Bis repetita en Ajoie ?
C’est ici à Porrentruy, dans ce coin frontalier du Jura appelé l’Ajoie, qu’Épinal termine sa préparation estivale. Une ultime répétition générale avant que la Coupe de la Ligue et le championnat ne reprennent leurs droits. Dépaysement assuré, dans une enceinte vieillissante – le Voyeboeuf – rappelant immanquablement l’ancienne patinoire de Poissompré. Et attendant patiemment d’être rénovée, au gré des nombreux projets de réhabilitation et de reconstruction soumis à l’approbation des pouvoirs publics locaux.

N’ayant pas toujours bénéficié des meilleures conditions pour s’entraîner (avec l’indisponibilité prolongée de Poissompré), les boys du Boz’ rattrapent donc lentement (mais sûrement) le temps perdu cet été. Aussi se sont-ils dernièrement attelés à huiler les rouages – encore grinçants – d’un powerplay n’ayant converti aucune de ses nombreuses possibilités mardi, lors du match « aller ».
Le HC Ajoie, qui enregistre les retours de Manuel Zigerli et Steven Barras (deux de ses attaquants les plus marquants), cherche d’entrée à accélérer le jeu mais la passe en profondeur de Keven Cloutier pour Thomas Beauregard, mal ajustée, file en dégagement interdit. L’engagement qui suit, donné en zone défensive ajoulote, est remporté par Matthieu Le Blond, ce qui permet à l’ICE de poser quelque peu le jeu. Seulement voilà, une passe en retrait adressée à Aziz Baazzi, posté à la bleue, échappe à l’ex-Amiénois, ce dont va profiter Keven Cloutier. Le capitaine québécois d’Ajoie met aussitôt Thomas Beauregard sur les rails d’un breakaway qu’il parvient à mener à bien, en ajustant Pierre Mauffrey d’un imparable croisé tir à mi-hauteur (1-0 à 00’18 »).

L’entraîneur a choisi de permuter non seulement Grégory Beron et Peter Valier, mais aussi Matthieu Le Blond et Pierre-Charles Hordelalay, histoire d’apporter plus de vitesse à une deuxième ligne emmenée par Anže Kuralt et Ken Ograjenšek. Un choix payant puisque la vivacité de Hordelalay ouvrira une petite brèche, en zone offensive, dans laquelle Ograjenšek s’engouffre, sans pour autant parvenir à marquer du revers. Sascha Rochow joue du bouclier pour sortir le tout premier de ses (très) nombreux arrêts (02’06 »)…
Alain Goulet, toujours aussi rassurant (et impressionnant), confirme ses excellentes dispositions en y allant d’un poke-check salvateur en position de dernier défenseur. Aziz Baazzi, lui, connaît un début de partie beaucoup plus compliqué. Coupable sur l’ouverture du score, le néo-GamYo se voit enrhumé en un-contre-un (par Rolf Portmann)… et contraint de fauter pour se rattraper (03’07 ») !
S’ensuit, donc, la première supériorité numérique, marquée notamment par ce décalage de Cloutier vers Barrras, bien placé sur le côté mais parfaitement « muselé » par un Charpentier contribuant à écarter le danger (5e). Ses coéquipiers terminent le travail en gênant suffisamment le déploiement adverse pour empêcher toute possibilité d’installation du powerplay suisse.
Solides et bien regroupés en infériorité numérique, les GamYo semblent en revanche beaucoup plus vulnérables à cinq-contre-cinq. Dépassés par la vitesse de patinage et d’exécution d’un ensemble ajoulot autrement plus entreprenant, les boys du Boz’ auraient même pu se retrouver bien plus lourdement menés. Peinant à desserrer l’étreinte, ils subissent donc plus qu’ils n’agissent. Un mauvais rebond contre la bande manque de profiter à Jan Mosimann (05’24 ») avant qu’une passe en retrait très mal assurée ne soit récupérée par Keven Cloutier. Le Canadien fonce droit devant pour s’en aller buter, une première fois, sur un Mauffrey remettant ça dans la foulée, sans que ses défenseurs ne parviennent à dégager. Une action que Thomas Beauregard, totalement démarqué au premier poteau, aurait pu finaliser… s’il n’avait pas trop croisé son lancer (9e) !

