
Il suffit d’écouter les Slovaques pour comprendre que le statut de l’équipe de France a changé. Leur entraîneur tchèque Vladimir Vujtek s’inquiète d’une contre-performance qui pourrait conditionner la suite. Il a longtemps espéré recevoir le renfort de Marian Gaborik, mais la mauvaise nouvelle est tombée mercredi soir : l’examen médical pratiqué sur le fulgurant ailier a prescrit une opération des muscles abdominaux.
Les principales craintes exprimées par Vujtek concernent surtout ses défenseurs, privés de plusieurs cadres. Il doute de leur mental et de leur capacité à gérer la pression. La situation est similaire pour l’équipe de France, surtout depuis le forfait d’Amar : Antonin Manavian et Jonathan Janil gagnent en responsabilité et se retrouvent à jouer des rôles importants.

Cette action déclenche une série d’allers-retours d’une cage à l’autre. Et tiens, voilà ce que craignait Vujtek : Marek Daloga, le débutant de la défense slovaque, intercepte mal un palet aérien et laisse Charles Bertrand partir seul à la cage. Mais le gardien expérimenté Rastislav Stana tient bon, et la Slovaquie repart dans l’autre sens à 3 contre 2. Tomas Zaborsky décale côté gauche Michel Miklik qui marque d’un tir croisé en lucarne (0-1). L’emballement du jeu n’aura pas servi les intérêts tricolores.
Malgré ce but, il est indéniable que la France réalise un bon premier tiers-temps. Elle est conquérante et remporte la grande majorité de ses duels. Elle tue sans peine une pénalité de Meunier, et se procure deux très belles occasions. D’abord, un tir de Bellemare dévié de justesse par l’épaule de Stana. Puis, un exploit individuel de Charles Bertrand qui se débarrasse de Bliznak en 1 contre 1 le long de la bande et se dirige vers la cage pour deux tirs repoussés par la jambière de Stana… Aussitôt, la Slovaquie part à 3 contre 2.

La France commence donc le deuxième tiers-temps en infériorité, et sur une nouvelle attaque rapide, Zaborsky met le feu devant la cage jusqu’à ce que Cristobal Huet parvienne à geler le palet. La première pénalité slovaque arrive peu après, quand Branislav Mezei retient la crosse de Brian Henderson pendant un tour de cage d’Antoine Roussel. Entrée en matière ratée pour le jeu de puissance français : le premier bloc est trop statique, et le second ne s’installe même pas.
Au retour au complet, la quatrième ligne française est prise à revers et Peter Olvecky double la mise sur un rebond (0-2). Les offensives slovaques vont trop vite, et même si Yorick Treille tir sur le poteau après un centre au second poteau de Julien Desrosiers, la domination est clairement slovaque. Les transitions rapides des hommes de Vujtek sont mortelles. Tomas Zaborsky fonce au but deux fois plus vite que Vincent Bachet et dévie entre les bottes du gardien le centre de Roman Kukumberg (0-3). Charles Bertrand se fait voler le palet dans sa zone par Miroslav Satan, et c’est Cristobal Huet qui évite la débâcle en captant de la mitaine le revers du capitaine slovaque.

La troisième période commence très mal pour les tricolores. Ils sont certes sauvés par le poteau sur un tir en angle de Miroslav Satan. Mais alors que Huet capte de la mitaine un tir de Miklik, la crosse de Henderson toiuche le visage de Zaborsky en l’écartant de la zone du gardien : 2’+2′. Double pénalité mineure… et double dose de buts. Branko Radiojevic échappe discrètement au marquage de Kevin Hecquefeuille et reprend la passe de derrière la cage de Kopecky, puis Miroslav Satan, du cercle droit, ajuste un slap à mi-hauteur (0-5). L’addition est très salée.
La Slovaquie a la victoire assurée et se relâche. Il n’y a plus aucun joueur devant la cage sur le centre de Tim Bozon, après un bon travail de conquête dans la bande de Charles Bertrand. Tout seul face au but, Damien Raux marque du revers dans le haut du filet (1-5). Une récompense pour Raux, qui a commencé le match comme treizième attaquant et qui est entré en jeu un après la mi-match à la place de Guttig, mais aussi pour Tim Bozon, le fils de Philippe (et petit-fils d’Alain), qui inscrit un point pour son premier match en équipe de France. Notons que Dave Henderson a modifié ses lignes pour ce troisième tiers : Bozon-Raux-Bertrand et Da Costa-Roussel-Henderson.

La France avait souvent du mal à se mettre dans le rythme dans les compétitions internationales, cela n’a pas été le cas aujourd’hui. Les mauvais soirs de la préparation n’étaient plus qu’un souvenir, et elle s’est montrée immédiatement au niveau des années précédentes, avec le même entrain et la même prééminence dans les duels. Mais elle a aussi connu son « creux » trop habituel de la deuxième période, quand les bancs sont éloignés et que la fatigue commence à gagner. Elle n’a jamais vraiment su maîtriser les contre-attaques de la Slovaquie, qui la prenaient toujours de vitesse pour arriver en surnombre en zone offensive. L’apprentissage a été fatal à la quatrième ligne prévue (Guttig – Da Costa – Bozon) dont la durée de vie n’aura pas excédé trente minutes, et trois buts encaissés. Le jeu de puissance a aussi déçu, avec les imprécisions de Besch à la bleue, et on espère que le but de Fleury à 5 contre 4 sera un déclic avant le match-clé contre l’Autriche.
La Slovaquie, elle, a su lever ses doutes. Le premier match tant attendu en championnat du monde de Tomas Zaborsky a été une vraie réussite. L’ancien buteur-vedette de SM-liiga, qui joue aujourd’hui à Omsk en Sibérie, a été décisif offensivement pour son grand retour sur le sol finlandais.
Désignés joueurs du match : Damien Fleury pour la France et Tomas Zaborsky pour la Slovaquie.

