Du futur club de Charles Bertrand (le Sibir éliminé d’un rien) aux clubs moscovites opposés dans un derby quui a attiré les foules, plusieurs équipes de KHL ont lutté pour les play-offs juste au bout. Le deuxième volet de notre analyse-bilan de la saison KHL s’intéresse à ce milieu de tableau où figurent aussi deux clubs servant de base arrière à leurs équipes nationales respectives, et qui en expliquent les difficultés.
HK Sotchi (14e) : versatile comme Superman

Après de tels exploits, les joueurs se sont drapés d’un surnom : les Sotchimen, des super-héros comme Superman. D’où le costume bleu à cape rouge enfilé au All-Star Game par Pavel Padakin, leur révélation de la saison (passé de 12 à 31 points). Versatile comme son équipe, cet attaquant qui atteint tout juste 24 ans en est déjà à son second mariage (sa première épouse canadienne rencontrée pendant ses années juniors à Calgary ne s’imaginait pas vivre ailleurs qu’en Amérique du nord) et à sa seconde équipe nationale, puisqu’il a troqué le maillot de l’Ukraine pour celui de la Russie.
Malgré cette belle saison, le HK Sotchi reste un club qui joue avec la tolérance de la KHL pour payer les salaires avec juste assez de retard et ne pas verser les bonus (qui ne comptent pas dans le respect des contrats pour que la ligue accorde le droit de se réinscrire en championnat !)
Spartak Moscou (15e) : la communion devant 11000 fidèles

La saison spartakiste a été portée par deux joueurs : réduit à un maigre temps de jeu au SKA, Aleksandr Khoklachev a pu exprimer ses qualités techniques en revenant dans son club formateur, devenant carrément le sixième marqueur de toute la KHL. Plus inattendu encore, Nikita Bespalov, qui a été numéro 2 toute sa carrière, a multiplié les arrêts spectaculaires pour déboulonner Markus Svensson de sa place de titulaire.
Mais si le Spartak est le numéro 1 du public à Moscou, il n’est pas encore le numéro 1 sportif. Il a devancé le Dynamo, mais en play-offs, la cinquième attaque de KHL n’a mis qu’un but en quatre rencontres (!) face au SKA. Hormis Lukas Radil qui a donné satisfaction, les autres étrangers ont été critiqués dans cette phase décisive. Ben Maxwell n’a jamais pu trouver la forme entre plusieurs petites blessures. Le centre américain Ryan Stoa était sur une courbe descendante et a manqué d’agressivité. Enfin, le défenseur Ville Lajunen, peut-être affecté par sa non-sélection olympique, a commis trop d’erreurs.
Severstal Cherepovets (16e) : impossible à exclure… pour l’instant

Le club de la Vologda a donc finalement sauvé sa tête en se qualifiant de belle manière pour les play-offs. Il a pris 4 points dans les deux derniers matches qui restaient après la longue trêve olympique, deux déplacements chez les cadors CSKA et SKA. Le Severstal a réussi à bâtir une équipe combative autour de l’exemplaire Maksim Rybin, leader de vestiaire aux mises en échec redoutées. Ceux qui ne rentrent pas dans cet état d’esprit sont renvoyés : le meilleur buteur de la saison précédente Maksim Trunyov a été écarté pendant la pré-saison parce qu’on ne lui trouvait plus de place dans le top-6, et le renfort tchèque Petr Holik a vite été renvoyé au bercail parce qu’on jugeait qu’il fuyait les duels physiques.
Toute collective qu’elle ait été, la réussite du Severstal a été intimement liée aux performances d’un joueur dominant : Dmitri Kagarlitsky. Il n’avait plus qu’à signer un contrat tout prêt à Ufa, mais il avait choisi de rester pour un salaire inférieur dans sa ville natale, l’année où sa femme allait accoucher. Dans la série de play-offs contre le SKA, Kagarlitsky a été le meilleur joueur sur la glace, mieux que toutes les stars adverses, et il a été élu dans l’équipe-type de la KHL. Mais une fois que Kagarlitsky sera parti (curieusement au Dynamo Moscou et non chez un prétendant au titre), que les play-offs n’apporteront plus d’immunité, le Severstal pourra-t-il échapper à son renvoi hors de la KHL ?
Sibir Novosibirsk (17e) : Cicéron, c’est pas qualifié

Mais en interne, les joueurs étaient fatigués des discours et des réunions incessantes. La communication n’est pas passée avec tout le monde : le courageux défenseur Fyodor Belyakov a été échangé (au Spartak) après un conflit, et le défenseur tchèque Adam Polasek a décidé de partir (à Sotchi) car il n’a pas apprécié que le contenu d’un dialogue qu’il pensait privé soit répété le lendemain à la télévision.
Pour autant, le manager Kirill Fastovsky n’a jamais regretté d’avoir nominé Zubov. L’été dernier, les volontaires ne se bousculaient pas pour diriger une équipe du Sibir dépouillée une fois de plus de tous ses meilleurs joueurs. D’où les réunions nécessaires pour reformer un collectif avec des recrues inexpérimentées. Les cadres encore présents n’étaient pas des leaders : Stepan Sannikov n’était plus que l’ombre de lui-même, et le gardien Alexander Salak, qui a un caractère de meneur, n’était plus en position de l’être car il ne retrouvait plus son niveau après une blessure, concurrencé par Nikita Bespalov.
Le 7 décembre, Zubov est finalement retourné au poste d’adjoint et le Sibir a recruté Vladimir Yurzinov junior, qui avait conduit Kunlun en play-offs l’an dernier. Ayant travaillé en Finlande, Yurzinov a mis en place moins engoncé dans les vieux schémas défensifs russes, ce qui convenait mieux aux joueurs étrangers. Son équipe a alors remporté 13 des 17 rencontres restantes… mais cela n’a pas suffi pour se qualifier. L’équipe de Novosibirsk a été victime du niveau très compétitif de la Conférence Est, où seulement points séparaient le premier du malheureux neuvième – le Sibir.
Dynamo Moscou (18e) : restructuré mais éliminé

