Après deux jours de repos, les Français remettent le bleu de chauffe – ou plutôt le blanc. Un souci sur le maillot bleu produit par Nike et l’IIHF a poussé la FFHG à demander à jouer tous les matchs en blanc plutôt qu’en… violet. Un maillot blanc avec pas moins de quatre nuances de bleu…
C’est donc la Slovaquie qui jouera en bleu aujourd’hui dans un match intrigant. Les deux équipes se connaissent par cœur. Leurs derniers matchs de préparation juste avant le Mondial ont été partagés : un succès 4-0 des Slovaques et un 3-2 des Tricolores. La France reste sur deux défaites contre eux au Mondial, mais avait gagné en 2014 et atteint alors les quarts de finale. Bis repetita ? On l’espère, car la Slovaquie a déçu depuis le début du tournoi.
La France jouera sans Hugo Gallet, pas encore remis de la mise en échec subie contre la Suède. En revanche, Loïc Lampérier, Yohann Auvitu et Sacha Treille sont de retour.
Un mauvais départ plombant
Le début de partie, assez fermé, voit les deux équipes se museler. Les Bleus se montrent agressifs sur le porteur de palet et tentent quelques incursions. Texier lance les premiers tirs, sans cadrer. Hardy reçoit aussi les premières banderilles et repousse Jurčo, lancé sur la gauche. La pression monte sur son but, mais les Français ne sont pas en reste avec une belle montée de palet collective, qui finit par un tir de Sacha Treille au deuxième poteau.
À la sixième minute, une mise au jeu en zone neutre est bien exploitée par la Slovaquie. David Buc reçoit le palet en entrée de zone et initie un 2-contre-1 face à Hecquefeuille. David Bondra, le fils de la légende Peter, contrôle et lève bien son palet, prenant de vitesse Hardy (1-0).
#SVKvsFRA @hockeyslovakia's David Bondra gets the team on the board first! #IIHFWorlds pic.twitter.com/vSlKyC8FTB
— IIHF (@IIHFHockey) May 10, 2018
La partie s’équilibre par la suite, aucune des deux équipes ne se créant réellement d’occasion. La Slovaquie passe tout de même de plus en plus de temps en attaque et finit par menacer Hardy : une déviation de Kudrna fait passer des frissons dans le dos des supporters français.
Les joueurs de Dave Henderson sont ensuite punis pour surnombre. L’équipe spéciale effectue un travail remarquable et ne concède aucun tir.
Les Bleus ont du mal à aller de l’avant, se contentant de tirs lointains et excentrés. Un contre slovaque mené par Jurčo transperce alors la défense, et Manavian, au duel, touche le visage de l’attaquant. Une crosse haute logique, et une double pénalité à cause d’une coupure.
Perret casse sa crosse dès le début mais parvient à foncer au banc la remplacer. Encore une fois, la défense contrôle bien et tue la première partie de pénalité. Il faut 2’40 aux Slovaques pour un premier tir, en angle fermé, bloqué par Hardy. En toute fin d’avantage, Jurčo sort du coin pour un essai en hauteur. Ce sera la dernière occasion du tiers.
La Slovaquie vire en tête et a dominé ce premier tiers 12 tirs à 4. Beaucoup de temps dans la zone de Hardy, mais les six minutes de supériorité n’ont quasiment rien donné grâce à une excellente défense française. Les Bleus ont paru empruntés et ont manqué d’intensité et de vitesse pour se montrer vraiment dangereux.
Une tardive réaction d’orgueil
Le schéma se reproduit en deuxième tiers. La Slovaquie trouve des espaces mais pas de position de tir. Un lancer en tête de cercle de Svitana change la donne. Hardy, masqué, repousse mais le palet tombe sur la crosse de David Buc, qui devance un Teddy Da Costa en retard et marque cage ouverte (2-0).
Une obstruction slovaque donne le premier jeu de puissance français du match. La deuxième ligne, autour de Texier, Treille, Guttig et Hecquefeuille, obtient plusieurs chances réelles. Même si cela manque un peu de vitesse, le danger a été bien supérieur au jeu de puissance slovaque du premier tiers.
La séquence a fait du bien. La France joue plus haut. Les duels sont intenses dans la neutre et Ďaloga peine à se relever dans un contact avec Teddy da Costa. À la mi-match, la France subit une longue présence slovaque, usante, sans toutefois concéder de vraie occasion.
