énigmatiques, incarnent un rôle à part, exigeant une force mentale hors du commun et une concentration sans faille. Treize d’entre eux, issus de parcours variés, se livrent dans une série de témoignages où ils dévoilent leurs doutes, victoires et sacrifices, au-delà des clichés.

Qu’ils soient en Ligue Magnus, dans des divisions moins médiatisées, ou en reconversion, Quentin Papillon, Henri-Corentin Buysse, Clément Ginier, Sydney David-Thivent, Ronan Quemener, Isaac Charpentier, Florian Hardy, Lucas Mugnier, Florian Gourdin, Marek Rączka, Olivier Richard, Tom Aubrun, Franck Constantin partagent une passion commune pour ce poste unique. Leurs récits, empreints de résilience et de sensibilité, révèlent une humanité profonde derrière le masque.

Cette collection met en lumière les trajectoires singulières de ces hommes, démystifiant leur rôle tout en célébrant les défis et l’authenticité de leur aventure humaine, bien au-delà des performances sportives.

 

👉 Les épisodes précédents, à lire ou à relire ️👈️

1️⃣ Épisode I : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets

2️⃣ Épisode II – Responsabilité, pression et introspection : au cœur de la position de gardien

3️⃣ Épisode III – Rivaux et coéquipiers : la dynamique de la concurrence chez les gardiens de but

 

Épisode IV – Dernier arrêt : entre douleurs et force intérieure

Être gardien de but, c’est bien plus que bloquer des palets. C’est encaisser des coups qu’on ne voit pas toujours, sur le corps comme dans la tête. Dans ce dernier épisode, on explore les cicatrices — physiques, mentales et morales — que le poste laisse derrière lui. Comment surmonter les blessures, les remises en question, les désillusions en équipe nationale, et parfois la fin brutale d’un rêve ? Et surtout, que reste-t-il une fois le masque rangé et les patins raccrochés ? Entre force intérieure et reconversion, les gardiens nous racontent ce qu’il faut pour toujours se relever et être au moment d’affronter le prochain palet.

 

I – Sous l’armure, les blessures

Les petits traumatismes du quotidien

Clément Ginier
Clément Ginier (par Mark Holdefehr)

Le poste de gardien de but au hockey est aussi impressionnant que redoutable, où les chocs font partie du quotidien. L’équipement moderne offre certes une excellente protection, mais certains impacts restent désagréables, voire douloureux. Lorsqu’on leur demande si être gardien peut faire mal, certains esquissent un sourire avant d’admettre : “des fois oui. Quand ça tape au mauvais endroit ou quand on n’est pas prêt à l’impact” (Quentin Papillon). Clément Ginier abonde : “Évidemment il y a des zones plus sensibles. Quand tu arrives un peu froid sur la glace avec l’équipement qui est un peu sec, on ressent plus fort les chocs. Quand la mitaine est sèche et que tu reçois un tir un peu fort, ça fait un peu mal. Souvent on prend un bleu par ci ou par là”. Certains impacts sont plus surprenants qu’autre chose. Un tir dans le casque, par exemple, peut légèrement sonner, comme le confie Quentin Papillon : “Parfois ça sonne, lorsque tu ne vois pas le tir partir : dans le trafic, tu le vois arriver au dernier moment et boum. Mais en règle générale ça va”. D’autres provoquent une sensation de résonance désagréable :

Un tir dans le masque c’est plus une grosse gêne qu’une douleur. Cela résonne dans la tête, ce n’est pas agréable du tout. C’est un peu comme dans les films de guerre lorsque les soldats sont sonnés et que cela siffle très fort. (Clément Ginier)

Les anecdotes de (petites) blessures sont racontées avec détachement. Clément Ginier rappelle à son coéquipier Sydney David-Thivent une péripétie survenue quelques temps avant l’interview [note : réalisée en septembre] : « Il y a 3 semaines tu t’es fait une ouverture sous le menton”, Sydney précise : “Le palet a été dévié et il est remonté sous le menton”. Il se remémore aussi une autre mésaventure : “Il y a quelques années, j’ai pris un tir dans le masque dans un match à Metz qui m’a ouvert le front. C’est la première fois en 24 ans de pratique que cela m’arrivait”. Une mésaventure similaire est également arrivée à Ronan Quemener, qui confie s’être cassé les deux dents de devant en prenant un one-timer de Kevin Dusseau directement dans le masque à l’entraînement : « Mon casque est rentré dans ma bouche. C’était un mauvais souvenir ». Toutefois, ces petits traumatismes du quotidien ne sont rien en comparaison des blessures plus graves qui peuvent mettre un terme à une carrière.

Le choc de trop

Ainsi, la question “est-ce que parfois cela fait mal d’arrêter des palets” prend une autre dimension lorsque vient le tour d’Henri-Corentin Buysse de répondre. À force d’encaisser des chocs, l’Amiénois a accumulé les commotions cérébrales jusqu’au point de non-retour :

J’ai arrêté de jouer parce je n’avais plus le droit de jouer. Les neurochirurgiens m’ont dit que j’avais pris trop de commotions. C’était trop dangereux, il y avait trop de risques pour la santé. (Henri-Corentin Buysse)

L’ancien portier des Gothiques se remémore ce fameux match contre Rouen du 17 janvier 2023 qui va précipiter son retrait du jeu : “C’est un coup de malchance. Sur un backcheck, un des mes joueurs [Stanislav Lopachuk] m’a mis un coup de patin à la mâchoire. La lame du patin m’a ouvert à la gorge à 1cm de la carotide et ensuite je suis parti en arrière et ma tête à tapé le poteau. C’était ma 7e ou 8e commotion et mon cerveau n’en peut plus. Et même encore maintenant lorsque je fais du sport à haute intensité, je suis au malaise.” Il se remémore : “La première commotion c’était en 2010 suite à un tir. Les autres c’était suite à des impacts avec les joueurs. Ça a un peu changé mais avant je trouve que nous n’étions pas assez protégés”. Désormais entraîneur, il se veut protecteur envers ses jeunes joueurs : “C’est d’ailleurs pour ça que j’oblige mes jeunes gardiens à porter une bavette. Dans ma carrière j’ai dû prendre 3 ou 4 coups de patins à la gorge. La première fois en U11. Et le dernier était flippant.”

L’usure invisible du poste

2425 anglet charpentier 6
Isaac Charpentier (par Anthony Mangeard)

Malgré son jeune âge, Isaac Charpentier (25 ans) a payé lui aussi un lourd tribut aux blessures. Condamné à une saison blanche en 2023-2024 alors qu’il devait entamer sa deuxième année à Nice, il raconte : “C’est une blessure d’usure. Je me suis fait opérer des hanches comme beaucoup de gardiens. J’ai toujours eu une petite gêne au niveau de la hanche gauche, sauf qu’avec le temps cela s’est empiré. Lors d’un match de préparation, sur un mouvement j’ai senti que quelque chose n’allait pas”. Au début, les médecins diagnostiquent un œdème osseux, une douleur fréquente. Mais un chirurgien orthopédique lui apporte une autre explication : “Au départ les médecins m’ont dit que c’était un œdème osseux, c’est douloureux mais cela peut arriver. Ensuite j’ai rencontré un chirurgien orthopédique qui m’a expliqué que j’avais un conflit de hanche à cause du hockey. À force de faire des mouvements de type papillon ou reverse, cela tape dans les hanches et cela crée une excroissance de l’os qui bloque les hanches. Ce problème n’était pas encore trop connu, mais avec le développement des techniques modernes des gardiens, de plus en plus de gardiens vont y être confrontés”.

Après une opération réussie, il retrouve la glace avec Anglet, où il bénéficie d’un suivi médical de qualité : “je suis totalement guéri. En plus je bénéficie de la présence à Anglet de deux kinés qui interviennent auprès de l’équipe de France, et l’un des deux est spécialisé au niveau de la hanche. Je suis vraiment bien tombé ici”. Quant à son style de jeu, il n’a pas été impacté, mais il reste vigilant : “Mon style de jeu n’a pas été impacté par la blessure. Je fais juste un peu plus attention, notamment au niveau kiné. Si j’ai une petite douleur, j’en parle avec le staff médical. J’écoute plus mon corps qu’avant.”

