Le Winter Game, c’est magique !

Même si le côté sportif peut passer au second plan dans de telles circonstances, l’enjeu est bien réel : les Brûleurs de Loups restent sur une série catastrophique de sept défaites au cours des huit derniers matchs et il y a urgence du côté des Grenoblois qui, en plus d’être éliminés des deux coupes, sont en train de dégringoler au classement de la ligue Magnus. L’équipe de Jean-François Dufour n’a donc pas droit à l’erreur devant un public si nombreux et compte bien sur ce match pour relancer sa saison. D’autant que Briançon est une équipe qui réussit à Grenoble cette saison : en trois matchs (Ligue Magnus et coupe de la ligue), les Isérois se sont imposés à trois reprises (2-0, 8-1 et 7-3). Mais ça, c’était « avant », en début de saison, quand Grenoble enchaînait les victoires…

Les deux équipes se donnent à fond dès le début avec très peu d’arrêts de jeu au cours des cinq premières minutes. Les débats sont équilibrés mais les attaques briançonnaises plus incisives. Le stade des Alpes a un premier frisson sur une percée de Labrecque puis sur un arrêt difficile de Raibon face à Ankerst. La dimension physique du jeu est bien présente sur une glace réduite (56 x 28) à l’image d’une grosse charge en milieu de glace de Stéphane Gervais ou d’une première confrontation « musclée » entre ce même Gervais et Richie Crowley qui vaut aux deux protagonistes d’aller faire un tour en prison. Après avoir laissé Devin déborder puis menacer Raibon en revenant au centre, les Brûleurs de Loups oont à leur tour leur lot d’occasions. Si Le Blond déborde et trouve Quemener sur sa route, le portier briançonnais doit sortir le grand jeu sur une échappée de Sivic puis sur une reprise de Petit. Il s’impose avec le même brio quelques instants plus tard face à Yorick Treille.

Les protestations de Dufour sur le banc ne font qu’aggraver la situation grenobloise avec deux minutes supplémentaires de banc mineur. Les Diables Rouges ont donc tout le loisir d’installer leur jeu de puissance à cinq contre trois. C’est d’abord Kearney qui trouve l’ouverture en deux temps en insistant près du poteau gauche de Raibon (0-1, 12’55 »). Le jeu reprend encore à cinq contre trois à cause de la pénalité de banc mineur, et la sanction est la même avec cette fois un but de Labrecque sur un lancer croisé à mi-distance au-dessus de la jambière de Raibon (0-2, 13’23 »). Les pénalités successives ont mis Grenoble dans une situation bien difficile et les Brûleurs de Loups se retrouvent d’un seul coup menés de deux buts. Ils auront du mal à s’en remettre dans la fin de ce premier tiers-temps marquée par une nouvelle pénalité grenobloise (Le Blond), cette fois sans conséquence.

La dynamique semble grenobloise, mais Yorick Treille se fait pénaliser en faisant trébucher Ankerst ce qui casse un peu le « momentum » isérois. Pourtant, c’est bien à quatre contre cinq que Charland s’échappe pour se présenter tout seul devant Quemener mais le portier briançonnais remporte le duel. Une occasion en or que les Brûleurs de Loups vont vite regretter car de retour à cinq contre cinq, Crowley décale Golicic tout seul au second poteau lequel conclut tranquillement face à la cage ouverte (2-3, 26’45 »). Ce but relance Briançon dans la rencontre et permet aux hommes de Luciano Basile de garder la main.
À l’inverse, les Brûleurs de Loups continuent de courir après le score et ne trouvent pas de solution face à un bloc défensif briançonnais très bien en place qui bloque toute les offensives grenobloise à la ligne bleue. Une pénalité de Delemps en zone offensive offre une nouvelle supériorité numérique aux Diables Rouges qui n’arrivent pas non plus à faire le break. Encore une fois, Grenoble a une belle occasion en contre-attaque par Lafrance, mais ce dernier bute sur un excellent Quemener. Et c’est encore à cinq contre cinq que Briançon trouve la solution pour marquer : sur un contre de Jensen, Ankerst tire de la gauche et surprend Raibon d’un tir anodin qui passe entre les jambes du gardien grenoblois (2-4, 35’01 »). Lafrance et Petit butent une nouvelle fois sur Quemener avant la fin de la période. Retour à la case départ pour Grenoble qui se retrouve de nouveau mené de deux buts.

