Grenoble se réveille trop tard

Pour les Dauphins, il s’agit d’une reprise après la trêve internationale qui a permis de panser les plaies puisque Santino Pellegrino enregistre ce soir les retours de Jan Simko et Benoît Quessandier. Il peut aligner pour la première fois un effectif au complet puisque Guillaume Chassard et Peter Slovak, incertains avant le match, tiennent finalement leur place. C’est le cas également pour Grenoble qui voit son dernier blessé, Élie Raibon, rejoindre l’alignement. Raphaël Papa et Christophe Tartari, sortis sur blessure mercredi face à Chamonix, tiennent tous les deux leur place ce soir, même si le premier nommé doit porter une visière pour protéger sa blessure à la lèvre.
Avec une victoire en Isère, les Dauphins pourraient revenir à hauteur au classement de leurs adversaires du jour et prendraient leur distance avec la zone rouge. Mais le défi paraît immense pour les Spinaliens qui n’ont jamais bien réussi contre Grenoble en championnat, s’inclinant à chaque fois face aux Brûleurs de Loups depuis leur remontée en Magnus. Ce match est donc l’occasion de briser définitivement le signe indien…
Début de match prudent des deux équipes qui n’osent pas vraiment se livrer. Erwan Agostini reçoit la première pénalité, mais les Brûleurs de Loups ne font pas grand chose des deux minutes de supériorité en passant la plupart du temps à aller chercher le palet dans leur zone défensive. Les Dauphins jouent à fond la moindre occasion de contre, à l’image de Michal Petrak qui profite d’un tir raté de Vincent Llorca pour partir seul en breakaway. Malheureusement pour lui, son tir n’est pas cadré et passe au-dessus de la cage d’Eddy Ferhi. Première grosse frayeur pour les Brûleurs de Loups, bien près de concéder l’ouverture du score sur cette action.
La vitesse de Jan Simko et de Timo Kuuluvainen pose des problèmes aux Grenoblois qui se retrouvent parfois en position délicate lorsqu’ils oublient Jan Hagelberg puis Guillaume Chassard tout seuls devant la cage. Le premier bute sur Eddy Ferhi, tandis que le second manque complètement sa reprise alors qu’il avait tout son temps pour ajuster son tir. Les occasions franches sont donc spinaliennes, mais les Dauphins sont bien moins à l’aise dans le jeu placé, comme l’illustre une première supériorité numérique mal négociée suite à une pénalité de Graham Avenel.
Malgré la volonté de Jean-François Dufour de faire tourner ses quatre lignes, les Grenoblois peinent à se montrer vraiment tranchants en attaque et se contentent de tirs de loin ou sur le gardien qui ne suffisent pas à inquiéter l’excellent Loïc Lacasse. Nicolas Arrossamena a pourtant un palet de but sur une contre-attaque mais il préfère y aller seul plutôt que de centrer en retrait pour Christophe Tartari, idéalement placé devant la cage. Son tir en angle fermé est finalement bloqué par Lacasse. Ludek Broz, pris de vitesse, est contraint à accrocher. Mais encore une fois le power-play spinalien manque de tranchant avec un Stéphane Gervais pas encore au point à la ligne bleue. Une pénalité de Kuuluvainen juste avant la pause permet à Grenoble de finir le tiers en supériorité numérique. Sans résultat, les deux équipes regagnant le vestiaire sur un score nul et vierge après vingt premières minutes plutôt équilibrées.