 

II – Résister dans la tempête

Apprendre à encaisser, sans se briser

Être gardien de but, ce n’est pas seulement se mettre sur la route de palets de 170g lancés à plus de 150km/h et parfois supporter les douleurs physiques. C’est aussi une épreuve mentale, un combat permanent contre le doute et la pression. Certains gardiens nous ont confié que leur force mentale s’est construite à travers des expériences éprouvantes, notamment en évoluant dans des équipes de bas de tableau. Apprendre à accepter d’encaisser des buts sans remettre en question sa propre performance est un passage obligé pour certains d’entre eux.

Ce cheminement mental est notamment illustré par Henri-Corentin Buysse. Auréolé du titre de meilleur espoir de la Ligue Magnus en 2008 avec Amiens, il quitte la Somme en 2009 pour rejoindre Mont-Blanc, une équipe luttant pour le maintien : “Quand je suis parti la 1re fois d’Amiens, j’ai vécu un mauvais moment au niveau sportif (…) Je me suis retrouvé à Saint-Gervais, passant d’une équipe de tête à l’équipe la plus faible du championnat. Et en termes d’expérience, ça m’a beaucoup aidé de prendre 50 lancers par match, de prendre 5 ou 6 buts même en faisant un bon match. En deux ans, c’est comme si j’avais pris 10 ans d’expérience”.

Florian Gourdin, actuel substitut des Spartiates, partage une prise de recul similaire lorsqu’il se remémore ses années à Clermont-Ferrand en Division 2. Habitué à jouer les premiers rôles durant ses années juniors à Gap, il a connu trois saisons sportivement compliquées dans la cité auvergnate : “La première saison c’était la moins pire, je crois qu’on termine la saison à 8 ou 10 points. Et la veille de commencer les playdowns, c’est le début du confinement. On avait une équipe qui tenait la route et jouait au hockey”.

Les deux années suivantes, sportivement, c’était très compliqué. Cela m’a permis de tirer mon épingle du jeu parce que je prenais énormément de tirs à chaque match. Donc ça me permettait de progresser, d’apprendre à prendre beaucoup de recul sur les situations : que je pouvais encaisser des buts sans que cela soit la fin du monde. (Florian Gourdin)

“J’ai pu être focus sur mon développement et sur mon enjeu tout simplement. Mais je n’en garde pas de mauvais souvenirs pour autant et je pense que ça m’a forgé aussi et c’est ce qui permet d’être où je suis aujourd’hui”. Une fois de plus, la préparation mentale s’avère être un levier essentiel dans ce processus d’acceptation et de résilience. Gourdin raconte comment il a pu bénéficier de l’accompagnement d’un préparateur mental au cours de ses études d’ingénieur : “(J’avais) la chance dans mon école d’ingénieur de pouvoir avoir un préparateur mental. J’ai beaucoup travaillé avec lui. Il m’a donné les clés pour ne pas trop penser au négatif, aller de l’avant, retenir le positif de la situation et faire en sorte de me donner les moyens pour sortir de… la catastrophe. C’était compliqué parce que tous les week-ends on concédait 4, 5 voire 6 buts par match. Je venais de Gap (…) je n’étais pas habitué à prendre des scores comme ça tous les week-ends et ça a été le plus compliqué à gérer, de comprendre que le fait qu’on prenne 6 buts, je n’en étais pas le principal fautif. Il m’a beaucoup aidé à bosser là-dessus et puis cela m’a fait grandir dans ma tête. Ce n’était pas simple. Mais ça m’a forgé”.

Tout est dans la tête

Carte Ronan QuemenerMalgré une grande capacité de résilience, les gardiens de hockey, comme tout athlète, traversent des périodes de moins bien. Ces phases peuvent éroder la confiance et remettre en question leur performance. Comment les gérer ? Plusieurs d’entre eux partagent leurs méthodes, leurs expériences, et les outils qui leur ont permis de surmonter ces moments.

Ronan Quemener met l’accent sur la régularité et sur la nécessité de rester fidèle à son travail au quotidien : “Ma méthode, c’est de rester régulier dans le travail de tous les jours, même lorsque ça ne va pas. Le travail finit toujours par payer. Et puis relativiser ses performances : on peut sortir vainqueur d’un match en étant nul et, à l’inverse, perdre en jouant bien. C’est dans ces moments qu’il ne faut pas douter de ses capacités”.

Lorsqu’il évoluait en en 2e division suédoise Asplöven (en 2015-2016), Quemener a également traversé des phases complexes, notamment lors des playdowns : “Lorsque j’ai joué en Suède, la saison avait bien débuté et puis ça a dégringolé au fur et à mesure”.

Parfois je jouais bien lorsque l’équipe jouait mal, et parfois je jouais mal alors que l’équipe jouait bien. À la fin de l’année, l’équipe s’est retrouvée à jouer les playdowns, et j’avais l’impression de ne plus pouvoir arrêter un palet de la ligne bleue, c’était terrible. Mais un mois après, je retrouve l’équipe de France, je joue contre le Canada et je fais un bon match. C’est bizarre. Tout est dans la tête. (Ronan Quemener)

La maturité joue également un grand rôle dans la capacité à gérer et passer par delà les difficultés : “Avec l’âge, on apprend de ses expériences passées. On a déjà vécu la situation, on gère un peu mieux ces phases”.

Le soutien des proches et des mentors

Henri-Corentin Buysse, lui, évoque le rôle déterminant de ses proches et de ses mentors : “Durant les grosses phases de doute, c’est ma femme qui me remettait en place. Et quand ça n’allait vraiment pas, j’envoyais un message à Antoine Mindjimba. J’ai toujours gardé contact avec lui et, je ne sais comment il faisait, mais il avait toujours les mots pour me relancer. Il y a des mots qu’il m’a dits et dont je me sers avec mes plus jeunes. Je me souviens notamment d’une chose qu’il m’avait dit alors que je faisais un mauvais début de saison avec Amiens. On gagnait les matchs, mais j’accordais beaucoup de buts. Il m’avait dit : ‘Henri, tu n’es pas là pour blanchir, mais pour arrêter les pucks’. Ce n’est pas la même chose : arrêter les palets, c’est donner une chance à l’équipe de gagner”.

Pour Quentin Papillon, traverser une mauvaise passe demande un retour à l’essentiel pour retrouver ses forces et reprendre la confiance :

Il y a toujours des cycles où tout va bien et là tu te contentes d’épouser la vague. Tu sens le hockey. Ça va bien pendant 10 matchs, et puis des fois tu enchaînes trois mauvais matchs où il ne se passe rien de bien. Tu n’y arrives pas, tu te remets forcément en question. Il faut alors revenir à l’essentiel. Souvent, c’est reprendre du plaisir et ne pas trop se prendre la tête. Au final, tu n’es pas moins bon qu’il y a une dizaine de matchs. (Quentin Papillon)

Lors de son passage à Mulhouse, Papillon se souvient de l’aide apportée par son entraîneur d’alors : « J’avais enchaîné trois mauvais matchs. C’était la première fois que ça m’arrivait de cette manière, dans la gueule. Ce n’était pas facile à gérer. À l’époque, Landry Macrez, qui était entraîneur des gardiens, m’avait fait une petite vidéo de highlights d’arrêts que j’avais réalisés pour me montrer que c’était toujours moi, que rien n’avait changé depuis le début de la saison. Ça m’avait redonné le sourire et permis de me montrer des choses positives pour sortir de la spirale négative, de me vider la tête. J’avais fait un très bon match derrière, et c’était reparti. C’était quelque chose de très simple, mais qui s’est avéré très efficace. »

Pour Florian Hardy, les périodes difficiles nécessitent de se reconnecter à l’essence même de ce qui l’a poussé à jouer au hockey et retrouver ainsi le plaisir du jeu : « Dans les périodes de moins bien, je me suis attaché à revenir à l’essence du jeu. Pourquoi je joue ? Qu’est-ce qui me fait vibrer ? Qu’est-ce qui me motive ? Pour moi, cela a toujours été les coéquipiers, l’équipe, l’esprit de partage, les sensations sur la glace, de glisse… Me détacher de la performance pour revenir au plaisir et au travail”.

