Après la Russie, championne olympique, voici la Suède, championne du monde. Le début du tournoi n’est pas un cadeau pour des Bleus en reconstruction… La jeune garde – un tiers de novices ou quasi-novices à ce niveau – aura la lourde tâche de tenter de museler un effectif peuplé de joueurs NHL de haut vol, notamment en défense.
Alors que de grosses échéances pour le maintien se profilent – jeudi, la Slovaquie et vendredi, l’Autriche – faut-il jouer ce match à fond, même avec deux jours de repos derrière ? Ce n’est pas trop dans la mentalité des Français de balancer un match, mais, malgré tout, la stratégie à long terme prédomine. Ainsi, Ronan Quemener est titularisé et Sebastian Ylonen fait sa première apparition sur le banc. Yohann Auvitu, aux adducteurs douloureux, est mis au repos. Jonathan Janil soigne un hématome, et Loïc Lampérier mis en tribunes. Les deux jeunes, Hugo Gallet et Thomas Thiry, sont donc sur la glace en défense, et Maurin Bouvet commence son tournoi. La mission s’annonce redoutable…
La Suède démarre en trombe
Ddifficile de commencer plus mal pour les Bleus. La Suède s’installe dès la première présence et tourne autour de la défense. Les écrans et fausses pistes libèrent Adam Larsson, qui déniche une diagonale parfaite pour Rakell collé au deuxième poteau. Aucune chance pour Quemener, pas assez rapide sur ce déplacement (1-0). Le jeu en mouvement des Suédois est parfait sur cette action, basée sur des écrans et fausses pistes, des passes-abandon…
Cueillis à froid, les Bleus ont le mérite de porter le jeu dans le camp adverse dès la reprise. Le mouvement suédois reste cependant difficile à maîtriser dès que la ligne Rakell-Zibanejad-Janmark est sur la glace. Gallet dévie de justesse un centre dans le slot qui aurait donné une cage ouverte. Puis, Douay l’apprend à ses dépens et concède une crosse haute.
L’occasion pour Quemener d’effectuer son premier arrêt. La Suède cherche les volées de Elias Pettersson, mais le junior de 19 ans, tout juste nommé attaquant de l’année en élite suédoise, manque le cadre à trois reprises. La quatrième, il choisit la passe et Backlund, planté dans l’enclave, dévie entre les jambières (2-0).
Sur l’engagement, Raux parvient à lancer de la bleue et Fleury dévie, à deux doigts de tromper Nilsson. Impossible de capitaliser sur l’action, car sur la présence suivante, Hugo Gallet, pris de vitesse, commet une obstruction en entrée de zone française.
La Tre-Kronor enchaîne les passes à une touche de palet, sans parvenir à cadrer, après avoir perdu du temps sur un bon pressing de Douay. Quemener bloque deux lancers de Gustafsson, et la pénalité se termine… sauf que Jordann Perret sort pour accrocher immédiatement après.
Floran Douay manque de profiter d’un palet cafouillé, mais son tir manque le cadre. La Suède réplique et tricote le palet, Zibanejad cherchant ses compères au deuxième poteau. Gallet gagne le duel physiquement et le disque passe au ras du poteau. Derrière, les tirs pleuvent sur Quemener, qui sort cinq arrêts de rang avant le retour de Perret… Puis encore un, le dixième, sur un beau geste technique de Pääjärvi.
À huit minutes de la fin, Lias Andersson met Floran Douay au sol et sort deux minutes. Fleury trouve une déviation de Rech, puis tente un joli slalom dans le slot qui crée de la confusion, sans réussite, car Nilsson sort un poke-check efficace. La Suède maîtrise la suite et l’avantage se termine.
La France finit mieux le tiers, avec plus de patinage, plus d’échec-avant. Sauf que Florian Chakiachvili sort le palet au-dessus du plexiglas et reçoit un retard de jeu. L’équipe spéciale défend bien. Douay et Gallet, notamment, gênent la circulation du palet et la sirène retentit avec juste un arrêt de Quemener. Il restera 47 secondes à tuer. La Suède domine donc son sujet assez facilement, 2-0 avec 12 tirs à 4 et surtout, de l’aide de l’indiscipline française, qui a joué sept minutes à un de moins…
Une défense diminuée et l’incident du match
Les Bleus reviennent sur la glace sans Hugo Gallet, qui ne se remet pas d’une charge haute. La France s’applique et efface le reliquat de supériorité. Puis, il s’agit de résister aux assauts en commettant le moins d’erreurs possible. Offensivement, il y a même du mieux. Texier récupère au fond, remonte vers la bleue et surprend tout le monde avec une passe vers Leclerc près du but. La volée force Nilsson à un arrêt difficile. En face, une montée de Larsson sert Backlund au cercle. Quemener fait l’arrêt et Pettersson ne parvient pas à reprendre mi-hauteur.
