Duel de sélectionneurs finlandais à Helsinki, pour le quart de finale entre l’Allemagne et la République tchèque. Kari Jalonen, qui a fini sa carrière de joueur aux Dragons de Rouen, a terminé sa phase de groupe par une défaite. Défaite qui permettait à ses compatriotes de gagner à domicile, et qui permettait d’éviter le Canada en quart de finale. Certains y verront peut-être un calcul tant on sait que les Canadiens sont bien plus redoutables en match à élimination directe qu’en phase de groupe. Cela a obligé aussi les Tchèques à faire le déplacement jusqu’à Helsinki, et à quitter la patinoire flambant neuve de Tampere pour l’ancienne, voire l’antique, patinoire de Helsinki, où les derniers Mondiaux se sont tenus en 1991.
Une patinoire que connaît parfaitement Toni Söderholm, le sélectionneur finlandais de l’Allemagne. Il y a débuté en junior et y a fait l’essentiel de sa carrière de défenseur. Aucun des deux sélectionneurs n’apporte de modification majeure à son alignement standard. On retrouve dans les buts Karel Vejmalka et Philipp Grubauer, le gardien de la nouvelle franchise de Seattle, qui à l’image de son équipe, fait un tournoi solide, à défaut d’être exceptionnel. Cela prouve soit que l’Allemagne a passé un cap puisqu’elle finit deuxième de son groupe, soit que le niveau de son groupe était assez loin de celui de Tampere.
Les Tchèques ont probablement été plus impressionnants jusqu’à présent. L’arrivée de David Pastrnak au cours du tournoi ajoute le génie offensif du joueur de Boston à la rigueur défensive insufflée par le technicien finlandais. Bien que la patinoire soit (encore une fois) très loin de faire le plein, les supporters tchèques ayant fait le déplacement ne s’y trompent pas et témoignent une dévotion enthousiaste à son égard.
Un premier tiers-temps à sens unique
Cet enthousiasme se justifie dès la première minute. David Pastrnak provoque une pénalité de Yasin Ehliz qui le fait trébucher. Le jeu de puissance s’installe bien avec la deuxième ligne tchèque, puis lorsque la première ligne revient pour la seconde partie de la supériorité numérique, devinez qui marque ? Bien sûr, tout le monde sait que c’est l’atout principal de l’attaque tchèque, mais il arrive pourtant à se faire oublier dans le rond gauche, à la manière d’un Ovechkin, et ouvre le score (0-1).
Les Tchèques auraient pu doubler la mise dans les instants suivants sans la défense héroïque de Jonas Muller, mais ils attendent la faute de Daniel Fischbuch sur David Kampf pour proposer une merveille de jeu collectif. Sur le jeu de puissance, la combinaison à 4 touches de palet mériterait que l’on compte la 3e assist tant chacune des quatre passes paraît millimétrée. C’est cette fois Roman Cervenka à la conclusion (0-2).
Les Allemands offrent une timide réaction sur quelques échappées, dont un 2 contre 1, puis une reprise de Stefan Loibl entre les cercles sur une passe de Daniel Schmölz. Ce sont les seuls moment où ils se montrent dangereux, la défense tchèque empêchant le jeu de s’installer dans sa zone.
Un accrochage entre Matthias Plachta et David Kreijci envoie les deux belligérants en prison et donne une situation à 4 contre 4 qui permet encore une contre-attaque allemande. Celle-là est encore plus dangereuse car Lukas Reichel trouve le poteau. Karel Vejmalka termine donc la première période invaincu.
Le jeu de puissance tchèque frappe encore
Les occasions allemandes sont un peu plus nombreuses en deuxième période, mais elles se terminent rarement sur des tirs cadrés ou dangereux. Le bloc germain paraît manquer de vitesse dans son ensemble alors qu’il a bénéficié de sensiblement plus de repos que les Tchèques qui ont joué plus tard mardi. Les deux équipes ayant eu un jour de repos la veille, la différence de niveau n’est probablement pas à chercher de ce côté, contrairement à la rencontre Slovaquie-Danemark pour laquelle les Slovaques avaient bénéficié de plus de trois nycthémères contre moins d’un pour les Scandinaves.
C’est plutôt du côté des unités spéciales que la différence se fait. Le penalty-killing allemand était déjà laborieux dans le tournoi (12e), il est catastrophique ce soir.
Roman Cervenka se montre un peu trop rugueux avec son vis-à-vis sur un engagement et offre à l’Allemagne une première supériorité numérique. Mais les passes allemandes ne s’enchaînent pas assez vite pour tromper la défense tchèque. L’inverse n’est pas vrai. Cervenka, une fois sa peine purgée, provoque une pénalité de Korbinian Holzer qui le fait trébucher. Aussitôt (12 secondes pour être précis), la défense tudesque défend à nouveau de manière tudesque et David Krejci convertit l’avantage numérique sur des passes des inévitables Pastrnak et Cervenka (0-3).
Sur un palet flottant dans sa direction, le gardien Grubauer sort presque jusqu’à la ligne bleue pour empêcher Matej Blumel de partir seul au but. Il s’illustre à nouveau à bout portant face à Jiri Smejkal, l’un des quelques « locaux » tchèques qui jouent en Liiga pendant la saison, sur une passe de Tomas Hertl.
L’Allemagne se présente ce soir avec le meilleur pourcentage aux tirs de tous les participants avec plus de 15%, mais c’est une statistique qui n’a pas non plus dû échapper à Kari Jalonen. Les Tchèques empêchent parfaitement l’adversaire de prendre des tirs. Une dizaine en deux périodes. Mais ça ne prend pas en compte les tirs hors cadre, notamment celui de Marcel Noebels, sur une offrande de Matthias Plachta, qui voit son tir heurter la barre transversale et taper la ligne de but. Il avait déjà levé les bras en croyant au but. Des petits airs de coupe de monde de football 1966 qui ne sont pas du meilleur augure pour les Allemands.
