La surprise qui pendait au nez

Même choix au sein de la Slovénie où Robert Kristan est confirmé, plutôt que de lancer dans le grand bain olympique le tout jeune Gračnar. Il est vrai que Kristan joue à Nitra en Extraliga slovaque, mais c’est anecdotique car paradoxalement aucun joueur slovaque n’évolue dans ce championnat. Le seul, c’était Marčinko, et il a une jambe dans le plâtre.
La Slovénie confirme ses dernières performances internationales, et fait jeu égal avec cet adversaire bien plus prestigieux. Une fois de plus, une ligne se crée les meilleures occasions : pas celle d’Anže Kopitar, qui paraît toujours jouer tout seul même s’il se démène, mais bien sûr l’éternel trio Jeglic-Ticar-Sabolic. Il draine la première pénalité slovaque, quand Rok Ticar centre au second poteau pour Robert Sabolic, accroché par Marinčin. Une supériorité numérique qui ne donne rien.

Le trio Tatar-Ölvecký-Jurco, improvisé après la blessure de Kopecký, signe de loin la meilleure présence slovaque à deux minutes de la fin de la période. Mais après le changement de ligne, Surový fait bêtement trébucher Sabolic en zone offensive. La Slovénie finit le tiers-temps en avantage numérique, et le tir en angle de Ticar à deux secondes de la fin rebondit sur le poteau et retombe derrière Halak.
La Slovaquie démarre mieux en deuxième période. Surový, sur une passe transversale de Pánik en contre-attaque, oblige ainsi Kristian à un arrêt de la jambière. On s’attend à ce que cette bonne phase des blancs se concrétise quand Kopitar retient Panik, une faute inutile. C’est tout le contraire : le lancer de Chara est contré, les blancs commettent un hors-jeu en essayant de retourner à l’offensive, et la meilleure occasion de cette pénalité est pour Tatar en contre-attaque. Jaroslav Halak doit encore s’employer face à un tir d’Anže Kopitar sur la première séquence installée de sa ligne, de plus en plus dangereuse au cours de ce deuxième tiers-temps.

Aleš Kranjc accroche Marian Hossa devant la cage slovaque, puis Blaž Gregorc garde le palet dans sa main quelques secondes derrière son but : ces deux pénalités enchaînées obligent la Slovénie à finir le tiers en infériorité numérique. Dans les dernières secondes, Tomáš Surový a la chance de recevoir le palet seul devant la cage, mais son revers rate le cadre…
Faute d’avoir utilisé ce long passage à un homme de plus, la Slovaquie le paye au début du troisième tiers-temps. Žiga Jeglič se retrouve seul devant le but, sans conclure du revers. Andrej Meszároš évacue la frustration de son mauvais placement par une charge avec la crosse sur la tête de Rok Tičar. Pendant la supériorité numérique, la Slovénie a d’abord une énorme occasion avec un rebond en cage ouverte de Kopitar et un poteau. Žiga Jeglič sort le palet de derrière la cage, Rok Tičar contrôle du patin et tire du revers entre les jambières de Halak (0-1, 43’23 »).
La Slovaquie paraît sans réaction. Un palet contré arrivant de l’arrière de la cage passe entre les jambières du capitaine slovaque Zdeno Chara et est repris par le capitaine et porte-drapeau slovène Tomaž Razingar, tout un symbole (0-2, 48’59 »).