Les maux Bleus : sous le masque, les cicatrices

Les émotions vécues sous le maillot de l’équipe de France laissent des traces, parfois plus profondes que les blessures physiques. Certains moments marquent une carrière à jamais, oscillant entre fierté et frustration. Henri-Corentin Buysse se souvient particulièrement du Tournoi de Qualification Olympique (TQO) en 2021, un moment à la fois exaltant et cruel :

Le meilleur et le pire souvenir de ma carrière c’est le dernier TQO. Le meilleur parce que je sentais que j’avais atteint l’apogée de mon jeu et le pire parce qu’on ne s’est pas qualifiés. Pour le coup j’ai mis un an à m’en remettre. (Henri-Corentin Buysse)

Pour Florian Hardy, la désillusion des non-qualifications pour les Jeux Olympiques a été un véritable coup dur : “J’en ai raté 3, le dernier ayant été un coup d’arrêt pour moi car je savais que c’était ma dernière chance. Tu réalises que tu ne participeras jamais aux Jeux Olympiques. Ça a été un traumatisme.” Mais au-delà des échecs individuels, certains revers ont eu un impact bien plus large, à l’image de la relégation de l’équipe de France lors du Championnat du Monde 2019 en Slovaquie :

Cela a été plus que dur. C’est un traumatisme que je garderai à vie. Encore aujourd’hui j’y repense. C’est une cicatrice, donc c’est guéri. Mais cette cicatrice est présente. (Florian Hardy)

La charge émotionnelle de jouer pour son pays dépasse de loin celle d’un club : “J’ai toujours dissocié les performances en club de l’équipe de France. En club, tu as le poids d’une équipe, d’une ville,… c’est parfois lourd à porter selon où l’on joue mais l’impact reste “local”. Quand tu portes le maillot de l’équipe de France, tu représentes un pays, une Fédération, l’ensemble des licenciés. L’impact est disproportionné, autant dans l’émotion que dans le réel. Une relégation peut mettre un coup d’arrêt à une Fédération, les impacts peuvent être forts”. Dans ces moments-là, l’ascenseur émotionnel est extrême : “Les émotions sont décuplées tant en cas de victoire que de défaite en Équipe de France, c’est pour ça que cette équipe a toujours été si spéciale pour moi, d’où l’importance d’être prêt mentalement pour affronter ces montagnes russes qui peuvent détruire des athlètes”. Mais, même dans la douleur, il y a des leçons à tirer : “Je me suis aussi construit en tant qu’homme, athlète et entraîneur avec cette défaite. Cela fait partie de mon parcours.”

 

III – Tom Aubrun : une dernière saison en montagnes russes avant un retour en France

Un été d’incertitude et une tentative de relance en SPHL

2425 chamonix aubrun 6
Tom Aubrun (par Anthony Mangeard)

Cette quête du plaisir à jouer est également devenu pour Tom Aubrun un fil conducteur après des expériences professionnelles éprouvantes. Dans le premier épisode, il nous racontait son arrivée aux États-Unis, d’abord en junior puis en NCAA-3, où il performe. Mais dans l’épisode 3, le gardien des Pionniers nous relatait ses deux premières saisons professionnelles, marquées par la frustration, avec seulement trois matchs disputés en AHL et dix en ECHL en 2020-2021, puis sept autres en ECHL l’année suivante. Peu utilisé, en fin de contrat et à la recherche d’un nouveau point de chute, il se retrouve à devoir redéfinir ses priorités. Loin des projecteurs, c’est dans cette période d’incertitude qu’est née chez lui la nécessité de se reconnecter à ce qui l’anime profondément : le plaisir de jouer.

À l’été 2021, Tom Aubrun passe son temps à chercher une opportunité aux États-Unis. « Lors de l’été, je passe mon temps à contacter des équipes d’ECHL qui me répondaient que je manque d’expérience. J’étais dans le trou, les équipes ne veulent pas miser sur un gardien qui n’a pas fait ses preuves. » Finalement, une porte s’ouvre : « Une équipe de SPHL a vu que je n’avais pas de contrat et m’a contacté pour faire un essai. Ensuite, les choses peuvent aller assez vite, il suffit d’une blessure, et on peut monter rapidement. Je me suis dit que je pouvais commencer la saison en SPHL et essayer de bien jouer plus régulièrement. »

Il sait que la stabilité est la clé : « Je savais que jouer des matchs consécutifs me permettrait de prendre mes marques et performer. C’est ce qui était arrivé en ECHL ma 1e année où j’avais passé un mois, j’avais joué 4 matchs avec de bonnes statistiques. Cela m’avait donné confiance et permis de montrer qu’avec de la stabilité je pouvais performer comme les autres. »

Un parcours chaotique entre transferts et désillusions

L’expérience en SPHL commence rapidement à devenir un vrai test mental :

Assez rapidement, je me suis rendu compte que c’était une ligue difficile, je me fais échanger plusieurs fois. Au bout de la 4e équipe, j’en avais marre d’être ici, je ne prenais plus de plaisir. (Tom Aubrun)

Il commence la saison avec les Ice Bears de Knoxville dans le Tennessee : « J’ai fait un camp qui s’est bien passé, mais comme nous étions trois gardiens et que les deux autres performaient bien, ils se sont séparés de moi. » Il rebondit en Géorgie, au Mayhem de Macon : « L’équipe la plus faible de la ligue, mais au moins je jouais régulièrement. Ce qui m’importait, c’était juste de jouer, j’en avais marre de m’entraîner et de ne jamais être récompensé par des matchs, de retrouver ce bon feeling que d’avoir des victoires. » Un transfert intervient ensuite : « Le coach m’a dit que j’avais le niveau pour évoluer dans une meilleure équipe. On ne sait jamais quelles sont les véritables intentions des coachs. » Il rejoint alors la meilleure équipe du championnat, aux Rail Yard Dawgs de Roanoke (en Virginie) : « C’était une bonne expérience, une petite ville sympa, 6000 fans dans la patinoire, on sentait une vraie culture de hockey, un super groupe qui m’avait beaucoup plu. Je jouais bien là-bas et c’est l’endroit où j’avais pris le plus de plaisir à jouer aux États-Unis. »

Mais la réalité des ligues mineures le rattrape :

Au bout d’un mois ou un mois et demi, un gardien qui avait été signé avec eux est descendu d’ECHL et devait récupérer sa place. Je suis appelé un matin, je vois mon sac qui est fait, le coach m’appelle dans son bureau et m’explique que l’équipe est contente de mes performances, qu’ils auraient aimé me garder mais qu’ils ont signé un autre gardien qui vient de revenir et qu’ils ne pouvaient pas me garder. (Tom Aubrun)

À ce moment-là, il atteint sa limite : « C’est à ce moment-là que j’en ai vraiment eu marre. » Il tente un dernier essai avec Pensacola, en Floride : « Mais j’étais tellement désintéressé que c’était impossible pour moi de performer et d’essayer de remonter la pente. J’ai décidé d’arrêter ma saison au moment où eux aussi avaient décidé de se séparer de moi. »

Une décision difficile mais libératrice : retour en France

2425 chamonix aubrun 9
Tom Aubrun (par Anthony Mangeard)

L’envie de jouer n’est plus là : « Je ne prenais plus de plaisir. Je n’envisageais pas encore le retour en France. Maintenant, j’en suis content, mais mon rêve était vraiment de jouer aux États-Unis que je n’avais pas pris en compte la possibilité de jouer en France. » Finalement, il décide de rentrer en Europe et retrouve une stabilité à Chamonix : « Chamonix, c’est totalement l’inverse (des États-Unis), c’est ma famille, mes amis. » Dès son arrivée, il sait qu’il aura un rôle clé dans l’équipe : « Dès le début, j’ai signé pour une place de titulaire avec un bon back-up, Lucas (Mugnier) – qui me poussait au cul assez tôt l’année dernière. » Cette stabilité lui permet enfin de se poser et de retrouver du plaisir à jouer : « J’ai la chance d’être dans une position où j’ai pu me poser et juste jouer. Cela s’est vu sur le début de saison l’année dernière qui était un peu difficile sur quelques matchs, le temps de retrouver les sensations. Finalement, la saison s’est bien passée et j’ai retrouvé du plaisir à jouer, c’est tout ce que je cherchais ». Après un passage éprouvant en Amérique du Nord, Tom Aubrun retrouve ainsi un environnement sain où il peut enfin s’épanouir à nouveau sur la glace.

