Metallurg Magnitogorsk (9e) : éliminé par son propre joueur-symbole

Malkin laissait un vide d’autant plus grand que l’international canadien Ryan O’Reilly se mettait finalement d’accord sur son contrat avec Colorado et repartait à son tour. Magnitka a alors cherché de nouveaux meneurs offensifs en recrutant Aleksandr Korolyuk, qui avait constitué un duo productif avec Mozyakin à Mytishchi, et Milan Gulas. Ce Tchèque a amené de l’impact physique et des mises en échec, mais a connu une longue disette offensive avant de se débloquer au cinquième match des play-offs contre Ufa et d’enchaîner par un doublé le surlendemain. Mais les faits sont têtus : après le départ de Malkin, le Metallurg n’a inscrit qu’une seule fois plus de trois buts dans un match.
Cette attaque autrefois crainte a donc été finalement éliminée au premier tour des play-offs sur un but en cage vide d’Aleksei Kaïgorodov, meilleur joueur de ce septième match. Or, Kaïgorodov avait commencé la saison à Magnitogorsk (où il a passé presque toute sa carrière de 5 à 29 ans), avant que l’entraîneur canadien Paul Maurice ne le laisse en tribune pour dix rencontres, le poussant à aller voir ailleurs. La prise de risques de Kaïgorodov, style unique qui avait fait sa gloire en éliminant le Canada en quart de finale du Mondial 2011, ne correspondait plus au hockey plus intensif que Maurice a été chargé de mettre en place. Le coach lui reprochait sa méforme physique et un manque de travail à l’entraînement. Après cette éviction, c’est un Kaïgorodov très motivé qui a pris sa revanche dans ce septième match, devant son ancien public.
En se privant de ce centre créatif, Maurice a mal anticipé la période post-Malkin, tout comme il a négligé le développement des jeunes pendant que la ligne MMK monopolisait le temps de jeu. Le club paraissait prêt à le conserver, mais le coach le mieux payé de KHL (on parle de 2 millions de dollars) ne reviendra finalement pas.
Magnitogorsk s’est aussi séparé de ses deux gardiens. Il les avait placés dans des conditions de performance en engageant un entraîneur spécifique célèbre, Tom Barrasso, ancien double vainqueur de la Coupe Stanley. À raison de mille lancers par séance, la préparation intensive devait permettre aux portiers de progresser. Ari Ahonen était initialement titulaire grâce à une meilleure maîtrise technique, mais les adversaires ont étudié le jeu du petit Finlandais et ont souvent cherché le contact en forçant le passage au premier poteau. Georgi Gelashvili a pris le relais au deuxième match des play-offs grâce à une présence plus imposante, mais il a été blessé ensuite par un slap puissant de Proshkin et n’a pu contribuer à la qualification. Le Metallurg veut libérer une place pour donner un peu plus sa chance au troisième gardien, le local Sergei Pechursky.
Lokomotiv Yaroslavl (10e) : reconstruction intelligente

La différence est que le style du « Loko-1 » était d’inspiration plus canadienne, sous la conduite du coach Tom Rowe. Cela n’était pas pour déplaire à Artyom Anisimov, qui reconnaissait des systèmes de jeu voisins de ceux qu’il connaissait aux New York Rangers. L’arrivée d’un centre avec l’intelligence de jeu d’Anisimov a eu pour grand bénéficiaire Sergei Plotnikov. Cet ailier de 22 ans formé à Khabarovsk évoluait l’an dernier sur la troisième ligne de l’Amur, et il ne trouvait pas plus le chemin des filets à son arrivée à Yaroslavl en septembre. Dès qu’il a été placé sur le trio d’Anisimov, Plotnikov s’est mis à marquer régulièrement et a été repéré pour la première fois par le sélectionneur national.
Contrairement à Magnitka, le Lokomotiv a eu l’intelligence de ne pas se rendre dépendant du lock-out. Il a aussi fait revenir ses joueurs formés au club, mais il a su mettre en place une équipe capable de survivre à leur départ. Les lignes offensives avaient des rôles interchangeables, et le départ du gardien Semyon Varlamov, même s’il a été très bon, n’a pas posé problème : Curtis Sanford, arrivé directement de NHL, était également fiable, et il avait encore une doublure avec le portier numéro 1 du Kazakhstan, Vitali Kolesnik.
Le jeu de Yaroslavl, très efficace pour protéger un score, paraissait taillé pour les play-offs. Mais le Loko a perdu ce jeu de patience au terme d’une prolongation record contre le Severstal (119e minute, match 4) et a fini par se faire éliminer en six manches après avoir perdu l’avantage de la glace au premier match. Le bilan a quand même été jugé satisfaisant pour un club qui avait dû repartir de zéro. Confiance a donc été maintenue dans l’entraîneur Rowe et dans son système.
Barys Astana (11e) : dans l’intérêt de l’équipe nationale

