Être à la hauteur

Dès la première minute, Julien Desrosiers est accueilli en zone offensive par une mise en échec de Zanon sur première attaque. Le match sera physique. Janil prouve que Rouen est capable de répondre avec une charge pleine glace. Les deux premières actions sur la cage rouennaise se finissent en petite échauffourée, parce que Lhenry arrête le palet en deux temps et que les Britanniques cherchent à tout prix à exploiter le rebond.
La ligne Mallette se montre beaucoup plus active et tenace en zone offensive. C’est elle qui provoque la première faute de Brian Lee. Les Dragons installent bien leur powerplay, et Julien Desrosiers trouve une superbe passe transversale de Desrosiers pour Mallette à travers le slot. Le but paraît acquis mais Brett Jaeger réussit à bloquer ce palet sous sa botte en déplacement latéral ! Un arrêt exceptionnel du gardien canadien, dont on se rappelle qu’il a été très bon depuis le début du tournoi. Un écueil à franchir pour Rouen.

Paul Thompson demande son temps mort, sous les huées du public (une coutume à Rouen), et l’effet est immédiat. L’équipe réagit fort au mot d’ordre de l’entraîneur national britannique. Brad Cruikshank rate sa reprise sur une passe du coin droit de Chambers, mais pas Russ Cowley qui dévie dans le haut du filet une passe du coin gauche de Brian Lee (2-1, 13’21 »).
L’intensité de jeu ne descend pas d’un pouce, terme choisi pour faire une concession aux visiteurs britanniques allergiques au système métrique. Alors que les Rouennais luttent en zone neutre près de la bande à droite, François-Pierre Guénette bénéficie d’un contre favorable sur sa poitrine à la ligne bleue offensive. Une chance à ne pas rater : il part seul au but et bat Jaeger d’un petit revers entre les jambières – photo de gauche (3-1, 15’33 »). Mais les Britanniques sont toujours aussi volontaires et directs dans leur jeu. Brad Cruikshank déborde sur l’aile droite et prend un tir en angle fermé… Lhenry laisse le rebond dans l’axe où Sean Selmser déboule à pleine vitesse pour propulser le palet au fond (3-2, 16’33 »).
L’infériorité numérique, une méthode pour marquer ?

On joue donc à 4 contre 4, et Lhenry est mis à rude épreuve : il capte un tir revers de Fulghum, puis voit le peu léger Jason Robinson lui tomber dessus – photo de droite. Alors que le cinquième Britannique est remonté sur la glace, c’est paradoxalement Rouen qui marque. Jonathan Janil tire de derrière la ligne de fond et trouve le ricochet utile sur l’arrière de la botte du gardien (4-2, 25’37 »). Le même but-gag que Jaeger s’était pris hier, mais de la gauche cette fois. Un point faible ?
Comme hier, même avec l’avantage au score, Rouen continue de prendre des pénalités. Holmqvist va d’abord en prison : Lhenry détourne de la botte un tir de Chambers, et Thinel dégage son camp à deux reprises. Puis c’est Brunelle qui rejoint la geôle : Owen Fussey rate le palet dans le slot sur une passe en retrait, et sur la contre-attaque, Marc-André Thinel place un tir du poignet dans la lucarne gauche (5-2, 30’52 »). Passeur génial et maintenant aussi buteur, Thinel est presque trop altruiste deux minutes plus tard quand Guénette le décale parfaitement côté droit et qu’il veut rendre le palet à son compatriote.

Les infériorités, c’est bien, mais il ne faut pas en abuser. Alors que Fulghum est en prison pour cinglage, Fussey se fait avoir en faisant trébucher un Mallette qui cherchait la faute et récolte presqu’une minute de double avantage numérique. Longtemps, la réussite manque aux Dragons : Guénette voit son tir détourné de justesse dans le petit filet, puis Zanon sauve un palet à quelques centimètres de la ligne. Mais finalement, Guénette décale Desrosiers dans l’angle à droite et le Franco-Canadien marque enfin le premir but d’un joueur de la première ligne rouennaise dans ce week-end (6-3, 38’02 »). On sent la libération dans son geste vainqueur ! Enfin il débloque son compteur européen, alors qu’il cartonne en championnat depuis la trêve internationale.
Une marche vers le plus haut niveau
Le troisième tiers-temps reste tendu. Après neuf minutes, Babka est pénalisé pour accrocher et Chambers pour dureté, alors que Desrosiers, qui a sauté au cou d’un Anglais, est littéralement passé entre les gouttes. Sur l’engagement, la crosse haute de Dan Carlson atteint le visage de Guénette. La situation de 4 contre 3 est une bénédiction pour Rouen. Elle permet à Jens Olsson de marquer depuis la ligne bleue (7-3, 49’48 »). La cerise sur le gâteau pour le défenseur offensif suédois, vrai patron durant ce week-end.