Les Bleus, méconnaissables par rapport au match de la Biélorussie, peinent à construire quoi ce soit. Il faut une interception de Texier pour voir enfin un tir dangereux.
Une mise au jeu gagnée en zone offensive permet aux Français de combiner. Janil à la bleue décale Perret le long de la bande. Il donne une petite passe vers Claireaux, qui trouve un trou au niveau du cercle, et son tir échappe à Čiliak (2-1).
Le but fait du bien aux Français, qui jouent de plus en plus haut. Ce temps fort est malheureusement coupé par une crosse haute de Teddy Da Costa. Claireaux et Perret effectuent un énorme travail et, en dépit de quelques frayeurs sur des lancers déviés et grâce à deux bons arrêts de Hardy, la France s’en sort.
Elle reprend même sa bonne habitude de porter le jeu en avant, grâce à une bonne présence de la ligne de Stéphane Da Costa. Dix bonnes minutes donc, du mieux dans le jeu bleu, mais il manque encore le grain de folie… et le compteur de tirs reste bien bas.
Une attaque en panne
Le match reprend sur le même faux rythme. La Slovaquie manque de creuser l’écart sur une double occasion de Nagy, d’un côté puis en tour de cage.
Le temps fort bascule en faveur de la France, avec quelques présences plus incivives des Tricolores. Les tirs restent lointains cependant. Dave Henderson modifie ses lignes, plaçant Leclerc en première, et Rech aux côtés de Texier.
Ces changements apportent un plus. Treille récupère au fond, et sert Douay dans le slot. Čiliak repousse, puis, une bonne montée envoie Rech au but avec un slalom magnifique. Le portier repousse encore.
La Slovaquie recule, recule, concède des dégagements interdits… Les minutes défilent. Auvitu tente de lancer une attaque, mais son tir est hors cadre et le palet file dans son dos. Rech le couvre, mais Nagy l’attaque en un-contre-un, le passe, fixe Hardy et marque. Dave Henderson demande une révision vidéo pour hors-jeu… et gagne ! Le but est refusé.
Hardy sort, un temps mort est posé à une minute de la fin. Il reste trente secondes et la Slovaquie concède une pénalité, pose immédiatement son temps mort. La France gagne la mise au jeu et Stéphane Da Costa trouve Čiliak. Sur la suivante, la France perd un duel dans le coin et Čajkovský démarre, pour marquer en cage vide.
Défaite frustrante de la France face à une formation slovaque guère plus convaincante. Mais les Bleus n’ont réellement commencé à jouer qu’à la mi-match et, à ce niveau-là, ça ne pardonne pas…
Désignés joueurs du match : David Buc (Slovaquie) et Alexandre Texier (France).
Commentaires d’après-match
Yohann Auvitu (défenseur de la France) : « Il y a eu de bonnes et de mauvaises choses, c’est un peu les montagnes russes. On a été à la fois bons et en dessous. On paie cash nos erreurs et cela nous coûte le match. Le penalty kill… C’était dur de faire moins bien ! C’est une phase-clé et on a bien fait aujourd’hui. On a mis du temps à se mettre dedans et nous avons dû puiser de l’énergie dès le début. Il faut être plus concentrés et être prêts soixante minutes, et non pas vingt ou trente. Les adducteurs sont douloureux, mais je serre les dents. Tant que le maintien n’est pas acquis…. La mission est là, on ne vise pas la médaille. C’est toujours dur de l’obtenir, je n’ai jamais joué un Mondial où c’était facile. Demain ce sera une grosse bataille, le match de la mort. Je ne les connais pas du tout, je ne les ai pas vu jouer et j’aurais du mal à citer un nom, même si j’en connais peut-être quelques-uns, affrontés dans les catégories de jeunes. Mais ils ont l’air vaillants, ils ont arraché un point à la Suisse donc c’est une bonne équipe de hockey. À nous d’être prêts. On ne regarde pas les résultats des autres. On doit obtenir notre maintien nous-mêmes, après on pourra souffler. La victoire contre la Biélorussie ne fait pas tout, il faut encore une victoire. Avec cinq ou six points, ça passera, là avec trois points ça reste fragile. »
