Prises par leur célébration sur la glace, les joueuses de l’équipe de France et l’entraîneur Grégory Tarlé on accepté de nous consacrer quelques instants à l’issue de ce France-Norvège décisif : médaille d’or et montée en élite.
Estelle Duvin (attaquante de l’équipe de France) : « On ne pouvait pas mieux finir ! On a vraiment fait un bon match. On a montré que nos jeunes joueuses avaient du talent. Il fallait montrer plus d’émotion pour retrouver notre niveau, et nous l’avons fait ce soir. »
Athéna Locatelli (défenseure de l’équipe de France) : « Là, je suis juste épuisée. Entre l’enchainement des matchs en Finlande, l’arrivée lundi midi puis quatre matchs… Je suis vraiment contente de finir comme cela. Il y avait un public de fou. Nous voulions vraiment remettre les Bleues en élite et que toute une génération parte ensemble. Je vais faire une saison de plus en club, mais il est temps de tourner la page. Et c’est très bien de finir commeça. Je vais rester en Finlande pour le travail et voir comment cela évolue. Mais d’abord, bien me reposer, rester tranquille… Là, j’arrive à la fin. »
Betty Jouanny (attaquante de l’équipe de France) : « Non, moi je ne pars pas à la retraite ! J’ai 30 ans et il y a quinze ans, c’était moi le bébé de l’équipe de France. Et maintenant, je suis la maman de ce groupe avec Lore… La médaille d’argent aurait été un échec, nous voulions finir sur une bonne note. Maintenant, il va falloir donner de l’expérience à la nouvelle génération. L’objectif est de rester en élite bien sûr. C’est très important pour le ranking IIHF, qui nous permettrait d’organiser un TQO ou avoir plus de chances de jouer les Jeux olympiques s’ils sont étendus à douze équipes. Nous n’avions pas encore fait le match parfait cette semaine, et nous l’avons fait ce soir. Nous avons fait le dos rond pendant huit minutes, en restant soudées, avant de faire la différence. Notre jeu défensif a suivi les consignes du coach. Il fallait jouer crosse à crosse et nous les avons bien gênées. Le score reflète donc le match. »
Grégory Tarlé (entraineur de l’équipe de France) : « Je suis bien sûr amplement satisfait ! Nous avons allié le résultat et la manière. Parfois vous avez le résultat sans la manière, parfois la manière sans le résultat… et là, il y a les deux. C’était une belle équipe de Norvège mais nous avons été meilleurs dans le jeu. Notre expérience du championnat du monde a fait que nous avons su marquer au bon moment, pour prendre le momentum. Nous avons fait notre meilleur match de la semaine sur la finale. Toutes les joueuses ont répondu présentes dans leur mission. Et ce public… toute la semaine nous entendions des records d’affluence. Le public a suivi, c’était très agréable à vivre y compris jusque sur la glace.
Nous avons un peu subi au troisième tiers, mais avec trois buts de retard la Norvège n’avait pas le choix, c’était normal. On savait que même si nous prenions un but, il nous en resterait deux d’avance pour remettre le momentum en notre faveur. Le but en supériorité a tué le match. Au final, c’est toute l’histoire de ce Championnat du monde. Nous avons parfois été poussifs, mais nous avons toujours su réagir au bon moment grâce à l’expérience des joueuses. C’est le résultat de notre vivre ensemble depuis quatre ans, de l’intégration de jeunes de talent, et des choix forts que nous avons fait cette saison. Nous pensions que nos choix amélioraient l’équipe et ça a payé.
Là, il y a huit départs, et c’est la vie d’une équipe, de l’équipe de France, cette reconstruction permanente. Et nous voulions être en élite pour cette reconstruction pour l’expérience. Dans tous les cas, il y aura un avant et un après 2022.
[Certaines joueuses peuvent-elles changer d’avis ?] C’est leur choix, nous en avons discuté avec elles bien sûr et les portes ne sont jamais fermées. Mais elles ont décidé ensemble d’arrêter, et terminer sur cette fête formidable.
[Il y a eu des changements de ligne marquants pour ce match…] C’est le sport de haut niveau : faire des choix difficiles. Ce n’est pas toujours facile à vivre pour les joueuses mais elles ont répondu présentes.
[C’est ce que vous aviez imaginé, cette fête ?] Pour être honnête je n’avais rien imaginé ! Je savais qu’on pouvait le faire, mais sans imaginer un score, serré ou pas… Nous avons vécu un scénario parfait, avec des joueuses qui sont le futur de l’équipe de France. Aurard, Duvin, sont des joueuses championnes en U18 en 2015 et elles jouent très bien ensemble. Nous avions décidé d’alignements au début du tournoi tout en imaginant un scénario qui pouvait changer à la fin.
[Le tournant, c’est cette égalisation contre l’Autriche ?] Elle a surtout montré notre état d’esprit et notre orgueil. Ce but a détruit le mental autrichien, on l’a vu cet après-midi contre la Slovaquie.
[Quel était le plan de match préparé pour ce soir ?] Nous voulions mettre plus d’agressivité dans notre jeu. Défensivement nous avons été solides, à la fois nos arrières mais aussi avec la troisième, la quatrième, la cinquième joueuse. Je crois que nous n’avons pas laissé un seul rush à la Norvège. Nous voulions aussi utiliser notre vitesse pour mettre la Norvège en difficulté sur nos propres rushs. Le repos hier a sans doute été utile oui, car nous ne sommes pas venus à la patinoire, nous avons juste fait une activité à l’extérieur. Ce soir, nous les avons enfermées. Elles ne poussaient qu’avec deux lignes et nous, nous avions plus de profondeur qu’elles. »