Opération séduction pour la « République du hockey »

On voit donc les choses en grand sous les Tatras. Comme ce « trailer » de promotion avec effets spéciaux et voix-off gutturale digne des plus pompeuses productions hollywoodiennes. Oui, la nation toute entière attend l’évènement de pied ferme. Enfin, c’est l’image que l’on daigne donner. La réalité des choses est beaucoup moins constellée. La population n’est sûrement pas si impatiente que cela de voir la pagaille dans leurs quartiers après que les routes et autres réseaux de circulation auront été mis sens dessus-dessous pour l’occasion et elle se demande davantage comment les imperfections existantes vont être financées. Si la Steel Aréna et le reste des infrastructures cassoviennes répondent aux attentes, la rénovation de la Samsung Aréna de Bratislava, seul théâtre des confrontations à partir des quarts, inquiète grandement.
À trois mois du match d’ouverture, il manque encore la bagatelle de 30 millions d’euros pour terminer les travaux. Ce qui devait être le symbole de la modernisation du hockey national se transforme du jour au lendemain en mascarade. En fin d’année 2010, une grue s’écrasait sur l’un des flans de la patinoire, ne provoquant aucune blessure humaine mais quand même le début d’une risée.
Difficile alors de faire la publicité de la « Slovakia Cup », répétition générale des Mondiaux programmée vendredi et samedi, alors que les travées de ce qui s’appelle encore la « patinoire Ondrej Nepela » sont toujours interdites au public. Glen Hanlon et sa sélection sont toutefois parvenus à susciter l’engouement populaire et médiatique ; les 2000 spectateurs présents (soit un cinquième seulement de la capacité de l’arène) auront leur dose de spectacle. Et aussi une bouteille d’eau, offerte par l’organisation du tournoi puisqu’il n’y a encore aucune buvette opérationelle !
La magie opère tout de même lorsque les maillots à la Double-Croix font leur apparition sur la glace – grise – qu’ils ont découverte la veille lors de leur premier entraînement (sous les yeux du Premier Ministre, Iveta Radičová, s’il-vous-plaît !). Il faut dire que les noms choisis par le technicien canadien contrastent avec la Deutschland Cup et l’Arosa Challenge et ont de quoi faire vibrer la maigre foule ; cinq champions du monde 2002 – Lašák, Lintner, Stümpel, Bartečko et Nagy – ainsi que trois autres stars nationales (Demitra, Zedník, Radivojevič) sont sur la liste qui ne compte que deux « Extraligants » (Deyl et Štajnoch, en réserve). La moyenne de sélections par joueur est ainsi montée à 46.

Les Slovaques confirment cet avantage de métier prévisible sur le papier avec des occasions de Baranka, Huna et Demitra dans les cinq premières minutes. En 2 contre 1, Lubos Bartecko choisit le tir, arrêté par Rob Zepp. Le gardien naturalisé allemand effectue son plus bel arrêt juste avant la pause lorsque Ladislav Nagy s’infiltre entre les cercles.
Peu mise en danger défensivement, la Slovaquie est clairement plus rapide, mais elle ne trouve pas la faille. Elle gâche ainsi deux supériorités numériques de suite en début de deuxième période. Le palet reste dans les crosses locales, mais le tableau d’affichage ne bouge pas. Il faut attendre que la mi-match soit passée pour que Rudolf Huna gagne le palet dans la bande et le transmette plein axe à Tomáš Surový qui marque en lucarne (1-0).
Un surnombre slovaque permet ensuite aux défenseurs allemands de bombarder Hamerlik en jeu de puissance, en vain. À cinq contre cinq, les visiteurs ne sont pas loin d’égaliser après une erreur défensive locale, mais la Slovaquie repart en contre-attaque et Richard Stehlik marque en se joignant à l’offensive en troisième homme. Surový délivre une excellente passe à Huna qui a le palet du 3-0 au bout de la crosse mais tire sur Zepp et non dans l’angle ouvert. Résultat, une minute plus tard, c’est Frank Mauer qui vient réduire le score à 2-1.