 

IV – Du but à la bande : trajectoires de gardiens devenus entraîneurs

Henri-Corentin Buysse : le coaching comme évidence

220518 fraita arret buysse Buysse décisif. Photo Benoit Mantel
Henri-Corentin Buysse (par Benoit Mantel)

Pour Henri-Corentin Buysse, l’après-carrière ne s’est pas improvisé. Depuis plusieurs années, il anticipait sa reconversion et s’était préparé à devenir entraîneur : “Ça faisait trois ans que j’y pensais. J’ai passé le diplôme d’entraîneur. Si j’avais eu le choix, est-ce que je serais devenu entraîneur plus tard ? Oui, certainement. J’avais prévu de jouer jusqu’au TQO. Jusqu’au jour où on m’a dit que je n’avais plus le droit de jouer. D’ailleurs, je remercie mon club de m’avoir permis d’entraîner directement.”

Désormais, il coache un large panel de joueurs, des plus jeunes aux adulte : “J’entraîne de U11 à 34 ans. Même des loisirs. Ils sont très en demande de travail”. Curieusement, l’ancien gardien avoue ressentir encore plus la pression en tant qu’entraîneur qu’il ne la ressentait sur la glace : “Bizarrement, je ressens encore plus la pression des matchs en tant qu’entraîneur qu’en tant que gardien. Pourtant, j’ai fait des finales de Coupe de France avec 15 000 spectateurs. Lors des derniers Championnats du Monde féminins dans le groupe B, le dernier match allait déterminer si elles gagnaient le titre ou finissaient troisièmes. Avant le match, je transpirais, je n’étais pas bien. Je me demandais ce que c’était. Et c’était la pression ! Je n’étais vraiment pas bien, et je pense que c’était parce que je n’avais aucun contrôle sur le match.” Travailler avec une équipe féminine a aussi été une source d’apprentissage pour lui : “J’ai énormément appris sur moi et sur ma manière de coacher avec les filles. Je leur demande les mêmes exercices que les garçons, mais c’est la pédagogie qui est différente. J’adore coacher les filles, c’est hyper agréable. Si on bosse bien le pourquoi du comment, elles le feront sans rechigner”.

Florian Hardy : une reconversion fédérale entre transmission, structuration et engagement collectif

Carte gardien Florian HardyPour Florian Hardy, l’après hockey ne s’est pas imposé immédiatement. Alors qu’il est encore activité, la Fédération Française de Hockey sur Glace lui propose un poste de responsable du projet sportif des gardiens en son sein, mais il souhaite encore évoluer en tant que joueur avant de prendre une décision : “Ça faisait déjà deux ans que la Fédération me proposait le poste. Je voulais poursuivre ma carrière pour participer aux qualifications olympiques, je suis parti jouer un an à Anglet [en 2021-2022]. J’avais encore un an de contrat après. La Fédération est revenue vers moi au bout d’un an en me disant que c’était maintenant. Je n’étais pas encore sûr de savoir si j’allais me destiner vers ce métier-là.” Finalement, c’est le projet qui a fait la différence. “Je venais d’obtenir mon diplôme, le projet était très intéressant : former des entraîneurs de gardiens, agir au niveau des PND (Plan Nationaux de Développement), suivre le groupe “Talent” de gardiens de 15 à 20 ans. C’est ce qui m’a décidé.” Un engagement qui s’est aussi nourri d’une réflexion personnelle sur l’action fédérale :

Et puis j’ai souvent entendu dire – et je l’ai dit – ‘mais que fait la Fédération ? Elle devrait faire ci ou ça, et ça serait mieux.’ C’est bien beau de parler, mais c’est mieux de mettre les mains dans le cambouis et d’agir de l’intérieur. (Florian Hardy)

178 illus hardyflorian rouenanglet 20211219
Florian Hardy (par Thierry Frechon)

Sa mission principale repose sur la formation des entraîneurs de gardiens, un projet ambitieux qui monte en puissance : “La formation a été ouverte avec Sébastien Beaulieu. Aujourd’hui nous avons une cinquantaine d’entraîneurs présents dans nos différents modules (base pour les moins de 15 ans, intermédiaire pour les 15-20 ans et expert pour le coaching pro). L’objectif est d’avoir 70 entraîneurs de gardiens passés par nos différents modules d’ici à 2027.” Cette approche permet de diffuser un savoir-faire commun dans les clubs, avec un impact durable : “C’est un gros challenge, cela prend du temps, mais cela permet d’agir directement dans les clubs. Les moyens étant limités à la Fédération – je suis seul pour m’occuper des gardiens de but – aller faire du développement dans les clubs serait une perte de temps, en revanche former des entraîneurs pour qu’eux travaillent dans leur club, c’est plus efficace.” Les résultats sont déjà visibles : “Aujourd’hui nous avons une communauté active et dynamique d’entraîneurs de gardiens. On se parle, on échange. Les entraîneurs de gardiens ne sont plus isolés dans leurs clubs. Cela permet également d’insuffler une philosophie commune du développement des gardiens de but.”

En parallèle, il intervient au sein du staff des Équipes de France pour structurer le travail avec les gardiens : “Au niveau du staff des entraîneurs de gardiens, je choisis les entraîneurs de gardiens pour les différents collectifs masculins, féminins et para. Je leur prépare des programmes d’entraînement pour préparer les gardiens pour les différentes échéances dans leurs clubs. J’échange avec les entraîneurs de leurs clubs, je suis leurs matchs. Je fais des sélections. Je crée des stages pour les regrouper”. Ce travail commence dès les plus jeunes avec un suivi individualisé : “Un suivi individuel des gardiens du groupe ‘Talent’ qui commence à partir des PND.”

Son implication ne s’arrête pas là, puisqu’il prend aussi le temps de créer des outils pour structurer l’entraînement des jeunes gardiens : “Même si ce n’est pas dans mes missions, je développe des programmes d’entraînement, de planification et des livrets et des éléments pédagogiques pour les jeunes dans les clubs”.

Marek Rączka : entre Pologne et France, un retour aux sources pour mieux encadrer l’avenir lyonnais

Après six années passées en France, d’abord à Lyon (2001-2003), puis à Reims (2003-2008), Marek Rączka fait le choix de retourner dans son pays natal. Il y connaît de nouveaux succès : « Je suis retourné en Pologne où j’ai été champion avec Cracovie (en 2009) puis j’ai gagné la Coupe de Pologne avec Sanok (2011). J’ai ensuite terminé ma carrière à Tychy en 2012. »

Fatigué des déplacements incessants, il anticipe sa reconversion dès ses dernières années en tant que joueur. « [La retraite sportive] est venue assez naturellement. Je commençais à être fatigué de tout le temps voyager et ne pas voir mon fils (Damian, aujourd’hui joueur de Lyon). Je me rapprochais de l’âge où ma carrière de joueur allait devoir s’arrêter. J’ai terminé mes études en même temps que mes dernières années de hockeyeur. Je n’avais pas cours en semaine, seulement le week-end, je bénéficiais du statut de sportif de haut niveau. » Titulaire d’un Master 2, il s’oriente vers le métier d’entraîneur. « J’ai obtenu mon Master 2 STAPS à l’université à Cracovie. Puis j’ai suivi des formations pour être entraîneur de hockey. Je suis retourné auprès de mon club de Nowy Targ avec les petites catégories. » Progressivement, il rejoint le staff de l’équipe première : « Et puis le staff de l’équipe première a changé, l’entraîneur ne parlait pas bien anglais et j’ai été intégré dans le staff. »

Entre 2014 et 2020, il alterne les fonctions d’assistant coach et de head coach, tout en retrouvant la sélection polonaise, 17 ans après l’avoir quittée en tant que joueur. Il intègre ainsi le staff national aux côtés de Ted Nolan lors du Championnat du Monde D1A en 2018 : « La Fédération [polonaise] m’a également envoyé suivre des stages au Canada et en Finlande et j’ai été pris comme assistant coach avec l’équipe nationale de Pologne. J’ai travaillé pendant un an avec Ted Nolan [entre 2017 et 2018]. » Après une dernière année au sein de la Fédération polonaise en tant que team manager, Marek Rączka revient à Lyon en 2022, où il occupe désormais le poste de responsable du mouvement mineur du club rhodanien.