Les hommes de Jeff Dufour semblent fébriles après cette ouverture du score et peinent à se replacer. Les Dauphins en profitent pour continuer à mettre la pression et cela finit par payer : Jan Plch adresse une passe lumineuse côté gauche à Michal Petrak qui lance juste après être entré en zone. Ferhi, qui n’est pas masqué, est sur la trajectoire et semble bloquer facilement le palet de la mitaine, mais il se laisse surprendre et laisse filer la rondelle qui glisse derrière la ligne de but (0-2, 23’45 »). Un mauvais coup pour le portier grenoblois qui survient au pire moment. Car maintenant Épinal a deux buts d’avance et cette marge confortable permet aux hommes de Santino Pellegrino de se concentrer sur leur jeu défensif en prenant un minumum de risques.
Tout l’inverse de l’équipe grenobloise qui se rue à l’attaque sans assurer ses arrières. Pour ajouter à la fébrilité grenobloise, Christophe Tartari écope d’une pénalité bien malvenue. Épinal se retrouve en supériorité numérique mais se fait contrer : Ludek Krayzel récupère le palet à la ligne bleue défensive et part seul en contre attaque. Le but du 1-2 dans la crosse, il ne cadre pas son tir et trouve le plexi. Mais à seulement quatre contre cinq, les Grenoblois avaient pris trop de risques, à l’image d’Alexandre Rouleau qui a accompagné la montée de ses attaquants. La contre-attaque spinalienne est foudroyante et permet à Jan Simko de décaler Jan Hagelberg qui fusille Eddy Ferhi pour un quasi copier-coller du premier but (0-3, 27’03 »). On s’attend à une réaction sur le banc grenoblois, mais Jean-François Dufour laisse son gardien qui vient d’encaisser trois buts en l’espace de six minutes et ne demande pas non plus de temps mort.
Dans un Pôle Sud médusé où règne un silence de cathédrale, les Brûleurs de Loups, K.O. sur les patins, essaient tant bien que mal de rattrapper ce qui peut encore l’être. Une faute de Peter Slovak leur en donne l’occasion, mais ils se heurtent à une muraille, Loïc Lacasse, qui multiplie les arrêts très propres et frustre les attaquants grenoblois. Alexandre Rouleau, au four et au moulin, est l’un des rares Grenoblois à se révolter. Devant, derrière, il en fait un peu trop et se fait pénaliser pour cinglage mais parvient à limiter la casse en emmenant Fabien Leroy avec lui en prison. La fin de tiers est poussive pour les Brûleurs de Loups qui bénéficient d’une faute d’Ewan Agostini. Un power-play joué avec trois défenseurs (!) comme pour mieux stigmatiser le manque de percussion des attaquants grenoblois. Malgré tout, les Grenoblois donnent l’impression ne toujours pas s’être remis de leur début de tiers raté et ne parviennent pas à réduire l’écart avant la pause.

Les Brûleurs de Loups ont haussé le ton et cela va finir par payer : sur le côté gauche, Mitja Sivic centre au cordeau pour Julien Baylacq au second poteau qui reprend instantanément à bout portant (1-3, 43’51 »). Ce but réveille enfin Pôle Sud et donne un peu d’espoir à des Grenoblois qui se libèrent enfin.
C’est un siège en règle devant la cage de Loïc Lacasse avec des tirs qui viennent de toute part. Christophe Tartari a le palet du deuxième but au bout de la crosse mais il voit son tir repoussé par un Lacasse impérial. Pourtant le gardien québecois finit par s’incliner une deuxième fois sur un festival de Mitja Sivic qui déborde sur l’aile droite, repique au centre et glisse le palet au fond d’un tir croisé parfaitement placé (2-3, 50’55 »).
Avec neuf minutes restant à jouer, Santino Pellegrino sent le danger et demande un temps mort pour calmer la furia grenobloise. Les Brûleurs de Loups, poussés par un public enfin sorti de sa torpeur, tentent de forcer le verrou et obtiennent un petit coupe de pouce avec une pénalité à l’encontre de Maxime Boisclair. Ce dernier n’accepte par la décision de l’arbitre et prend dix minutes de méconduite supplémentaires. Il voit donc depuis sa prison ses coéquipiers résister pendant deux minutes aux tentatives grenobloises initiées pas Amar et autre Rouleau. Mais rien n’y fait, Lacasse et sa défense tiennent bon et retardent l’échéance.

Victoire probante des Spinaliens, la première face aux Brûleurs de Loups dans la catégorie élite. Le seul succès vosgien contre Grenoble datait de 1992, alors que les deux équipes évoluaient en Division 1 ! Une victoire basée sur une excellente défense, enfin au complet même si Benoît Quessandier n’en faisait pas partie. Loïc Lacasse a montré l’étendue de son talent ce soir et a fait très grosse impression. Offensivement, le duo Petrak-Plch s’est encore fait remarquer, tout comme Simko et Kuuluvainen, très remuants et qui ont posé beaucoup de problèmes aux Grenoblois. Les trois buts marqués en six minutes au deuxième tiers-temps l’ont été tous les trois sur des contre-attaques rapidement jouées qui ont surpris la défense grenobloise. Dès lors, le plus gros était fait et il suffisait de gérer. Avec cette victoire, Épinal revient à hauteur de son adversaire du jour et peut se rendre plein d’espoirs à Morzine mardi pour les huitièmes de finale de la coupe de France.

