Les Brûleurs de Loups sont tombés de haut mardi soir à Nice en huitièmes de finale de la coupe de France. Battus (3-4) par les Aigles en toute fin de match, ils ne verront pas les quarts de finale. Une douche froide après une série de dix victoires consécutives en Ligue Magnus mais une « sale » habitude puisque Grenoble s’est fait régulièrement éliminé ces dernières années lors des premiers tours de la Coupe de France face à des équipes moins bien classées en championnat. L’exercice 2021-22 n’a donc pas échappé à la règle et les Brûleurs de Loups vont donc devoir reporter tous leurs objectifs sur la Ligue Magnus.
Juste avant la trêve internationale, les leaders grenoblois reçoivent leurs dauphins au classement, les Ducs d’Angers pour un choc face à la seule équipe qui les a battus cette saison (4-1 à l’IceParc). Les Ducs, battus à Rouen (2-4) il y a une semaine, ont passé depuis leurs nerfs sur Anglet (6-2) et Briançon (5-0) hier soir dans les Hautes-Alpes. S’ils veulent terminer leur périple alpin avec une deuxième victoire, il leur faudra s’imposer ce soir à Pôle Sud. Un déplacement sans Loïc Farnier ni Connor Hardowa alors que Grenoble, déjà privé de Janne Jalasvaara depuis quelques semaines, doit faire sans Kyle Hardy, suspendu après une expulsion en fin de match à Nice pour un geste d’humeur. Pour compenser son absence, Aurélien Dair se retrouve positionné en défense au coup d’envoi.
Dès le premier shift, Angers annonce la couleur en investissant la zone offensive. Une pression payante puisque Giroux puis Halley sollicitent tour à tour Stepanek alors que Grenoble n’arrive pas à sortir le palet de la zone défensive. Finalement le palet ressort à la ligne bleue pour Jerret Smith qui lance sur la cage : Stepanek repousse de la mitaine mais le palet revient dans la crosse de Tommy Giroux qui le glisse juste derrière la base du poteau (0-1, 00’26). Après une longue revue à la vidéo, le but est accordé. Début de match euphorique pour les Ducs.
Grenoble se doit de réagir mais la réaction est timide. Koudri et Fabre parviennent tout de même à solliciter Evan Cowley pour la première fois. Mais sur la contre-attaque, Tartari fait trébucher Jerret Smith qui s’empale contre la balustrade. Le défenseur angevin, touché au genou, regagne le vestiaire en boitant alors que Tartari rejoint le banc des pénalités… pour seulement dix secondes : l’engagement est gagné par Angers, le palet ressort à la ligne bleue pour Coulombe qui décale Giroux dont le puissant lancer est repoussé grossièrement par Stepanek dans la direction de Danick Bouchard, qui reprend instantanément dans la cage grande ouverte (0-2, 02’14).
Alors qu’une réaction était espérée après l’élimination en coupe de France, Grenoble a complètement raté son début de match. En l’absence de Hardy, la défense grenobloise est fébrile à l’image de Rouhiainen qui rate complètement un dégagement dans la crosse de Coulombe. Le palet est repoussé par Stepanek. Sur la contre-attaque, Pôle Sud a enfin de quoi vibrer sur une accélération de Sacha Treille qui vient se présenter dans le slot mais Cowley dévie le palet.
Tout est compliqué pour Grenoble en ce début de match, Valier se fait sanctionner pour avoir accroché Bouchard. Stepanek se reprend et sort un arrêt important face à Bouvet mais la supériorité numérique angevine peut débuter. Le palet circule vite mais Stepanek repousse un lancer de Serer. Cette fois, Grenoble tient le choc. Une blessure de Manning interrompt le match quelques instants. Dès la reprise, Koudri laisse le palet à Fabre devant le slot mais la reprise de ce dernier à bout portant est repoussée par Cowley, décisif sur le coup.
Les Brûleurs essaient de reprendre la possession mais les Ducs sont capables de gros temps forts dans la zone grenobloise. Flavian Dair tente tout de même une reprise à bout portant, que Cowley détourne de la jambière. Puis c’est Poukkula qui sollicite le portier angevin sur un tir plus lointain. Grenoble continue d’accélérer mais le gros lancer de Tartari en entrée de zone n’est pas cadré. Une crosse haute de Sacha Treille sur Di Dio Balsamo ruine les efforts grenoblois : 2’+2’. Angers s’installe avec un premier gros lancer de Danick Bouchard, détourné par Stepanek. Le frisson passe dans les rangs grenoblois avec plusieurs situations chaudes, la faute à une défense qui a souvent du mal à déblayer devant le slot ce qui laisse parfois des situations difficiles à gérer au rebond. Mais finalement le boxplay grenoblois fait un gros travail pendant ces quatre minutes. Un moindre mal au terme d’un premier tiers compliqué pour le leader de la Ligue Magnus.