Le dirigeant de la section water-polo a été installé à la tête du club de hockey : Sergei Fedorov – à ne pas confondre avec le hockeyeur du même nom – est un ancien nageur diplômé de pédagogie qui a fait carrière dans les assurances. L’entraîneur Vladimir Vorobiev a donc été consulté sur le recrutement et a eu les joueurs qu’il voulait, sauf Mat Robinson parti gagner bien plus au CSKA.
Et pourtant, ce Dynamo restructuré a manqué les play-offs pour la première fois depuis 17 ans ! Il a vécu les mêmes problèmes que l’an passé : l’absence d’un vrai marqueur (aucun attaquant n’a dépassé 23 points et le meilleur pointeur a été le défenseur Ilya Nikulin avec 27) et une infirmerie trop remplie. On pensait que l’expérience de sa défense suffirait à qualifier le Dynamo, mais le gardien Aleksandr Eremenko a pris un mauvais but lors du match décisif chez le Spartak. Longtemps meilleur club moscovite après la chute de l’URSS, le Dynamo a perdu de son lustre.
Barys Astana (19e) : l’auto-égorgement

Dawes en a voulu au coach Evgeny Koreshkov, qui n’y était pour rien. Des tensions ont alors commencé à apparaître dans le vestiaire. Le Barys a vécu une dégringolade, ne remportant que 7 points sur les 20 matches suivants. Rien n’a arrêté la chute, ni le licenciement de Koreshkov le jour du Nouvel An pour le remplacer par Galym Mambetaliyev (simple intérimaire et parfait inconnu qui a pourtant officié comme coach au All-Star Game de KHL à Astana dans les jours suivants), ni l’abattage rituel d’un mouton sur la glace lors d’un entraînement, qui a rendu certains joueurs étrangers malades.
Le Barys s’est privé peu à peu de tous les Canadiens qui portaient son offensive : Martin Saint-Pierre a été échangé à Vladivostok contre le peu convaincant James Wright, et enfin Linden Vey a quitté le club pour Zurich. Ce dernier départ a déclenché une rumeur : il aurait été viré parce qu’il aurait refusé de prendre la nationalité du Kazakhstan (ce que l’on comprend tout à fait puisqu’il a obtenu une médaille de bronze avec le Canada aux JO). Les ZSC Lions, son nouveau club, ont été obligés de publier un communiqué pour démentir et corroborer la version du Barys d’une décision mutuelle. La pression pour prendre un passeport du Kazakhstan doit pourtant bien exister, puisque le gardien Henrik Karlsson – souvent sélectionné dans l’Euro Hockey Tour avec le maillot suédois – a endossé à son tour la tenue turquoise, sans que cela suffise à faire remonter le Kazakhstan dans l’élite.
C’est la pire saison du Barys dans ses dix ans d’histoire. On ne sait plus bien quelle est la stratégie de son propriétaire Askar Mamin, à qui certains conseillers souffrent de faire une chambre de naturalisation. Mais en changeant d’entraîneur chaque année, et en se défaisant de ses meilleurs étrangers, on a l’impression qu’il s’est mis dans une impasse.
Dynamo Minsk (20e) : les prémisses de l’échec du Bélarus

Dwyer a en effet subi des handicaps bien compris : il a été nommé tardivement, et les recrues aussi, alors qu’elles avaient besoin d’un temps d’adaptation. Seul des 5 étrangers déjà présent, le défenseur Marc-André Gragnani a été le meilleur marqueur de l’équipe. Le gardien suédois Jhonas Enroth a vite retrouvé les angles d’une grande glace et a tenu le Dynamo bien des soirs. Le bilan est plus contrasté pour le trio offensif nord-américain. Quinton Howden a été utile sur les engagements importants et en infériorité numérique. Justin Fontaine et surtout Jack Skille – arrivé en septembre après le début en championnat – ont eu du mal à s’adapter à une responsabilité de première ligne alors qu’ils jouaient sur un troisième ou quatrième trio en NHL.
Pour autant, ils n’ont guère eu de concurrence interne. Aucun des attaquants biélorusses (naturalisés inclus) n’a vraiment pu remettre en cause leur place en première ligne. Si le Dynamo est arrivé à exploiter la vulnérabilité défensive des favoris qui pratiquaient un hockey offensif, il a connu beaucoup de problèmes face à des équipes regroupées en défense. Cette inefficacité offensive, on l’a vue par la suite aux Mondiaux, avec comme conséquence une piteuse relégation. Les éléments de cet échec étaient déjà contenus dans la saison du Dynamo, y compris la déception du défenseur Dmitri Korobov dont on attendait plus et qui a été renvoyé avant la fin de son contrat.










































