L’équipe de France débute sa préparation pour les championnats du monde avec un double affrontement à Pôle Sud contre le Danemark, pays hôte de la compétition 2018. De nombreux joueurs sont encore engagés dans les play-offs avec leurs clubs respectifs mais la formation sélectionnée par Dave Henderson et Pierre Pousse pour ce premier stage compte déjà un certain nombre de cadres comme Stéphane et Teddy Da Costa, Damien Fleury, Antonin Manavian et Kévin Hecquefeuille, sans oublier les deux gardiens titulaires Florian Hardy – aligné ce soir – et Ronan Quemener qui auront la lourde tâche de remplacer Cristobal Huet qui a pris sa retraite internationale après les championnats du monde 2017 à Paris. D’autres joueurs qui se sont illustrés cette saison en Ligue Magnus (Romand, Correia, Valier, Leclerc, Gutierrez) auront l’occasion de se montrer alors que le défenseur Hugo Gallet, cadre de l’équipe de France U20, a sa chance pour percer dans la brigade défensive.
Le Danemark est le premier en action. Morten Poulsen et Jesper Jensen qui viennent dès le coup d’envoi frapper à la porte de Florian Hardy. Signe que les Danois, hôtes des championnats du monde 2018, ne sont pas là pour faire de la figuration. Côté tricolore, un bon travail de Jordan Perret en zone offensive entraîne une première situation chaude sur le but danois. Les Danois donnent tout de même l’impression de dominer les débats. Hardy repousse un bon lancer de Nicklas Jensen. Une première pénalité est appelée contre Benjamin Dieudé-Fauvel, aligné ce soir avec son compère de Bordeaux Jonathan Janil. Seul face à la cage, Poulsen se heurte à Hardy. Le portier tricolore ne fait que repousser l’échéance puis que Nicholas Jensen parvient à marquer d’un tir du poignet au milieu du trafic (0-1, 5’31).
La réaction française intervient dans la foulée. Stéphane Da Costa, en deux temps, met la pression sur George Sørensen. Guillaume Leclerc, aligné aujourd’hui en première ligne aux côté de Da Costa et Fleury, tente de prendre sa chance à son tour. La réaction française est interrompue par une pénalité d’Antonin Manavian pour un cinglage. Mais les Bleus restent dangereux avec un contre de Claireaux ponctué d’un gros lancer bloqué sans rebond par Sørensen. La supériorité numérique danoise, pas très dangereuse, est écourtée par une obstruction de Kristian Jensen qui remet les deux équipes à quatre contre quatre. Puis le power-play des Bleus essaie de se mettre en place autour de Stéphane Da Costa et Damien Fleury, fers de lance offensif ce soir.
Une fois la pénalité tuée, le rythme baisse dans la deuxième moitié du tiers. L’essentiel du jeu se passe en zone neutre. Sur un turnover, les Bleus se créent une énorme opportunité lorsque Claireaux se présente seul face à Sørensen mais le portier danois sort une belle mitaine. Mais les Danois ont aussi leur occasion lorsque Nick Olesen arrive à s’approcher du slot, déclenche un lancer mais trouve le poteau, Hardy ayant bien fermé son angle. En toute fin de tiers, Sørensen se montre une nouvelle fois décisif avec un arrêt de l’épaule sur un lancer de Fleury. Les Bleus poussent lors de la dernière minute et obtiennent un pénalité en toute fin de tiers contre Rasmus Schultz Lyø.
Cela permet à la France d’évoluer en supériorité numérique en début de deuxième période. Les Bleus installent bien leur power-play et une faute d’Emil Kristensen sur Nicolas Besch leur offre même une double supériorité numérique pendant 33 secondes. Malgré deux bons lancers de Manavian, artificier principal à la ligne bleue, les Tricolores n’arrivent pas à profiter de l’aubaine, la faute essentiellement à une circulation du palet trop lente qui ne permet pad de trouver de bons décalages. Les Danois reviennent finalement à 4 puis à 5 sans dommage.