Après huit minutes, Guillaume Leclerc subit une énorme charge à la tête à la bleue offensive de la part d’Adam Larsson. Aucune pénalité n’est pourtant appelée et la Suède part à l’attaque pendant que l’attaquant peine à rentrer au banc. Ekman-Larsson s’avance et son tir nettoie la lucarne de Quemener (3-0)…
Le portier tricolore reçoit encore son lot d’attaques dangereuses sur les présences suivantes. Les Bleus n’abdiquent pas et se créent quelques tirs un peu trop lointains, par Hecquefeuille et Claireaux, ou d’utiliser leur vitesse, avec quelques bons mouvements de Rech. Sur une mise au jeu gagnée par Texier, Nilsson sort même un arrêt très difficile à bout portant.
Une charge illicite de Ritz sur Ekman-Larsson vient chauffer Adam Larsson, qui se précipite et prend le joueur de Rouen à partie. Les esprits s’échauffent et Larsson, Pääjärvi, Leclerc et Ritz finissent sur le banc des punis.
La France harcèle bien la relance adverse. Texier et Claireaux récupèrent, et le benjamin des Bleus tente un tir qui file derrière, mais manque de profiter à Douay de l’autre côté. Puis, Stéphane Da Costa lance Fleury sur la droite, en un-contre-un. Son tir trouve l’épaule de Nilsson.
Les supporters français se font entendre, alors que Quemener bloque un nouveau tir de Backlund. La France finit bien ce tiers : un seul but encaissé cette fois, avec un défenseur de moins et dans des circonstances particulièrement discutables. On a même vu Nicolas Ritz accompagner Manavian en défense à quelques reprises.
Les Bleus répondent au défi physique
À la reprise, Stéphane Da Costa bloque une passe à la bleue. Fleury la récupère et envoie son capitaine en échappée. Nilsson dévie de la mitaine. Peu après, Chakiachvili est puni, et le jeu de puissance suédois s’installe, sans obtenir d’occasion franche. La France a plutôt bien défendu en infériorité.
Quemener poursuit sa soirée solide en repoussant un tir de Klingberg, puis un de Nyquist sur sa gauche, puis Rakell… Sur cette dernière action, les esprits s’échauffent et Janmark et Texier sont sanctionnés. Le Suédois prend même une pénalité pour avoir été l’instigateur, ce qui donne aux Tricolores une supériorité numérique.
L’équipe spéciale ne parvient pas à vraiment poser son jeu, jusqu’à une volée de Guttig en fin d’avantage, sortie de la botte. Les minutes défilent et les Français s’appliquent à gagner leurs duels, relancer proprement, sans parvenir à porter le danger, cependant. Ils concèdent malgré tout un surnombre à six minutes du terme.
Le jeu en infériorité des Bleus tient bien le choc, mais craque finalement à quinze secondes du retour au complet. Elias Pettersson, servi au cercle gauche, patiente et envoie un lancer millimétré en hauteur (4-0).
La fin de match tourne à la provocation. Leclerc charge avec la crosse au visage d’un défenseur et une échauffourée survient, qui envoie plusieurs joueurs sur le banc. Les Bleus se créent dans la foulée une occasion en infériorité, Douay envoyant Claireaux en échappée. Nilsson dévie le tir, puis Douay est puni pour cinglage. La sirène retentit après un ultime arrêt de Quémener à trois-contre-cinq.
Victoire logique et méritée de la Suède, plus rapide, plus technique, plus physique. Mais la France a répondu présent ce soir. En difficulté après un début de match manqué, elle a su réagir avec ses valeurs de combativité et rendu une copie encourageante par la suite. L’abnégation défensive, avec une arrière-garde sérieusement remaniée entre absents et blessure de Gallet, a été irréprochable. Ronan Quemener a par ailleurs réalisé un bon match. Il y a de nombreux points positifs à tirer de ce duel face à une équipe qui ne joue pas dans la même cour. Il faudra en tirer les bons enseignements afin d’exploiter ce potentiel dès jeudi contre la Slovaquie.