Franck Constantin : de joueur à entraîneur, une passion au service des gardiens

Après une carrière de hockeyeur qui l’a mené au sein de toutes les divisions, Franck Constantin a trouvé sa voie dans l’entraînement des gardiens. Un parcours façonné par des prises de conscience, des rencontres et une volonté constante de transmettre une éthique de travail rigoureuse.

Après un passage en Division 1 à Deuil-Garges puis Courbevoie entre 2008 et 2010, il ressent un certain essoufflement et décide de redescendre en Division 3 à Boulogne-Billancourt pour retrouver du plaisir sur la glace. « Il fallait que je reprenne du plaisir à jouer et reprendre les bases du hockey. Je suis hyperactif, dynamique et le fait d’entendre depuis 10 ans ‘sortie de zone’… J’ai eu comme un ras-le-bol. Je ne voulais pas arrêter car le hockey c’est ma vie, mais il fallait que je revienne aux sources, comme le plaisir d’acheter de l’équipement par exemple”. C’est à Boulogne qu’il commence à entraîner les gardiens, une révélation pour lui. « Lorsque je suis arrivé à Boulogne, je me suis remis à entraîner les gardiens. Et là, j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui se passait. Depuis la première année à Boulogne, je n’ai plus jamais cessé d’entraîner une seule semaine. »

Franck Constantin voit l’entraînement comme une évidence, une continuité de son parcours de joueur. « Il peut y avoir des chemins différents pour faire la transition entre sportif de haut niveau et entraîneur. Pour moi, cela s’est traduit par la formation, et puis il y a eu des déclics, des choses qui se sont passées. J’ai su que je voulais m’amuser et me faire plaisir en jouant du bon hockey, mais j’avais cette partie formation qui m’appelait. »

f.constantin
Franck Constantin

Le véritable tournant se produit en Suisse, où il entraîne durant plusieurs étés et découvre une toute autre approche du hockey, avec des infrastructures modernes et adaptées. « Là-bas, j’ai rencontré le vrai milieu du hockey avec des centres synthétiques, des patinoires privées, etc. J’ai dit go. » Son projet initial était d’ouvrir une salle à Paris, mais un déménagement familial le mène à Valence. Il y trouve finalement l’endroit idéal pour lancer son centre d’entraînement : “Au début, je devais ouvrir une salle vers Montparnasse à Paris. Et puis la vie fait que nous avons déménagé avec ma famille à proximité de Valence. J’ai fini par trouver la salle idéale [le Slot, à proximité du centre-ville de Valence] et cela fait 6 ans que j’ai cette salle. Du coup la transition entre la fin de ma carrière et le début de l’entraînement privé c’est bien assemblée. Le jour où j’ai arrêté le hockey en tant que gardien, et bien la semaine suivante je débutais mes premiers contrats et mes premières séances”. Un événement marquant accompagne ce lancement : « J’ai ouvert le Slot le jour où ma fille est née. C’est une belle aventure depuis 6 ans. »

Au fil des années, Constantin affine sa méthode et se spécialise dans l’entraînement des jeunes gardiens : “Lorsque j’ai ouvert le Slot, j’avais tous types de gardiens qui venaient : de séniors à tout petits. Après réflexion et entraînement après entraînement, je me suis rendu compte que je prenais plus de plaisir avec les jeunes. Les gardiens séniors qui venaient me voir avaient une gêne sur la partie travail. Certains arrivent en sénior naturellement parce qu’ils ont beaucoup de talent et que pour performer il suffit de faire un tir dans la mitaine et que cela va suffire. Et puis ils tombent sur moi, où la partie travail et l’éthique de travail est hyper-importante. Au final, les séniors ne venaient plus parce que c’était trop dur pour eux”. Son approche repose sur une exigence forte, qui va au-delà de la technique et même du hockey : “Après une réflexion de quelques semaines et de quelques mois, je me suis dit que j’allais plutôt former les gardiens jeunes et leur montrer l’éthique de travail que je veux installer dans le sport, qui est utile dans tous les sports et tous les métiers. Et puis je vais grandir avec eux. (…) Ma force, ma valeur ajoutée c’est l’exigence du détail et du “bien fait”. Que cela soit au hockey comme à l’école. (…) L’exigence est là : si tu n’as pas une bonne moyenne, tu ne viens pas au Slot ou dans mes stages. Cela se fait naturellement parce que les jeunes adhèrent à cela. L’exigence du détail, la technicité et l’intensité.”

Avec l’expérience, Constantin repense l’approche technique du poste de gardien. “Il y a 5 ans j’ai aussi changé ma façon de voir le hockey. Avant j’étais très technique. Que de la technique mais en fait un peu comme tout le monde. Sur les réseaux sociaux par exemple, ce ne sont que des exercices techniques. Mais ce n’est pas que ça le hockey. Nous faisons le sport le plus rapide du monde, c’est un sport avec des crosses de partout, des joueurs partout et dans des directions différentes. Si tu ne fais que de la technique, le cerveau va être en difficulté dès qu’une crosse va dépasser. Il faut donc changer ça : se mettre dans l’intensité du geste, plus la technicité, plus la prise en compte de l’environnement. L’enseignement a changé : remettre du hockey-sense là-dedans”. Il prône un entraînement intense et réaliste, en lien avec les exigences du haut niveau. “La technique pure est peu importante. Aujourd’hui c’est le reverse, demain cela sera autre chose. Ce qui est important c’est de se relever vite, c’est de se baisser vite. Faire l’arrêt et de se relever de la bonne jambe. Par exemple, lors du dernier match que j’ai suivi à Courchevel, le gardien a fait le mouvement à genoux-debout plus de 90 fois durant la rencontre. Le lendemain en spé gardien, on va travailler des points techniques et il faut qu’il répète les gestes au moins 200 fois pour que cela devienne facile. On a besoin du gardien de la 1e minute à la 60e minute de jeu, je veux des gardiens qui soient des gagnants. Et pour cela, il faut qu’ils soient travailleurs ou ‘contagieux’ comme ils disent au Québec. Ce terme est perçu en France comme négatif. Mais le gardien va être contagieux par son travail, par ses arrêts : la foule va se lever, ses coéquipiers vont le checker. Mais si tu es soft, si tu ne donnes pas d’émotion, ton équipe ne te suis pas”. Sa philosophie repose sur bien plus que la technique :

Être technique, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut amener une identité. La mienne, c’est d’aider les gardiens à aller chercher un objectif. (Franck Constantin)

Ne cessant de se perfectionner, il se lance récemment dans une formation BPJEPS pour mieux comprendre la préparation physique. “Lorsque je prends un gardien en séance, au bout de 10 minutes il est cuit. Ce n’est pas normal. On lui demande d’être performant pendant 60 minutes, donc il y a un problème. Je voulais comprendre pourquoi on ne pousse pas plus les hockeyeurs. » Sa démarche se nourrit aussi de son propre entraînement : “J’ai la chance ultime d’avoir ouvert le Slot. J’ai suis un à deux soirs par semaine. Je mets l’équipement et je cherche à améliorer et surtout à simplifier le rôle du gardien. Aujourd’hui avec les reverse, overlap et autres techniques, le gardien U17 est perdu en technique, parce que ces 5 dernières années et nous coachs de gardiens – et je m’inclus dedans – nous avons trop complexifié le rôle et les techniques. Mon rôle, et je suis là dessus depuis deux ans et demi, c’est de trouver comment simplifier les choses. Je me nourris et je travaille par moi-même. Je mets un miroir, une caméra et je regarde ensuite”.

