À Bordeaux la maitrise de l’Atlantique…

Des deux côtés, les blessures ont leur importance sur le rendement du groupe. À Bordeaux, la défense a perdu toute sa profondeur puisque les trois remplaçants sont indisponibles. En attaque, Romain Masson est présent depuis la semaine précédente mais n’est pas encore en plein possession de ses moyens alors que Xabi Lassalle revient tout juste et ne jouera qu’en rotation. Si ce sont les retours qui inquiètent à Bordeaux, ce sont les blessures qui minent Brest : Jaroslav Prosvic out jusqu’aux play-offs minimum, Nicolas Motreff à l’arrêt pour encore un mois, les attaquants se retrouvent à neuf, sans remplaçant…
Mais l’incertitude la plus tenace a concerné le portier bordelais Mickaël Gasnier qui s’est réveillé mardi matin avec une forte douleur au pubis. Craignant le pire, il a été mis au repos toute la semaine, supplée dans le groupe par l’espoir féminine Shirlay Duquesne, avant de faire un test vendredi soir et de valider sa présence au jeu samedi midi.
Première bonne nouvelle : le public a répondu présent. Plus de 2700 personnes ont pris place dans les travées de Mériadeck, dont une poignée de Brestois. Reste à voir si le jeu sera de qualité. La réponse ne se fait pas attendre puisque les deux équipes démarrent pied au plancher, présentant un jeu vif et plaisant. Les Bordelais sont les premiers à se montrer dangereux sur un lancer de Nicolas Mariage et un rebond sur lequel se jette Raphaël Larrieu, sans succès devant un Landry Macrez vigilant. Les Brestois tentent de réagir dans la foulée mais le lancer de leur capitaine Martin Gascon manque le cadre. Si le jeu est alerte des deux côtés, ce sont les Bordelais qui ont pris les choses en main, sans toutefois se créer d’occasions franches d’ouvrir le score. Finalement, le premier temps fort des Albatros n’intervient qu’à la dixième minute de jeu lorsque la première ligne bretonne se retrouve face à la troisième ligne locale. Malheureusement, le lancer puissant de Cintala plein axe est bien capté par Gasnier.

Pour autant, la pression bordelaise ne se dément pas et les noirs continuent de presser haut. Il faut une erreur de relance de Cyril Boubé pour que Jérémy Cormier ait une réelle chance de marquer, mais il rate totalement son tir qui n’est même pas cadré. Une occasion qui ne se représentera plus d’ici la fin du tiers. Les Bordelais se montrent très réalistes pour leur occasion suivante : Cyril Lambert récupère le palet à la neutre, franchit la ligne bleue et remet dans l’axe pour Romain Masson dont la reprise flottante trompe un Macrez maladroit sur le coup (2-0, 14’35 »).
À l’entame de la deuxième période, les Brestois sont en supériorité numérique, une situation crainte par les locaux puisque les Albatros affichent un taux de réussite hallucinant, frôlant les 40%… Et pourtant, les Boxers jouent bien le coup et s’en sortent sans trop trembler. Mieux même, une fois revenus à cinq contre cinq, Nicolas Mariage nous gratifie d’un festival : débordement, tour de cage, passe en retrait, réception au rebond, tout y est sauf le but… Quasiment dans la foulée, les Bordelais se retrouvent de nouveau en infériorité : Romain Masson est à la lutte avec Michal Dian, les deux joueurs se cherchent un peu mais lorsque Dian s’échappe, Masson le retient de la crosse… Une faute que l’on peut qualifier d’idiote puisque commise dans la zone défensive des Brestois, sans aucun danger à l’horizon immédiat ! Du coup, l’unité d’infériorité bordelaise est encore mise à contribution mais s’en sort une nouvelle fois.
C’est finalement en égalité numérique que les Brestois vont se procurer leur meilleure occasion : un cafouillage de passe permet à Jérémy Cormier d’hériter d’un palet à la ligne bleue. Seul, il s’avance vers Gasnier mais manque sa feinte et son tir… Cette occasion manquée semble sonner le réveil des Albatros, mais Alexandre Gagné veille au grain, intercepte le palet et fonce au but : Slavomir Vorobel, pris de vitesse, accroche grossièrement Gagné du bout de la crosse et la sanction est évidente : tir de pénalité. Seulement, à ce moment là, on atteint les limites de la règle consistant à faire tirer le joueur victime de la faute : du fait de la pression brestoise et de l’éloignement du banc, Gagné est présent sur la glace depuis un long moment (sans doute bien plus d’une minute) et il a fini sa dernière chevauchée le ventre sur la glace, dans le but brestois et avec un Albatros qui finit sa course sur lui… Autant dire que, quand il se présente au centre de la glace pour s’élancer, le centre québécois n’est pas dans un état de fraîcheur de première qualité. Cela se ressent dans sa course d’élan et c’est à bout de forces que son lancer est déclenché, sans problème pour Macrez.