Désignés joueurs du match : Anders Nilsson (Suède) et Antonin Manavian (France)
Commentaires d’après-match
Antonin Manavian (défenseur de l’équipe de France) : « Cinq premières minutes mauvaises, et cela nous a mis dans le dur. Mais on a quand même commencé à jouer vraiment sur ce troisième match, et c’était mieux sur la fin. On perd le deuxième et le troisième tiers 1-0 seulement. Il y a des points positifs à en tirer. On ne peut pas blâmer l’arbitre même si toutes les pénalités ne me semblent pas justifiées. Je suis allé le voir pour lui parler de la charge sur Leclerc et il m’a répondu que c’était à l’épaule. Je lui ai dit qu’il n’avait pas fait son meilleur match. C’est une mauvaise mise en échec qui est un tournant du match, mais ça arrive. Notre 4 contre 5 a été meilleur que sur les autres matchs. J’ai fait quelques présences avec Nicolas Ritz, car Hugo Gallet n’a pas pu continuer. Puis on a tourné à cinq, mais on a l’habitude de jouer ensemble aux différents rassemblements, donc on s’adapte. Les deux prochains matchs sont des objectifs oui, et on jouera de toute façon tous les matchs à fond, soudés car on est comme ça. »
Alexandre Texier (attaquant de la France) : « C’était bien de jouer ce match, mais pas le résultat. Nous n’avons rien lâché et nous avons montré du caractère. On ne s’est pas laissé marcher dessus et ils ne nous ont pas respectés, ils en ont fait beaucoup. Ils nous ont surpris au début, mais ils sont meilleurs que nous. Nous, nous devons faire un exploit et être attentifs aux petits détails. Chaque relâchement coûte cher. Il y a maintenant deux jours de repos et ensuite, il faudra jouer notre jeu et être plus fort à chaque match, jouer avec le cœur. »
Dave Henderson (entraîneur de la France) : « Nous avons fait un match discipliné tactiquement, par rapport à l’aspect physique du match. On a répondu soixante minutes. Je suis fier des gars, du gardien aux défenseurs et aux attaquants. On a perdu un joueur avec une mise en échec à la tête (Gallet) et failli en perdre un deuxième. Ce qui a piqué nos gars et ils ont répondu présent. Je suis content de ça, de l’effort. Au deuxième tiers, le changement est difficile donc on a joué à six derrière, avec un attaquant en défense. Nous sommes revenus à cinq pour le troisième tiers. Même si on prend deux buts, notre jeu en infériorité a été discipliné. Nous prenons quand même des pénalités qu’on aurait pu ne pas avoir, et cela nous a mis dans le trou. Mais face à la Suède, qui est une équipe habile et de finesse, notre penalty kill a plutôt été à son avantage. Offensivement c’était mieux, nous avons eu des occasions dans la zone dangereuse. C’est le troisième match et on voit que les gars prennent leurs marques, s’habituent à leur ligne. Pour les deux jours, bilan médical d’abord, puis recharger les batteries. Le plus dur commence, mais notre façon de jouer… Nous n’avons pas été ridicules. Ils ont monopolisé le palet mais nous n’avons pas craqué, nous avons gardé une certaine discipline collective défensivement et répondu physiquement. »
Suède – France 4-0 (2-0, 1-0, 1-0)
Lundi 6 mai 2018, 20h15. Royal Arena de Copenhague. 7218 spectateurs.
Arbitrage de Jan Hribik (TCH) et Tobias Wehrli (SUI) assistés de Peter Sefcik (SVK) et Sakari Suominen (FIN).
Pénalités : Suède 12′ (2′, 4′, 6′), France 24′ (8′, 4′, 12′)
Tirs : Suède 36 (12, 9, 15), France 14 (4, 7, 3)
Récapitulatif du score
1-0 à 00’24 : Rakell assisté de A. Larsson et Janmark
2-0 à 05’54 : Backlund assisté de E. Pettersson et H. Lindholm (sup. num.)
3-0 à 27’51 : Ekman-Larsson assisté de A. Larsson et Kempe
4-0 à 55’40 : E. Pettersson assisté de Klingberg et Ekman-Larsson (sup. num.)
Suède
Attaquants
Mattias Janmark (4′, +1) – Mika Zibanejad (+1) – Rickard Rakell (+1)
Gustav Nyquist – Mikael Backlund (C) – Elias Pettersson
Magnus Pääjärvi (2′) – Johan Larsson – Jacob de la Rose
Lias Andersson (+1) – Adrian Kempe (+1) – Dennis Everberg (+1)
Défenseurs
Oliver Ekman-Larsson (A, +2) – Adam Larsson (2′, +2)
Hampus Lindholm – John Klingberg (A, 2′)
Erik Gustafsson – Mikael Wikstrand
Gardien
Anders Nilsson
Remplaçant : Magnus Hellberg (G).
France (2′ pour surnombre)
Attaquants
Anthony Rech (-2) – Stéphane Da Costa (C, -1) – Damien Fleury (A, -1)
Maurin Bouvet – Anthony Guttig (-1) – Teddy Da Costa
Floran Douay (4′) – Alexandre Texier (2′) – Valentin Claireaux (-1)
Guillaume Leclerc (6′) – Nicolas Ritz (2′) – Jordann Perret (2′)
Sacha Treille [2 présences]
Défenseurs
Hugo Gallet (2′, -1) [Ritz au 2e tiers, rotation au 3e] – Antonin Manavian (-1)
Florian Chakiachvili (4′) – Kevin Hecquefeuille (A)
Damien Raux (-1) – Thomas Thiry (-1)
Gardien :
Ronan Quemener
Remplaçant : Sebastian Ylönen (G). Absents : Florian Hardy (G), Johnathan Janil (D, hématome), Yohann Auvitu (D, adducteurs), Loïc Lampérier (A)