Son réseau et ses échanges constants avec d’autres entraîneurs, notamment Stéphane Ménard, coach personnel de Marc-André Fleury, enrichissent son travail. « On s’appelle au moins une fois par jour. On parle de gamins de 8-10 ans, de Junior Majeur, de NHL”. Après trois ans avec les équipes de France féminines U18 (entre 2020 et 2023), Constantin décide d’arrêter pour se concentrer sur de nouvelles ambitions. « L’équipe de France prend beaucoup de temps. J’ai arrêté pour avoir du temps pour autre chose, notamment entraîner à l’étranger”. Suivant près de « 600 gardiens dans 4 pays différents » via sa structure Goalievolupro, il reste animé par une passion inaltérable qui le pousse à viser plus haut. « Cette passion me permet de toujours rester motivé”. Son ambition est claire : « Mon but ultime est d’être entraîneur de gardiens en NHL. Si je n’y arrive pas, tant pis, mais je mets tout en œuvre pour y arriver. »

Ronan Quemener : celui qui ne voulait pas devenir entraîneur

La reconversion de Ronan Quemener a débuté à un moment difficile de sa carrière. Alors qu’il évolue à Dornbirn, est licencié en cours de saison : « La reconversion est venue lorsque j’ai été licencié en Autriche. Je venais d’avoir 30 ans (…). Il réalise que la situation des gardiens dans ce championnat est particulière : « Le championnat autrichien est assez particulier pour les gardiens, toutes les saisons au bout de trois mois plusieurs gardiens se font virer. C’est un championnat très offensif, beaucoup de joueurs étrangers. Même les défenseurs préfèrent faire des points que défendre. » Malgré ses efforts, les critiques pleuvent : « J’ai alterné le bon et le moins bon mais on ne retenait que le moins bon. »

Son licenciement en Autriche a été un véritable déclic :

Si j’ai bien compris, lorsque j’ai été viré, ça s’est joué entre le coach et le gardien. Et comme c’est le coach qui a pris la décision….(Ronan Quemener)

Isolé au sein de l’équipe, il ressent un besoin de changement : « La relation avec l’équipe n’a pas été terrible non plus. Beaucoup de Nord-Américains ayant déjà des enfants ou des jeunes Autrichiens. J’étais un peu seul. » C’est à ce moment qu’il décide de reprendre ses études. La prise de conscience est brutale : “Depuis le début de ma carrière, j’essayais de performer de manière à pouvoir monter de niveau à chaque fois. Je me disais que pour la reconversion, je trouverais bien un sponsor sympa dans un club qui me prendrait pour un job. » Mais cette vision optimiste vole en éclats :

J’ai pris une grosse claque. J’étais tout seul et je me suis dit : si ça s’arrête du jour au lendemain, tu n’as rien. (Ronan Quemener)

Il observe alors les parcours des autres joueurs et comprend une leçon essentielle : « Tous les joueurs que j’ai vus préparer leur reconversion tôt ont réussi à atteindre leur but, alors que ceux qui ont poussé leur carrière jusqu’au bout, pour la plupart sont devenus entraîneurs, ce que je ne voulais pas, notamment par rapport aux conditions des entraîneurs en France. Je n’avais pas envie de cette vie pour ma famille. » Déjà sensibilisé à la question des études, il commence à réfléchir à son avenir : « J’avais en tête déjà de postuler à l’école de kiné. Ma compagne m’a aussi poussé à le faire. Loïc Lampérier l’avait fait également. Je me suis mis en relation avec les bonnes personnes ». Reprendre les études après des années de hockey professionnel n’est pas facile : « Le plus dur a été de retourner à l’école et de recommencer à apprendre par cœur, ça n’a pas été simple au début. Mais j’ai terminé mes études. »

Aujourd’hui, il mène une double vie entre le hockey et son métier de kinésithérapeute. Son emploi du temps est bien rempli : « Si on prend une semaine où on ne joue qu’un match dans la semaine, le samedi, je m’entraîne tous les matins sauf le mercredi. Je travaille le lundi matin, le mardi, le jeudi et le vendredi après-midi et le mercredi toute la journée. Je fais 25 à 26 heures de travail par semaine dans un gros cabinet de kinés à Caen. » Malgré cette nouvelle carrière, le hockey reste une passion vivante : « Je ne me donne pas de limites. Le corps va bien, je prends toujours du plaisir, j’adore m’entraîner. Tous les signaux sont au vert, donc tant que le club veut encore de moi. »

Florian Gourdin : entre glace et ingénierie, une double carrière exigeante

2425 marseille gourdin 2
Florian Gourdin (par Anthony Mangeard)

Florian Gourdin ne se limite pas au hockey : en parallèle de sa carrière sur la glace, il poursuit des études en génie biomédical avec des ambitions bien précises : « J’ai deux filières qui m’intéressent. La première serait pour travailler dans les prothèses pour les sportifs. Et la deuxième, ce serait pour travailler dans la biomécanique dans le sport. » Deux domaines complémentaires, entre l’analyse de données et l’innovation technique : « Il y en a un qui est un petit peu plus data-analyse et l’autre qui est un petit peu plus technique et procédés matériaux ». Avec le sourire, il reconnaît que son avenir pourrait bien être lié aux blessures fréquentes des gardiens : « (lorsqu’on lui demande s’il se voit faire des prothèses de hanches pour les gardiens abîmés par les reverses) Voilà exactement. » Suivre un cursus d’ingénieur tout en jouant au hockey de haut niveau est un défi, mais Florian a trouvé un équilibre : « Je rentre en quatrième année, mais ça fait déjà cinq ans que j’y suis. J’ai les horaires aménagés, je fais mes années en deux ans donc il me reste encore trois ans. Je fais ma quatrième année en deux ans. Et ma dernière année qui est un petit peu plus légère en termes de taux horaire donc en un an ‘normal’ comme tout le monde. » Cette organisation lui permet de jongler entre les entraînements et les études. « Globalement, c’est le rythme du hockey. Le matin, je vais à l’entraînement, je sors à midi, je mange. Et puis l’après-midi, soit je vais en cours parce que mon emploi du temps fait que j’ai cours l’après-midi, soit je rattrape les cours qui ont eu lieu le matin. »

Les déplacements sont très fréquents dans une saison de hockey, mais Florian a su s’adapter : « Quand je pars en déplacement, je rattrape les cours également. J’essaie de travailler comme je le peux quand on est sur la route. » Il profite des infrastructures mises à disposition pour optimiser son travail : « Dans le car, je travaille mes cours, on a la chance d’avoir un car à double étage. En bas, il y a une table avec des sièges, je ne suis pas obligé de bosser à ‘l’arrache’ dans mon lit. » Forcément, ce rythme impose des sacrifices :

C’est des sacrifices, j’ai une vie sociale un peu moins active que la plupart des jeunes de mon âge. Je ne passe pas mes après-midi à la plage. Ça m’arrive de bosser jusqu’à 20h/20h30 et je vais dormir. (Florian Gourdin)

Malgré cette double vie exigeante, il peut compter sur le soutien de ses coéquipiers, même si les taquineries ne manquent pas : « Je sais qu’ils aiment bien vanner un peu, mais ça reste gentil. Souvent, c’est une vanne sur le fait que je suis ingénieur du coup et que je suis un peu le ‘gars smart’ de l’équipe. » Le contraste entre ses études et celles de ses coéquipiers amuse tout le monde : « Quand ils passent derrière moi et qu’ils voient mes cours, ils disent ‘ah ça ce n’est pas pour moi’ (sourire). » Mais cette reconnaissance va au-delà des blagues : « Ils sont compréhensifs, il peut arriver que, pour des examens, je ne puisse pas venir à l’entraînement. Ils ne m’en tiennent pas rigueur, au contraire. »

 

V – L’évolution du poste de gardien : entre révolution technique et nouveaux visages en Bleu

