Toujours en délicatesse à domicile, avec une troisième défaite en autant de réceptions, contre Nice (3-5), les Gothiques sont plus que jamais dans un début de saison en dents de scie. Alternant victoires et défaites, Amiens n’a donc pas encore enchaîné deux fois le même le résultat tout en n’ayant pas goûté au succès au Coliseum. Une chose est sûre une de ces deux séries prendra fin, lors du derby des plaines, pour la troupe de Kevin Bergin qui reçoit des Dragons revanchards après l’affront de l’élimination en quarts de finale en mars dernier par l’éternel rival.
Comme à l’accoutumée, les Rouennais portent plus que jamais le costume de favori à l’approche de leur première venue en Picardie. Malgré un succès très poussif vendredi dernier face à de très surprenants Niçois (4-3), les Normands réalisent un début de saison plus que positif, récoltant six succès en sept rencontres, seulement battus par l’invincible leader angevin. Alors se rendre à Amiens pour parfaire encore un peu plus ce premier mois de compétition a une saveur quelque peu particulière.
Rouen prend les devants…
Pour bien s’atteler à la particularité de la rivalité aussi bien face à une équipe qu’il a tant de fois torturée sur la glace, mais aussi contre son ami Kevin Bergin, Carl Mallette décidait de surprendre sur la première mise au jeu. Ainsi, Tessier, Phelan et Simonsen, récemment sous la tunique picarde, étaient au premier engagement. Un changement temporaire presque payant, mais pas par l’intermédiaire de ceux qui ont subi quelques huées à l’annonce des compositions. Sur la gauche de la zone offensive, Chakiachvili envoyait un tir pour un rebond qui n’était absolument pas maîtrisé par Kozun, Lafrance prenait le rebond et pensait ouvrir le score. Une révision vidéo plus tard, les arbitres annulaient cette réalisation, estimant le but inscrit du patin (1’02). Un énorme coup de chaud pour un derby rythmé, très plaisant tactiquement et techniquement mais qui manquait d’un grain de folie sur le plan offensif.

Certes, Kozun et Carruth devaient se montrer vigilants sur quelques situations de tirs de Rech ou Izacky, mais rien de concret n’était à se mettre sous la dent. Si bien que l’on se demandait comment l’une des deux équipes parviendrait à prendre l’ascendant, tant elles semblaient proches avec néanmoins un léger avantage aux visiteurs dans l’utilisation du palet. C’est finalement Bouramman qui apportait la réponse en réalisant un tour de cage et en délivrant une sublime assistance pour Nesa totalement seul dans le slot et qui ne se faisait pas prier pour convertir l’offrande (0-1, 09’29). Pas de quoi pour autant affoler la rencontre. Malgré le retard au score, les Gothiques restaient dans leur plan de jeu très solide défensivement mais en difficulté pour rentrer à l’offensive.
… Amiens réplique mais bute
Certes, Craig parvenait à faire passer un frisson après une jolie feinte, il ne trouvait toutefois pas le cadre et les minutes s’égrenaient sans que les situations ne soient trouvées. Jusqu’à une fin de période où, sous le coup de la coupe du banc et d’un réalignement, Amiens trouvait un allant. Trouvé en milieu de zone offensive, Lemay armait une puissante reprise stoppée par Carruth (17’30) avant que ce dernier ne se troue quelque peu sur un lancer de la bleue de Larose mais parvenait à se retourner in extremis pour empêcher Svanenbergs d’égaliser (18’). Un sursaut d’orgueil qui se confirmait dès le début du second mais avec un résultat similaire : Carruth victorieux. Que ce soit face à Plagnat (21’), Richards trouvé seul au deuxième poteau (23’) ou sur les nombreuses échappées de, entre autres, Bussat (23’30), Matima (24’30) ou Svanenbergs (27’), le dernier rempart seinomarin se montrait impérial.

Totalement dominés mais toujours en tête, les Dragons se voyaient faire le coup parfait à la mi-match. Après une bonne présence, Lafrance rentrait côté droit, tentait sa chance… et voyait la rondelle finir sa course sur le poteau d’un Kozun battu (31’). Un avertissement sans frais pour les Amiénois qui répliquaient immédiatement via Cepon qui arrivait lancé face à Carruth, mais ce dernier réalisait un de ses seize arrêts de la période (31’30). Un manque de réussite qui posait alors une question : les Gothiques avaient-ils la force pour renverser le derby lors de l’ultime période ? La réponse semblait à première vue négative. Si les intentions étaient aussi bonnes, les Rouennais mettaient à leur tour un coup d’accélérateur, sans doute sous l’impulsion du discours de Carl Mallette.
Fin en crève-coeur pour les Gothiques
Les attaquants muets dans le deuxième vingt, les Dragons s’en remettaient alors à leur paire numéro 1, Holway trouvant Chakiachvili pour venir planter le poignard dans le dos amiénois (0-2, 43’09). Une histoire de réalisme qui s’accentuait encore dans les deux minutes suivantes. Après un joli mouvement collectif qui le mettait dans une position idéale, Bergeron manquait le cadre (44’30). À l’inverse, sur un contre, Rech réalisait un gros travail et servait Phelan au deuxième poteau qui convertissait et faisait exulter les presque trois cents Rouennais qui garnissaient les travées du Coliseum (0-3, 45’09). Un double coup dur qui donnait longtemps l’impression de sceller le sort de la rencontre, tant les Gothiques n’arrivaient pas à se remettre dedans et semblaient toucher moralement par un large écart assez sévère. Mais comme bien des rencontres, un passage anodin redonnait de l’espoir.

