Après leur victoire précieuse contre le Kazakshtan, les Bleus peuvent assurer leur maintien en s’imposant aujourd’hui face à l’Italie. Un match cerclé de rouge sur le calendrier pour les deux équipes. Car les Transalpins aussi espèrent prendre des points, afin de s’éviter un match de la mort contre le Kazakhstan la semaine prochaine…
Les deux équipes s’affrontent régulièrement en amical. Et ce fut encore le cas en préparation, à Pontebba le 29 avril dernier. L’Italie s’était imposée 1-0, malgré un avantage de tirs français. Mais les joueurs de Philippe Bozon n’alignaient encore ni Yohann Auvitu, ni Anthony Rech, ni Charles Bertrand, ni Alexandre Texier. Ce qui change sérieusement le niveau de danger offensif.
Pour autant, le staff de l’équipe de France est bien conscient que l’équipe concoctée par Gregory Ireland est une noix difficile à briser. La Suisse a mis une demi-heure à consolider son avance, le Canada a été mené au score avant de s’imposer confortablement, et le Danemark n’a gagné que 2-1… la veille. Un jour de repos de plus pour la France, qui espère bien en profiter.
Philippe Bozon revient à l’alignement victorieux contre les Kazakhs. Enzo Guebey, Fabien Colotti et Quentin Papillon retrouvent les tribunes. Anthony Rech, victime d’un coup dimanche, est de retour, tout comme Romain Bault en tant que septième défenseur – Vincent Llorca lui étant passé devant dans la hiérarchie. Le trio Rech-Boudon-Texier est ainsi reconstitué. L’expérience Damien Fleury au centre se poursuit, aux côtés de Tim Bozon et Sacha Treille.
Côté italien, Lorenzo Casetti et Marco Magnabosco sortent, au profit du défenseur Alex Trivellato et de l’ailier Matthias Mantinger, absents hier.
Coup de froid sur les Bleus
La France entame en gagnant les premières mises au jeu, puis par un tir croisé de Tim Bozon bloqué de la mitaine par Andreas Bernard, et un lancer de Rech sur la botte du gardien.
L’Italie gêne la relance française et décoche même son premier tir par Phil Pietroniro de la bleue. Buysse repousse du bouclier. On sent la tension dans ces premières minutes, avec deux équipes prudentes. Timides, les Tricolores subissent un peu – sans concéder de tirs, avant une bonne présence du trio Rech-Boudon-Texier, qui apporte un peu de danger et un tir de Llorca, que Boudon cherche à dévier.
Ritz intercepte dans la neutre sur la présence suivante et initie une bonne séquence avec Leclerc, accroché par Gios : premier jeu de puissance du jour. L’installation est poussive, et il faut attendre une minute pour un jeu en triangle conclu par Treille au-dessus. Ce n’est pas plus efficace par la suite et l’Italie revient au complet après un ultime tir de Fleury qui frôle la lucarne. Thiry et Fabre tentent de loin au moment où Gios revient, sans réussite, et le jeune attaquant de Grenoble est rapidement puni pour un accrochage dans le coin dans son jeu défensif.
L’Italie s’installe sans réussir à trouver d’angle de tirs. Seul Miglioranzi lance sur le bouclier de Buysse, un tir excentré peu dangereux. L’avantage numérique change de camp lorsque Spornberger – qui a échappé à une suspension pour son geste de judo hier contre le Danemark – est puni pour un accrochage sur Fleury, qui percute violemment la bande.
Florian Chakiachvili tente le dribble de trop en remontant le palet et se fait voler le palet par Luca Frigo. Le joueur de Bolzano est tout seul devant Buysse, le feinte et ouvre le score en infériorité numérique (0-1). C’est le premier but italien en infériorité dans un championnat du monde depuis un match de 2008 contre… la France.