Les Brestois continuent de vouloir réagir, mais les rares fois où ils prennent en défaut la défense bordelaise, un Mickaël Gasnier des grands soirs annihile leurs velléités de recoller au score. Pourtant, avec une nouvelle pénalité bordelaise, ils en ont l’occasion mais ni le tir en haut des cercles de Dian, ni les lancers de la bleue de Vorobel ne font mouche. Pire, en fin de tiers, Gauthier perd le palet dans la zone offensive, Paquin récupère et se lance dans une remontée lorsque l’attaquant brestois, voulant se racheter, lui met la palette dans la bouche. Avec un 2+2, voilà une occasion donnée aux Boxers de creuser l’écart. Le jeu met du temps à s’installer, mais lorsque Jan Majerčák parvient à déclencher son puissant lancer, Larrieu est idéalement placé dans le slot pour se jouer de Macrez (3-0, 38’28 »). Les locaux ont même une dernière occasion en toute fin de tiers mais les lancers de Lassalle puis Gagné sont légèrement trop hauts.
C’est assez incroyable mais avec une intensité de tous les instants, les Bordelais sont en train de mener devant les leaders avec trois buts d’avance. Mais, dans les couloirs du vestiaire, les Bretons sont touchés mais pas coulés ; Cormier lance ses coéquipiers sur la glace au cri de « Kill them ! » (à prendre dans le bon sens du terme bien sur). Et les Albatros ne se font pas prier : ils donnent tout dans cette entame du dernier vingt. Gauthier décale Lemoine qui déboule côté gauche et sert Lefebvre dans le slot qui trompe enfin Gasnier (3-1, 41’46 »). C’est la première fois qu’on sent les Boxers en difficulté mais c’est finalement un peu normal : si les Bordelais étaient capables de jouer avec la même intensité pendant soixante minutes, ce seraient eux les leaders et pas Brest.
Seulement, les Albatros se heurtent à un mur nommé Mickaël Gasnier. Le portier arrivé en cours de saison de Mulhouse voit son niveau augmenter match après match, et depuis quelques rencontres on a l’impression d’avoir retrouvé le Gasnier de la première saison à Gap, celui qui avait écœuré à cette époque-là les Bordelais et l’avait fait rentrer dans les petits papiers du coach Tartari. Donc, Vorobel, Gauthier ou Gascon ont beau s’employer, le gardien local multiplie les prouesses entre les barres ! Et pourtant, c’est au plus fort de leur domination que les Bretons se mettent à la faute, suite à un cinglage de Ballet. Les deux équipes prennent alors leur temps-mort en même temps et on est parti pour une minute pleine de réunion.
Mais ce coup-ci, les Bordelais ne trouvent pas la faille malgré le lancer sur la transversale de Cyril Boubé. Pire pour eux, quelques secondes avant le retour de Ballet, Petricko part seul en break mais Gasnier réalise un nouveau miracle. Dans la foulée, Gascon tente de tromper le gardien bordelais mais son tir au dessus de l’épaule est capté par une extraordinaire mitaine ! On sent que certains Brestois commencent à monter en pression et oublient parfois de s’arrêter devant Gasnier ; ce qui aura son importance pour la suite.

Le match est-il plié ? Sans doute que non, mais on s’en approche quand même fortement. Petricko tente de nouveau de partir en break mais son lancer est encore stoppé par Gasnier. Comme le géant slovaque tarde à s’arrêter alors que le palet et gelé, Boubé l’attrape par le cou pour l’éloigner. On sent alors que Petricko est prêt à poser les gants mais comme Boubé n’en a guère envie, on s’arrête là. Sur la mise en jeu suivante, on garde les mêmes lignes, et les Brestois s’emparent du palet. Ils le font ressortir et le palet arrive à Petricko, à la neutre, qui envoie au fond. Lassalle arrive sur lui pour finir son forecheck quand Petricko lui assène un très violent cross-check dans le visage. L’attaquant bordelais s’écroule au sol dans une « mare de sang »… Et là, inutile de vous le préciser : ça part en bagarre. Trop c’est trop, Boubé s’y colle ce coup-ci et assène quelques belles droites. Petricko réplique et les deux hommes s’en donnent à cœur-joie. Il faut un petit moment avant que tout cela ne se calme, l’ambiance est électrique, toute la foule de Mériadeck est debout, soit pour conspuer l’agresseur, soit pour tenter d’apercevoir l’agressé. Lassalle finit par se relever, groggy, visiblement très sonné par le coup qu’il vient de recevoir. Le trio arbitral se concerte et annonce les sanctions : si Boubé écope d’un 2’+2’+10′ pour sa bagarre, Petricko prend la même sanction agrémentée d’un 5’+20′ pour son geste impardonnable.