Visiblement, les Brûleurs de Loups abordent la deuxième période avec de bien meilleures intentions. Le premier bloc donne le ton avec Markus Poukkula mais la défense angevine est bien présente pour protéger Cowley. Les Grenoblois arrivent à investir pleinement la zone offensive et Sacha Treille dévie un lancer à la bleue de Corvez. Mais sur un marquage une nouvelle fois très approximatif, Grenoble aurait pu tout encore se faire surprendre lorsque Halley récupère le palet tout seul face au slot. Cette fois il faut un gros arrêt de Stepanek de la jambière pour laisser les Grenoblois dans le match. Les Isérois essaient de réagir tout de suite avec un lancer lointain de Dair puis avec Peter Valier de près qui n’arrive pas à reprendre son propre rebond.
Sur une grosse séquence en zone offensive, les Brûleurs de Loups font circuler le palet comme en supériorité numérique avec notamment Koudri et Fabre tour à tour en bonne position. Nicolas Deschamps se trouve en bonne position devant le slot mais le palet ne rentre pas. Cowley sort le grand jeu lorsqu’il repousse une reprise de Deschamps à bout portant sur un bon service derrière le but de Fleury. Et à force de tenter, Grenoble finit par marquer sur un lancer flottant et lointain de Joël Champagne qui vient se loger dans la lucarne grâce à un bon écran de Valier et de Treille (1-2, 26’27).
Ce but relance les Brûleurs de Loups dans la partie. Surtout que dans la foulée, Bouchard fait trébucher Valier et Grenoble peut enchaîner avec une supériorité numérique. Rouhiainen décale Fleury mais le tir n’est pas cadré. Au moment où Sacha Treille tente de tirer, il se fait retenir par Di Dio Balsamo, pénalisé à son tour. C’est une double supériorité numérique pour les Brûleurs de Loups. Un beau jeu à trois entre Champagne, Fleury et Deschamps aurait pu finir au fond mais Coulombe dévie. Sacha Treille met un gros lancer dévié par Cowley puis Fleury tente à son tour et voit son lancer bloqué par le portier. Les Ducs réalisent un petit miracle et parviennent à repousser l’échéance, mettant ainsi fin au temps fort grenoblois. D’autant que Munoz fait trébucher Gaborit. Angers peut reprendre l’initiative mais la pénalité est tuée assez facilement même s’il faut une bonne présence de Stepanek en fin de pénalité.
À cinq contre cinq, les Grenoblois repartent à l’offensive sur une contre-attaque de Dylan Fabre qui sert Koudri mais ce dernier ne cadre pas suffisamment son tir. Puis Fleury décale parfaitement Poukkula mais le palet est contré par Gaborit. Les attaques grenobloises se multiplient et Treille y va à son tour. La pénalité de Patrick Coulombe, qui fait trébucher Dylan Fabre derrière la cage angevine, vient au bon moment pour Grenoble juste avant la fin du tiers. Mais Cowley sort le grand jeu d’abord face à Fleury puis sur un one-timer de Deschamps repoussé magistralement par le portier angevin. Encore une fois les Ducs tuent la pénalité et terminent mieux avec un jeu enfin porté en zone offensive. Grenoble, qui a outrageusement dominé ce second tiers, est toujours mené d’un but à la deuxième pause.
Les Brûleurs de Loups reprennent l’initiative dès le début de la troisième période avec notamment une belle remontée de palet de Fabre et Koudri pour conclure par un tir de Munoz. La possession du palet est essentiellement grenobloise mais les Ducs sont présents défensivement et à l’affût de la moindre contre-attaque. Sur un gros travail de Peter Valier autour de la cage, Koudri reprend de près mais le palet est repoussé par Cowley. Les raids continuent et à force de plier, la défense angevine finit par rompre : Deschamps entre dans la zone, perd le contrôle du palet mais Flavian Dair parvient à le récupérer et le ressort pour Valier qui arrive dans l’axe et marque avant que Cowley n’ait eu le temps de revenir (2-2, 46’27). Le Brûleurs de Loups sont enfin revenus au score et veulent continuer sur leur lancée : Champagne glisse le palet à quelques centimètres du poteau gauche… Sur la contre-attaque, toutefois, le coup de patin de Maurin Bouvet fait la différence, il se présente seul face à Stepanek qui remporte le duel. Grenoble continue d’attaquer avec Munoz qui tente en bonne position mais Cowley détourne.