Retrouvant des couleurs, les visiteurs peuvent compter sur un solide Mauffrey, qui repousse le slap de Hauert (13’06 ») et ne laisse pas le moindre rebond sur le gros lancer de Zigerli (14’26 »). De quoi pleinement rassurer ses coéquipiers, parvenus, non sans mal, à élever leur niveau de jeu. Les Jurassiens, bien moins souverains qu’en début de partie, laissent eux de plus en plus d’espaces sur leur petite glace et commencent à se faire bousculer physiquement. Maxime Ouimet, tout particulièrement réputé pour sa ténacité et son engagement, allant même jusqu’à secouer son adversaire… devant son propre banc !
Mais ne nous y trompons pas. Ajoie reste dangereux dans le sillage d’un Keven Cloutier à surveiller comme le lait sur le feu. C’est même peu dire qu’avec ses bonnes mains et son excellent coup de patin, le Québécois donne beaucoup de fil à retordre aux Vosgiens, pris de vitesse sur une accélération lui permettant de remettre dans son dos, sur Beauregard, pour une frappe détournée (du bouclier) par Mauffrey (16’29 »). Pareils automatismes se retrouvent dans les combinaisons et le jeu en première intention impulsés par Anže Kuralt et Ken Ograjenšek, capables de se trouver les yeux fermés. Kuralt, qui accuse souvent un tout petit temps de retard, nuit toutefois à la fluidité d’actions provoquant, malgré tout, quelques belles occasions. Hordelalay, souvent bien placé, en récupère les miettes pour inquiéter Rochow, toujours décidé à ne rien laisser passer (17’06 »)…
Invités à aller se calmer sur le banc des pénalités (après avoir failli en venir aux mains, 18’00 »), Peter Slovák et Jan Mosimann assisteront, en simples spectateurs, à une ultime occasion de Keven Cloutier, lancé dans l’intervalle par Thomas Beauregard. Armant un tir puissant destiné à nettoyer la lucarne opposée, le Canadien verra le cadre se dérober (19’05 »).

Retardant brillamment l’échéance, Rochow va encore sortir le grand jeu en se mouvant suffisamment rapidement pour fermer la porte au nez d’Anže Kuralt, pourtant bien décalé, en deux-contre-un, par Pierre-Charles Hordelalay (24’45 »). Grégory Beron, bien lancé dans la profondeur par Ján Plch, finira toutefois par en avoir raison. L’ancien Pingouin, assurément pas manchot, filant entre Matthieu Tanner et Thomas Mettler pour égaliser d’un joli revers à mi-hauteur (1-1 à 28’23 »).
C’est amplement mérité pour les GamYo, combatifs et travailleurs, qui répondent présent dans les duels et ne lésinent ni sur le patinage, ni sur l’échec-avant. Un engagement de tous les instants prôné par Philippe Bozon, qui n’a pas manqué de replacer Grégory Beron en première ligne (en lieu et place d’un Peter Valier effacé). Un choix payant pour le meilleur joueur de l’histoire du hockey français, bientôt exaspéré par « l’acharnement » du corps arbitral envers ses protégés. L’assistant-capitaine Yannick Offret, doublement pénalisé pour avoir contesté la décision des référés (32’08 ») voit toutefois sa sanction atténuée par l’incarcération de Josh Primeau. L’ailier canadien à licence suisse s’étant impliqué dans un début d’échauffourée (32’32 ») aux abords de la cage défendue par un Hočevar, tout près d’être pris à contre-pied sur un slap d’Horanský dévié, sous son nez, par Zigerli (33e).
Que d’occasions !