Après un bon travail de Maïa, Izacky récupérait la rondelle et la logeait dans la lucarne d’un Carruth enfin battu (1-3, 49’44). Le scénario de la deuxième période semblait alors se reproduire, avec des Samariens offensifs et en contrôle du palet mais avec une différence notable : Rouen acceptait la domination et semblait prendre plaisir à défendre et protéger Carruth pour procéder en contres. Un jeu dangereux qui était pourtant payant, le gardien états-unien se montrant toujours aussi solide avec des rebonds rapidement nettoyés par ses coéquipiers. Malgré tout, Amiens ne baissait les bras et bien lui en prenait. L’intenable Izacky trouvait son capitaine Magovac dont le lancer ne laissait aucune chance à Carruth (2-3, 57’22). La folle remontée était au bout des crosses, jusqu’à l’ultime duel décisif. À un peu plus d’une minute du terme, Izacky se trouvait à la réception, au deuxième poteau, d’une superbe passe et la reprise prenait le chemin des filets… jusqu’à une intervention de très grande classe de Carruth qui laissait le Tchèque à genoux pendant de longues secondes, plongé dans le désespoir (58’45).

Un sentiment négatif qui n’allait qu’en s’aggravant dans les ultimes secondes. Malgré l’installation en zone offensive des Picards, Perret récupérait une passe hasardeuse et envoyait le palet directement dans le filet laissé désert par Kozun pour tenter d’apporter le surnombre (2-4, 59’28). Une fin en presque tragicomédie pour une équipe qui n’y arrive toujours pas à domicile malgré des prestations de qualité. Pas le temps de cogiter toutefois pour Kevin Bergin et ses joueurs car l’Hormadi d’Anglet se présente au Coliseum dès ce dimanche pour une nouvelle opportunité d’enfin faire la fête avec le public local.
Pour Rouen, si le jeu n’a pas toujours été présent – à l’image du difficile succès contre Nice une semaine auparavant – les résultats sont pour le moment probant. Reste désormais à allier la qualité de jeu de la première période et les résultats sur une plus longue période pour redevenir une force inarrêtable. En attendant, les Normands peuvent s’en remettre à leur indéniable talent à tous les niveaux et un dernier rempart de grande qualité. À la mi-octobre, ces certitudes sont déjà bonnes à prendre pour un club qui a vécu un été mouvementé.
Élus meilleurs joueurs du match : Aleksandar Magovac (Amiens) et Mac Carruth (Rouen)

Amiens – Rouen 2-4 (0-1, 0-0, 2-3)
Vendredi 10 octobre 2025 à 20h15 au Coliséum. 3220 spectateurs.
Arbitres : Jérémy Métais et Yann Furet assistés de Thomas Simon et Johan Fauvel
Pénalités : Amiens 2’ (0’, 2′, 0’) ; Rouen 2′ (0′, 2’, 0’).
Tirs : Amiens 34 (7, 16, 11) ; Rouen 26 (10, 6, 10).
Évolution du score :
0-1 à 09’29’’ : Nesa assisté de Bouramman et Vigners
0-2 à 43’09’’ : Chakiachvili assisté de Holway et Regush
0-3 à 45’09’’ : Phelan assisté de Rech et Schmitt
1-3 à 49’44’’ : Izacky assisté de Maïa et Magovac
2-3 à 57’22’’ : Magovac assisté de Maïa et Izacky
2-4 à 59’28’’ : Perret
Amiens
Attaquants :
Gauthier Gibert (-3) puis Djemel à 15’00 – William Lemay (-2) – Sean Richards (-1)
Antonin Plagnat (-1) – Janis Svanenbergs – Rudy Matima (-1)
Bastien Maïa (A, +1) – Kieran Craig (+1) – Jakub Izacky (2’)
Ilies Djemel (-1) puis Gibert à 15’00 – Virgile Gauffriau – Mattéo Bussat (-1)
Défenseurs :
Kristjan Cepon (-2) – Aleksandar Magovac (C, -1)
Mathieu Mony – Justin Bergeron (A, +1)
Guillaume Roussel – Félix Larose
Gardien :
Taran Kozun (sorti de 57’20 à 57’22 ; 58’12 à 59’10 ; 59’18 à 59’28)
Remplaçant : Côme Soghomonian (G). Absents : Anatole de Mali, Thomas Boisson, Gaspard Vanwormhoudt (choix), Clément Fouquerel (malade)
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C, +2) – Mike Regush (+2) – Chase Gresock
Tomas Simonsen – Julien Tessier – Simon Lafrance
Anthony Rech – James Phelan – Tommy Perret (+1)
Vincent Nesa – Robin Colomban – Rolands Vigners (+1)
Défenseurs :
Florian Chakiachvili (A, +2, 2’) – Patrick Holway
Pier-Olivier Roy (+1) – Gustav Bouramman (+1)
Dylan Yeo (A, +1) – Charles Schmitt (-1)
Gardien :
Mac Carruth
Remplaçant : Lucas Mugnier (G). Absents : Matteo Perdrix, Johannès Avonde (choix)










