À dix minutes de la fin, le match semble pouvoir basculer d’un côté comme de l’autre. Torquato commet une faute sur Flavian Dair en zone angevine. Grenoble a une grosse opportunité de prendre enfin les commandes mais c’est tout le contraire qui se produit : Ritz joue parfaitement le coup à deux contre un avec Guenther qui crucifie Stepanek (2-3, 49’50). Gros coup dur pour les Isérois mais ils ont encore 1’50 en supériorité numérique pour se rattraper. Deschamps récupère le palet et tente sur un tir du poignet bien placé mais Cowley détourne de la jambière. Puis c’est Bisaillon qui lance de la ligne bleue, Cowley bloque encore sans laisser de rebond. Grenoble pousse et finit par marquer grâce à un lancer d’Aurélien Dair dévié au passage par Julien Munoz qui remet les compteurs à zéro (3-3, 51’10). Dans ce match devenu fou, fou, fou, bien malin qui peut prédire le vainqueur. Champagne met Peter Valier sur orbite mais Cowley plonge sur le palet. Fabre donne le tournis à la défense angevine mais le tir en pivot du jeune Grenoblois finit sur le petit filet.
Les espaces sont plus nombreux et le palet va d’une cage à l’autre. Bouchard tente sa chance du revers. Poukkula se fait sanctionner pour une charge avec le genou sur Gaborit. C’est au tour des Ducs de se retrouver en supériorité numérique pour emporter la mise. Llorca lance, Stepanek repousse de la jambière. La bataille est furieuse pour reprendre le rebond. Sur une action incroyable, Stepanek réalise trois arrêts consécutifs. Le jeu de puissance est parfaitement installé, le palet circule et les situations chaudes se multiplient. Stepanek est touché dans une collision avec Munoz mais reprend le jeu. La pénalité est finalement tuée dans la douleur par Grenoble mais les Ducs continuent de pousser. Ritz glisse le palet devant le slot mais Stepanek se jette dessus. Sur un engagement en zone offensive gagné par Halley, Gaborit tente sa chance mais le palet est contré… Tommy Giroux le récupère et lance sans hésiter, Stepanek est battu (3-4, 56’14). Cette fois les Ducs ont définitivement fait la différence.
Angers contrôle les dernières minutes du match avec une grosse présence en zone neutre. Aho décide de sortir Stepanek pour lancer le surnombre alors que Ritz accroche Sacha Treille dans la zone défensive angevine. Les Brûleurs de Loups peuvent terminer la rencontre à six contre quatre. Aho demande un temps mort pour installer ce dernier power-play. Plusieurs tirs lointains sont contrés, Cowley et la défense angevine tiennent jusqu’au bout. Angers s’impose au bout du suspense à Pôle Sud !
Après un début de match raté et une première période compliquée, les Brûleurs de Loups sont patiemment revenus dans le match en fournissant une grosse prestation au cours des deux derniers tiers-temps. Après avoir fourni beaucoup d’efforts, ils sont parvenus à revenir au score mais s’inclinent finalement sur deux fautes d’inattention. Si la première erreur en supériorité numérique a été rattrapée, la deuxième – un palet qui traîne devant la cage en zone défensive à trois minutes de la fin – fut fatale. Sentiment partagé donc côté grenoblois car malgré quelques gros temps forts c’est au final une deuxième défaite cette saison, toutes deux face à Angers. Si Stepanek a connu une entrée en matière délicate dans la lignée de son match à Nice, il s’est bien rattrapé par la suite. La défense, sans Hardy, a souffert au premier tiers-temps mais a tenu par la suite avec Aurélien Dair qui a dû improviser dans ce rôle. Offensivement, Grenoble a réalisé deux grosses périodes à l’image de Peter Valier qui a été récompensé par un but. Avec deux défaites cette semaine après un début de saison exceptionnel, la trêve internationale arrive au bon moment pour les Brûleurs de Loups.
Angers a réalisé un gros coup ce soir en faisant tomber le leader grenoblois pour la première fois sur sa glace. Plus que jamais, les Ducs s’affirment comme des rivaux pour Grenoble dans la course au titre et ils marquent les esprits avec cette deuxième victoire en deux confrontations directes. Les Angevins ont pris à la gorge leurs hôtes dès les premières minutes et cela a payé. Par la suite et notamment au deuxième tiers-temps, cela fut beaucoup plus difficile pour les Ducs qui n’ont pas pu empêcher le retour grenoblois. Mais sous l’impulsion d’un excellent Evan Cowley et d’un très bon Tommy Giroux, ils ont su garder des ressources pour faire la différence en toute fin de match, confortant ainsi leur place de dauphin au classement.