Guillaume Leclerc semble bien décidé à bonifier son temps de jeu et se trouve tout près de marquer sur un palet perdu par la défense danoise. Comme lors du premier, la rencontre tombe dans un faux rythme avec des défenses qui prennent le pas sur les attaques. Les gardiens doivent tout de même rester vigilants à l’image de Florian Hardy, bien présent sur une bonne échappée de Nicklas Jensen. Les Bleus ont un peu du mal à construire leur jeu, la faute à un certain nombre de palets perdus en zone neutre. Les Danois essaient de profiter de la moindre opportunité à l’image de Jesper Jensen, dont le lancer est dévié in extremis de l’épaule par Hardy. Les deux équipes sont plus disciplinées mais s’engagent à fond physiquement dans les duels. Rech parvient à surprendre la défense danoise mais encore une fois Sørensen fait l’arrêt.
Le Danemark se fait pénaliser bêtement pour un surnombre. L’occasion est belle pour les Bleus de se relancer dans la partie. Mais après une grosse pression mise dès les premières secondes, ils perdent le fil et le PK danois fait le reste en tuant assez facilement la pénalité. Alors que la rencontre tombe dans une douce torpeur, Nick Olesen réveille les spectateurs de Pôle Sud en marquant sur une légère déviation qui surprend Hardy sur un tir à mi-distance de Rasmus Schultz Lyø dans le trafic (0-2, 36’37).
Heureusement, une charge avec la crosse de Nicklas Jensen sur Leclerc, permet aux Français de se remettre tout de suite dans le cours du match. Le power-play français est vite installé mais peine à trouver un bon angle de tir. Après un bon décalage de Stéphane Da Costa, c’est finalement Damien Fleury qui relance les Bleus sur un one-timer qui permet aux spectateurs de Pôle Sud de se lever une première fois (1-2, 38’46). Les Bleus sont enfin relancés, mais Claireaux se fait tout de même sanctionner. Kristoffer Lauridsen insiste au près devant le slot mais Hardy ferme la porte.
Alors que les deux premières périodes avaient été relativement insipides, le troisième tiers va être disputé sur un tout autre rythme. La France tue facilement la pénalité de Claireaux. La première ligne française prend le jeu à son compte et essaie de pousser en zone offensive pour chercher l’égalisation. Sur un choc entre Rech et Sørensen, l’excellent gardien danois est sonné et a besoin de quelques secondes pour retrouver ses esprits. Dans la foulée, Julien Correia se procure une grosse occasion en insistant de près en deux temps mais Sørensen ne laisse rien passer. Le portier danois se fait tout de même pénaliser pour un déplacement de cage volontaire. Nouvelle supériorité numérique pour les Français qui font bien circuler le palet. À l’image d’une grosse charge de Teddy Da Costa qui laisse Kristensen sonné, les Bleus montrent bien qu’ils comptent rien laisser passer aux Danois.
La tension monte d’un cran avec un premier brassage entre Rech et Nicholas Jensen à la suite d’un lancer de l’attaquant français. Un gros lancer de Manavian est repoussé par Sørensen. Puis sur une bonne incursion en zone offensive, Jordann Perret voit son tir passer au ras du poteau. À force de pousser, les Bleus finissent par trouver l’ouverture sur une contre-attaque de Fleury ponctuée par un gros lancer croisé de Manavian qui transperce Sørensen (2-2, 48’18). Une égalisation méritée pour les Français qui poussaient pour obtenir l’égalisation.
En réaction, le Danemark met tout de suite la pression sur la cage française mais une bagarre éclate après grosse charge contre la bande de Martin Larsen sur Claireaux alors que Floran Douay vient venger son coéquipier. Larsen et Douay sont exclus mais la tension est clairement montée d’un cran sur la glace. Une situation qui profite aux Français. Dans la foulée, ils prennent l’avantage par un one timer de Stéphane Da Costa sur une passe en retrait de Hecquefeuille (3-2, 50’07).
Le Danemark continue de durcir le jeu dans les bandes et Oliver Larsen fait trébucher Jordann Perret. Sur le power-play, les Français sont tout près de creuser l’écart sur un tir d’Hecquefeuille à bout portant mais Sørensen repousse le palet d’un bel arrêt-réflexe. Les débats s’enveniment avec une grosse charge de Mads Eller sur Nicolas Besch qui vaut une expulsion à l’attaquant danois alors que Stéphane Da Costa était venu au secours de son coéquipier. Avec la pénalité majeure, les Français obtiennent une belle opportunité de tuer définitivement le suspense. En double supériorité numérique, les Bleus se reposent sur le bon lancer de Manavian mais Sørensen multiplie les arrêts. Les Danois reviennent à quatre contre cinq mais continuent de distribuer dans les bandes avec une nouvelle grosse charge de Nicklas Jensen sur Valier, ce qui provoque la colère de Manavian. Jensen et Manavian sont pénalisés et les Bleus continuent en supériorité numérique.