Luca Frigo shorthanded. @fisg_it takes the lead.🚨🇮🇹#FRAITA #IIHFWorlds pic.twitter.com/hrcJoC7HJf
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Le jeu de puissance continue et Rech est servi au deuxième poteau… Il fait teinter le métal. Pénalité tuée, et des Bleus pas dans le rythme, manquant de précision et de vitesse, de justesse dans les contrôles. Une perte de palet de Tim Bozon trouve ainsi… Hannoun, tout seul devant Buysse, qui sauve son camp à bout portant ! Un arrêt décisif, qui permet à la France de ne compter qu’un but de retard à l’issue d’un très mauvais premier tiers, loin de ce que l’équipe avait pu montrer sur les trois premiers matchs. Tétanisés par l’enjeu ?
Une attaque qui se retrouve timidement
La France reprend avec de bonnes intentions, symbolisées par deux actions de Damien Fleury qui se fait menaçant sur le but de Bernard. Alexandre Texier oriente ensuite le jeu vers Pierre Crinon, qui trouve la mitaine du gardien italien d’un lancer de la bleue. Malheureusement, Florian Chakiachvili concède deux minutes sur un contre italien pour obstruction. La pression monte sur Buysse qui essuie deux volées de la bleue, et une action de McNally devant lui. La défense s’en sort.
La France réagit avec une très bonne présence de Louis Boudon, relayé par Anthony Rech, Damien Fleury puis Romain Bault, avancé derrière le but italien. Il est crocheté et les Bleus tournent avec l’attaquant supplémentaire, à la recherche d’un bon tir. Finalement, les deux minutes sont appelées. Texier débute avec un beau mouvement technique et l’angle est trop fermé pour piéger Bernard. Pire, Simon Kostner déborde à droite et trouve Buysse, créant un cafouillage dans l’enclave… La France se réinstalle et Yohann Auvitu allume, sans réussite.
Les joueurs de Philipe Bozon tentent d’accélérer. Damien Fleury s’octroie deux tirs, non cadrés, mais installe une période de possession en zone italienne. Auvitu est alors servi et son tir puissant sèche Miglioranzi, touché en pleine tête.
Ce momentum s’annule encore avec une faute de Kévin Bozon, pris de vitesse sur un rare débordement italien. Aucune occasion n’en découle et un mouvement Texier-Tim Bozon ouvre la porte à Gallet, qui fixe et écarte vers Auvitu. Le défenseur cherche à attaquer la cage et Insam contre le revers (photo). Puis, c’est Leclerc qui percute à droite et prend deux tirs en angle fermé. Claireaux et Perret bataillent dans les bandes et Bertrand en profite… arrêt de Bernard.
Marco Insam saving the goal for @fisg_it.🫣#FRAITA #IIHFWorlds pic.twitter.com/oXw2PoqKVM
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Et la France continue, avec un palet bondissant que Boudon parvient à envoyer vers Rech, bloqué par le gardien à bout portant. Avec un dernier tir de Gallet dévié, l’Italie conserve son petit but d’avance, malgré 15 tirs à 5 en faveur des joueurs de Philippe Bozon.
Comment on rebouche le champagne en Italie, déjà ?
Les Bleus peinent à développer leur jeu offensif en ce début de troisième tiers, bien contenus en périphérie. Texier se rend coupable d’une crosse haute après quatre minutes, ce qui rogne encore sur le temps pour revenir au score. Aucun tir cadré sur Buysse, mais plus que 13’37 à jouer. Sur une erreur de Llorca à la bleue offensive, le contre italien manque d’assommer les Français, lorsque McNally tente un tour de cage avec Buysse en déséquilibre. Plus de peur que de mal… comme cet arrêt de la plaque du gardien amiénois devant Trivellato. Un palet perdu dans la neutre envoie ensuite l’Italie en deux-contre-deux et Gallet retient Alex Petan, pour une nouvelle supériorité. Trivellato tente de la bleue et Buysse capte du gant, pour le seul tir transalpin.
Moins de neuf minutes à jouer et l’attaque tricolore est fantomatique. Maladroite, elle se fait piéger sur des contres et Buysse doit encore sauver son camp sur un tir de di Perna, esseulé dans l’axe. Les minutes défilent, fébriles. Tim Bozon tente bien de trouver Rech au deuxième poteau, mais le disque échappe à la crosse. Il reste six minutes… Texier gagne une mise au jeu et Fleury échoue sur Bernard. Puis, Auvitu essaie à son tour du point d’appui, sans réussite.