La joie est désormais totale tant sur le banc que dans les travées de la patinoire. Le nombreux public est debout et ce n’est pas l’ultime sursaut d’orgueil des leaders, traduit par un but d’Holik (5-2, 59’03 »), qui va gâcher sa joie.
Le leader est tombé en terre girondine face à une équipe musclée, disciplinée et qui aura joué son match à fond. Non, les Brestois n’ont pas pris ce match à la légère, ils ont tenté de bien jouer mais leur première ligne a été rapidement muselée, limitant ainsi les possibilités des visiteurs. Si les blessures ont handicapé les Brestois, la liste des absents devraient s’allonger puisqu’en toute logique, Petricko devrait être sanctionné pour son geste. Côté bordelais, les joueurs qui revenaient de blessures ne sont pas encore à 100% et il va de nouveau falloir compter avec les absences : Xabi Lassalle, qui revenait d’un gros mois de blessure, est reparti pour un tour avec ses douze points de suture et sa commotion, ainsi que Cyril Boubé, maxillaire cassé lors de son altercation avec Petricko.
Bordeaux – Brest 5-2 (2-0, 1-0, 2-2)
Samedi 19 février 2011 à 18h15 à la patinoire de Bordeaux-Mériadeck. 2700 spectateurs.
Arbitrage de Laurent Garbay assisté de Romain Herrault et Adrien Baccot.
Pénalités : Bordeaux 24′ (2′, 6′, 6’+10′) ; Brest 46′ (2′, 6′, 6’+10’+5’+20′).
Tirs : Bordeaux 48 (18, 16, 14) ; Brest 48 (12, 16, 20).
Engagements : Bordeaux 39 (12, 15, 12) ; Brest 32 (11, 12, 9).
Évolution du score :
1-0 à 11’33 » : Courally assisté de Majerčák et Paquin (sup. num.)
2-0 à 17’59 » : Masson assisté de Lambert
3-0 à 38’28 » : Larrieu assisté de Majerčák et Lavrov (sup. num.)
3-1 à 41’46 » : Lefebvre assisté de Lemoine et Gauthier
4-1 à 50’35 » : Savage assisté de Gagné (inf. num.)
5-1 à 56’14 » : Paquin (sup. num.)
5-2 à 59’03 » : Holik assisté de Dian
Bordeaux
Gardien : Mickaël Gasnier.
Défenseurs : Jan Majerčák (A) – François Paquin ; Fredrik Dratzen – Cyril Boubé ; Martin Karafiat – Nicolas Courally.
Attaquants : Jean-François Savage (A) – Alexandre Gagné – Raphaël Larrieu (C) ; Vincent Cadren – Dmitry Lavrov – Nicolas Mariage ; Romain Horrut – Cyril Lambert – Romain Masson ; Xabi Lassalle.
Remplaçants : Julien Leclerc (G), Florent Poigt, Thomas Ramonatxo. Absents : Alexandre Boirie (obligations personnelles), David Castaings (obligations scolaires), Thomas Giraudau (obligations professionnelles).
Brest
Gardien : Landry Macrez.
Défenseurs : Slavomir Vorobel – Peter Cintala ; Francis Ballet – David Hennebert ; Vladimir Holik – Alexey Volkov.
Attaquants : Matus Petricko – Martin Gascon (C) – Michal Dian ; Alexandre Lefebvre – Sébastien Gauthier – Tristan Lemoine ; Nelson Vargas-Dias – Serge Toukmatchev – Jérémy Cormier.
Remplaçant : Pierre Pochon (G). Absents : Nicolas Motreff (genou), Jaroslav Prosvic (épaule).






