Les esprits se calment jusqu’à la fin du match, ce qui n’empêche pas l’équipe de France de rajouter un quatrième but. Le lancer de Dieudé-Fauvel est contré et le palet retombe en feuille morte derrière Sørensen (4-2, 57’02’). Alors que le Danemark semble avoir abandonné depuis longtemps toute prétention à la victoire, préférant imposer un défi physique maximum dans les bandes, les Bleus finissent la rencontre en roue libre. Leclerc en bonne position se voit privé du palet au dernier moment par Oliver Larsen alors qu’Hardy est vigilant sur une contre-attaque rapidement jouée par Kristian Jensen. La dernière opportunité du match sera dans la crosse de Rech en bonne position mais Sørensen réalise un arrêt propre sans rebond.
Après deux premiers tiers bien ternes, la rencontre s’est subitement animée lors du troisième tiers grâce notamment au défi physique imposé par les Danois, mais bien relevé par les Français qui ne sont pas tombés dans le piège de l’indiscipline contrairement à leurs adversaires. Dave Henderson pourra être satisfait de voir son équipe bien réagir après avoir été menée 0-2 pour finalement s’imposer 4-2 avec notamment deux buts marqués en supériorité numérique. On retiendra côté tricolore la (déjà) bonne forme de Stéphane Da Costa qui a animé une ligne efficace avec Fleury et Leclerc. Henderson a dû aussi apprécier la prestation rassurante de Hardy dans les buts et celle du jeune défenseur Hugo Gallet qui a réalisé une bonne prestation au sein de la défense tricolore. Malgré le manque de rythme pour certains joueurs qui avaient arrêté la compétition depuis plusieurs semaines, l’équipe de France a montré des signes encourageants sur le plan de l’engagement et de l’intensité. À confirmer demain face à des Danois revanchards.
Désignés meilleurs joueurs du match : Damien Fleury (France) et George Sørensen (Danemark)
(Photos Philippe Crouzet et Emmanuel Giraudeaux)
Commentaires d’après-match :
Dave Henderson (coach de l’équipe de France) : « C’était surprenant car le jeu est devenu très physique au troisième tiers alors qu’il ne l’était pas du tout lors des deux premiers. Les arbitres ont bien réagi, ils ont mis les gars qu’il fallait en prison et ils ont pris les bonnes décisions donc ça a calmé un peu. Mais le hockey, c’est un sport d’émotions aussi, et on est content de prendre la victoire avec l’émotion à la fin. On a eu une belle réaction d’équipe mais il y avait des choses à améliorer et à corriger. C’est pour ça qu’on fait ces préparations d’un mois, on sait qu’on n’est pas tout à fait au point dans les phases de jeu, la cohésion du groupe sur le forecheck, sur le repli défensif. En power-play, il y a des choses à améliorer, notamment bouger le palet un peu plus, et techniquement une meilleure qualité de passe et de réception qui nous a manqué. En zone défensive, prendre nos positions quand l’autre équipe a le palet, veiller plus à ce qui se passe dans le dos alors qu’on a tendance à regarder le palet. En sortie, il faut que les joueurs soient plus rapidement à leurs positions pour donner une cible soit au défenseur, soit à l’attaquant qui a le palet pour le sortir plus proprement. Stéphane, on sait que c’est un génie avec le palet, on le voit encore ce soir, il n’était pas encore à son top niveau, ça fait un moment qu’il a arrêté de jouer avec Genève donc il faut qu’il reprenne ses marques. Il a joué avec Damien et Guillaume ce soir, ça s’est