Désigné MVP du match : Joël Champagne (Grenoble)
(Photos d’Emmanuel Giraudeaux)
Commentaires d’après-match :
Jyrki Aho (entraîneur de Grenoble) : « On prend deux buts rapidement, un parce qu’on perd le palet, l’autre sur un rebond en powerplay. On a eu quatre situations d’infériorité numérique en première période donc c’était difficile de rentrer dans le match. On est bien rentré dans la seconde période mais nos adversaires se sont accrochés à leur but d’avance. Dans la troisième période, on a égalisé, on a encaissé un but mais on est encore revenu au score. Mais dans la dernière phase, c’était le but de trop pour nous. Ensuite, on peut encore avoir une chance de revenir en jouant à six contre quatre ou six contre cinq, mais la question est toujours de savoir si on utilise cette opportunité ou pas. Au final, c’est une question d’apprentissage, de savoir comment progresser. On doit grandir dans certaines situations, être plus intelligents et plus durs aussi, c’est ce que nous devrons travailler quand on reviendra après quelques jours de repos. On doit être capable de réagir quand les choses ne vont pas dans la bonne direction, mais en même temps, j’attends encore plus, en particulier dans ces moments où on encaisse ces deux buts. Depuis le début de la saison, on a beaucoup fait évoluer notre jeu mais on doit aussi le faire évoluer sur le plan mental. Psychologiquement, c’est difficile quand on parvient à égaliser et que derrière on prend un autre but, surtout en infériorité numérique. Ce genre de choses ne devrait pas arriver mais parfois ça prend cette direction. On doit penser à notre défense même si on est en powerplay. On ne peut pas juste penser à marquer le but, bien sûr c’est l’idée mais en même temps on doit se rappeler qu’on doit avoir certaines responsabilités de couvrir ses arrières. Comme je l’ai dit, ça fait partie de l’apprentissage, utiliser mieux nos temps forts, et mieux savoir gérer nos temps faibles. En deux matchs, Angers a marqué plus de buts que nous mais a surtout marqué trop de buts contre nous. Mais le premier match était complètement différent. C’était un match avec beaucoup de vitesse, aujourd’hui il n’y en avait pas autant. On doit se rappeler qu’on a beaucoup gagné cette saison, le nombre de points est presque irréel… Perdre, ça fait aussi partie du hockey. Quand on perd, cela permet de se préoccuper plus de certaines choses, d’écouter plus, de se concentrer plus, de se remettre en cause. Tout cela nous donne une bonne chance d’apprendre, de progresser et de grandir en tant que personnes, en tant que joueurs et en tant qu’équipe. »
Grenoble – Angers 3-4 (0-2, 1-0, 2-2)
Samedi 6 novembre 2021 à 20h à Pôle Sud. 4003 spectateurs.
Arbitrage de Geoffrey Barcelo et Laurent Garbay assistés de Nicolas Constantineau et Guillaume Barthe
Pénalités : Grenoble 12’ (8’, 2’, 2’), Angers 10’ (0’, 6’, 4’)
Tirs : Grenoble 24 (8, 8, 8), Angers 28 (10, 8, 10)
Engagements : Grenoble 32 (15, 9, 8), Angers 34 (8, 16, 10)
Évolution du score :
0-1 à 00’26 : Giroux assisté de Smith et Halley
0-2 à 02’14 : Bouchard assisté de Giroux (sup. num.)
1-2 à 26’27 : Champagne assisté de Valier et Rouhiainen
2-2 à 46’27 : Valier assisté de F. Dair et Deschamps
2-3 à 49’50 : Guenther assisté de Ritz (inf. num.)
3-3 à 51’10 : Munoz assisté de A. Dair et Bisaillon (sup. num.)
3-4 à 56’14 : Giroux assisté de Gaborit et Halley
Grenoble
Attaquants :
Markus Poukkula (2’) – Nicolas Deschamps – Damien Fleury (A)
Sacha Treille (4’) – Joël Champagne (C) – Peter Valier (2’)
Dylan Fabre – Adel Koudri – Julien Munoz (2’)
Flavian Dair – Julien Baylacq
Défenseurs :
Jere Rouhiainen – Sébastien Bisaillon
Aurélien Dair – Lucien Onno
Christophe Tartari (A) (2’) – Maxime Corvez
Gardien :
Jakub Stepanek [sorti de 58’54 à 60’00]
Remplaçant : Raphaël Garnier (G). Absents : Janne Jalasvaara (main), Malo Ville (épaule), Kyle Hardy (suspendu)
Angers
Attaquants :
Tommy Giroux – Philippe Halley – Maurin Bouvet
Cédric DiDio Balsamo (2’) – Nicolas Ritz (2’) – Robin Gaborit (A)
Danick Bouchard (2’) – Zachary Torquato (2’) – Teo Sarliève
Baptiste Couturier – Marius Serer – Axel Tarabusi
Défenseurs :
Patrick Coulombe (C) (2’) – Riley Guenther
Kévin Dusseau – Vincent Llorca
Neil Manning – Jerret Smith
Gardien :
Evan Cowley
Remplaçant : Julian Barrier (G). Absents : Connor Hardowa (jeune papa), Loïc Farnier (épaule).