Vladimir Vujtek (entraîneur de la Slovaquie) : « Les Français nous ont surpris et nous ont ennuyé au premier tiers-temps en pressant. Ils ont été très actifs mais heureusement nous marquons. Ensuite, je pense que nous étions meilleurs en deuxième période, même si la France a joué un bon match offensif. »
Cristobal Huet (gardien de la France) : « On a eu des bonnes séquences mais on a fait en même temps des erreurs qui ne pardonnent pas face à des équipes comme ça. On leur a posé des problèmes en zone offensive, et en même temps, c’est ce qui a permis des contre-attaques, face à une équipe expérimentée. »
Damien Raux (attaquant de la France) : « On s’attendait à un match plus serré. On n’a pas très bien joué, surtout défensivement. Offensivement on a eu des occasions franches, mais défensivement ce n’était pas du tout notre jeu. Tim fait un bon travail dans le coin et me fait la passe. Je suis un peu dos à la cage alors j’essaye du revers. Ça rentre pleine lucarne, tant mieux. »
Dave Henderson (entraîneur de la France) : « À 2-0, on a voulu trop forcer l’issue et les contres nous ont fait mal. Notre jeu, c’est le jeu nord-sud, mais on s’est trop exposé aux interceptions et aux contres. L’espace entre les attaquants et les défenseurs devenait trop grand. Il faut qu’on revienne à notre jeu. Ceci dit, l’année passée on a perdu un peu sur le même score contre les Américains au premier match. À chaque fois qu’on rentre dans un grand tournoi, on veut bien faire et on oublie notre identité. On verra demain comment réajuster les blocs pour être plus performants. Parmi les points positifs à retenir, Damien Fleury a fait un très bon match. On a placé de bonnes occasions en début de match, mais c’est difficile d’avoir de la satisfaction aujourd’hui, dans l’ensemble l’amertume est le sentiment qui prédomine. Les Slovaques méritent leur victoire, à nous de revenir à notre jeu. »
France – Slovaquie 2-6 (0-1, 0-2, 2-3)
Vendredi 3 mai 2013 à 15h15 à la Hartwall Arena de Helsinki. 6966 spectateurs.
Arbitrage de Brent Reiber (SUI) et Derek Zalaski (CAN) assistés de Jon Kilian (NOR) et Jesse Wilmot (CAN).
Pénalités : France 8′ (4′, 0′, 4′), Slovaquie 8′ (0′, 4′, 4′).
Tirs : France 26 (7, 8, 11), Slovaquie 37 (10, 14, 6+7).
Évolution du score :
0-1 à 08’28 » : Miklik assisté de Zaborsky
0-2 à 25’27 » : Olvecky assisté de Daloga
0-3 à 28’34 » : Zaborsky assisté de Kukumberg
0-4 à 43’50 » : Radivojevic assisté de Kopecky et Bliznak (sup. num.)
0-5 à 44’40 » : Satan assisté de Hudacek et Jurcina (sup. num.)
1-5 à 45’32 » : Raux assisté de Bozon et Bertrand
2-5 à 51’58 » : Fleury assisté de Bellemare et Treille (sup. num.)
2-6 à 58’57 » : Hudacek assisté de Sekera et Kukumberg
France
Gardien : Cristobal Huet puis Fabrice Lhenry à 45’32 ».
Défenseurs : Yohann Auvitu (-2) – Antonin Manavian (-2) ; Vincent Bachet (-1) – Kévin Hecquefeuille (-1) ; Jonathan Janil – Nicolas Besch (2′).
Attaquants : Julien Desrosiers – Laurent Meunier (C, 2′) – Yorick Treille ; Damien Fleury – Pierre-Édouard Bellemare – Sacha Treille ; Brian Henderson (-1, 4′) – Antoine Roussel (-1) – Charles Bertrand (+1) ; Anthony Guttig (-3) puis à 31’40 » Damien Raux (+1) – Teddy Da Costa (-4) – Tim Bozon (-2).
Remplaçant : Maxime Moisand.
Slovaquie
Gardien : Rastislav Stana.
Défenseurs : Andrej Sekera (2′) – Branislav Mezei (4′) ; Marek Daloga (+2) – Michal Sersen (+2) ; René Vydarený (+2) – Milan Jurcina (+1).
Attaquants : Tomáš Kopecký – Mário Bližnák – Branko Radivojevic ; Libor Hudácek (+1) – Jozef Stümpel – Miroslav Šatan (C, +1) ; Tomáš Záborský (+1) – Roman Kukumberg (+2) – Michel Miklík (+1, 2′) ; Tomáš Surový (+1) – Peter Ölvecký (+1) – Martin Bartek (+1).
Remplaçants : Jaroslav Janus (G), Vladimír Mihálik.









