plutôt bien passé mais les automatismes ne sont pas tout à fait là, et dans les deux/trois semaines qui viennent il faudra qu’on complète avec l’arrivée des joueurs qui n’ont pas encore fini leurs play-offs ou qui jouent encore dans leur championnat. Pour l’instant Antoine [Roussel] est encore en lice pour les play-offs, on ne le contacte pas comme le protocole le veut. On a pris contact avec lui pendant la saison tout comme Pi Ed et Yohann, on leur a dit nos souhaits, ils ont donné leur souhait, comment ils voyaient les choses, donc il faut qu’on attende la fin de leur saison pour concrétiser dans un sens ou un autre mais c’est sûr que les saisons sont longues avec les sollicitations de l’équipe de France et de l’équipe NHL. Ce n’est pas toujours facile, on voit beaucoup de pays qui ont une profondeur de joueurs NHL, ce ne sont pas toujours les mêmes. Nous n’avons que deux, trois ou quatre joueurs, c’est difficile pour les gens qui partent sept semaines pour recharger les batteries et tout çan mais on abordera ce point là quand on y arrivera. »
Stéphane Da Costa (attaquant de l’équipe de France) : « À la fin, ça commençait à dégénérer mais il n’y a pas eu vraiment de blessés, c’est le point positif. C’est difficile, il y a beaucoup de joueurs qui n’ont pas joué avant… On a fait pas mal de muscu, il y en a qui sont un peu fatigués mais à partir de la mi-match on a commencé vraiment à prendre nos marques et à mieux jouer. Ce n’était pas un match super intense, mais c’est rentré au bon moment donc ça fait plaisir. »
France – Danemark 4-2 (0-1, 1-1, 3-0).
Vendredi 6 avril 2018 à 20h à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 1490 spectateurs.
Arbitrage de Geoffrey Barcelo et Pierre Dehaen (FRA) assistés de Gabriel Pointel et Joris Barcelo (FRA).
Pénalités : France 47′ (4′, 2′, 6’+10’+5’+20′), Danemark 70′ (4′, 6′, 10’+5’+20’+5’+20′)
Tirs : France 28 (9, 7, 12), Danemark 26 (13, 5, 8)
Évolution du score :
0-1 à 05’31 : N.B. Jensen assisté de M.Larsen et Klarskov (sup. num.)
0-2 à 36’37 : Olesen assisté de Schultz Lyø et K.Jensen
1-2 à 38’46 : Fleury assisté de S.Da Costa et Hecquefeuille (sup. num.)
2-2 à 48’18 : Manavian assisté de Fleury et S.Da Costa
3-2 à 50’07 : S.Da Costa assisté de Besch et Hecquefeuille
4-2 à 57’02 : Dieudé Fauvel assisté de Correia et Bouvet (sup. num.)
France
Attaquants :
23 Guillaume Leclerc – 14 Stéphane Da Costa (C) – 9 Damien Fleury (A)
81 Anthony Rech – 80 Teddy Da Costa – 13 Peter Valier
29 Floran Douay (5’+20′) puis 24 Jérémie Romand à 49’49 – 12 Valentin Claireaux (6′) – 72 Jordann Perret
7 Julien Correia – 15 Maurin Bouvet – 36 Romain Gutierrez
Défenseurs :
74 Nicolas Besch – 84 Kévin Hecquefeuille (A)
28 Damien Raux – 4 Antonin Manavian (4’+10′)
26 Benjamin Dieudé-Fauvel (2′) – 3 Jonathan Janil
8 Hugo Gallet
Gardien :
49 Florian Hardy
Remplaçant : 33 Ronan Quemener (G).
Danemark
Attaquants :
38 Morten Poulsen (A) – 40 Jesper Jensen – 17 Nicklas Jensen (4′)
81 Mads Eller (5’+20′) – 19 Steffen Klarskov – 16 Matthias Asperup
26 Kristian Jensen (2′) – 14 Kristoffer Lauridsen – 20 Nick Olesen
21 Steffen Frank – 44 Soren Nielsen – 53 Thomas Spelling
Défenseurs :
49 Rasmus Schultz Lyø (2′) – 28 Emil Kristensen (2′)
48 Nicholas B. Jensen (A) (4′) – 75 Martin Larsen (5’+20′)
6 Stefan Lassen (C) – 47 Oliver Larsen (2′)
23 Christian Mieritz
Gardien :
39 George Sørensen (2′)
Remplaçants : 35 Thomas Lillie (G), 46 Fredrik Bjerrum.