À deux minutes de la fin, Texier lance ras glace et Bernard sort du bout de la jambière. Chakiachvili enchaîne au cercle gauche et le gardien de Bolzano couvre bien. Philippe Bozon prend son temps mort et prend le risque de sortir Buysse… Un risque certain, en cas d’égalité à trois avec l’Italie et le Kazakhstan. Mais le risque paie : Fleury envoie vers la cage et Sacha Treille dévie (1-1).
🇫🇷 Sacha Treille ties it 1-1 pic.twitter.com/mKvGKEhihn
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La France arrache la prolongation, et prend au moins un point ô combien précieux… privant l’Italie de son premier blanchissage mondial depuis un match contre l’Autriche en 2000 (71 matchs !). Avec 34 tirs à 21, ce n’est pas non plus volé pour la France, même aussi peu brillante qu’elle fût.
Avec le spectre de la mort subite contre la Grande-Bretagne, la France reste prudente, mais incisive à l’échec-avant. C’est comme cela que Tim Bozon gagne un duel au fond et trouve Hugo Gallet tout seul devant Bernard. Le défenseur, dans le slot, ne tremble pas (2-1).
They did it!😱 @Hockey_FRA wins it in overtime.#FRAITA #IIHFWorlds pic.twitter.com/tkn6g9ogN8
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La France arrache donc deux points bien mal embarqués. Englués dans la toile italienne, un scénario connu, anticipé et récité à l’envi depuis des semaines, les Bleus ont eu le mérite de ne pas lâcher. Bien aidés par des arrêts majeurs d’Henri-Corentin Buysse au troisième tiers, ils ont finalement eu la petite déviation tant attendue, juste à la fin du match. Avec désormais cinq points, la France est à peu près à l’abri d’un retour conjugué de l’Italie et du Kazakhstan, qui devraient gagner deux matchs chacun pour doubler la France. Il ne reste à l’Italie que l’Allemagne et la Slovaquie, et au Kazakhstan le Canada, la Slovaquie et l’Allemagne, avant que les deux pays ne s’affrontent en dernier journée. Le scénario d’une relégation de la France apparait désormais très improbable.
Désignés joueurs du match : Pierre Crinon (France) et Luca Frigo (Italie)
Commentaires d’après-match :
Nicolas Ritz (attaquant de la France) : « Oui, ça a été dur ! Nous avons mis tous les ingrédients au fil du match, et cela a mis du temps à payer. Nous n’avons pas arrêté de travailler, et ce but en fin de match fait du bien. L’Italie a fait le dos rond. Ils ne font pas le jeu, ils attendent les erreurs et c’est comme cela qu’ils marquent. C’est un catenaccio comme au foot ! Il fallait continuer à jouer et ne pas se frustrer. Cela a été dur dans le vestiaire après le deuxième tiers. Henri-Corentin Buysse nous tient dans le match sur le troisième tiers, il nous a laissé à portée. Nous restions à un shoot d’égaliser et nous avions confiance en lui pour nous laisser ça. C’est plus facile de continuer lorsque l’on est à un shoot. Il a fait le taf. »
Thomas Thiry (défenseur de la France) : « Décrire en trois mots ? Concentration et observation au premier tiers… Maintien et frustration au deuxième… Cela fait plus que trois hein ? C’est dur ! (rires) Patience, croyance, bonheur ? On est sans doute fait surprendre par l’enjeu aux deux premiers tiers. Il était capital de gagner pour respirer sur la suite du tournoi. L’enjeu nous a mis beaucoup de pression. Nous avions beaucoup discuté de leur style, une grosse défense bien regroupée et un très bon gardien, une équipe qui attend l’erreur en contre-attaque. Le mot dans le vestiaire, ça a été patience, mais nous avons un peu basculé dans la frustration. Les occasions ne rentraient pas. Il fallait se regrouper et ne pas oublier que le match dure soixante minutes… Désolé pour votre rythme cardiaque (rires). On a eu besoin des soixante, et même un peu plus. »
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « Les derniers mots de mon discours, c’était de rester dans le plan, rester calme. Nous avons du le rappeler à la deuxième pause, il y avait de la frustration. On l’a vu par moments sur le retour des joueurs au banc, et nous les avons calmés, en leur disant de ne pas le montrer à l’adversaire. Toutes les équipes de ce tournoi ont buté sur l’Italie, ils ferment l’intérieur en box+1, forçant le jeu vers l’extérieur. Ils ne lâchent rien dans le slot. Ils rendent difficile l’attaque de la cage et d’obtenir des chances de qualité. Leur jeu de puissance les a tenu dans le match, et nous avons été bons en infériorité. Leur but vient sur une erreur individuelle en supériorité, ça arrive.