Les Slovaques pourraient gamberger dans le vestiaire, mais dès le retour sur la glace, Juraj Mikus gagne une mise au jeu pour Lintner qui marque depuis la bande (3-1). Ne manque plus que le powerplay : il est beaucoup mieux réussi que les précédents. Ivan Baranka vise Zednik démarqué, mais le palet ricoche sur l’attaquant vers le défenseur allemand Constantin Braun qui le dévie contre son camp (4-1). L’Allemagne accroît alors ses efforts offensives, mais reste en manque d’idées.
Commentaires d’après-match
Glen Hanlon (entraîneur de la Slovaquie) : « Offensivement, c’est notre meilleur performance de la saison. Elle est due à notre expérience, face à un adversaire jeune. Nous devons encore améliorer notre efficacité, car nous aurions dû concrétiser 5 à 6 occasions. »
Uwe Krupp (entraîneur de l’Allemagne) : « Les Slovaques ont une équipe très forte, tandis que nous avons pris des jeunes. Nous avons bien joué en première période, puis les Slovaques ont fait valoir leur expérience. Quand un adversaire a le contrôle du palet comme en deuxième période (15 engagements à 2), ça devient difficile. C’est là qu’un Marcel Goc au centre serait extrêmement important. »
Pavol Demitra (attaquant de la Slovaquie) : « C’est sympa de gagner. Premier match dans cette nouvelle patinoire. J’espère que ça finira comme ça a commencé. Il faut s’habituer au nouveau système, on jouait en 1-2-2 et maintenant en 1-1-3. Il y a eu un peu de confusion de notre part, mais nous sommes en finale et nous avons rempli nos obligations. Quand la patinoire sera pleine, il y aura une super atmosphère. Je ne jouerai pas demain, c’est un moment de la saison important pour mon club de Yaroslavl et je dois revenir en bonne santé. »
Slovaquie – Allemagne 4-1 (0-0, 2-1, 2-0)
Vendredi 11 février 2011 à 17h00 à la patinoire Ondrej Nepela de Bratislava. 2000 spectateurs.
Arbitrage de Vladimír Baluška et Daniel Konc (SVK) assistés de Milan Novák et Jozef Tvrdon (SVK).
Pénalités : Slovaquie 6′ (0′, 2′, 4′) ; Allemagne 8′ (0′, 4′, 4′).
Tirs : Slovaquie 38 (14, 12, 12) ; Allemagne 28 (7, 8, 1).
Évolution du score :
1-0 à 32’11 » : Surový assisté de Huna et Vydareny
2-0 à 36’51 » : Stehlík assisté de Huna et Vydareny
2-1 à 38’30 » : Mauer assisté de Hager et Flaake
3-1 à 41’01 » : Lintner assisté de Mikúš et Hossa
4-1 à 43’38 » : Zedník assisté de Baranka et Stümpel (sup. num.)
Slovaquie (2′ pour surnombre)
Gardien : Peter Hamerlík.
Défenseurs : Peter Podhradský (+1) – Ivan Baranka ; Richard Lintner (A, +1) – Branislav Mezei (+1) ; René Vydarený (+1) – Richard Stehlík.
Attaquants : Richard Zedník – Jozef Stümpel (A) – Pavol Demitra (C) ; Ladislav Nagy (+1) – Juraj Mikúš (+2) – Marcel Hossa (+1) ; Branko Radivojevic (-1) – Martin Cibák (-1, 2′) – Luboš Bartecko (-1, 2′) ; Rudolf Huna (+2) – Peter Ölvecký (+1) – Tomáš Surový (+2) ; Rastislav Dej.
Remplaçant : Ján Lašák (G).
Allemagne
Gardien : Rob Zepp.
Défenseurs : Justin Krueger (-1) – Constantin Braun (-1) ; Denis Reul (-1) – Frank Hördler (A, -1) ; Christopher Fischer (+1) – Robert Dietrich ; Benedikt Kohl – Moritz Müller (-1, 2′).
Attaquants : John Tripp (C, -1) – Daniel Pietta (-1, 2′) – Philip Gogulla (-2) ; Patrick Reimer (A, -1) – Alexander Weiss (-1, 2′) – Martin Buchweiser (-2) ; Frank Mauer (+1) – Patrick Hager (+1) – Jerome Flaake (+1, 2′) ; Simon Danner – Marcus Kink – Matthias Plachta (-1).
Remplaçant : Jochen Reimer (G).







