Le jeu du chat et de la souris : l’évolution perpétuelle du poste

Le poste de gardien n’a cessé d’évoluer, poussé par une perpétuelle adaptation entre portiers et attaquants. « Le poste de gardien évolue continuellement, que cela soit au niveau technique ou au niveau tactique. Les joueurs s’adaptent aux gardiens et nous devons nous adapter à eux. Dès qu’ils trouvent une solution pour marquer, nous devons trouver une parade, et inversement », explique Quentin Papillon. Ces ajustements constants se traduisent notamment par l’évolution des techniques de jeu au poteau. « On est passé de la position debout au VH, avec une jambe collée au poteau et l’autre à plat, puis au Reverse VH, où c’est la jambe extérieure qui est relevée. Chaque technique a ses défauts », poursuit-il, avant d’évoquer l’overpost, dernière tendance en date : « On joue presque normalement mais avec la jambe extérieure devant le poteau, ce qui permet de couvrir l’espace avec le corps. Cela simplifie les arrêts, mais on perd en appui sur le poteau, ce qui peut poser problème sur un rebond ou un jeu dans l’axe. » Henri-Corentin Buysse résume parfaitement cette dynamique :

C’est le jeu du chat et de la souris. Les gardiens trouvent des techniques, ça marche deux ou trois ans, puis les joueurs s’adaptent, et il faut se réinventer. Sur les douze dernières années, on est passé de debout au VH, au Reverse, et maintenant à l’overpost. Ce sont les gardiens qui sont à l’origine des plus grands changements. (Henri-Corentin Buysse)

La taille fait-elle le gardien ?

2425 po bordeaux papillon 6
Quentin Papillon (par Anthony Mangeard)

La question de la taille revient souvent lorsqu’on parle du poste de gardien de but, dans un sport où le gabarit du dernier rempart semble de plus en plus valorisé ces dernières années. Pourtant, les avis divergent. Quentin Papillon, qui mesure 1m77, reconnaît que cela a pu freiner sa carrière : “Quand je joue, ma taille ne me handicape pas. Mais sur le papier oui, quelqu’un qui ne me connaît pas va s’arrêter sur le fait que je mesure 1m77, et ça bloque pour jouer à l’étranger. On verra dans le futur. Je viens de faire de bons championnats du Monde [note : entretien réalisé en octobre 2024]. Si cette année je réédite de bonnes performances peut-être que des portes s’ouvriront. Mais je pense que par le passé ça m’a coûté, pas au niveau de mon jeu mais plutôt au niveau des opportunités qui auraient pu se présenter”. Un constat partagé par Franck Constantin, pour qui “Physiquement il faut atteindre très haut, sinon on prend un gardien plus grand. En France, à moins d’1m80 tu ne joueras pas, et c’est pareil dans le monde entier. Parce qu’il y a d’autres gardiens similaires, de même niveau qui font juste 10 cm de plus et qui couvrent mieux la cage. (…)”. Pourtant, les qualités intrinsèques et l’éthique de travail restent essentielles : “Tu peux compenser par l’explosivité, l’intelligence de jeu et l’extrême physique (…) dans n’importe quel sport tu as 30% de talentueux et 70% de travailleurs. Si tu n’es que talentueux il te manque quelque chose” , insiste-t-il.

Henri-Corentin Buysse souligne d’ailleurs les qualités spécifiques du gardien de l’équipe de France tout en se montrant circonspect quant au “culte de la taille” : “Je suis mitigé. Pour moi Pap’s paraît plus large qu’il ne l’est en plus il a un telle facilité à suivre le palet, à lire le jeu. Trop grand il y a une limite. Lucas Mugnier est une exception, c’est rare d’avoir un gardien aussi mobile qui fait 1m96. Pour moi la bonne taille est située entre 1m85 et 1m92”. Pour Florian Hardy, cette évolution s’inscrit dans une tendance générale :

D’une manière générale, tous les gardiens de but, et pas seulement au hockey-sur-glace, ont tendance à être plus grands. Le jeu va de plus en plus vite et plus le gardien est grand et plus il aura de chance de toucher le projectile (ballon de foot, de hand, un palet) qui va lui être envoyé. L’évolution est naturelle, tous les athlètes sont de plus en plus grands. (Florian Hardy)

“Je pense qu’il faut dissocier ce qui se passe en Amérique du Nord de ce qui se passe en Europe. En Amérique du Nord, le jeu va tellement vite qu’il y a une plus-value d’être plus grand. En Europe c’est un peu moins vrai”. Il tempère l’importance absolue du gabarit : “Les grands gardiens ont des qualités et des faiblesses qui sont l’inverse des plus petits gardiens : ceux-ci sont plus rapides, ont un meilleur contrôle de leur corps, patinent mieux, ont des mains plus rapides. La difficulté est de trouver des grands gardiens qui sont coordonnés, qui sont de bons patineurs avec une bonne vision de jeu de bonnes mains. Je pense que si aujourd’hui on considère qu’un gardien est grand à partir d’1m90, d’ici 10 ans, cela deviendra une normalité de faire 1m90, ensuite cela devrait se stabiliser. Par contre il y a une limite, au-delà de 2 mètres cela ne fonctionne plus, en termes de coordination, cela devient difficile de contrôler son corps. La taille optimale se situe entre 1m85 et 1m95”.

2425 chamonix mugnier 5
Lucas Mugnier (par Anthony Mangeard)

Officiellement listé à 1m96, Lucas Mugnier est d’ailleurs conscient des avantages et des inconvénients que lui procure son gabarit : “En général, les gardiens sont grands. Mais Papillon est actuellement le meilleur gardien français et pourtant il n’est pas grand. Je ne suis pas sûr que la taille importe tant que ça. Oui je suis grand, mais j’ai plus de mal que d’autres à être technique dans les petits espaces. Je suis un peu moins mobile. Chaque type de gardien a ses avantages et ses inconvénients. Chaque gardien doit faire avec ses forces. À Chamonix nous avions Richard Sabol il y a quelques années, il faisait 1m80 et pourtant il était très fort. Je travaille beaucoup sur ma vitesse pour compenser le manque d’agilité par ma taille”. Florian Hardy abonde d’ailleurs sur l’effet de mode des grands gardiens : “ll y a des entraîneurs qui sont très sensibles à la taille des gardiens, parce que c’est la mode. Si la meilleure équipe du monde joue avec un grand gardien, pourquoi les autres ne feraient pas pareil ? C’est un peu la même chose que les systèmes de jeu. On veut toujours imiter les meilleurs”.

Antoine Keller et Martin Neckar, l’avenir en Bleu

Responsable des gardiens au sein de la Fédération, Florian Hardy est un observateur privilégié quant à l’avenir du poste sous la maillot tricolore “Nous avons de bons gardiens qui arrivent et nous optimistes sur l’avenir du poste dans les années à venir”. Ce futur porte notamment les noms d’Antoine Keller et de Martin Neckar.

kellerantoine2
Antoine Keller

Concernant Keller, l’ancien Angevin déclare: “J’ai commencé ma collaboration avec Antoine il y a deux ans, avec l’Équipe de France U20. On a fait deux Championnats du Monde ensemble. Il a intégré senior cet été. Il a su saisir les opportunités. Il est parti jeune en Suisse, il a travaillé avec Sébastien Beaulieu et il s’est professionnalisé. Il a travaillé très fort pour en arriver là où il est. Il a un mental d’acier, c’est un gros travailleur, il a de grandes qualités de patinage et il a le physique. Il a mis toutes ces qualités à profit, il a eu les bonnes opportunités aussi. Drafté NHL, aller jouer en Junior Majeur alors qu’il ne jouait qu’en U20 Élite à Genève et qu’il n’avait pas fait de regroupement avec l’équipe de France séniors. C’est allé assez vite pour lui. Il a beaucoup appris en Junior Majeur, notamment dans le jeu nord-américain et la mentalité nord-américaine. Il a encore une belle opportunité avec Lausanne, il ne pouvait pas jouer en AHL parce qu’il n’a pas encore 20 ans. C’est une belle opportunité, il est avec Cristo. Ça nous permet d’avoir des liens directs pour suivre son développement. C’est un vrai prospect pour l’équipe de France. Il va falloir qu’il s’installe dans le hockey senior mais ce cap n’est pas simple à franchir”. Après un bon début de saison, Keller aura ensuite perdu la confiance du coaching staff et n’aura été utilisé au final qu’avec parcimonie (13 matchs de saison régulière avec Lausanne, 2 matchs en prêt en Swiss League avec La Chaux-de-Fonds et aucune entrée en playoffs). Malgré un contrat valable encore 1 an, l’avenir de Keller s’écrira loin de la capitale olympique, probablement en Amérique du Nord.