Les esprits s’échauffent de nouveau entre Lessard et Labrecque cette fois devant la cage de Bonvalot. Les deux joueurs partent en prison. Les minutes défilent à l’avantage des Diables Rouges… qui enfoncent le clou sur une passe du revers de Kearney derrière le but pour Raux complètement démarqué qui inscrit le cinquième but briançonnais, celui de la victoire sans aucun doute (2-5, 51’50 »). Pourtant Grenoble a la possibilité d’annuler rapidement ce but sur une échappée de Perret qui se présente seul face à Quemener : une nouvelle fois, le portier briançonnais remporte son duel. Les attaques se multiplient pour Grenoble même si Jensen obtient une bonne opportunité face à Bonvalot. Perret bute une nouvelle fois sur Quemener.

L’espoir revient pour Grenoble qui n’a plus que deux buts de retard à combler. Une nouvelle fois Bonvalot ressort de sa cage, Grenoble pousse et…. Charland remet ça. Toujours dans un trou de souris (4-5, 58’38 »). Cette fois un retour grenoblois semble possible… Tout le stade des Alpes pousse. Dans les ultimes secondes, Kearney se fait pénaliser et Charland voit son tir repoussé de l’épaule par Quemener. Petit ne parvient pas à marquer sur le rebond. La chance grenobloise d’égaliser est passée, Briançon s’impose finalement de justesse dans ce Winter game alors que Charland et Rohat s’expliquent au moment où la sirène retentit.

Les Diables Rouges ont réalisé le match parfait : en restant toujours devant au tableau d’affichage, en ne paniquant pas lorsque leur avance initiale de deux buts a fondu. Certes ils ont eu du mal à gérer leur fin de match, mais le « boulot » avait été fait auparavant avec une avance de trois buts au tableau d’affichage, finalement suffisante. Le cinquième but de Raux qui semblait anecdotique a finalement été décisif. Solides défensivement, les 112Briançonnais ont parfois laissé partir quelques contres… Mais à chaque fois Ronan Quemener s’est montré décisif en remportant ses face-à-face avec les attaquants grenoblois. Une grosse partie du portier briançonnais qui a encore laissé un peu plus de regrets à son ancien club de l’avoir laissé partir. Offensivement, l’absence de Bernier est passée quasiment inaperçue grâce à la précision des Kearney, Labrecque et autre Golicic. Briançon s’offre un succès de prestige, une première victoire face à Grenoble cette saison, et consolide sa deuxième place au classement. Objectif atteint pour les hommes de Luciano Basile qui passeront Noël bien au chaud.

Finalement, seules ces trois dernières minutes jouées avec l’énergie du désespoir donnent justement quelques raisons d’espérer : le meilleur buteur de la saison 2012/13 Francis Charland a débloqué son compteur de buts de la saison en Ligue Magnus et ses coéquipiers ont enfin réussi à provoquer des situations dangereuses sur la cage briançonnaise. Malheureusement il était trop tard. Reste maintenant à espérer que cette nouvelle défaite dans ce contexte si particulier ne va pas plomber un peu plus le moral des Grenoblois…. qui devront rebondir dès vendredi à Caen pour espérer enfin amorcer une spirale positive.
Désignés meilleurs joueurs du match : Yorick Treille (Grenoble) et David Labrecque (Briançon)
(Photos Philippe Crouzet – www.ipernity.com/doc/182273/album)
Commentaires d’après-match (d’après Le Dauphiné Libéré et l’Equipe) :


Matthieu Le Blond (attaquant de Grenoble) : « C’est dur. On fait une super fin de match mais au final, c’est une défaite de plus et zéro point. La mauvaise série continue mais il faut en faire encore plus. On veut continuer à y croire. »

Luc Tardif (président de la FFHG) : « Dès le début, nous avons épaulé le club, nous l’avons aidé à consolider le projet notamment en s’engageant à endosser la moitié des éventuelles pertes. C’est une vitrine magnifique pour la Ligue Magnus, c’est pour cela qu’il ne fallait pas se manquer. Le Winter Game est un événement qui peut être renouvelé tous les ans, l’idée est que cela pourrait être tournant. En même temps, il n’y a pas 25 clubs en France qui sont capables d’une telle organisation. Cela pourrait être aussi une solution pour une finale de Coupe de France 2015, car le Palais omnisports de Paris-Bercy va entrer en travaux. Cette soirée fait partie d’un certain nombre d’objectifs qui doivent aider notre sport à monter en puissance. Après la création de la Fédération en 2006, le pari de remplir Bercy pour les finales de Coupe de France depuis 2007, le Winter Game est une nouvelle étape. Réunir 20 000 spectateurs pour du hockey en France n’est pas une mince affaire. Il faut remercier Grenoble d’y être parvenu. Le futur Centre national du hockey à l’horizon 2016 et la co-organisation, avec l’Allemagne, des Championnats du monde 2017 sont les prochains objectifs ! »