Encore une fois l’attaque n’a guère brillé. Dans la lignée des deux derniers matchs contre Chamonix, les attaquants grenoblois se sont montrés incapables de trouver la faille pendant quarante minutes. Si Mitja Sivic semble enfin retrouver des sensations, tout comme, dans une moindre mesure, Christophe Tartari, le duo tchèque marque incontestablement le pas depuis quelques matchs. Ce soir, entre la présence sur la glace de Krayzel sur les trois buts encaissés, les deux pénalités de Broz et le zéro pointé au tableau d’affichage du duo, les deux Ludek ont connu une sale soirée. Comme pour mieux symboliser le manque d’influence de cadres qui, à l’exection de Baptiste Amar ou d’Alexandre Rouleau, peinent à tirer l’équipe vers le haut.
Le plus frustrant dans la défaite grenobloise est peut-être la réaction du troisième tiers qui a laissé entrevoir les possibilités réelles du groupe lorsqu’il s’en donne la peine, à l’image des jeunes beaucoup plus impliqués que lors des deux premiers tiers. Reste à voir quand l’équipe sera enfin capable de produire un effort similaire pendant un match entier. En attendant Grenoble s’enfonce de nouveau dans le doute et au classement. De quoi méditer avant la réception de Dijon dans une semaine…
Désignés meilleurs joueurs du match : Mitja Sivic (Grenoble) et Loïc Lacasse (Epinal)
(photos www.hockey-passion.com)
Commentaire d’après-match (d’après Le Dauphiné Libéré) :
Baptiste Amar (capitaine de Grenoble) : » Depuis le début, on dit qu’il faut jouer soixante minutes. Et on ne joue pas soixante minutes. Il faut qu’on arrête d’être une équipe de petits garçons. Il faut qu’on se prenne en main. Tous les matchs, on n’est pas loin, mais on ne fait pas un match entier. Ce n’est pas du boulot pour une équipe qui a de l’ambition. Il faut se faire mal. «
Grenoble – Épinal 2-4 (0-0, 0-3, 2-1).
Samedi 20 novembre à 20 heures à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3 200 spectateurs.
Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Gildas Fontaine et Adrian Popa.
Pénalités : Grenoble 14′ (4′, 4′, 6′), Épinal 26′ (4′, 8′, 4’+10′).
Évolution du score :
0-1 à 21’15 » : Kuuluvainen assisté de Chassard
0-2 à 23’45 » : Petrak assisté de Plch
0-3 à 27’03 » : Hagelberg assisté de Simko (sup. num.)
1-3 à 43’51 » : Baylacq assisté de Sivic et Tartari
2-3 à 50’55 » : Sivic assisté de Tartari et Avenel
2-4 à 59’27 » : Kuuluvainen assisté de Plch (sup. num., cage vide)
Grenoble
Gardien : Eddy Ferhi puis Sébastien Raibon [de 40’00 » à 59’13 » et de 59’38 » à 60’00 »].
Défenseurs : Baptiste Amar (C) – Maxime Moisand ; Vincent Llorca – Viktor Wallin ; Alexandre Rouleau (A) – Aymeric Gillet ; Jason Crossman.
Attaquants : Mathieu Le Blond – Christophe Tartari (A) – Nicolas Arrossamena ; Ludek Krayzel – Ludek Broz – Julien Baylacq ; Loup Benoît – Mitja Sivic – Graham Avenel ; Raphaël Papa ; Elie Raibon – Joris Bedin.
Remplaçant : Rémi Colotti.
Épinal
Gardien : Loïc Lacasse.
Défenseurs : Niko Mäntylä – Fabien Leroy ; Jan Hagelberg – Stéphane Gervais ; Peter Slovak – Guillaume Papelier.
Attaquants : Jan Simko – Michal Petrak (A) – Jan Plch (A) ; Timo Kuuluvainen – Maxime Boisclair – Guillaume Chassard (C) ; Kévin Benchabane – Erwan Agostini – Tarik Chipaux ; Anthony Rapenne – Nathan Ganz – Benoît Quessandier.
Remplaçant : Mathieu Perrin (G).







