Le vent finissant par tourner, c’est Miguel Orlando (pour une obstruction) qui est ensuite invité à s’asseoir sur le banc des pénalités (37’13 »). Sascha Rochow, bien parti pour geler la rondelle (après avoir bloqué un tir excentré d’Ograjenšek), prend alors un risque inconsidéré en relançant dans l’axe, ce dont Pierre-Charles Hordelalay, pourtant bien placé, ne pourra profiter (38’06 »). Ján Plch se voit quant à lui plaqué au sol (sans ménagement) par un adversaire sans qu’aucune sanction ne soit appelée, au grand dam d’un Philippe Bozon très remonté (39’13 »), qui ne manquera pas d’aller dire, aux zébrés, sa façon de penser.
Portmann, en contre, ayant dévié le centre de Loeffel au-dessus du filet (39’24 »), les GamYo reviennent au jeu seulement menés d’une unité. Rien d’insurmontable pour les Vosgiens, qui forcent Rochow à un nouvel arrêt déterminant à bout portant devant l’omniprésent Vincent Kara (40’15 »), parvenu à longer la ligne de but sans être véritablement inquiété. Pas plus, me direz-vous, que Martin Charpentier, trop bien placé au premier poteau pour ne pas répercuter, au fond des filets, le caviar servi par Ján Plch (2-2 à 41’50 »).
Une joie de courte durée puisqu’une charge jugée illicite d’Offret (41’52 ») réactive aussitôt ce powerplay ajoulot sublimé par cette entente Beauregard-Cloutier amenant le cinquième but de la soirée. Et quel but ! Thomas Beauregard, côté gauche, renversant à l’opposé, sur Keven Cloutier, qui lui remet directement le palet. Une manœuvre pleine d’habileté et de sang-froid, un véritable « tic tac toe », sur jeu placé, ouvrant une cage grande ouverte au premier nommé (3-2 à 42’16 »).
Pas de
Aucune fausse note en revanche sur l’action emmenant le troisième but spinalien. Une pure merveille de jeu collectif en première intention. Presque une séquence de passe à dix entre les Ouimet, Rapenne et autres Kara, parvenus à rapidement (et précisément) faire circuler le palet pour donner le tournis à toute l’équipe d’Ajoie. Ces échanges débouchent sur une longue ouverture de Maxime Ouimet libérant Vincent Kara, qui aura suffisamment de champ pour s’avancer en zone offensive et nettoyer la lucarne d’un superbe tir des poignets (3-3 à 46’58 »).
Sur leur lancée, les GamYo passent à un montant d’une quatrième réalisation. Anže Kuralt, parti plein gaz, donnant en retrait pour Aziz Baazzi dont la reprise instantanée fait poteau sortant (47’36 »). Peter Slovák, sûrement surpris de se retrouver si bien placé, ratant lui le cadre à bout portant (48’28 »).
Les Helvètes ne touchent plus un palet mais vont bénéficier d’une supériorité profitant essentiellement… à Vincent Kara ! L’ailier chamoniard se démène en zone offensive pour forcer, en vain, le verrou jurassien (49’04 »). Comprenez Sascha Rochow, qui livre un beau duel à distance avec Andrej Hočevar, contraint de sortir sa plus belle mitaine devant Keven Cloutier (49’18 »). Le même qui, dans la foulée, patine d’arrache-pied pour contrer le puck dans la palette d’ Offret, servi par un Rapenne ayant préalablement bien jailli (49’34 »).

De quoi amplifier la frustration des Vosgiens qui n’hésitent plus à compléter leurs fore-checks de mises en échec. Et rendent coup pour coup. Quitte à se faire sanctionner, à l’image d’un Gašper Sušanj ayant un peu trop musclé son jeu (56’03 »). Inutile de préciser qu’entre temps, Cloutier s’était signalé d’une énième échappée… sans parvenir à glisser son revers entre les jambières de l’homme masqué (55’03 ») !
En infériorité, les visiteurs voient une charge d’Ouimet dans le dos de Barras doubler, pour une cinquantaine de secondes, l’avantage numérique d’Ajoie (57’10 »). De longues secondes passées sous la menace des Cloutier, Ryser, Beauregard et autres Barras qui vont forcer Hočevar, héroïque, à sortir quatre énormes arrêts d’affilée. Plusieurs parades venues d’ailleurs, comme sur ce palet lâché devant Zigerli. Le Slovène, couché sur le dos, parvient (on ne sait comment !) à l’empêcher de marquer (58’30 »).
Devant une fière chandelle à leur gardien, les Spinaliens tuent, au courage ces deux pénalités pour gagner le droit de disputer une nouvelle prolongation. Une mort-subite que le duo slovène des GamYo passe tout près d’abréger. Anže Kuralt lance Ken Ograjenšek, sans que l’attaquant arrivé de Ljubljana ne parvienne à glisser la rondelle entre les bottes du cerbère d’Ajoie (62’49 »). Pas plus de réussite pour Kuralt, qui s’ouvre le chemin des filets… mais glisse malencontreusement au moment de réceptionner le palet (63’11 ») !