Stéphanie Carrel-Magnan (présidente du Grenoble MH38) : « C’était magnifique. Et magique. Nous avons vécu une vraie fête du hockey. L’objectif de ce Winter Game était triple : faire découvrir la discipline à un maximum de personnes, arriver à fidéliser les entreprises autour du club des Brûleurs de Loups et remporter les deux points de la victoire. On a rempli deux objectifs sur trois. On y croyait. Cette réussite, c’est avant tout cinq personnes qui ont travaillé sur le projet. Lorsqu’on est allé à Nuremberg, ils étaient entre 25 et 30 à travailler dessus. Nous ne partions pas dans cette aventure dans l’optique de vivre un échec. On n’avait pas de base, on ne savait pas vraiment où on allait et certains disaient de ne pas y aller ! Mais on a mené ce projet (budget entre 600 000 et 700 000 euros) avec un compte d’exploitation maîtrisé et certaines garanties de sécurité financière. Au final, non seulement on ne perd pas d’argent mais on va en gagner. »
Grenoble – Briançon 4-5 (0-2, 2-2, 2-1)
Dimanche 22 décembre 2013 à 20h au Stade des Alpes de Grenoble. 19 767 spectateurs.
Arbitrage de Bruno Colleoni et Nicolas Barbez assistés de Pierre Dehaen et Gwilherm Margry.
Pénalités : Grenoble 41′ (10′, 4′, 2’+5’+20′), Briançon 37′ (2′, 4′, 6’+5’+20′)
Tirs cadrés : Grenoble 32 (6, 14, 12), Briançon 24 (12, 8, 4)
Évolution du score :
0-1 à 12’55 » : Kearney assisté de Labrecque et Bisaillon (double sup. num.)
0-2 à 13’23 » : Labrecque assisté de Golicic (double sup. num.)
1-2 à 21’15 » : Lafrance assisté de Petit et Treille (double sup. num.)
2-2 à 22’15 » : Selan assisté de Sivic et Treille (sup. num.)
2-3 à 26’45 » : Golicic assisté de Crowley et Kearney
2-4 à 35’01 » : Ankerst assisté de Jensen et Chakiachvili
2-5 à 51’50 » : Raux assisté de Kearney
3-5 à 57’27 » : Charland assisté de Lafrance et Treille
4-5 à 58’38 » : Charland
Grenoble
Gardien : Sébastien Raibon puis Antoine Bonvalot (de 40’00 » à 56’45 », de 57’27 » à 58’06 » et de 58’38 » à 58’58 »)
Défenseurs : Pierre-Luc Lessard (2′) – Stéphane Gervais (4′) ; Baptiste Amar (C) – Nicolas Antonoff ; Jason Crossman – Maks Selan.
Attaquants : Toby Lafrance (A) – Felix Petit – Francis Charland (5’+20′) ; Sébastien Delemps (2′) [puis Tardif] – Mitja Sivic – Yorick Treille (4′) ; Luc Tardif Jr [puis Joffre] – Mathieu Le Blond (2′) [puis Delemps] – Julien Baylacq (A) ; César Joffre [puis Le Blond] – Jordann Perret – Joris Bedin.
Remplaçants : Quentin Scolari, Fabien Pons. Absents : Kévin Martenon (rechute), Christophe Tartari (clavicule).
Briançon
Gardien : Ronan Quemener
Défenseurs : Richie Crowley (2′) – Sébastien Bisaillon ; Viktor Szélig (A) (2′) – Teddy Trabichet (C) ; Florian Chakiachvili (2′) – Mathieu Jestin.
Attaquants : Denny Kearney (2′) – Dave Labrecque (2′) – Bostjan Golicic (2′) ; Jimmy Jensen – Damien Raux – Jaka Ankerst ; Cédric Di Dio Balsamo – Sébastien Rohat (A) (5’+20′) – Pierre-Antoine Devin ; Gasper Cerkovnik – Mathieu Frécon – Thybaud Rouillard.
Remplaçants : Aurélien Bertrand (G), Thibault Farina, Loïc Chapelier. Absents : Marc-André Bernier (blessé), Lionel Tarantino (saison terminée).








