Valentin Claireaux (attaquant de la France) : « On a fait un mauvais début, peut-être notre pire du Mondial. On court après le score, mais deux buts à remonter, c’est difficile. On manque trop d’occasions franches. Pour faire mieux que ça, il va falloir jouer plus au fond, mettre des mises en échec, bosser, faire du pressing. L’Autriche est un match hyper important et il faudra jouer soixante minutes complètes. »
Dave Henderson (entraîneur de la France) : « Oui, il y avait un coup à faire. Mais on ne peut pas si on ne joue que la moitié du match. Ce n’est pas suffisant. Nous étions en retard sur le palet, avec des mauvais choix de relance. Un peu avant le milieu du match, on a commencé à jouer avec plus de bonne intensité, tourner un peu plus. Mais on a quatorze ou quinze tirs, ce n’est pas suffisant. On s’est réveillé un peu avant le but, il y a eu un sursaut d’orgueil sur le banc. Le talent seul ne suffit pas, il faut aussi le travail. Être plus intense dans les efforts, gagner des batailles dans le coin et devant la cage. Nous n’avons pas été assez opportunistes. La défense et le penalty-kill ont été bien et Flo a fait les arrêts. On coupe bien les lignes de passe, on se met devant les tirs et on les force à tourner autour. L’Autriche ? Il va falloir l’aborder avec l’intensité que l’on n’a pas eu ce soir. Généralement, on est plutôt meilleurs en back-to-back. On devra réagir avant eux, cette fois. »
Slovaquie – France 3-1 (1-0, 1-1, 1-0)
Jeudi 10 mai 2018, 16h15. Royal Arena de Copenhague. 5855 spectateurs.
Arbitrage de Roman Gofman (RUS) et Antonin Jerabek (TCH) assistés de Rene Jensen (DAN) et Jon Kilian (NOR)
Pénalités : Slovaquie 4′ (0′, 2′, 2′), France 8′ (6′, 2′, 0′)
Tirs : Slovaquie 28 (12, 9, 7), France 14 (4, 5, 5)
Récapitulatif du score
1-0 à 05’37 : Bondra assisté de Buc et Svitana
2-0 à 22’03 : Duc assisté de Svitana et Jaroš
2-1 à 33’39 : Claireaux assisté de Perret et Janil
3-1 à 59’50 : Čajkovský assisté de Buc (cage vide)
Voilà le résumé statistique complet de cette rencontre entre la France et la Slovaquie.
A noter un point important, sans le tir et le but cage vide, la Slovaquie aurait eu 1,9 but anticipé. pic.twitter.com/BbOhmoAmtl
— Magnus Corsi (@magnuscorsi) May 10, 2018
Slovaquie
Attaquants
Ladislav Nagy (A) – Michal Krištof – Tomáš Jurčo
Marcel Haščák (2′, -1) – Marek Hovorka (-1) – Martin Bakoš (-1)
Dávid Bondra (+2) – Dávid Buc (+3) – Patrik Svitana (+2)
Lukáš Cingel (+1) – Tomáš Marcinko (2′) – Andrej Kudrna
Défenseurs
Michal Čajkovský (+1) – Andrej Sekera (C, +2)
Dominik Graňák (A) – Marek Ďaloga
Christián Jaroš – Martin Fehérváry (+1)
Adam Jánošík – Mario Grman
Gardien :
Marek Čiliak
Remplaçant : Patrik Rybár (G). Réservistes : Denis Godla (G), Juraj Mikúš, Pavol Skalický (A)
France
Attaquants :
Anthony Rech – Stéphane Da Costa (C, -1) – Damien Fleury (A, -1)
Sacha Treille (-2) – Anthony Guttig (-1) – Teddy Da Costa (-2)
Floran Douay (-1) – Alexandre Texier (-2) – Valentin Claireaux
Guillaume Leclerc – Nicolas Ritz (+1) – Jordann Perret (+1)
Loïc Lampérier
Défenseurs :
Yohann Auvitu (-1) – Antonin Manavian
Florian Chakiachvili (-2) – Kevin Hecquefeuille (A, -2)
Damien Raux (+1) – Johnathan Janil (+1)
Thomas Thiry
Gardien :
Florian Hardy [sorti de sa cage à 58’39]
Remplaçant : Ronan Quemener (G). Réservistes : Sebastian Ylönen (G), Hugo Gallet (D, commotion), Maurin Bouvet (A)