Il fallait rester dans le plan, continuer à travailler. On a senti la fatigue venir chez eux au troisième. L’objectif était de lancer à la cage, sur les jambières pour obtenir des rebonds, ou côté crosse, comme le but en prolongations. Cela a enfin payé, et j’ai félicité les joueurs. Ils le méritent tellement ! Cela récompense tout le travail de ce groupe, après deux ans et demi difficiles. J’avais dit aux joueurs qu’il ne fallait pas bouger du plan jusqu’à la soixantième minute, je ne pensais pas su bien dire !
Le scénario était classique, on sait avant le Mondial les matchs importants, mais les autres aussi ! On avait réussi deux matchs excellents contre la Slovaquie et l’Allemagne, et il faudra jouer comme cela sur la suite du tournoi, et bien récupéré. On a le calendrier des Russes donc on a deux jours de repos, ça ne nous est jamais arrivé ! Il y a quelque chose à faire contre le Danemark. Le maintien ? On oblige les autres à gagner deux fois pour nous passer devant. Le Kazakhstan doit jouer la Slovaquie et le Canada… On a vu hier que les matchs étaient serrés, j’attends de voir. Il faut rester prudent, mais j’espère que c’est fait. »
France – Italie 2-1 après prolongation (0-1, 0-0, 1-0, 1-0)
Championnats du monde élite 2022.
Mercredi 17 mai 2022, 16h20. Helsingin jäähälli, 1543 spectateurs.
Arbitres : Lassi Heikkinen (FIN) et Linus Ohlund (SUE) assistés de Tommi Niittylä (FIN) et Emil Yletyinen (SUE)
Pénalités : France 10′ (2′, 4′, 4′, 0′), Italie 6′ (4′, 2′, 0′, 0′)
Tirs : France 25 (10, 15, 9, 2), Italie 21 (8, 5, 8, 0)
Récapitulatif du score
0-1 à 14’42 : Frigo (inf. num.)
1-1 à 58’54 : S. Treille assisté de Fleury et Auvitu
2-1 à 61’04 : Gallet assisté de T. Bozon
France
Attaquants
Tim Bozon (+1) – Damien Fleury (C, +2) – Sacha Treille (A)
Anthony Rech (+1) – Louis Boudon – Alexandre Texier (2′)
Charles Bertrand (-1) – Valentin Claireaux (A) – Jordann Perret
Guillaume Leclerc – Nicolas Ritz – Kévin Bozon
Dylan Fabre
Défenseurs
Yohann Auvitu (+1) – Hugo Gallet (2′, +1)
Florian Chakiachvili (2′, -1) – Vincent Llorca
Pierre Crinon – Thomas Thiry
Romain Bault
Gardien :
Henri-Corentin Buysse [sorti de sa cage de 58’10 à 58’54]
Remplaçant : Sébastien Ylönen (G). Réservistes : Quentin Papillon (G), Enzo Guebey, Fabien Colotti.
Italie
Attaquants
Alex Petan (-1) – Dante Hannoun – Luca Frigo (A)
Marco Sanna – Diego Kostner (-1) – Simon Kostner (-1)
Brandon McNally – Daniel Mantenuto – Daniel Frank (C)
Marco Insam – Ivan DeLuca – Tommaso Traversa
Matthias Mantinger
Défenseurs
Alex Trivellato (A, -1)- Dylan di Perna
Enrico Miglioranzi – Phil Pietroniro
Daniel Glira – Gregorio Gios (2′)
Peter Spornberger (4′)
Gardien :
Andreas Bernard
Remplaçant : Davide Fadani (G). En réserve : Justin Fazio (G), Lorenzo Casetti (D), Marco Magnabosco (A).