2025 04 26 fra nor La première parade majeure de Martin Neckar
Martin Neckar (par Emmanuel Giraudeaux)

Quant à Martin Neckar : “C’est aussi un gros prospect. Avec un peu le même parcours que Antoine : tous deux dijonnais, tous deux partis jeunes en Suisse. Il a été intégré plusieurs fois à des regroupements seniors. Nous sommes très contents de son travail, de sa façon de travailler et de sa façon d’être. Il a beaucoup de talent. Lui aussi va devoir passer le cap du hockey senior et de jouer avec des adultes. Il est également bien encadré dans son club“. Placé en couveuse à Coire en Swiss League par son club de Langnau, il aura été le gardien le plus utilisé par le club grisons en saison régulière (15 matchs, 2,54 buts encaissés en moyenne et 92,0% d’arrêts) et en séries (3 matchs).

Conclusion

Ainsi s’achève cette série sur les gardiens de but. Le masque peut tomber, mais leurs histoires ne s’arrêtent jamais. Le poste continue de se réinventer — et avec lui, ceux qui le défendent. Ces récits ne sont qu’un instantané, appelés à s’enrichir de nouvelles voix au fil du temps.

 

Dédicace : Cette collection d’articles est dédiée à Renan – mon petit gardien préféré – ainsi qu’à tous les jeunes gardiens et gardiennes de France et d’ailleurs. Puissent ces récits nourrir vos rêves et votre passion. Continuez de rêver, de vous battre, et de croire en vous – casque ou non sur la tête.

Illustration de couverture : montage réalisé à partir de photos de Mark Holdefehr, Anthony Mangeard, Pascal Enault et Nini Calimoutou.

Entretiens réalisés par l’auteur en octobre et novembre 2024.

Remerciements : l’auteur tient à remercier chaleureusement tous les gardiens qui lui ont accordé de leur temps et fait preuve d’une grande sincérité lors des entretiens, Sébastien Bernard pour ses précieuses mises en relation, l’équipe de Hockey Archives pour son soutien, ainsi que les photographes pour leurs illustrations.

Merci également à toutes celles et ceux qui ont lu, liké, partagé, ou commenté ces articles. Vos retours, votre enthousiasme et vos encouragements ont donné vie à cette série bien au-delà de mes espérances. À bientôt, peut-être, pour d’autres histoires de hockey. Nicolas.

👉 Les épisodes précédents, à lire ou à relire ️👈️

1️⃣ Épisode I : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets

2️⃣ Épisode II – Responsabilité, pression et introspection : au cœur de la position de gardien

3️⃣ Épisode III – Rivaux et coéquipiers : la dynamique de la concurrence chez les gardiens de but

Tags: Aigles de NiceAnglet Hormadi Pays BasqueBoxers de BordeauxCaenDragons de RouenFrance (équipe de)Jokers de Cergy-PontoiseLyonPionniers de ChamonixQuentin PapillonSpartiates de Marseille
Article précédent

Transferts d’intersaison : le point sur la période du 20 au 26 mai

Article suivant

Anecdotes du mois de mai 2025

Nicolas Puccio

Nicolas Puccio

Nicolas est rédacteur pour 🏒 HockeyArchives depuis 2021. Passionné par le hockey sur glace, il découvre ce sport en Suisse, à Genève et Lausanne, avant de chausser lui-même les patins à l’âge de 40 ans. Suiveur attentif du hockey suisse 🇨🇭 et de l’équipe de Lyon 🦁, il contribue régulièrement à la couverture des championnats et à l’enrichissement du contenu éditorial du site. Son objectif : transmettre sa passion tout en apportant une information fiable, précise et documentée aux amateurs de hockey. Twitter : @LinusPacoOcci

Voir aussi : Articles

2025 09 27 valenciennes fv paris
Général France

Valenciennes – Français Volants (Coupe de France, 1er tour)

En début d’année, les Diables Rouges avaient eu l’occasion de rendre visite aux Bisons de Neuilly sur la glace du Coliseum, bien connue de leurs jeunes pousses. Cette saison, ils entament les matchs officiels par...

par Mathieu Hernaz
28 septembre 2025
morzine avoriaz vs hcmp
Général France

Coupe de France : la présaison, c’est du bidon !

En dehors de la Ligue Magnus, c'est la Coupe de France qui lance la compétition officielle, avant les championnats des différentes divisions. Retour sur ce samedi soir de reprise en classant les oppositions par division....

par Marc Branchu
28 septembre 2025
2025 09 20 mulhouse dijon6
Général France

Mulhouse – Dijon (match amical)

Si la saison régulière a déjà bien commencé en élite, nous n’en sommes encore qu’aux rencontres préparatoires pour le restant et notamment au troisième échelon. La partie de ce soir opposait les Scorpions mulhousiens, derniers...

par Stéphane Rault
22 septembre 2025
Article suivant
2025 05 25 sui usa4

Anecdotes du mois de mai 2025

dsc 9846a

Analyse des championnats du monde 2025, avec les comparaisons qui font mal

Transferts hockey 2025 2026

Transferts d'intersaison : le point sur la période du 27 mai au 2 juin

etoiles d2 bandeau

Les étoiles Hockey Archives de la saison 2024-2025 de Division 2

nhl 2025 stanley cup playoffs logo 1

Edmonton s'empare de la première manche

Nos derniers articles !

vignette iihf

Les petites révolutions de l’IIHF

7 octobre 2025
compiegne2025 varin

Colmar – Compiègne (Division 3, 1re journée)

6 octobre 2025
2025 10 04 wasquehal metz 2

Wasquehal – Metz (Division 3, 1re journée)

5 octobre 2025

Articles les plus lus (J-30)

  • 2526 rouen carruth 1

    L’évaluation des clubs de Ligue Magnus 2025/26

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Présentation des clubs de Ligue Magnus 2025/26 (VIII) : Angers

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Record de Français dans l’équipe-type de Ligue Magnus de septembre 2025

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Résultats NHL de la nuit du 14 octobre

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Rouen – Ilves Tampere (CHL, 5e journée)

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Transferts Hockey saison 2025/2026

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Présentation des clubs de Ligue Magnus 2025/26 (X) : Nice

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Anecdotes, citations et vidéos de septembre 2025

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Coupe de France : la présaison, c’est du bidon !

    0 partages
    partage 0 Tweet 0
  • Stéphane Da Costa et Pierrick Dubé, performants loin de l’équipe de France

    0 partages
    partage 0 Tweet 0

Réseaux sociaux

  • 6.5k Fans
  • 914 Followers
  • Contactez nous
  • Qui sommes nous ?
  • Forum de discussion
HOCKEYARCHIVES
Mastodon

© 2022 - Hockeyarchives. Partagez sans limite nos articles ! Citez nous, parlez de nous ! :)
Notre logo a été conçu et réalisé par le talentueux Sébastien Jarry // LE DESIGN SPORTING CLUB //

Content de vous revoir :)

Connectez vous ici

Mot de passe oublié ?

Retrouver son mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse électronique pour réinitialiser votre mot de passe.

Se connecter
Pas de résultat
Voir tous les résultats
  • Accueil
    • hockeyarchives.info
  • Ligue Magnus
  • Autres championnats – France
  • International
  • Europe
  • NHL

© 2022 - Hockeyarchives. Partagez sans limite nos articles ! Citez nous, parlez de nous ! :)
Notre logo a été conçu et réalisé par le talentueux Sébastien Jarry // LE DESIGN SPORTING CLUB //