En voyant arriver la dernière minute, les supporters rouennais scandent « Coventry » et rendent hommage à leurs opposants. Pour faire un bon match, il faut être deux. Comme souvent dans les compétitions européennes, les Dragons sont partis doucement mais ont réservé le meilleur pour la fin, face à l’adversaire le plus fort, le temps de se mettre au rythme international.
Coventry a choisi le registre physique, mais Rouen en a profité pour déborder les Britanniques en vitesse de jeu. Les buts normands sont arrivés à chaque fois au bon moment pour conserver la confiance qui a fait défaut ces deux derniers jours. Marc-André Thinel a une fois de plus été le leader offensif, mais la première ligne a cette fois contribué à la victoire par son travail. Les Rouennais ont su oublier leurs deux prestations en demi-teinte et élever collectivement leur niveau pour s’offrir le voyage dans un autre monde, le Bélarus, Minsk et son aréna de 15000 places. Là-bas, il faudra aussi percutant offensivement, mais surtout beaucoup plus discipliné pour pouvoir défendre sa chance.
Désignés joueurs du match : Marc-André Thinel pour Rouen et Greg Owen pour Coventry.
Désignés joueurs du tournoi : Lhenry (G), Olsson (D), Fussey (A).
Rouen – Coventry 7-3 (3-2, 3-1, 1-0)
Dimanche 28 novembre 2010 à 19h30 au centre sportif Guy-Boissière de l’île Lacroix. 2747 spectateurs.
Arbitrage de MM. Sjöqvist et Vassiliev et assisté de MM. Dehaen et Loos.
Pénalités : Rouen 20′ (0′, 10′, 10′) ; Coventry 34′ (6′, 8′, 10’+10′).
Tirs : Rouen 33 (15, 10, 8) ; Coventry 43 (12, 19, 12).
Évolution du score :
1-0 à 10’52 » : Guénette assisté de Thinel (double sup. num.)
2-0 à 12’03 » : Bergström assisté de Thinel (sup. num.)
2-1 à 13’21 » : Cowley assisté de Lee
3-1 à 15’33 » : Guénette
3-2 à 16’33 » : Selmser assisté de Cruikshank
4-2 à 25’37 » : Janil (inf. num.)
5-2 à 30’52 » : Thinel (inf. num.)
5-3 à 35’20 » : Weaver assisté de Fussey (inf. num.)
6-3 à 38’02 » : Desrosiers assisté de Guénette et Mallette
7-3 à 49’48 » : Olsson assisté de Bergström (sup. num.)
Rouen
Gardien : Fabrice Lhenry (2′).
Défenseurs : Jens Olsson (-1) – David Holmqvist (+1, 4′) ; Juha Alen (+1, 2′) – Calle Bergström ; Jonathan Janil – Daniel Babka (-1, 4′).
Attaquants : Julien Desrosiers (-2) – Carl Mallette (C, -2) – Mathieu Brunelle (-1, 2′) ; Teddy Da Costa (-1, 6′) – François-Pierre Guénette – Marc-André Thinel (A, +1) ; Alexandre Mulle – Jonathan Zwikel (A, +2) – Ilpo Salmivirta (+1).
Remplaçants : Sebastian Ylönen (G), Cédric Custosse, Aurélien Greverend, Quentin Berthon, Anthony Rech, Peter Valier. Absent : Luc Tardif (lumbago).
Coventry Blaze
Gardien : Brett Jaeger.
Défenseurs : Brian Lee (+1, 6’+10′) – Brad Zanon (A, -1, 2′) ; Jason Robinson (+1) – Jonathan Weaver (C, 2′) ; Matt Söderström.
Attaquants : Russ Cowley – Greg Owen – Owen Fussey (-1, 2′) ; Luke Fulghum (-1, 2′) – Dan Carlson (-1, 2′) – Aaron Nell (-1) ou Robert Farmer ; Greg Chambers (+1, 4′) – Sean Selmser (A, 2′) – Brad Cruikshank (+1, 2′) ; Joe Henry [à 58′].
Remplaçants : Tom Murdy (G), Ryan Selwood, Tom Ledgard, Roos Venus.






