Mais même avec aux commandes un Krikunov pas toujours tendre avec les étrangers, le trio canadien a encore bénéficié d’une carte blanche offensive. Nigel Dawes, Dustin Boyd et Brandon Bochenski ont formé une ligne agressive sur le palet et sur la cage adverse. Dawes a été le premier joueur à inscrire quatre buts dans un match de play-offs de KHL. Astana a ainsi poussé le Traktor – futur finaliste – dans ses derniers retranchements au premier tour, et n’a dû rendre les armes qu’à cause de la scoumoune qui s’est abattue sur sa cage.
Teemu Lassila, qui n’atteignait déjà plus le niveau des saisons précédentes, a été le premier sur la touche. Le gardien international Vitali Eremeïev s’est ensuite blessé après le quatrième match de play-offs, et c’est le numéro 3 de départ Pavel Poluetkov (21 ans) qui a fini la série. Il a remporté la sixième manche, mais a totalement craqué dans le match décisif et a été sorti. Les joueurs d’Astana se sont battus tant qu’ils ont pu, mais ont été éliminés avec leur quatrième gardien Vladimir Kramar dans les filets.
Sibir Novosibirsk (12e) : du spectacle pour se réchauffer

La perspective d’un derby contre Omsk au premier tour des play-offs a enflammé l’hiver sibérien. La foule a fait la queue pour acheter les billets par une température de -35°C. On a alors ouvert une aile de la patinoire pour que les supporters puissent au moins attendre au chaud.
La comparaison entre les deux effectifs était néanmoins sans appel : sans Lehterä suspendu, le Sibir a été balayé 5-0 au premier match. Pire, le meneur de jeu finlandais n’est pas revenu au jeu par la suite, se plaignant de maux de tête à la suite d’une commotion cérébrale pendant la saison. La presse russe a été prompte à pointer du doigt le « déserteur », mais Lehterä était sérieux et on sait combien le sujet des chocs à la tête est sensible aujourd’hui dans le hockey. Il a ensuite manqué les championnats du monde pour la même saison. Novosibirsk pouvait toujours compter sur son gardien canadien Jeff Glass, décisif dans les trois victoires obtenues contre Omsk. Mais il en aurait fallu quatre pour se qualifier…
La belle saison de Novosibirsk a en tout cas attiré les convoitises. Le Torpedo Nijni Novgorod a essayé de recruter à tout prix Dmitri Kvartalnov, quitte à ce que celui-ci verse l’indemnité de rupture prévue pour se sortir de sa seconde année de contrat. Le Sibir ne s’est pas laissé faire et gardera finalement soin jeune entraîneur.
Slovan Bratislava (13e) : une prolongation de cinq ans pour l’entraîneur

Un environnement familier, voilà ce que le Slovan, à défaut de millions, « vend » aux joueurs slovaques. Plus gros temps de toute la KHL, Visnovsky a même annoncé vouloir finir la saison commencée avec le Slovan et profiter de son pays natal avec sa famille au lieu de rentrer en NHL lorsque celle-ci a repris. Un choix personnel qui aurait pu redéclencher une guerre des ligues, car Visnovsky avait un contrat valide (à 3 millions de dollars) avec les New York Islanders). La KHL a refusé qu’il continue et il est retourné en Amérique quelques jours plus tard.
Le départ de ses défenseurs-vedettes n’a pas empêché le Slovan de rester difficile à jouer. La tactique très conservatrice de Rastislav Cada, avec quatre joueurs à la ligne bleue, a parfaitement fonctionné. L’entraîneur tchèque a donc vu son contrat prolongé… jusqu’en 2018. Une durée de cinq ans extrêmement rare pour un entraîneur ! « Quand j’ai lu ça sur hokej.cz, j’ai pensé que c’était une faute de frappe. Je suis allé sur le site internet du Slovan et il y avait la même information », s’est étonné le défenseur tchèque Tomas Mojzis.
Pour expliquer cette confiance en Cada, le manager Maros Krejci a cité l’exemple d’Alex Ferguson, l’entraîneur de Manchester United qui a pris sa retraite après 27 années en fonction. Krejci a-t-il oublié que Ferguson avait aussi la double fonction de manager ? Pour que l’analogie soit complète, il faudrait donc qu’il lui cède également son propre poste…
Neftekhimik Nijnekamsk (14e) : les premiers pas adultes de Yakupov