Encore des poteaux
En troisième période, les Tchèques continuent de contrôler le jeu sans prendre trop de risque. Fabio Wagner n’a pas besoin de trop s’employer pour contrer les chevauchées adverses. Alors qu’il reste moins de dix minutes de jeu, Tomas Kundratek est envoyé en prison. Toni Söderholm décide de prendre son temps mort et d’enlever son gardien pour jouer à 6 contre 4. Les secondes défilent et le jeu de puissance ne prend pas de tirs trop risqués qui exposeraient à un contre tchèque synonyme de but en cage vide. La pénalité se termine mais les Allemands gardent le jeu installé en zone offensive et Moritz Seider parvient enfin à délivrer un missile qui bat Karel Vejmelka (1-3).
Il reste plus de cinq minutes et à chaque vague offensive, Grubauer continue de rejoindre son banc pour apporter le surnombre. Une stratégie payante déjà une fois et presque une seconde fois, mais le gardien tchèque est à nouveau sauvé par sa barre transversale. Une stratégie également risquée, qui finit par coûter cher quand Jiri Smejkal parvient à se débarrasser de Leon Gawanke et envoie dans le but vide (1-4).
Les Tchèques sont en demi-finale, grâce à un jeu en supériorité numérique redoutable d’efficacité et leur ligne infernale Cervenka-Krejci-Pastrnak. Ils ont paru jouer de manière un peu trop prudente ensuite et auraient pu s’exposer au retour allemand si le métal de la cage tchèque avait moins resonné. L’attaque allemande a en effet – comme on s’y attendait – manqué de tranchant et la perte de Tim Stützle contre les Français a été un handicap supplémentaire.
Désignés joueurs du match : Matthias Plachta pour l’Allemagne et Michal Jordan pour la Tchéquie.
Trois meilleurs Allemands du tournoi selon leur entraîneur : Philipp Grubauer, Marc Michaelis et Moritz Seider.
Commentaires d’après-match :
Kari Jalonen (entraîneur de la Tchéquie) : « Quand Pasta a rejoint l’équipe, j’ai dit à Červenka et Krejčí que nous devions le mettre avec eux. Nous devions aiguiser notre première unité de powerplay, ça a payé aujourd’hui. Mais il ne s’agit pas que de leurs buts, c’est le jeu de toute l’équipe. Toutes les lignes ont bien joué, notamment les défenseurs. Notre gardien est très bon, c’est une question de confiance. Désolé, pas de questions. Une voiture m’attend, je vais à Tampere. Je veux arriver pour le match entre la Slovaquie et la Finlande. »
Allemagne – Tchéquie 1-4 (0-2, 0-1, 1-1)
Jeudi 26 mai 2022 à 16h20 à la Helsingin jäähalli. 4290 spectateurs.
Arbitres : Mikael Nord (SUE) et Miroslav Štolc (SVK) assistés de Maxime Chaput (CAN) et Simon Šynek (SVK).
Pénalités : Allemagne 8′ (6′, 2′, 0′) ; Tchéquie 6′ (2′, 2′, 2′).
Tirs : Allemagne 22 (5, 6, 10) ; Tchéquie 24 (7, 9, 8).
Évolution du score :
0-1 à 02’17 : Pastrňák assisté de Krejčí et Červenka (sup. num.)
0-2 à 10’04 : Červenka assisté de Krejčí et Hronek (sup. num.)
0-3 à 32’10 : Krejčí assisté de Pastrňák et Červenka (sup. num.)
1-3 à 53’48 : Seider assisté de Noebels et Plachta
1-4 à 58’10 : Smejkal assisté de Kämpf (cage vide)
Allemagne
Attaquants
Matthias Plachta (2′) – Marc Michaelis – Yasin Ehliz (2′)
Leonhard Pföderl – Lukas Reichel – Marcel Noebels (A)
Daniel Fischbuch (2′) – Stefan Loibl – Alexander Karachun
Samuel Soramies – Maximilian Kastner – Daniel Schmölz
Alexander Ehl
Défenseurs
Moritz Seider – Moritz Müller (C)
Korbinian Holzer (A, 2′) – Jonas Müller
Kai Wissmann – Fabio Wagner
Leon Gawanke
Gardien :
Philipp Grubauer [sorti de 50’50 à 53’48, de 55’20 à 56’46, de 57’18 à 58’10, puis de 59’03 à 60’00]
Remplaçant : Mathias Niederberger (G). Réservistes : Dustin Strahlemeier (G), Dominik Bittner (D), Tim Stützle (A, genou).
République Tchèque
Attaquants :
Roman Červenka (C, 2′) – David Krejčí (A, 2′) – David Pastrňák (+1)
Hynek Zohorna – Tomáš Hertl – Matěj Blümel
Jiří Smejkal – David Kämpf (+1) – Jakub Vrána
Jakub Flek – Michael Špaček – Matěj Stránský
Jiří Černoch (-1)
Défenseurs :
Michal Kempný – Filip Hronek (+1)
Jan Ščotka (A, -1) – Tomáš Kundrátek (2′, -1)
Radim Simek (-1) – David Sklenička (+1)
Michal Jordán
Gardien :
Marek Langhamer
Remplaçants : Karel Vejmelka (G). Réservistes : Lukáš Dostál (G, blessé), David Jiříček (D), Dominik Simon (A, départ).