Žiga Pavlin accroche Milan Bartovič, mais même cette dernière chance, qui en serait une s’il restait encore la moindre goutte de confiance sur le banc slovaque, est gâchée par une crosse de Tatar au visage de Robar. Quant à la pénalité de Tavželj, qui accroche Marinčin, elle ne fait que priver Kristan de blanchissage : la Slovaquie attaque enfin comme elle auraît dû le faire plus tôt et Tomáš Jurčo transforme une passe de derrière la cage de Tomáš Zaborský (1-3, 59’42 »). Mais cette réaction d’orgueil est bien trop tardive pour changer quoi que ce soit à l’exploit réussi par la Slovénie.
Ce succès est-il vraiment si inattendu ? Pour quiconque a vu les jouer les Slovènes lors de la qualification olympique puis aux derniers championnats du monde, non. L’exploit chauffait, et avait failli se produire contre le Canada. Il suffisait qu’un adversaire manque de hargne et de confiance, et il chuterait sûrement contre cette équipe pleine d’énergie et d’enthousiasme. Voilà la grande victoire que le petit pays aux 148 licenciés en senior attendait : le plus beau est qu’elle arrive aux Jeux olympiques !
La Slovaquie a manqué d’un leader dans le jeu, mais aussi d’un leader moral. Et de ce point de vue, l’absence de – décision de l’entraîneur Vůjtek et/ou du capitaine Chara – va encore faire de grands débats. Préparez-vous à une tempête médiatique dans tout le pays ! Pour le moment, le coach tient, et il a même déjà confirmé un Halak chancelant pour le prochain match, en réclamant un temps d’adaptation.
Commentaires d’après-match
Andrej Sekera (défenseur de la Slovaquie) : « Les Slovènes ont bien défendu, nous avons fait des passes à l’extérieur. Pour pousser à l’intérieur, il n’y avait personne. Ils patinaient bien, ils savaient presser. Toutes les équipes savent jouer au hockey, après le top-4 ou le top-5, c’est équilibré et tout le monde peut battre tout le monde. Personne n’est heureux dans le vestiaire. Demain est un autre jour. »
Peter Ölvecký (attaquant de la Slovaquie) : « Bien sûr, c’est une défaite palpable pour nous. Nous avons perdu notre second centre en deux rencontres. De telles choses, cependant, peuvent cimenter l’équipe et je crois que cela nous aidera à mieux jouer dans les prochaines rencontres. Les Slovènes étaient bien préparés, ils ont joué la contre-attaque à partir d’une défense sûre. Le premier but a décidé du match, nous avons été complètement brisés. Demain, nous avons un match important contre la Russie, mais ce tournoi est sympa, même si nous perdons trois fois, nous sommes toujours en jeu. Le plus important est le huitième de finale que nous devons préparer. Si nous le gagnons, nous pouvons aller loin. »
Anže Kopitar (attaquant de la Slovénie) : « Ce n’est pas souvent qu’un pays comme le nôtre peut célébrer une victoire sur les Slovaques, qui ont été champions du monde et qui ont terminé quatrièmes il y a quatre ans à Vancouver. Nous sommes déjà entrés dans l’histoire en nous qualifiant. Maintenant, cette première victoire est une sensation exceptionnelle. Nous avons pris place sur la carte du hockey. Nous sommes heureux de vivre cette histoire, difficile à croire. Pendant tout le match, nous avons répété que nous devions être patients et appliquer les tactiques. Déjà, avant le premier but, nous avions eu des occasions, il nous a manqué quelques centimètres. Je pense que nous avions déjà grandement dominé la deuxième période. »
Slovaquie – Slovénie 1-3 (0-0, 0-0, 1-3)
Samedi 15 février 2014 à 09h00 au palais des glaces Bolshoï de Sotchi. 7438 spectateurs.
Arbitrage de Konstantin Olenin (RUS) et Tim Peel (USA) assistés de Derek Amell (CAN) et Ivan Dedioulia (BLR).
Pénalités : Slovaquie 8′ (4′, 0′, 4′), Slovénie 10′ (0′, 6′, 4′).
Tirs : Slovaquie 28 (10, 9, 9), Slovénie 31 (11, 8, 12).
Évolution du score :
0-1 à 43’23 » : Tičar assisté de Jeglič et Sabolič (sup. num.)
0-2 à 48’59 » : Razingar assisté d’Urbas et M. Rodman
0-3 à 49’22 » : Kopitar assisté de Mursak
1-3 à 59’42 » : Jurčo assisté de Zaborský et Chara (sup. num.)
Slovaquie
Gardien : Jaroslav Halak.
Défenseurs : Tomáš Starosta (-1) – Zdeno Chára (C, -1) ; Ivan Baranka – Andrej Meszároš (2′) ; Martin Marinčin (-1, 2′) – Andrej Sekera (-1).
Attaquants : Tomáš Zaborský – Michal Handzuš (A, -1) – Marián Hossa (A, -1) ; Tomáš Tatar (-1, 2′) – Tomáš Kopecký [puis à 12′ Ölvecký] – Tomáš Jurčo ; Milan Bartovič (-1) – Tomáš Surový (-1, 2′) – Richard Pánik ; Marcel Hossa – Peter Ölvecký puis à 12′ Michel Miklík (-1) – Branko Radivojevič.
Remplaçants : Peter Budaj (G), Milan Jurčina. En réserve : Ján Laco (G), Rene Vydarený, Tomáš Marčinko (ligaments).
Slovénie
Gardien : Robert Kristan.
Défenseurs : Sabahudin Kovačević (+1) – Aleš Kranjc (+1, 2′) ; Blaž Gregorc (2′) – Mitja Robar ; Matic Podlipnik – Žiga Pavlin (+1) ; Klemen Pretnar – Andrej Tavželj (+1).
Attaquants : David Rodman (+1) – Anže Kopitar (A, +1, 2′) – Jan Muršak (+1) ; Robert Sabolič – Rok Tičar – Žiga Jeglič ; Tomaž Razingar (C, +1) – Marcel Rodman (A, +1) – Jan Urbas (+1) ; Boštjan Goličič – Aleš Mušič – Žiga Pance.
Remplaçant : Luka Gračnar (G). En réserve : Andrej Hočevar (G), Miha Verlič, Anže Kuralt.







