Le cas a fait du bruit, et pas qu’en Russie. Le syndicat des joueurs de junior majeur (CHLPA) a accusé Sarnia de prendre Yakupov en otage pour profiter de l’argent russe. Il faut préciser que les équipes de la CHL reçoivent déjà un financement de la part de la NHL pour la fourniture régulière de joueurs. Une compensation supplémentaire pour une pige en KHL aurait donc constitué une double rémunération. Le plus étrange n’est pas que l’affaire se soit résolue (tout le monde y avait intérêt), mais la façon dont elle s’est résolue : le contrat signé avec Sarnia à 17 ans par Yakupov a été annulé parce que le joueur était mineur et qu’il n’avait pas été assisté par un conseil indépendant. On croirait entendre un motif de récrimination fait aux clubs russes que les Nord-Américains accusent parfois de faire pression sur les jeunes ! Yakupov s’est avéré rapidement efficace offensivement avec le Neftekhimik, mais un peu moins défensivement. Le même constat prévaudrait ensuite pour ses débuts en NHL.
Ce pur talent offensif ne correspondait pas tellement, en fin de compte, au profil dominant de Nijnekamsk. Les principaux buteurs y sont en effet l’attaquant défensif tchèque Petr Koukal et le colosse finlandais Oskar Osala. Le meilleur pointeur est même un défenseur, Renat Mamashev, qui a fini 15e marqueur de KHL et premier arrière. Mamashev, revenu à Nijnekamsk car il n’a pas réussi à s’imposer à Magnitogorsk, a ainsi réussi la meilleure saison de sa carrière à 29 ans.
À Nijnekamsk, on reste persuadé qu’Omsk a fait exprès de perdre ses deux dernières rencontres à domicile pour éviter de recroiser au premier tour le Neftekhimik, qui l’avait éliminé deux ans plus tôt. Au lieu d’une revanche, il y a donc eu un derby sibérien d’une part, et un derby tatar Kazan-Nijnekamsk d’autre part, dans lequel la capitale régionale a fait prévaloir ses droits. L’élimination face au grand frère n’a rien de déshonorant, mais pour autant l’entraîneur Vladimir Golubovich ne s’est pas vu proposer de nouveau contrat.
Lev Prague (15e) : quand il y en a pour deux, il y en a pour trois

Les débuts de Chara ont été compliqués : après un début de saison réussi sans lui, les six premières rencontres après son arrivée ont été perdues. Même s’il n’était pas dans sa meilleure forme, les difficultés offensives ne pouvaient tout de même pas lui être imputées. Ce mauvais mois d’octobre a finalement conduit à la sortie du coach Josef Jandac. Le Lev a alors trouvé un arrangement pratique avec son partenaire le Sparta, dont il occupe la patinoire : un échange d’entraîneurs, moyen pratique d’économiser les indemnités de licenciement.
Le nouvel homme fort sur le banc, Vaclav Sykora, s’est heurté au même problème que son prédécesseur : plusieurs cadres offensifs produisaient beaucoup moins que dans leurs précédents clubs. Petr Vrana (ex-Khabarovsk) se tourmentait psychologiquement de sa réussite perdue, mais il a assez travaillé pour gagner sa place aux championnats du monde avec la République Tchèque. Quant à Marcel Hossa, faute d’effort et d’implication physique, il n’exploite toujours son potentiel qu’à moitié.
Le Lev suivait encore une route relativement tranquille vers les play-offs quand une nouvelle série de cinq défaites a remis la qualification en cause. Elle a finalement été obtenue à la septième place de la conférence ouest, pour une élimination logique au premier tour contre le CSKA Moscou.
Atlant Mytishchi (16e) : moi je me bats pour le futur, quelle aventure

Après l’intérim de l’adjoint Aleksandr Smirnov, c’est Sergei Svetlov qui a été embauché et a immédiatement mis fin à une terrible série de onze défaites consécutives. Il a mis les joueurs au travail et a peu utilisé Nikolai Lemtyugov, pourtant le meilleur buteur de l’équipe sous l’ère Karlsson : l’ailier rentrera finalement dans son club formateur Chelyabinsk, où il ne jouera presque pas.
Le principal changement pour le club est cependant l’arrivée au 1er décembre d’un nouveau manager, Aleksei Zhamnov, déplacé du Vityaz. Le président de la région de Moscou, Amir Gallyamov, l’a présenté comme chargé d’une mission ambitieuse, faire de l’Atlant un candidat au titre dans les prochaines années. « Je suis venu pour construire une équipe pour l’avenir et je ne regarderai pas comment l’Atlant joue dans le prochain mois. L’important pour moi est ce qu’il sera dans le futur. », a confirmé Zhamnov. Il n’a donc pas hésité à échanger ses deux principaux attaquants, Jonas Andersson (à Nijni Novgorod, un concurrent direct) et Nikolaï Zherdev (à Kazan, un prétendant à la Coupe Gagarine).
Normalement, c’est l’attitude d’un club qui a tiré une croix sur la saison en cours. Mais c’est exactement le contraire qui s’est produit ! Ayant perdu ses principales individualités, Mytishchi a mis l’accent sur la discipline et les quatre lignes ont toutes pris leurs responsabilités. Dès le départ de Zherdev, l’Atlant a enchaîné quatre succès et est finalement revenu prendre le dernier strapontin en play-offs. Le signe d’une équipe d’avenir ?





