Stanislav Horanský réussit pour sa part à trouver l’ouverture entre les jambières d’Hočevar. Au tir sec de Grégory Beron, repoussé par le montant, s’ajoute la tentative avortée d’un Thomas Beauregard n’ayant fait que s’enfermer sur la gauche du gardien.
Petrák passe lui tout près de tromper Rochow, qui repousse une tentative glissant dangereusement le long de la ligne fatidique. La chance d’Épinal est passée surtout que Steven Barras, dans la foulée, s’en va expédier le puck sous la barre d’Hočevar. Sascha Rochow terminant sa soirée en stoppant le revers d’Anže Kuralt. Cette fois, la loterie aura souri au HC Ajoie…
Les GamYo, tombés les armes à la main, ont vendu chèrement leur peau garderont la satisfaction de n’avoir rien lâché tout au long de la soirée. Encourageant, forcément, pour la suite des événements !
Ajoie – Épinal 3-3 (1-0, 1-1, 1-2, 0-0) / 2-0 aux tirs aux buts
Samedi 6 septembre à 20h00 à la patinoire du Voyeboeuf. 457 spectateurs.
Arbitres : Daniel Wirth assisté de Christophe Pitton et Michael Rohrer.
Pénalités : Ajoie 16′ (4′, 8′, 4′) ; Épinal 26′ (4′, 10′, 12′).
Évolution du score :
1-0 à 00’18 » : Beauregard assisté de Cloutier
1-1 à 28’23 » : Beron
2-1 à 34’42 » : Portmann assisté de Primeau (sup. num.)
2-2 à 41’50 » : Charpentier assisté de Beron
3-2 à 42’16 » : Beauregard assisté de Cloutier (sup. num.)
3-3 à 46’58 » : Kara assisté d’Ouimet et Rapenne
Tirs aux buts :
Ajoie : Horanský (réussi), Beauregard (raté), Barras (réussi).
Épinal : Ograjenšek (raté), Beron (raté), Petrák (raté), Kuralt (raté)
Ajoie
Gardien : Sascha Rochow.
Défenseurs : Simon Barbero – Jordane Hauert (A) ; Miguel Orlando – Kevin Ryser ; Matthieu Tanner – Thomas Mettler ; David Erard – Nicolas Leonelli.
Attaquants : Manuel Zigerli – Keven Cloutier (C) – Thomas Beauregard ; Steven Barras (A) – Thibault Frossard – Josh Primeau ; Timothé Tuffet – Stefan Mäder – Jan Mosimann ; Stanislav Horanský – Rolf Portmann – Colin Loeffel.
Remplaçant : Sandro Zaugg (G). Absents : Reto Amstutz, Mike Vermeille, Giacomo Casserini (infection au coude), Dario Kummer (déchirure partielle des ligaments de la cheville).
Épinal
Gardien : Pierre Mauffrey, puis Andrej Hočevar (à 20’00 »).
Défenseurs : Aziz Baazzi – Gašper Sušanj ; Martin Charpentier – Alain Goulet ; Maxime Ouimet (C) – Maxime Moisand ; Peter Slovák.
Attaquants : Peter Valier [puis Beron] – Michal Petrák – Ján Plch (A) ; Anže Kuralt – Pierre-Charles Hordelalay – Ken Ograjenšek ; Grégory Beron [puis Valier] – Matthieu Le Blond – Vincent Kara ; Anthony Rapenne – Maxime Martin – Yannick Offret (A).
Absent : Nathan Ganz (épaule).









































